L'être humain, peu importe l'intellect qui l'anime, ne constitue d'une victime permanente de la noble dame Nature. Ainsi fut son évolution et reste sa condition au fil des siècles, peu importe les progrès technologiques et les découvertes scientifiques aussi incroyables soient- elles ou minimes. Un petit pas pour l'homme, un grand pas pour l'Humanité, comme l'appuie si bien la célèbre formule. Que se passerait-il si, dans des conditions bien différentes des nôtres, le long de son apprentissage, cette même espèce avait développé des pouvoirs capables de répondre ou contrôler les forces implacables qui l'accablaient inlassablement ?
Voici Faironne, un monde où vit dans un cadre plutôt moyenâgeux hommes et femmes, avec pour unique différence, hormis la temporalité, la possibilité de dompter, à des degrés divers, ces incroyables puissances tant désirées. Une forêt. Tout est calme, normal. Soudain, des bruits de branches cassées se font entendre. Un éclair est soudainement tiré de nulle part. Une jeune femme court frénétiquement comme si elle essayait de fuir. Elle est de petite taille, cheveux châtains et porte des vêtements bleus ressemblant fortement aux habits amples couramment portés par des moines guerriers. Elle s'arrête un instant, posant une main sur un arbre, essoufflée. Se demandant si elle a réussi à échapper à son poursuivant, elle regarde tout autour. Un moment de silence. Croyant alors qu'elle est enfin hors de portée, après avoir repris quelques respirations pour regagner son calme, elle se remet en route. La tristesse suante de son visage dénote une certaine amertume envers elle-même. Le vent soufflant jusque-là devient de plus en plus fort. Alertée par ça, elle s'arrête, comme si elle percevait un danger s'approcher dangereusement d'elle. C'est à ce moment-là qu'un éclair fait éruption devant elle, lui faisant reprendre sa fuite effrénée.
« Merde ! » crie-t-elle.
Sa crainte est confirmée. En effet, deux hommes la suivent et l'observent. L'un d'entre eux porte une capuche. Les deux sont de grandes tailles. Le premier porte des vêtements amples. L'autre possède un katana rangé dans un fourreau or et noir, lui-même accroché à sa taille. Il a les cheveux bruns et courts. Il porte une tenue typique d'un sabreur japonais, entremêlée de fourrure sur les épaules, les avant-bras et les mollets.
« Qu'avait-elle à t'attaquer comme ça d'un seul coup ? » demande l'homme à capuche.
Son camarade de voyage ne donne aucune réponse, le regard vidé d'émotions.
« Qu'est-ce que tu as ? »
De l'électricité jaillit subitement des mains du sabreur.
« Comment a-t-elle survécu ? lui répond-il.
- Est-ce vraiment important ?
- J'avais une mission que je pensais accomplie. Même si je ne suis plus des leurs, je tiens à aller jusqu'au bout.
-Nous la traquons depuis hier. »
C'est alors que l'homme à capuche dévoile son bras gauche, révélant un étrange bracelet muni de quatre pierres précieuses : un rubis, une topaze, un saphir et une émeraude. Les yeux de l'homme encore sans nom sont traversés par un éclair blanc.
« Tu veux que je m'en charge ? s'exclame le porteur du bracelet.
- Tu comptes réellement utiliser ça ? répond son associé, l'air inquiet.
- Complètement ! »
Le guerrier entend un son grave, déformé et discontinu au moment où ses yeux sont portés sur le bracelet. C'est la première fois qu'il fait face à un tel bruit. Ce qu'il perçoit le dérange pour une raison qu'il ne comprend pas.
« Nous avons plus important à faire qu'à pourchasser des êtres insignifiants comme elle. Alors, Safaiatera se trouve là-bas ?
- D'après ce qu'on m'a enseigné, oui. lui confirme-t-il avec une certaine réserve, après avoir repris le dessus sur l'étrange sensation qui l'envahissait.
- Ingosol ! » invoque son partenaire.
Une faille s'ouvre devant eux. L'homme encapuchonné s'avance vers elle. Son partenaire la regarde fixement avec un air terrifié. Le son grave perçu avant est de nouveau là, plus fort.
