Chapitre 9: Révélation
Après quelques minutes de course, le groupe déboucha sur un nouveau passage. Les murs noirs, lisses comme de l'obsidienne, semblaient avaler la lumière de la carte enchantée, renvoyant seulement des ombres déformées, menaçantes.
L'air semblait plus lourd à chaque pas, comme si le labyrinthe resserrait ses griffes invisibles autour d'eux. Les murs noirs, lisses comme de l'obsidienne, renvoyaient leur propre souffle en échos oppressants. La lumière étrange de la carte enchantée projetait des ombres dansantes, déformées par les courbes anormales des couloirs.
— On est presque là, murmura Ian, serrant les mâchoires. Il n'y a plus que deux intersections avant la sortie.
— Si ce truc ne nous ment pas, rétorqua Liam, la voix hachée par la fatigue.
Tanza, en queue de file, avançait lentement, traînant une jambe blessée. Ses muscles semblaient brûler à chaque mouvement, mais il se forçait à continuer. La peur de ce qui les poursuivait lui donnait la force de tenir.
Derrière eux, un grondement sourd résonna. Il n'était pas distant cette fois. C'était proche. Trop proche.
— Jun, il faut accélérer, lâcha Elie, jetant un regard furtif par-dessus son épaule.
Le jeune homme au regard calculateur étudia la carte, sa respiration saccadée. — Pas possible. Le chemin devant nous est trop étroit pour courir en groupe. Si on s'éparpille...
Un frisson parcourut Tanza. Alors que je me décidai à lui parler.
Ils viennent. Si tu veux les protéger, tu sais ce qu'il faut faire.
Il s'immobilisa une fraction de seconde, levant les yeux vers les ombres mouvantes. Quelque chose, dans cette obscurité, semblait vivre. Respirer. Les murs n'étaient plus des murs ; ils palpitaient comme des organes gigantesques, leurs formes ondulant sous la lumière instable.
— Pourquoi ça change encore ? demanda Liam, son souffle court.
Jun regarda la carte, les veines lumineuses tremblotant sous ses doigts. — Ce n'est pas nous. Quelque chose d'autre est en train de manipuler le labyrinthe.
Le silence dans le labyrinthe était lourd, presque oppressant, alors que le groupe avançait prudemment. Chaque pas semblait résonner comme un coup de marteau, brisant l'immobilité ambiante. Tanza ressentait une étrange tension dans l'air, une vibration qui semblait émaner des murs eux-mêmes. Il s'arrêta net, ses pupilles se contractant alors qu'un frisson glacial lui parcourait l'échine.
Une sensation familière l'envahit, semblable à celle qu'il éprouvait en entendant cette voix, mais cette fois, elle était différente. Plus sombre. Plus brutale.
— Tanza, qu'est-ce qui t'arrive ? demanda Elie en posant une main sur son épaule.
Il ouvrit la bouche pour répondre, mais aucun son n'en sortit. Son regard fixait l'obscurité devant eux, là où une présence émergeait lentement. Une ombre massive, lourde, qui semblait aspirer la lumière autour d'elle.
Jun plissa les yeux. — Quelque chose approche...
Choisis, maintenant.
Un grondement sourd fit vibrer le sol sous leurs pieds, suivi d'un bruit de grattement, comme des griffes raclant la pierre. L'air devint plus dense, chargé d'une aura oppressante.
— Préparez-vous, murmura Ian en dégainant son arme.
Mais Tanza ne bougeait pas. Une douleur sourde pulsa dans son crâne, et il porta une main à sa tempe. Des murmures résonnaient dans sa tête, des voix indistinctes, fragmentées, comme des échos.
Et puis, il la vit. Une silhouette monstrueuse se découpa dans la pénombre. Un être massif, son corps semblable à de l'obsidienne, couvert de fissures d'où s'échappaient des éclats de lumière rougeoyante. Ses yeux, deux orbes flamboyants, semblaient sonder leur âme.
Le monstre s'arrêta un instant, comme s'il les jaugeait, puis ses yeux se fixèrent sur Tanza.
Un mot résonna dans son esprit, une voix qu'il reconnaissait malgré la distorsion.
« Toi. »
Tanza chancela sous le poids de cette voix, son cœur battant à tout rompre. Il tenta de reprendre ses esprits, mais la sensation s'intensifia.
