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Chapter 20 - Chapitre 20 : Le Sauvetage Inattendu

Les sons des vagues et l'odeur du bois humide m'indiquèrent immédiatement où je me trouvais : encore sur un bateau, quelque part près du rivage. Mon corps était lourd, mes membres engourdis, et une douleur sourde irradiait de mes poignets où les cordes avaient laissé des marques profondes.

Je clignai des yeux plusieurs fois avant que ma vision ne s'habitue à la pénombre. J'étais dans une petite cabine, étroite et peu éclairée. Une faible lumière passait par un hublot, et je pouvais entendre des bruits d'eau éclaboussant la coque.

En tournant la tête, je les vis. Luca. Mila. Et une autre jeune femme que je ne reconnaissais pas. Luca était accroupi près de moi, tandis que Mila se tenait un peu en retrait, près de la porte. La troisième femme, plus jeune, restait silencieuse, son regard baissé.

Mon estomac se noua à la vue de Luca. Une colère sourde monta en moi, mais je n'avais pas la force de la laisser exploser. Mon corps me trahissait, encore affaibli par l'épuisement et les événements des dernières heures.

« Elle est réveillée. »

Je tentai de bouger, mais une douleur aiguë me cloua sur place, m'arrachant un gémissement.

« Ne bougez pas, madame Valenti, » murmura Mila, s'approchant légèrement de moi.

« Où… où suis-je ? » Ma voix était rauque, à peine audible.

Luca se redressa légèrement, ses traits marqués par une culpabilité évidente.

«Madame Valenti… vous êtes en sécurité maintenant.»

Ces mots me firent rire nerveusement, bien que cela aggrava la douleur dans mon ventre. «En sécurité ? Tu plaisantes, n'est-ce pas ?» Je lançai un regard dur à Mila avant de revenir à lui. «Qu'est-ce qui se passe ici ?»

Il baissa la tête, incapable de soutenir mon regard.

«Madame Valenti, écoutez-moi,» tenta-t-il.

Je serrai les dents, mes poings faibles mais tremblants de rage.

 

«Pourquoi ? Pourquoi m'avoir fait ça, Luca ? Tu m'as trahie !»

Il releva enfin la tête, et pour la première fois, je vis quelque chose dans son regard. Pas de défi, mais un mélange de honte et de désespoir.

«Je n'avais pas le choix,» répondit-il doucement.

«Tu avais toujours le choix,» rétorquai-je.

Il secoua la tête.

«Non. Ils avaient ma sœur.»

Mon regard glissa vers la jeune femme que je ne connaissais pas, toujours silencieuse et tremblante derrière eux.

« Isabella, » murmura Luca, comme une confession. « C'est ma sœur. Ils l'ont prise pour me forcer à vous trahir, vous et Alessandro. Je… Je n'ai pas eu le choix. »

Mon regard passa de Luca à Isabella, et je sentis la colère se mêler à une pointe de compréhension. Mais cela ne justifiait rien.

« Et maintenant ? Qu'est-ce qui a changé ? »

Luca inspira profondément, sa voix tremblante d'émotion. « J'ai donné à Alessandro l'endroit où avait lieu la vente. Il a attaqué. C'est grâce à lui que nous avons pu te sortir de là. »

« Sortir ? » Je fronçai les sourcils. « Alors pourquoi suis-je ici et pas avec lui ? »

Luca échangea un regard rapide avec Mila avant de se tourner vers moi. « Parce que monsieur Valenti voulait que vous soyez en sécurité. Il savait que Moretti avait d'autres hommes. Il a préféré que nous vous évacuions. »

Un rire amer m'échappa. « C'est ça, oui. Tu veux me faire croire qu'il m'a laissée partir ? Non, Luca. Il n'aurait jamais fait ça. Il m'a promis qu'il viendrait. Lui-même. »