« Tu viens ? » demande son créateur.
Une légère aura jaune provenant du guerrier émerge. La sentant, l'homme au bracelet se retourne.
« Firaïzer ! » vocifère l'homme armé.
Un éclair provenant du bout de son arme blanche est tiré, évité de justesse par son adversaire. Cette attaque surprise désarçonne le porteur du bracelet.
« Oh ! Qu'est-ce que tu fais ? demande-t-il, légèrement énervé.
- Où que tu veuilles aller, je n'irai pas avec toi, Alnor. » affirme avec vigueur le sabreur auteur des fulgurations.
L'ouverture inter-dimensionnelle se referme. L'homme au bracelet, pour se retenir d'un rire nerveux, place une main devant sa bouche. Après avoir repris ses esprits, il regarde de côté son opposant.
« Il n'y a pas un pour en rattraper un autre parmi vous, les Shirenais...
- Rends-toi. »
Le créateur de failles, ne pouvant se retenir devant une déclaration aussi honteuse, s'esclaffe de manière soutenue, quitte à ce qu'il crache ses poumons.
« Parce que tu crois qu'en m'embarquant à Kigen, tu vas te racheter ?! Tu es tout aussi con que tes confrères ! » lui crie Alnor.
- J'accepterai ma sentence. Il est hors de question que je te laisse faire. » répond l'homme restant encore sans identité.
Désormais, plus aucun doute n'est permis. Cet homme, depuis tout ce temps, n'avait qu'une seule idée en tête : gagner sa confiance pour le tromper dès que l'opportunité se présente. Sérieusement ? Il pense sincèrement être à la hauteur face à la puissance démesurée du bracelet d'Orzlon ? Quelle naïveté ! Fort de ses propos, Alnor tend un bras vers lui. Après avoir une nouvelle fois prononcé la formule « Ingosol ». Une faille violette et noire, de la taille de sa main, s'ouvre.
« Iyawer Ibudel ! »
Une flamme violette et rouge en sort, dirigée à pleine vitesse vers sa cible. Alors qu'il allait être touché, ses sens se mettent en éveil brusquement. Il esquive, sous les yeux médusés de l'homme au bracelet. Ce qui a servi à l'invocation de ce drôle de feu disparaît aussitôt. Le tireur, pourtant sûr de son coup, ne comprend pas ce qu'il vient de se passer. Une panique commence doucement à grandir en lui.
« Abandonne.
- Jamais ! » répond Alnor, la rage au ventre.
Bien décidé à montrer qui domine qui, totalement confiant de ce que son bras porte, il fait appel à toutes les forces encore non-exploitées chez lui. Une aura rouge foncée en forme de flamme discontinue surgit de lui.
« Iyawer... »
Plusieurs petites failles de même taille apparaissent sur ses flancs.
« Byareler ! »
Les ouvertures dimensionnelles créées par l'homme au bracelet tirent plusieurs projectiles noirâtres à cadence irrégulière vers l'homme au katana. Il range son arme. De légères lignes d'énergie jaune translucides apparaissent sur ses paumes. Il bloque à la main chacune des attaques de son adversaire et les jette sur les côtés. Alnor a de plus en plus de difficultés de retenir sa frustration.
« Maudit Shirenai ! »
La taille des failles grossit. La cadence de ses tirs augmente. Le sabreur commence à reculer. La situation redonne de la confiance à son adversaire.
« Ce bijou est merveilleux ! Tu ne peux pas me battre ! » s'émerveille Alnor.
L'aura jaune du deuxième homme est soudain amplifiée. Ce brusquement changement stupéfie Alnor. Chaque tir est de nouveau paré.
« Comment fait-il ça ? » se demande le tireur.
Déconcentré par l'ampleur des événements, son opposant en profite pour foncer à vive allure sur lui.
« Zaker ! »
Le Shirenai lui balance une forte décharge électrique en plein ventre, le faisant reculer de quelques mètres. Malgré la puissance de ce dernier, la conviction d'Alnor ne faiblit pas. Après tout, il n'a pas fait tout ça pour rien, se dit-il. Ce n'est pas devant un tel être débordant d'orgueil qu'il va plier ! Hors de question d'abandonner. Il se remet droit.
