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A taste oh humanity

Zhemini
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Synopsis
Dans un monde ravagé par des monstres, Tanza, un jeune garçon doté d'une étrange bénédiction, lutte pour survivre. Entre pouvoir dévorant, alliances fragiles et un passé oublié, il doit choisir : préserver son humanité ou embrasser le destin qu'on lui impose.
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Chapter 1 - The Fruits of Innocence

Chapitre 1: Les Fruits de l'Innocence

Si l'on dit que toute chose est à l'image de son créateur, alors je me demande bien pourquoi tous les humains sont si différents.

C'étaient là les mots d'un enfant n'ayant même pas atteint sa première décennie. Plus important encore, ils étaient aussi les miens, il y a longtemps, bien avant que ce monde ne soit ravagé par le chaos et les monstres.

Ces simples paroles, qu'il ne semblait même pas en mesure de comprendre, étaient la preuve que j'avais fait le bon choix. Cet enfant porterait mon pouvoir et hériterait de mes péchés jusqu'à ce que la mort ne nous sépare. C'étaient là mon dernier souhait ainsi que le début de ses aventures.

Son histoire commençait à peine, dans un lieu marqué par la douleur humaine : un hôpital psychiatrique, l'un de ces endroits où les cœurs blessés viennent chercher refuge. Ce garçon, à peine plus haut que trois pommes, semblait hors du temps, un éclat de quelque chose de rare dans un monde saturé de banalité. Je l'observais depuis l'ombre, mais lui ne regardait pas le vide comme les autres. Non. Lui voyait autre chose.

La pluie s'abattait doucement sur le toit du bâtiment, formant des éclats argentés dans la lumière pâle des lampadaires. Ici, au bout de la ville, peu de gens prenaient la peine de s'attarder, comme si les murs mêmes de l'établissement murmuraient des secrets dérangeants.

L'enfant était assis en face d'un médecin. Un silence lourd pesait dans la pièce lorsque ce dernier prit la parole.

« Peux-tu me répéter ce que tu vois ? »

« Je vois des fruits, » déclara-t-il d'une voix calme, ses yeux sombres fixant un point invisible devant lui. « Ils flottent… juste là, sur la poitrine. » posant la main au milieu de son torse.

Le médecin, un homme fatigué au regard perçant, releva la tête de son carnet. Je me souviens encore de l'éclair de doute qui passa sur son visage avant qu'il ne demande, presque trop prudemment :

« Et… tout le monde en a ? »

Tanza secoua doucement la tête.

« Non. Certains n'ont rien. Comme si leur cœur était vide. »

Le médecin, silencieux un instant, sembla digérer cette réponse. Ses yeux se plissèrent derrière ses lunettes. Il scrutait le jeune garçon comme si ce dernier était une énigme qu'il devait résoudre, mais l'incompréhension marquait son visage. Tanza, cependant, semblait paisible, comme si cette conversation n'était qu'un détail dans son monde plus vaste.

« Tu vois donc… des fruits. Et ces fruits, dis-moi, qu'est-ce qu'ils signifient pour toi ? » demanda le médecin d'une voix plus posée, cherchant à donner un sens à cette déclaration enfantine.

Tanza inspira lentement, ses yeux perdus dans une vision que seul lui semblait comprendre.

« Les fruits… ce sont les âmes, » répondit-il. « Les fruits, c'est ce qui fait qu'une personne est… vraie. »

Un frisson passa dans l'air. Le médecin se figea un instant, ses doigts jouant nerveusement avec le coin de son carnet. Il détourna brièvement les yeux, comme s'il cherchait un instant de clarté dans la pièce qu'il ne trouvait pas. Puis, avec un calme étrange, il reprit :

« Et ceux qui n'ont rien ? »

Tanza haussa à peine les épaules, mais ses yeux noirs brillèrent d'une lumière indéfinissable.

« Ils ne sont pas complets. Comme des coquilles vides. Ils… ne sont pas encore vivants. »

Le silence se fit lourd, presque palpable. C'était comme si le médecin, à ce moment précis, comprenait quelque chose qu'il ne pouvait pas accepter. Il se redressa dans son fauteuil, fermant le carnet qu'il tenait toujours.

« Et toi… Tanza, » dit-il d'une voix plus douce, presque une supplication, « que vois-tu sur moi ? »

Tanza ne répondit pas tout de suite. Il fixa le médecin, les yeux plongés dans son âme invisible. Puis un léger sourire, furtif, traversa ses lèvres.

« Tu n'as rien… Mais ce n'est pas grave. Tu as encore le temps. »

L'air sembla se figer un instant, et je sus que le médecin venait de réaliser. Il ne pouvait pas comprendre entièrement, pas encore, mais l'évidence était là, sous ses yeux. Ce garçon n'était pas comme les autres.