Mila, qui était restée silencieuse jusque-là, s'avança timidement. « Madame Valenti, s'il vous plaît, écoutez. Nous devons partir. Monsieur Valenti est peut-être toujours à bord, mais Moretti a encore des hommes ici. Vous êtes en danger. »

Je les dévisageai tour à tour, essayant de déceler une quelconque trace de mensonge. Mais tout en moi criait de rester. « Non, » murmurai-je en secouant la tête. « Je ne pars pas sans lui. »

« Madame, soyez raisonnable, » insista Luca. « Monsieur Valenti a fait tout ça pour vous. Il ne supporterait pas que quelque chose vous arrive. »

Je voulais croire à ses paroles, mais quelque chose au fond de moi me retenait. « Et si vous mentiez ? Si tout ça n'était qu'un autre de vos plans ? »

La tension monta d'un cran. Mila fit un pas vers moi, ses yeux brillants d'une angoisse sincère. « Madame, je vous en prie. Vous ne voulez pas rester ici. Je le sais. Vous le savez. »

C'est alors qu'une douleur vive traversa mon abdomen. Je portai instinctivement une main à mon ventre, un cri m'échappant. Luca et Mila se précipitèrent vers moi.

« Qu'est-ce qui se passe ? » demanda Mila, paniquée.

Une autre contraction me coupa le souffle. « Le bébé, » murmurai-je. « Il arrive. »

Luca blêmit. « On doit bouger. Maintenant. »

Je secouai la tête, incapable de parler. Une autre onde de douleur me traversa, et je compris que je n'avais plus beaucoup de temps.

« Madame, je vais vous porter, » dit Luca, déterminé.

« Non, » protestai-je faiblement. « Alessendro… »

Mais mes mots furent étouffés par la douleur. Luca se pencha, m'attrapa avec précaution et me souleva dans ses bras.

« On n'a pas le choix, » murmura-t-il, plus pour lui-même que pour moi. « On part maintenant. »

La douleur des contractions était insupportable, mais les bruits autour de moi étaient tout aussi terrifiants. Des éclats de voix, des coups de feu lointains… le chaos régnait. Luca me portait, Mila et Isabella suivant de près. Ils m'emmenèrent jusqu'à une petite embarcation, un canot à moteur qui semblait à peine capable de tenir en mer.

Luca me déposa doucement sur un banc, et Mila grimpa à bord, s'occupant immédiatement de mon confort précaire. Je voulais crier, hurler à Alessendro de venir me chercher, mais aucun son ne sortit de ma bouche.

Le moteur démarra, et nous quittâmes le grand bateau, laissant derrière nous le tumulte des combats. Je jetai un dernier regard en arrière, priant pour que la silhouette d'Alessendro émerge du chaos et le revoir sain et sauf. Mais tout ce que je vis fut la noirceur de la mer.

Les moteurs ronronnaient doucement tandis que le petit bateau fendait les vagues sous un ciel nocturne ponctué d'étoiles. L'air salé m'emplissait les narines, mais je n'y trouvais aucun réconfort. La douleur incessante dans mon ventre me rappelait que mon corps travaillait contre la montre. Chaque contraction me coupait le souffle, me laissant haletante, les mains crispées sur les bords du bateau.

Mila, assise à mes côtés, s'efforçait de me soutenir du mieux qu'elle pouvait. Elle pressait un chiffon humide contre mon front, murmurant des mots d'encouragement qui me semblaient si lointains dans mon brouillard de souffrance.

« Respirez, madame Valenti. Tenez bon, nous y sommes presque, » disait-elle.

Mais tout ce que je pouvais penser, c'était qu'Alessandro n'était pas là. Il m'avait promis qu'il serait là pour la naissance. Il m'avait dit qu'il tiendrait ma main et qu'il ne me lâcherait pas. Et pourtant, je me retrouvais ici, perdue au milieu de nulle part, entourée de personnes que je ne pouvais pas entièrement croire, à livrer bataille seule pour la vie de notre enfant.