Le sentiment d'avoir retrouvé une part de lui-même, il avait l'impression qu'ils étaient liés. Cette sensation lui était presque insupportable, une connexion qu'il ne comprenait pas mais qui le terrifiait.
— Tanza ! hurla Ian. Sors de là !
Le cri le ramena à la réalité juste à temps pour voir le monstre bondir.
À cet instant une violente vague d'énergie afflua dans le couloir, figeant net tous les membres du groupe.
La vague d'énergie fit trembler les murs du labyrinthe, projetant des étincelles de lumière rougeoyante dans toutes les directions. Un silence étrange s'abattit, comme si le monde retenait son souffle.
Tanza sentit son corps se raidir, comme prisonnier d'une force invisible. Il voulut bouger, mais ses muscles ne répondaient plus. Ses yeux étaient rivés sur la créature, et il pouvait jurer que leurs âmes se mêlaient dans cette électricité oppressante.
« Enfin... »
Le murmure résonna dans sa tête, une voix ancienne, empreinte de tristesse et de colère. Elle n'était pas seulement dans son esprit : elle vibrait dans tout son être, comme une corde tendue prête à se briser.
— Qu'est-ce que c'était ?! s'écria Elie, son souffle court, ses yeux écarquillés d'horreur.
Jun scruta les alentours, le visage blême. — Ce n'est pas normal... Ce truc... Il est surpuissant.
Le monstre se redressa, ses mouvements lents mais terriblement assurés. Ses yeux de braise restaient fixés sur Tanza, comme s'il était le seul à exister dans ce monde.
Ian tenta de lever son arme, mais ses mains tremblaient. — Pourquoi on ne peut pas bouger ?!
Un nouveau grondement émana du monstre, mais cette fois, il n'était pas seulement physique. C'était un cri mental, une vague de douleur et de regret qui submergea Tanza.
Des images floues s'imposèrent à son esprit. Des batailles anciennes. Des flammes. Une silhouette imposante, familière, mais voilée. Et cette voix... cette voix qui ne cessait de l'appeler.
« Reviens... »
Tanza hurla intérieurement, cherchant à repousser ces visions. Mais une part de lui les accueillait, comme un fragment oublié de lui-même.
Le monstre bondit de nouveau, mais cette fois, ce fut différent. Le monde autour de Tanza sembla s'effacer. La lumière vacilla, et une présence envahit son esprit, plus forte, plus dominante.
« Tu m'appartiens. »
La vague d'énergie qui avait figé le groupe semblait s'intensifier, transformant l'air lui-même en une charge palpable. Une série de craquements sourds retentit : les murs autour d'eux se fissuraient, projetant des éclats de pierre noire. Des étincelles dansaient dans l'air, illuminant les couloirs d'une lueur irréelle.
Tanza sentit une chaleur insupportable envahir son corps. Une douleur perçante s'éveilla dans ses membres, comme si son propre mana se rebellait contre lui. Il porta une main tremblante à sa poitrine, mais son regard se figea lorsqu'il vit sa peau.
Des fissures apparaissaient sur ses bras, irradiant une lumière dorée, presque divine. Son souffle s'accéléra. Il voulut crier, mais un cri silencieux resta coincé dans sa gorge.
— Tanza ! hurla Elie, la voix brisée par la panique.
Avant qu'elle ne puisse faire un pas, le sol sous leurs pieds trembla violemment. Une fissure se forma, séparant le groupe de Tanza. Des éclairs jaillirent des murs, illuminant brièvement la silhouette imposante du monstre qui continuait d'avancer.
— Qu'est-ce qui se passe ?! s'écria Ian, son arme glissant presque de ses mains.
Jun, les yeux écarquillés, fixait Tanza. Il pointa du doigt, incapable de formuler une phrase cohérente.
Le corps de Tanza se cambra brusquement, comme tiré par une force invisible.
Ses yeux, auparavant ternes de fatigue, virèrent soudain à un noir abyssal, constellé d'étincelles dorées scintillant comme des fragments d'étoiles. L'air autour de lui sembla s'alourdir, chargé d'une énergie oppressante et dense, si palpable qu'elle vibrait dans les os de ceux qui l'entouraient.