Le médecin se leva brusquement, ses mains tremblant légèrement. Il tourna son regard vers la fenêtre, où la pluie continuait de tomber, et murmura :

« Je vais appeler quelqu'un. »

Un frisson parcourut l'air, presque imperceptible, mais je le ressentis. La décision venait d'être prise, et elle pesait lourd dans l'atmosphère.

Le médecin décrocha le téléphone, sa main légèrement tremblante. Le silence fut brisé par la tonalité stridente qui résonna dans la pièce, suivie de la voix basse et précipitée du médecin.

« Oui, c'est urgent. Un cas très particulier… Oui, je pense que nous avons trouvé un candidat. Il est… jeune. Très jeune. Mais il correspond aux critères. »

Il marqua une pause, écoutant attentivement la réponse. Ses traits se figeaient légèrement.

« Oui, il dit voir les âmes. Ou quelque chose qui y ressemble. Je pense aussi que cela pourrait être… utile. »

Une autre pause suivit, plus longue cette fois. Puis il hocha la tête, même si son interlocuteur ne pouvait le voir.

« Je vais l'envoyer. Tout de suite. »

Tanza, toujours assis sur sa chaise, n'avait pas bougé. Il fixait le médecin de ses yeux sombres et insondables, comme s'il pouvait lire en lui. Il n'y avait ni peur, ni curiosité dans son regard. Juste une acceptation silencieuse, presque inquiétante.

Le médecin raccrocha, puis se tourna vers l'enfant, un mélange d'incertitude et de nervosité visible sur son visage. Fermant son carnet avec une lenteur calculée, comme si chaque geste pesait des tonnes. Il prit une inspiration tremblante avant de se tourner à nouveau vers Tanza, assis calmement face à lui.

« Un représentant de la famille Dracnis sera ici sous peu. Il doit te rencontrer. »

Tanza inclina légèrement la tête, ses traits figés, comme une statue observant le monde d'un autre temps. Ses yeux sombres, vides et perçants, s'accrochèrent à ceux du médecin. Un frisson invisible parcourut la pièce.

« Pourquoi ? » demanda-t-il d'une voix calme, presque détachée, dénuée de toute peur ou curiosité.

Le médecin détourna le regard, incapable de soutenir cette intensité. Ses doigts se resserrèrent sur le bord du bureau, cherchant une stabilité qu'il n'avait plus. Après un silence pesant, il murmura :

« Tu comprendras plus tard. Ne t'inquiète pas trop. »

Le garçon resta immobile, ses yeux toujours rivés sur le médecin. Puis, avec un geste presque imperceptible, il haussa les épaules, un mouvement si léger qu'il semblait irréel.

« Je vois. » Il se leva lentement, ses gestes précis et mesurés. « Au revoir. »

Sans attendre de réponse, il sortit du bureau. Le couloir de l'hôpital s'étendait devant lui, silencieux et morne, éclairé par une lumière blafarde. Dans la salle d'attente, une silhouette familière l'attendait, debout près de la fenêtre. Sa mère.

Elle se retourna dès qu'elle l'entendit approcher, et son visage, marqué par l'inquiétude, s'illumina brièvement avant de retomber dans l'angoisse.

« Alors ? Qu'est-ce qu'il a dit ? » demanda-t-elle d'une voix tremblante, presque étouffée par l'émotion.

Tanza s'arrêta à quelques pas d'elle, plantant son regard dans le sien. Une étincelle indéchiffrable brillait dans ses yeux.

« Je dois partir, » répondit-il simplement. « Ils disent que c'est nécessaire. »

Le sang sembla quitter son visage, la rendant presque translucide. Elle secoua la tête, cherchant désespérément une issue.

« Partir ? Mais… pourquoi ? Tu… tu es encore si jeune. »

Tanza resta immobile, ses bras relâchés le long de son corps frêle. Sa voix, lorsqu'elle s'éleva de nouveau, était calme, mais froide, presque mécanique.

« Désolé, maman. Mais je dois comprendre ce que je suis. »

Ces mots simples eurent l'effet d'un coup de poignard. Elle tomba à genoux devant lui, ses bras entourant son fils comme pour l'empêcher de disparaître. Des larmes silencieuses roulèrent sur ses joues, s'écrasant sur le sol sans un bruit.

Tanza, impassible, ne bougea pas. Ses mains restèrent inertes, incapables de répondre à l'étreinte désespérée. Ses yeux noirs se perdirent un instant au-delà de cette scène, comme s'il voyait quelque chose de lointain et inaccessible.

Dans l'ombre de la porte entrouverte, le médecin observait en silence. Ses traits étaient tirés, ses lèvres pincées dans une expression de résignation. Il détourna finalement les yeux, murmurant pour lui-même.

« Il n'y avait pas d'autre choix… »

Mais une vérité sourde s'imposait à tous : ce n'était que le début. Le premier pas sur un chemin pavé de ténèbres et de découvertes.