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Chapter 2 - Arc 1 - Épisode 2 : Moi ? Un Shirenai ?

Le Shirenai gît toujours sur le sol, inconscient. Quelques mètres plus loin, deux inconnus gambadent : un jeune homme à l'allure maigre, lunettes au nez, grimoire fermé sous le bras, cheveux longs attachés, grande taille,vêtements amples, bref l'archétype même d'un être peu résolu à résoudre les conflits physiquement, et l'autre, plus baraqué que son compagnon, bandana blanc et partiellement déchiré sur la tête, cicatrice sur le nez, plus petit que son collègue, haut blanc en lin troué ci et là, pantalon court vert ayant perdu tout éclat. Ce dernier est en train de chercher quelque chose en reniflant.

« D'où ça provenait ? » demande l'homme à lunettes.

Son compagnon flaire un peu partout tout en avançant.

« Moi pas savoir. » répond-il.

« J'ai pourtant senti un fort flux provenir de cet endroit. »

« Moi avoir senti grande force ! »

« Je n'ai pas halluciné. »

« Moi vouloir savoir qui avoir fait ça ! »

Il bouge dans tous les sens. C'est alors que, au bout de quelques secondes, il s'arrête soudainement.

« Oh... Cette... Cette odeur... »

« J'ai senti deux flux... Très puissants... Vifs... Ils se sont battus. Je n'ai pas réussi à déterminer quelles énergies s'affronter. Il semble que quelque chose brouillait leurs natures... C'est très curieux. Et... L'une a pu l'emporter. L'autre est sans doute morte. Et puis... Bizarrement... Juste après... J'ai un senti un troisième flux. Semblable au tien. Quelqu'un d'autre sait maîtriser l'énergie que tu utilises. Dommage qu'on ne le retrouve pas. Je lui aurai demandé des informations sur ce mode de fonctionnement. Encore une fois, je dois t'étudier pour mieux la comprendre. Reviens par ici, Rajik. Le combat est terminé. »

Un silence, imposé par le manque flagrant d'intérêt de la part du baraqué.

« Tu m'écoutes quand je te parle ? »

« Moi avoir faim ! »

« Tu n'es vraiment qu'un goinfre ! Attends... Je dois avoir encore quelque chose dans ma besace. En tout cas, j'espère qu'il y a quelque chose car on a encore un peu de distance à faire avant d'atteindre le prochain village et […] »

Son ami arrête de bouger dans tous les sens et renifle.

« Qu'y a-t-il Rajik ? »

« Moi sentir quelque chose ! »

« De la nourriture ? »

Il renifle encore.

« Non. »

Il observe les alentours puis, au bout de quelques secondes, il finit par apercevoir le Shirenai. L'homme au grimoire, élancé par des principes moraux dénotés par son accoutrement, et Rajik, dont la motivation coupe totalement avec le premier, avec un pas beaucoup plus sauvage, arrivent auprès de lui. Le premier prend son pouls par réflexe.

« Lui mort ou lui dormir ? »

« J'écarte tout de suite la première option. Pas de blessures apparentes. Cependant, je sens un flux d'énergie encore bien actif en lui... Quelqu'un a dû... L'assommer ou quelque chose d'autre assez similaire. »

Guidé par son diagnostic, il fouille dans sa besace pendant un petit instant. Malheureusement, plus aucune plante médicinale n'est à sa disposition.

« Nous pas pouvoir sauver lui ? »

A court d'options primaires, l'homme dont on ne connaît pas encore l'identité ouvre son grimoire.

« Toi utiliser sort ? »

« Je ne vois que cette possibilité. Tant pis pour les effets secondaires. »

Tout à coup, le Shirenai ouvre les yeux.

« Lui être réveillé ! »

L'éduqué semble déçu de cette résolution soudaine. Sans doute allait-il expérimenter quelque chose sur lui ? Nul ne le sait. Le sabreur se relève de moitié en sursaut.

« Que... Que s'est-il passé ? » demande-t-il.

« Je l'ignore. Nous vous avons juste trouvé là par terre. »

« Où suis-je ? Et vous, qui êtes-vous ? »

« Vous ne savez pas où vous êtes ? »

L'air circonspect dégoulinant sur son visage paraît une réponse grandement suffisante pour l'adepte du grimoire.