Les murs du labyrinthe se mirent à trembler, répercutant ce changement. Une onde de choc explosa hors de son corps, projetant les membres du groupe contre les parois. Un cri de surprise étranglé échappa à l'un d'eux, mais il fut vite noyé par le rugissement sourd de l'énergie déchaînée.
La lumière des fissures dorées s'intensifia sur sa peau, illuminant le labyrinthe d'une lueur surnaturelle. Chaque craquement de ses articulations résonnait comme un écho sinistre, un prélude à une transformation inévitable. Une fine couche de givre s'étala sur le sol, mais elle fondit presque aussitôt sous une chaleur insupportable qui suivit.
L'atmosphère se changea en une symphonie contradictoire : un froid mordant rivalisait avec une chaleur suffocante, tandis qu'une brise électrique courait sur les pierres du labyrinthe, crépitant doucement. Même l'air semblait avoir une texture différente, comme s'il était imbibé d'un pouvoir primitif et ancien.
Les yeux de Tanza, ou plutôt de l'entité qui semblait l'habiter, se levèrent lentement, croisant ceux du monstre devant lui. Ce n'étaient pas seulement des yeux humains. Ils étaient le miroir d'un cosmos tourmenté, une profondeur si obscure qu'elle semblait aspirer toute lumière alentour.
La transformation s'accompagna d'un murmure indistinct, grave et vibrant, qui ne venait pas seulement de lui, mais semblait s'échapper du labyrinthe tout entier. Chacun de ces sons s'insinuait dans l'esprit, brouillant les pensées, éveillant une peur viscérale, presque instinctive.
Le mana croissant de la pièce déclenchait une onde de choc terrifiante, projetant les membres du groupe contre les murs, qui cédèrent sous l'impact dans un fracas digne des plus violents orages.
Ce que je ressentais à cet instant était de la colère, une rage profonde envers moi-même qui n'avait même pas put le protégé.
Des souvenirs parvenait à mon héritier et de même pour moi, mes émotions reprenaient le dessus comment avaient-ils osé lui faire çà?!
Puis tout d'un coup, tout devint clair, comme si je regardais à travers ses yeux, mais avec une lucidité que lui n'avait pas. Le poids de l'inertie me quitta, remplacé par cette énergie familière, cette puissance que j'avais presque oubliée.
Ce corps est à moi.
Le froid, la chaleur, l'électricité dans l'air : tout cela répondait à mon appel. Mes sens s'éveillèrent, captant chaque vibration, chaque souffle du labyrinthe vivant. Mes mains — non, ses mains, mais guidées par ma volonté — s'ouvrirent. La lumière dorée des fissures s'intensifia, irradiante.
Je relevai les yeux vers la créature qui se tenait devant moi. Un mélange d'amertume et de nostalgie me submergea.
— Toi, murmurai-je, ma voix emplissant l'espace.
Le monstre, massif et imposant, s'arrêta net. Ses yeux flamboyants vacillèrent, comme s'il reconnaissait cette voix.
— Cela faisait longtemps, ajoutai-je, ma voix plus grave, teinte de regret.
Le lien entre nous était indéniable. Je pouvais sentir les fragments de souvenirs qui m'unissaient à lui, des souvenirs flous, brisés par le temps.
Le monstre gronda, mais il ne bondit pas. Il vacilla légèrement, comme troublé par ma présence.
— Non, soufflai-je, les mots m'échappant malgré moi. Je n'ai pas oublié.
Des arcs électriques jaillirent autour de moi, creusant davantage les fissures lumineuses sur la peau de Tanza. Le sol se déroba sous nos pieds, les murs tremblèrent, et une fissure béante s'ouvrit dans le couloir.
Je m'avançai d'un pas créant un nouveau déferlement d'énergie, mes yeux se plantant dans ceux de la bête.
— Mais je dois le faire, continuai-je, ma voix empreinte de tristesse.
Le monstre poussa un rugissement, une réponse instinctive à cette déclaration, mais je ne faiblis pas.
— Pardonne-moi, frère. murmurais-je finalement, avant de libérer une vague d'énergie si puissante qu'elle réduisit le silence du labyrinthe en un cri d'une lumière sanglante.
Une lumière éclatante emplit l'espace, noyant tout dans une explosion de rouge et d'or. Les membres du groupe furent projetés hors de vue, leurs cris se mêlant au rugissement de la créature, tandis que le labyrinthe tout entier semblait se disloquer sous l'impact.