« Vous êtes tous... »
Il pose sa deuxième main sur son bijou.
« Des menteurs... Des manipulateurs. »
Le Shirenai, ne sachant quoi lui répliquer, garde son sang-froid. Cependant, son visage reflète une certaine tristesse.
« Cette autorité pourrie ! Elle t'a menti ! Et tu la défends quand même ?! » lui hurle l'homme ouvreur de failles.
Le guerrier serre un peu plus sa fidèle arme.
« Tu étais plutôt d'accord lorsque tu m'as rejoint. Non ? Ta parole n'a aucun sens ! »
Malgré le doigt posé sur une supposée incohérence dans le comportement du manieur de foudre, ce dernier semble imperturbable et toujours aussi silencieux, confortant encore plus son opposant dans son sentiment de supériorité.
« Alors ? Tu vois, ton mutisme en dit long. Il prouve que j'ai raison et qu'il vaudrait mieux pour toi de reconsidérer ta position tant qu'il en est encore temps. »
Encore une fois, rien ne sort de la bouche de son interlocuteur. Remarquant que toutes ses provocations n'ont aucun effet sur lui, la patience jusque-là légèrement bousculée d'Alnor finit par lâcher. En témoigne la production d'une imposante aura violâtre et rouge, comme pour incarner le reflet parfait de ce qu'il ressent.
« Votre orgueil vous perdra ! »
Cette fois-ci, ce que perçoit l'homme armé le force à se détacher du comportement qu'il adoptait.
« Tu es déjà perdu. Retire ce que tu portes au bras avant que les choses s'empirent. »
Enfin un retour de sa part qui pourrait réjouir l'ouvreur de failles ? Il semblerait mais la seconde phrase donne du carburant à un feu déjà bien allumé. En effet, de brefs souvenirs de lui, tenant une épée banale en main, resurgissent, nourrissant alors encore plus la haine qu'il pointe vers le peuple d'où est originaire son adversaire du moment.
« Vous avez essayé de m'enrôler ! Tout en me cachant la vérité ! Maintenant, je sais tout de moi, tout de vous ! Je vous détruirai ! Tous ! Une nouvelle ère viendra ! Plus aucun des miens n'aura à subir ce triste sort ! Plus aucune trace de vos pensées d'arriérés ne subsistera ! Tout le monde pourra à nouveau évoluer ! J'en deviendrai le modèle à qui on se réfère !
- Bien que je ne comprenne pas la réelle finalité de la mission qui m'a été confiée en venant sur ce Continent, je reste avant tout un Shirenai. Ce que tu veux incarner est plus dangereux que ce que cette femme semblait représenter pour le principal concerné. Mon devoir premier est de protéger ce monde ! »
Son aura augmente également. Leurs deux énergies sont telles que la femme rencontrée au tout début, pourtant assez éloignée d'eux, les perçoit également. Des frissons viennent parcourir tout son corps. Toute l'énergie qu'elle ressent la perturbe. C'est alors qu'elle en identifie deux, ce qui la surprend. L'opposition entre elles lui fait penser que les deux hommes qui la traquaient sont en train de se battre. Elle comprend alors qu'un désaccord vient de naître en eux. Au lieu d'en profiter pour fuir, elle réfléchit un instant, tout en serrant un poing. Trop curieuse, elle se décide à faire demi-tour pour en avoir le cœur net.Pendant ce temps-là, le Shirenai concentre de l'électricité dans sa main.
« Firaïzer ! »
Un nouvel éclair est tiré.
« Iyawer Ibudel ! »
Une flamme rouge pourpre et le tir électrique se percutent violemment. Aucun des deux ne semble prendre l'avantage sur l'autre. Attirée par le déchaînement d'énergie, la femme arrive sur les lieux et observe la bataille. Elle ne voit que l'homme au katana de dos, légèrement sur le côté, mais à bonne distance afin de ne pas être incluse dans la zone de combat. Les deux adversaires mettent toutes les forces dans l'affrontement. Vient alors dans l'esprit de l'ex-fuyarde une interrogation sur l'origine de leur combat.