« Votre nom ? »

Rien ne lui vient.

« Toi pas avoir de nom ? Toi avoir quel âge ? »

« Avoir quoi ? »

« Toi pas connaître âge à toi ? Toi te ficher de nous ? »

« Non Rajik, ce n'est pas ça. S'il ne le sait pas, je ne vois qu'une chose : il a perdu la mémoire. »

Rajik semble ne pas comprendre ce que son ami vient de déclarer. L'amnésique les regarde tous les deux, un à un, plusieurs fois de suite.

« Qui êtes-vous ? »

« Oh pardon, j'ai oublié les présentations. N'ayez aucune inquiétude. Nous vous voulons aucun mal comme vous pouvez le constater. A part peut-être lui. »

Cette indication insère un léger doute dans l'esprit du sabreur, surtout lorsqu'il se rend compte de la musculature impressionnante de Rajik. Point le temps de s'y attarder que le baraqué l'aide à se relever.

« Je suis Yoru. Et lui c'est Rajik. »

« Salut ! »

« Nous sommes de simples voyageurs, à la conquête de toutes les richesses culturelles de notre monde. Surtout moi. Pour ma part, je suis un des derniers Enijiakkus. Quand à mon ami, sans vouloir paraître condescendant ou autre, sa nature m'est encore inconnue. L'unique passion qui l'anime est de se goinfrer de nourriture à n'en plus finir. »

« Non moi pas faire que ça ! Baston aussi ! »»

Devant cette déclaration, l'amnésique ne sait quoi penser. Juste le mot Enijiakku semble lui être familière à l'oreille sans qu'il ne sache encore pourquoi. Au moins, la seule chose dont il est peut être sûr c'est que ces deux inconnus n'ont effectivement aucune mauvaise intention. Ainsi, il se dit qu'il peut leur faire confiance. Après tout, si le contraire était vrai, ils l'auraient sans doute ignoré ou dépouillé.

« Moi avoir vécu toute ma vie dans nature ! Moi pas savoir quand moi avoir vu nature pour la première fois. »

« Il dit ça car, à notre rencontre, j'ai remarqué une instabilité énergétique en lui. Du coup, j'ai déduis son âge par rapport à son apparence. A vous regarder je dirai que vous êtes du même âge. Nous vivons tous dans le monde nommé Faironne. »

« Faironne ?... Ça ne me dit rien. »

Pour faire face à l'incompréhension régnant sans partage dans l'esprit de Shirenai, Yoru feuillette son livre pour s'arrêter sur une double page et la tend vers lui.

« Regardez. »

Il voit alors ce qui s'apparenterait à une vieille carte. Cinq parties terrestres sont représentées. Une au milieu. Les quatre autres sont répartis tels les quatre points cardinaux de notre monde.

« Faironne se compose de cinq continents. Nous sommes actuellement dans le continent central où toutes les énergies convergent. » lui indique-t-il de son majeur gauche.

« Toi savoir rien en fait car toi être aidé par ça ! »

Malgré la remarque désobligeante, quoique un peu teintée de taquinerie, de son ami, le prétendu Enijiakku ne se laisse pas dérouter de sa passionnante explication.

« N'écoute pas cet animal. Mon précieux héritage est une source inégalée de connaissances certes mais j'en ai dans la tête cher monsieur. Ne me sous-estimez pas. » répond-il en esquissant un léger sourire.

« Yoru regarder ! Lui avoir arme là ! »

Piqué par la drôle remarque du baraqué, il ne peut que constater la présence d'un fourreau.

« Une arme ? Sur moi ? » panique le Shirenai amnésique.

Devant l'implacable vérité arborant sa tenue, le pauvre sabreur ne sait pas comment réagir. La sincérité qui en découle n'échappe pas à l'œil avisé du propriétaire de l'ouvrage.

« Je peux l'examiner ? » s'avance-t-il prudemment.

Sans perdre un instant, il l'enlève instinctivement, comme toute bonne personne peu ou pas habituée à manipuler un tel outil. Yoru la saisit délicatement et la scrute.

