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Chapter 3 - The Enclosure

Chapitre 3 : L'Enceinte

Les grilles métalliques qui délimitaient l'enceinte étaient d'une froideur presque oppressante. Tanza, une fois à l'intérieur, ressentait l'étrange sensation d'être à la fois prisonnier et observateur. Autour de lui, les murs semblaient s'élever dans une unité monolithique, sans aucune ouverture apparente à l'horizon. La lumière du jour paraissait s'effacer dans cet espace clos, comme si même le soleil refusait d'y pénétrer.

L'homme en uniforme, qui l'accompagnait, le conduisit à travers des allées pavées étroites, bordées de bâtiments semblables à des casernes. Chacun d'eux avait des fenêtres petites et étroites, des meurtrières modernes faites pour laisser entrer juste assez de lumière pour ne pas sombrer dans l'obscurité totale. Ces bâtiments ne respiraient pas la vie, mais l'ordre et l'isolement. Tout semblait fait pour contenir et surveiller.

Les enfants marchaient en silence, leurs visages marqués par une combinaison de crainte et de résignation. Personne ne parlait, ni ne faisait de bruit, à l'exception du léger écho de leurs pas résonnant dans l'espace clos. Leur silence n'était pas naturel, mais imposé, comme si un poids invisible leur écrasait la poitrine.

Tanza remarqua que chaque groupe d'enfants semblait suivre un chemin particulier, comme si une hiérarchie implicite était déjà en place. Les plus jeunes étaient emmenés vers un bâtiment à l'extrémité de l'enceinte, leurs pas hésitants trahissant leur peur. Les plus vieux, eux, se dirigeaient vers un autre édifice, plus imposant, dont les lourdes portes semblaient promettre un destin encore plus impitoyable. L'ordre, bien qu'implicitement clair, échappait encore à Tanza, mais il devinait que ce n'était pas simplement une question d'âge ou de taille.

Il y avait quelque chose de particulier dans l'air. Une sensation de vigilance constante, invisible mais omniprésente. Les murs eux-mêmes semblaient les scruter, comme si l'enceinte entière était un être vivant, conscient de chaque mouvement, de chaque respiration. Des runes discrètes, gravées dans la pierre, émettaient une faible lueur intermittente. Était-ce une illusion, ou surveillaient-elles réellement ?

Au fur et à mesure qu'ils avançaient, Tanza se sentit de plus en plus détaché, comme une ombre qui suit son propre corps. Il n'avait pas encore une idée précise de ce qu'il faisait ici, ni même de l'endroit où il se trouvait. Ce n'était pas la première fois qu'il se retrouvait dans une situation où tout lui échappait, mais cette fois, l'inconnu semblait plus épais, plus étouffant.

Un homme, plus âgé et d'apparence autoritaire, s'approcha de lui. Il portait une tenue noire décorée de symboles complexes qui semblaient pulser faiblement à intervalles réguliers. Ses yeux, perçants, semblaient capables de transpercer les secrets les mieux gardés. Il scrutait Tanza avec une intensité presque inhumaine, comme s'il savait déjà tout de lui.

— Avance, dit-il d'une voix basse, mais ferme.

Tanza obéit mécaniquement, tout en absorbant les détails autour de lui. Les bâtiments, les enfants qui y entraient et en sortaient, les regards furtifs des plus grands… tout lui paraissait étrange, mais une chose le frappait : il n'y avait pas de bruit, pas de vie réelle. Tout n'était que routine, une mécanique froide et implacable.

La température baissait à chaque pas qu'ils faisaient dans l'enceinte. L'air devenait de plus en plus glacial, et Tanza se rendit compte qu'ils avaient atteint l'endroit le plus reculé du complexe. Une grande porte en métal, ornée de gravures complexes et imposantes, se dressait devant eux. Elle semblait respirer une ancienne autorité, comme si elle avait été témoin de siècles de secrets et de souffrances.

L'homme en noir sortit une clé pendue à son cou et la tourna dans une serrure massive. La porte s'ouvrit lentement, dans un grincement qui résonna dans tout le corridor, dévoilant un passage sombre et étroit. Une lumière tamisée, diffusée par des cristaux bleutés incrustés dans les murs, éclairait à peine le couloir. Tanza sentit une vague d'appréhension monter en lui. Ce n'était pas seulement l'inconnu qui l'effrayait, mais l'idée que cet endroit semblait avoir été conçu pour effacer toute trace d'individualité.