« Meurs crevure ! » hurle Alnor.
Son attaque devient plus importante, ce qui surprend son opposant.
« Grâce à ça, plus aucun être de ton espèce n'est en mesure de m'affronter ! » affirme de manière virulente l'ouvreur de failles.
Le Shirenai faiblit dangereusement. Le déferlement d'énergie de la part de l'homme au bracelet fait réagir la spectatrice, décidant alors de reculer un peu. Le lanceur d'éclairs, dépassé, finit par lâcher prise. Quand soudain, son pendentif se met à briller.
« Fargresaz. » murmure au sabreur une voix déformée.
Ne comprenant pas d'où elle vient, il lève un peu les yeux au ciel. Le même mot résonne une nouvelle fois. C'est alors que les lignes qu'il avait convoqué précédemment échappent à son contrôle et apparaissent d'elles-mêmes sur ses paumes, ce qui l'échappe totalement. Voyant ce phénomène pour la première fois de sa vie, Alnor est tout aussi désorienté que par celui qui le subit. Tout à coup, son aura est amplifiée. Les lignes d'énergie s'étendent sur ses bras après une troisième réitération de cette étrange appellation.
« Qui êtes-vous ? » lâche le sabreur à voix haute.
Cette question rend perplexe son adversaire.
« A qui parle-t-il ? Il perd la tête ? » s'étonne Alnor.
Les lignes grossissent. Un bouclier d'électricité, mêlée à une légère aura blanche, est formé devant lui, l'empêchant de se faire atteindre mortellement. Cependant, il ne le protège pas du recul crée par la technique d'Alnor. Le sabreur tireur d'éclairs se voit projeté à des dizaines de mètres. Le créateur de failles rit aux éclats.
« Grâce à ça, je peux rivaliser avec n'importe lequel de ces ordures... Le résultat est là ! Bientôt ce monde sera régit par le seul peuple digne de la gouverner, lorsque j'aurai récupéré l'arme ultime de mon peuple ! » se réjouit-il en admirant son bien.
Son ancien compagnon se relève. Les lignes jaunes translucides qui étaient présentes lorsque l'étrange voix parlait au Shirenai ont disparu.
« Tu es encore vivant ? » s'exclame Alnor, complètement sidéré.
- C'était quoi ça ? pense le guerrier.
- C'est impossible !
- Cette voix a forcée ma technique. Si elle n'était pas intervenue, je n'aurais sans doute pas pu bloquer cet assaut... Elle m'a sauvé.
- J'ignore comment tu fais ça mais tu ne me fais pas peur ! »
Il le vise.
« Tu ne m'échapperas pas ! »
Plusieurs failles apparaissent sur plusieurs angles autour de sa cible.
« Dois-je compter dessus aveuglément ? se demande le Shirenai, un peu désorienté par la perte de contrôle de ses pouvoirs.
- Iyawer Samurazilé ! »
Elles tirent, de manière irrégulière et aléatoire, des petites flammes rouges et pourpres. Par réflexe, son opposant dégaine son katana.
« Majar Raisila ! »
La lame devient électrique. Il dévie tous les tirs.
« Mais c'est pas vrai ! » crie le tireur.
Le manipulateur d'électricité profite d'un moment d'inattention pour prendre une posture de sprinter. Des lignes jaunes translucides apparaissent à l'arrière de ses jambes.
« Icalaraï ! »
Deux impulsions, générées sous ses pieds, l'aident à se propulser vers son ancien compagnon.
« Ingosol ! »
Sa cible emprunte un portail pour apparaître ailleurs.
« Je savais que tu allais faire ça ! affirme de manière virulente Alnor.
- Qu'est-ce que [...] ? »
Une autre faille apparaît à sa droite. Il y glisse son bras. Cette même faille se copie derrière la tête du Shirenai. En sort la main d'Alnor tenant une flamme rouge et pourpre.