« J'ai déjà vu ces symboles quelque part... La forme du fourreau par contre ne m'est pas familière. Puis-je prendre ce qu'il y a à l'intérieur ? »

« Faites. J'ignore ce que fait cette chose sur moi. »

Avec une extrême prudence, l'Enijiakku sort l'arme de son somptueux fourreau doré. Le resplendissant katana se dévoile, laissant volontiers quelques infimes rayons de soleil sublimer l'art dans lequel il a été façonné.

« Par Faironne ! » s'exclame-t-il, médusé.

« Ça quoi être ? »

Fasciné par cette fabuleuse découverte, Yoru ne peut s'empêcher de saisir son petit calepin et de commencer à gribouiller quelques notes qu'il est le seul à déchiffrer.

« Si on m'avait dit un jour qu'entre mes mains siège un katana, jamais je ne l'aurais cru... L'emblème ultime des forgerons du Nord, rarement fourni au corps armé de Kigen... Si un de ses membres m'aperçoit ainsi, je risque la peine capitale. »

« En tout cas, moi aimer beaucoup katana ! Moi vouloir toucher ! »

Il tente de la prendre mais son partenaire l'écarte au tout dernier moment.

« Oh que non Rajik ! Ceci n'est pas un jouet ! Tu peux te blesser ! »

« Mais moi vouloir... »

« Arrête ta comédie. Laisse-moi réfléchir... Pourquoi cet homme possède cette arme ? »

Soudain, en scrutant plus attentivement les quelques symboles qui l'arborent, il a comme une révélation. Ces derniers sont typiques des écrits du peuple originaire de Kigen. Le port d'un katana confirme le statut très spécial de l'amnésique.

« Cher monsieur, vous pouvez être sûr d'une information vous concernant. Vous êtes un Shirenai. »

A l'écoute de ce mot, Rajik a des étoiles plein les yeux. Quand au concerné, il ignore s'il doit en être fier ou s'il doit s'inquiéter. Il n'en faut pas plus à l'Enijiakku pour lui délivrer de plus amples détails.

« Ce sont des guerriers spécialisés dans la maîtrise des éléments qui composent les différentes énergies qui circulent dans notre monde. Leur principe fondateur est de conserver l'équilibre entre elles. Ils sont là pour garantir la sécurité de tous. Chaque Shirenai maîtrise un élément prédéfini à la naissance. Maintenant que vous en savez plus, la logique suivante serait de découvrir quelle énergie élémentaire vit en vous. »

« Et comment pourrais-je le savoir ? »

« Si je savais ce que ces symboles signifient, j'aurais pu vous le dire mais malheureusement je n'ai aucune connaissance dans ce domaine. Je n'ai pas reçu l'éducation nécessaire. »

« Ah… Et vous ? Vous en êtes aussi un ? »

« Absolument pas. Je suis ce qu'on appelle un Enijiakku. Une personne qui, contrairement à eux, n'utilise pas une arme contondante pour avoir accès aux éléments. »

« Pourquoi ? Ça laisse un avantage aux Shirenais s'ils n'en utilisent pas ! »

« Vous avez tout à fait raison. Cependant, ce n'est pas comme ça que nous interprétons la maîtrise élémentaire. Nous aimons expérimenter, explorer. Utiliser les énergies de la même manière n'est pas dans nôtre intérêt. Seulement... Les Shirenais ne l'interprètent pas comme ça et, de nos jours, nous sommes dans l'incapacité totale de faire comme eux. »

Face à cette cruelle vérité, l'homme sans nom éprouve une profonde empathie envers le propriétaire du grimoire. A ses yeux, le monde de Faironne semble plus inégalitaire que ce que prétend l'ethnie à laquelle il est sensé appartenir. La remarque qu'il a laissé devant l'absence d'armes significatives chez les Enijiakkus n'a pas échappé à l'oreille de l'ami de Rajik, beaucoup trop inhabituelle pour lui.

« Moi savoir comment aider lui à trouver élément à lui ! » s'exclame soudainement le baraqué.

« Ah bon ? Toi ? Et quelle idée as-tu ? »

« Lui et moi devoir faire castagne ! »

Cette étrange proposition consterne le sabreur et, à contrario, n'affecte pas l'autre homme.