Après plusieurs minutes de marche silencieuse, le couloir déboucha sur une vaste salle. L'endroit était immense, bien plus grand qu'il ne l'avait imaginé depuis l'extérieur. Le plafond disparaissait dans l'obscurité, et le sol, pavé de dalles noires, était marqué de symboles étranges qui luisaient faiblement, comme s'ils respiraient au rythme de la pièce elle-même.

Un terrain d'entraînement ? Non, pensa Tanza. C'était plus qu'un simple espace d'exercice. Une arène. Un lieu conçu pour tester, pour briser, pour façonner. Une scène où chaque mouvement serait jugé, où chaque échec serait impitoyablement sanctionné.

Au centre de la salle, plusieurs groupes de jeunes s'exerçaient sous la supervision de figures encapuchonnées. Certains manipulaient des armes inhabituelles – des lames translucides vibrantes ou des arcs dont les flèches étaient faites de lumière pure. D'autres se concentraient intensément, des étincelles ou des ondes étranges émanant de leurs mains. L'énergie, brute et instable, flottait dans l'air, créant une tension presque palpable.

Tanza observa un garçon de son âge. Ce dernier semblait lutter pour contrôler une sphère rougeoyante qui flottait devant lui. Lorsqu'elle éclata, une onde de choc balaya les environs, forçant les superviseurs à intervenir pour calmer la situation. Les regards échangés entre les enfants mêlaient crainte et appréhension. Ces entraînements n'étaient pas là pour forger des guerriers ordinaires, mais pour créer quelque chose de bien plus puissant. Ou dangereux.

L'homme en noir finit par s'arrêter devant un cercle gravé dans le sol, entouré de cristaux différents de ceux des murs. Il désigna le cercle à Tanza et prononça enfin quelques mots :

— C'est ici que tu commenceras. Montre-nous si tu en es digne.

Digne ? De quoi parlait-il ? Tanza n'eut pas le temps de poser la question. Dès qu'il posa le pied dans le cercle, les cristaux s'illuminèrent violemment. Une énergie envahit son corps, froide et brûlante à la fois, comme si des milliers de mains invisibles cherchaient à arracher quelque chose de lui. Il lutta pour rester debout, serrant les poings.

Alors qu'il tentait de comprendre ce qui se passait, une douleur violente jaillit de son cœur, se propageant dans tout son être. Un éclair fulgurant jaillit soudain de son corps, illuminant l'arène d'une lumière éclatante. Une énergie brute et indomptée prit la forme d'éclairs de lumière mêlés à une foudre dorée, déchirant l'air dans un rugissement assourdissant. Le sol se fissura sous ses pieds, et une onde de choc balaya la salle, forçant les observateurs à reculer, surpris par cette démonstration inattendue de puissance.

Dans cette tempête de mana, Tanza entendit pour la première fois une voix résonner dans son esprit. Profonde, énigmatique, elle semblait provenir d'un lieu à la fois proche et lointain :

« Ainsi, tu portes mon écho. Jusqu'où ira ta volonté ? »

Ces paroles s'imprimèrent dans son être, laissant une empreinte indélébile. Une vision s'imposa à lui : autour des contractants présents dans l'arène, les fruits qu'il voyait habituellement étaient désormais accompagnés de chaînes. Fines, épaisses, enchevêtrées, elles brillaient ou semblaient rouillées, et elles enserraient certains plus fermement que d'autres. Ces chaînes, il le comprit instinctivement, étaient les contrats.

La lumière s'estompa brusquement. Alors qu'il revenait à lui, haletant, à genoux, Tanza sentit les regards se poser sur lui, certains remplis d'incompréhension, d'autres d'une admiration teintée de crainte. Il avait franchi une étape qu'il ne comprenait pas encore, mais une chose était sûre : ce pouvoir, ces paroles, allaient changer sa vie.

L'instructeur, dissimulant tant bien que mal son trouble, prit la parole d'un ton sec :

— C'est suffisant. Dirige-toi vers le groupe là-bas.

Il pointa un homme en noir posté près d'une autre porte massive. Tanza quitta l'arène, encore secoué par ce qu'il venait de vivre. Alors qu'il marchait sur le terrain à présent silencieux, les fruits et les chaînes continuèrent de danser devant ses yeux, comme pour lui rappeler que son voyage ne faisait que commencer.