« Si tu bouges ne serait-ce que d'un poil, je n'hésiterai pas à t'éliminer sur le champ ! Range ton arme ! »
Conscient de la situation, le sabreur obéit aussitôt.
« Tu as fait semblant d'être d'accord avec moi pour que je te prenne pour un allié afin de mieux te rapprocher de moi et de trouver la bonne ouverture pour me tuer...
- Même si tu me tuais, tu n'irais pas bien loin. Surtout que tu as activé ton objet de puissance. Avec ce que nous avons dégagé comme énergies, ils ont pu facilement nous sentir et doivent certainement en ce moment même foncer sur notre position.
- Ils peuvent être dix, cent ou mille ! Lorsque j'aurais mis la main sur le Kirioku, plus rien ne m'arrêtera ! Justice sera rendue !
- Et que comptes-tu faire des autres peuples ?
- Ils n'en maîtrisent aucun ! Ils n'ont aucun pouvoir ! Ils n'ont aucune raison d'exister ! »
Cette réplique choque son otage.
« Seuls les meilleurs peuvent vivre, exploiter et découvrir, étendre leur savoir et savoir tout expliquer. Nous possédons le pouvoir de maîtriser les éléments, de nous défendre face à cette cruelle Nature. Qui se soucie d'eux ?
- Moi. »
Il disparaît brusquement devant lui. Alnor est surpris. Par réflexe, il retire son bras de la faille. Il n'a pas le temps de regarder tout autour de lui que le deuxième homme réapparaît devant lui, le poing droit serré avec quelques lignes jaunes légères.
« Kameraï ! » crie le Shirenai.
Il lui inflige un uppercut foudroyant et l'envoie sur plusieurs mètres. A terre ;
« Comment puis-je... Me faire battre alors que je possède ce bracelet ? C'est impossible ! Je dois rétablir la vérité ! Il est hors de question que j'échoue ! »
Il se relève et laisse éclater son aura. Cela surprend beaucoup le manieur de katana.
« Tu ne me laisses pas le choix ! »
Deux failles apparaissent à sa gauche et à sa droite. Ils y glissent ses bras. Une troisième, plus volumineuse apparaît devant lui. Un son grave se fait entendre.
« Quelle énergie ! pense le guerrier.
- Pejer Ibudel ! »
Un énorme rayon flamboyant rouge et pourpre surgit.
« Je ne peux pas l'éviter ! » remarque-t-il.
Soudain, son collier se réactive. « Fargresaz » revient. Son aura jaune est de nouveau forcée. Mais, cette fois-ci, l'électricité est plus blanche. Le rayon percute le bouclier. Le choc est si fort que l'homme se retrouve propulsé plus loin et plus violemment, suivi des yeux par la femme. Le rayon se dissipe en cours de route. Le Shirenai atterrit lourdement au sol. A ce moment précis, totalement incertain, l'homme encore debout désire savoir s'il l'a eu ou non. La grande faille disparaît. Il est pris de crampes tout autour du bras où se trouve son accessoire.
« Et oui Shirenai !... Plus rien ne peut m'atteindre ! »
Il lâche un rire rempli d'extase et d'excitation. Absolument convaincu de sa victoire, sans doute motivée par une confiance en soi à l'échelle du pouvoir qu'il croit obtenir, il se dit pouvoir reprendre sa route sans encombres. Le premier artefact ? Une connerie ! Allons chercher le second. La marche à peine entamée, soudain, il sent des présences. De nouvelles crampes, plus intenses que les précédentes, viennent l'attaquer. Un « Ingosol », prononcé en deux temps à cause de la douleur, crée une autre faille.
« Vous ne m'aurez pas ! » hurle son invocateur.
Point le temps d'attendre, malgré une envie irrésistible de vouloir s'en faire d'autres, il l'emprunte. La spectatrice est encore présente sur les lieux de l'affrontement, tête tournée en direction du Shirenai. Poussée par une curiosité qui lui est propre, elle se décide à vérifier si ce dernier est encore en vie ou non, en marchant à tâtons. A peine trois secondes après être parti, Alnor apparaît ailleurs, pris de vertiges. Ce symptôme, très inhabituel pour lui, focalise son attention sur son précieux accessoire. Une flamme résiduelle peine à subsister dessus.