« Vous voyez, quand j'avais dit qu'il aimait attirer les ennuis, c'est à cause de sa seconde passion, qu'il nomme affreusement castagne, baston ou encore bagarre. »

« Faire ça pouvoir peut-être aider lui. Shirenai être guerrier non ? Donc lui devoir combattre ! Donc castagne ! »

« C'est assez primitif comme raisonnement mais ça se tient. »

« Quoi ? Mais je ne veux pas me battre ! Je ne sais même pas comment faire et je ne veux pas lui faire mal sans le vouloir ! »

« Ne vous en faîtes pas, Rajik est solide. Je suis très bien placé pour le savoir. Reprenez votre arme. »

Bien que les affirmations avancées puissent être bel et bien réelles, le Shirenai récupère son katana, avec malgré tout une certaine réserve.

« Shirenai pas faire peur à moi ! »

« Vous êtes sûr ? Il n'a pas d'arme ! Vaut mieux que je ne l'utilise pas, je risque de le blesser. Il faut être à égalité. »

« Comme vous voulez... »

« Toi tout donner ! »

« Je ne le sens vraiment […] »

Alors qu'il allait terminer sa phrase, la brute fonce subitement sur lui. Sa cible, guidée par des réflexes involontaires, esquive au dernier moment. Contre Rajik, pas le temps de respirer, ce dernier enchaîne excessivement les frappes brouillonnes. Comme c'est la première fois qu'il fait face à ce genre de situation depuis son réveil, l'amnésique ne fait qu'esquiver, manquant tout le temps de se faire toucher. Le baraqué a beau être féroce, il sait être agile malgré sa corpulence.

« Si vous ne vous sentez pas à l'aise au corps-à-corps, utilisez votre katana ! Il vous sert de lanceur de techniques ! »

« Mais j'ai peur de [...] »

« Derrière vous ! »

L'ami de l'homme au grimoire est sur le point de lui asséner un coup descendant. Son adversaire a tout juste le temps de bloquer la charge à mains nues.

« Trouvez un moyen de le repousser et sortez votre katana pour utiliser une technique ! »

Désireux de voir de quoi il est capable, Rajik prend les devants et se retire. Le spectateur observe attentivement le manieur de katana. Normalement, si ce dernier est réellement un Shirenai, il devrait pouvoir sentir un flux d'énergie circuler en lui. Or, il n'y a rien. Cette bizarrerie stimule sa curiosité au plus haut point.

« Toi avoir su, toi juste avoir oublié. Toi devoir faire avec ça. Yoru et moi s'être quelquefois battus avant de rencontrer toi. »

« Vraiment ? »

« Bien sur ! »

« Je confirme. Quelquefois c'est lui qui a déclenché la bagarre. N'est-ce pas Rajik ?! »

« Moi répéter que moi aimer baston ! »

L'Enijiakku, exaspéré, fait un mouvement de tête.

« Bon, toi être prêt pour la suite ? »

Le Shirenai se met en garde, les jambes tremblant un peu, dénotant la crainte de le blesser mortellement. Rajik lance un nouvel assaut. Comme lors de la première attaque, le sabreur ne fait qu'éviter.

« Défendez-vous ! L'esquiver tout le temps n'est pas forcément un gain de victoire ! »

Puis, il commence à bloquer ses attaques. Le combattant au corps-à-corps sourit et met plus de convictions dans ses coups. Les parades s'enchaînent.

« Comme ça ? »

« Toi réapprendre vite ! »

Elles s'enchaînent encore.

« Aller ! Toi attaquer ! »

Le Shirenai essaye de trouver un moment pour riposter. Lorsqu'il finit par le percevoir, il passe à l'attaque. Son adversaire le contre en subtilisant son arme, la jetant juste après. Puis, il concentre son énergie dans un poing.

« C'est quoi ça ? »

« Poing Bestial ! »

« Non Rajik ! » crie-t-il paniqué.

Il exécute le coup hurlé mais s'arrête juste en dessous du menton de l'homme sans nom. Une onde est tout de même projetée dans son dos, secouant les buissons en arrière plan. L'air qu'il a senti le surprend beaucoup.

« Tu es fou ! Comment oses-tu faire ça alors qu'il a perdu la mémoire ? Tu n'as vraiment aucune retenue ! »

« Moi avoir dit à moi que si moi utiliser attaque, mémoire à lui revenir ! »

« Qu'est-ce que.... C'était que ça ? »

« Ça, c'est sa spécialité. Lui n'utilise pas d'attaques élémentaires mais a trouvé je ne sais comment un moyen de créer des... Techniques, comme on dit dans le jargon Shirenai. Il a développé un art de combat très axé sur le contact. »

« Toi avoir perdu. »

Après avoir affirmé ça, il retire son poing. Lorsque l'amnésique se rend compte de l'effet produit derrière lui, il ne peut que constater le niveau de puissance de son adversaire et rester pantois. Le Shirenai ramasse son arme.

« Toi pas t'inquiéter. Toi avoir bientôt revanche. Moi être toujours prêt. Toi pas être encore doué au corps à corps. »

« Tu es vraiment incorrigible toi... Ce sera pour une prochaine fois. En attendant d'en savoir plus sur qui vous êtes, je vous propose de faire partie des nôtres. Parcourez Faironne avec nous ! »

« Oh oui vous venir ! Comme ça vous pouvoir avoir revanche ! »

« Et mon nom ? »

« Le temps viendra où nous le trouverons. Pour l'instant, mieux vaut continuer notre route. Il serait plus judicieux que vous nous accompagniez. Et puis par acquis de conscience, il m'est impossible de laisser un amnésique seul dans ce monde parfois hostile. »

« Dans ce cas, j'accepte. Merci encore pour votre gentillesse. »

« Pas la peine de nous remercier, ce que nous faisons pour vous est normal. Vous avez l'air d'être quelqu'un de bien. »

« Moi content car nous avoir nouvel ami ! »

« Ami ? »

« Oui ! Moi dire que adversaires vaincus par moi être amis ! »

« Tu en as beaucoup alors ! »

Cette blague inattendue de la part de l'être cultivé le fait doucement rire.

« Avoir rien de drôle ! Toi arrêter de rire sinon moi exiger revanche maintenant ! »

Cette menace un peu teintée d'arrogance n'a pas l'effet escompté et continue à le faire rigoler.

« Pourquoi tient-il tant à affronter même des gens armés ? » demande le Shirenai en s'approchant un peu de son oreille.

« D'après ce que j'ai compris, il a vécu dans un environnement assez hostile. »

« Moi avoir appris à me battre ! Nature être rude ! Toi devoir être fort pour survivre ! La survie forger l'homme. »

Ses propos ancrent encore plus l'admiration qu'il ressent pour cet homme osant transgresser les règles appliquées.

« C'est pour ça qu'il ne peut s'empêcher de rentrer dans le tas à la moindre occasion et, crois-moi, je fais tout pour que ça n'arrive pas. Mais... Que voulez-vous faire ? Il est têtu comme une mule. »

« Moi vouloir être homme plus fort de tout Faironne. Moi pas avoir peur des Shirenais. Eux faire mal à la nature ! Et moi pas aimer faire mal à la nature. Elle nourrir nous. »

« Rajik, combien de fois je dois te l'expliquer ? Nous devons nous plier à eux et leurs lois si on ne veut pas avoir de problèmes. »

« Qu'est-ce que je dois comprendre ? Pourquoi les miens semblent si autoritaires envers ceux qui ne leur ressemblent pas ? »

« Disons que, sans eux, Faironne ne serait plus. Nous n'aurions jamais existé. Ils garantissent la paix. En échange de celle-ci, nous devons plier. D'où la symbolique derrière leurs lames. La puissance et la protection. C'est ainsi qu'ils se définissent et que nous les acceptons. »

« Rajik, en tout cas, si tu veux que je t'aide à devenir plus fort. Ce sera avec plaisir. »

« Bien parlé ! Dès que toi récupérer mémoire, moi vouloir recommencer castagne avec toi. »

« Tu es vraiment tout le temps comme ça ? »

« Pourquoi être autrement quand tout être contre toi ? »

La perspicacité et la lucidité nichées dans cette réplique le convainquent. Yoru regarde l'homme sans nom.

« Que faisait-il ici ? Son flux énergétique a été interrompu au niveau de la tête. J'ignore ce qui a pu lui faire ça mais ça a suffit à lui faire perdre la mémoire. Et qui a pu lui infliger ça ? C'est très suspect. » pense-t-il, l'air très intrigué.