« Cet objet... Cette dimension... Aspire mon énergie... Et la modifie... Mais, à trop l'utiliser, elle en aspire trop... Je dois récupérer. Après, peut-être que je ne suis tout juste pas habitué... Je verrai bien. »
Il part. A des dizaines de mètres plus loin, le deuxième homme est allongé, apparemment inanimé. La femme le retrouve, ne sachant pas s'il est encore en vie ou non. Elle se rapproche prudemment. Ses mains tremblantes trahissent cependant un stress intense. Après s'être avancée de quelques mètres vers lui, elle le scrute intensément, le voyant de profil. Le visage enfin visible pour elle du Shirenai lui fait remonter une haine profonde.
« Toi... » murmure-t-elle.
Elle serre un poing.
« Je vais te [...] »
Tout à coup, l'homme se réveille et se relève difficilement. Face à ça, elle se fige immédiatement. L'adversaire d'Alnor s'étonne d'être encore vivant. Que s'est-il passé ? Pendant ce temps, ignorant les tourments remuant l'esprit du guerrier dans tous les sens, elle se place derrière lui.
« Il a lancée une technique d'une incroyable puissance... Que je ne pouvais esquiver et puis... Cette voix... Est encore intervenue... Et puis... Cette chose... On aurait dit un bouclier. Je n'ai aucune technique de ce type... » déclare-t-il à voix haute, déboussolé par les événements, se pensant être totalement seul.
Il saisit son collier.
« Mon énergie a été forcée... Comment est-ce possible ? »
Le visage du sabreur tourmente l'esprit de l'inconnue à un point où elle semble prise de vertiges. Se rendant compte qu'elle vacille, elle secoue la tête un instant pour reprendre ses esprits. Il regarde son collier.
« Tout ça, ça ne m'était jamais arrivé avant... Avant que je ne prenne ce truc au milieu de ces ruines... »
Comprenant qu'il n'a pas encore remarqué sa présence et que la situation peut basculer à tout moment, elle en déduit qu'elle doit agir rapidement. Pour cela, elle se rapproche prudemment sans faire le moindre bruit.
« C'est toi n'est-ce pas ? »
Une énergie se concentre dans la main droite de la femme. Des feuilles de buissons se trouvant à sa droite sont décomposées. Les restes vont s'incruster dans sa main tout en étant mutées en lumière grise.
« Quel puissant objet... Si j'arrive à comprendre comment il fonctionne, je pourrais sans doute neutraliser Alnor. Je dois le retrouver. »
Soudain, il entend comme un puissant vent souffler au bord de ses oreilles. Sauf que, autour de lui, rien ne semble ébranler quelconque végétation. Les nuages stagnent haut dans le ciel.
« Encore lui ?
- Séiber... » prononce-t-elle intérieurement.
Elle continue à charger sa technique. Un son strident est alors produit graduellement dans les oreilles du sabreur. Il croit, dans un premier temps, que ça provient de son collier. Il le rapproche de sa tête. Comprenant au bout de quelques secondes que ce n'est pas le cas, il regarde devant lui, cherchant la source du bruit venant perturber son ouïe. Une angoisse croissante vient s'emparer de celle qui est sur le point de l'attaquer par l'arrière. La situation devient trop dangereuse.
« Ki ! » hurle-t-elle.
Elle l'atteint à l'arrière de la nuque avec le tranchant de sa main. Le sabreur tombe net. Un instant d'inaction. Son bras tremble à cause de toute l'énergie qu'elle a déployée. Elle le surveille un instant, ne prêtant pas d'intérêt par le collier qu'il porte, croyant qu'il s'agit juste d'un bijou banal, pour s'assurer qu'elle l'a bien eu. Ne remarquant aucun signe de vie de sa cible, l'angoisse précédemment présente s'évapore.
« Parfait... » soupire-t-elle.
Absolument sûre de l'avoir tué, elle s'en va, l'insouciance glaçante.
« Tu ne me forceras plus à retourner là-bas. » déclare-t-elle.