Luca, qui se tenait à l'arrière du bateau, jetait des regards nerveux derrière lui. Ses traits étaient tendus, et ses mains ne quittaient jamais l'arme qu'il avait saisie avant de quitter le grand navire.

« Nous y sommes, » murmura-t-il enfin, brisant le silence.

Le bateau ralentit alors que nous atteignions une petite plage déserte. Une cabane en bois se dessinait à l'horizon, éclairée faiblement par une lumière vacillante à l'intérieur.

Luca fut le premier à sauter à l'eau, tenant fermement le bateau pour que Mila et Isabella puissent m'aider à descendre. Mais à peine avais-je posé un pied sur le sable que mon corps me trahit une fois de plus. Une douleur insoutenable me plia en deux, me laissant crier malgré moi.

« Elle ne peut plus marcher, » dit Mila avec urgence. « Luca, aide-nous ! »

Sans hésiter, il s'approcha et me souleva dans ses bras comme si je ne pesais rien. Malgré ma méfiance, je me laissai faire, trop épuisée pour résister.

Chaque pas de Luca sur le sable me semblait une éternité, chaque vibration de ses mouvements intensifiant ma douleur. Lorsque nous atteignîmes enfin la cabane, il me déposa doucement sur un vieux matelas posé au sol.

L'intérieur était exigu, avec des murs nus et une odeur de bois humide. Mila et Isabella s'affairèrent immédiatement, improvisant une table avec des couvertures et sortant des bouteilles d'eau et des chiffons.

« Je… je ne peux pas, » soufflai-je, des larmes roulant sur mes joues.

« Vous pouvez, madame Valenti, » murmura Mila en s'agenouillant près de moi. « Vous devez. Pour votre fils. »

Mon regard se posa sur elle, brouillé par les larmes et la douleur. « Comment… savez-vous que c'est un garçon ? »

Elle esquissa un petit sourire, timide mais sincère. « Je ne sais pas. Mais parfois, on peut sentir ce genre de choses. »

Son ton doux me fit un instant oublier la douleur.

Je me souviens des nombreuses discussions que j'avais eues avec Alessandro à propos du sexe du bébé. C'était devenu une sorte de rituel entre nous, ces paris amicaux. Alessandro était convaincu que nous aurions un garçon. «Il deviendra un grand leader, tout comme moi,» disait-il toujours, les yeux brillants de fierté.

De mon côté, j'étais persuadée que nous aurions une fille. «Elle sera aussi belle et forte que son père,» plaisantais-je, bien que j'espérais secrètement qu'elle hériterait aussi de la douceur d'Alessandro.

Nous avions décidé de ne pas connaître le sexe du bébé avant la naissance. C'était notre petit secret, une anticipation douce-amère qui nous faisait sourire à chaque échographie. Nous riions ensemble en choisissant des prénoms, chacun défendant son choix avec passion. C'étaient des moments précieux qui nous rappelaient que, malgré le chaos de nos vies, il y avait encore de la place pour les rêves simples.

Mais une nouvelle contraction me ramena brutalement à la réalité.

Mila s'échangea un regard avec Isabella, et les deux femmes se mirent rapidement en place. Mila prit une inspiration tremblante, puis annonça : « Il est temps. Vous devez pousser. »

« Non, pas sans lui, » murmurai-je faiblement.

Mila fronça les sourcils, ne comprenant pas.

« Alessandro… il m'a promis qu'il serait là, » continuai-je, ma voix brisée par l'épuisement et l'émotion.

Je fermai les yeux, me laissant envahir par des souvenirs. Je revis Alessandro, penché sur moi dans notre chambre, posant une main protectrice sur mon ventre. Je me rappelai son sourire, ses mots murmurés à mon oreille. « Je tiendrai ta main, cuore mio. Jusqu'au bout. »

Mais il n'était pas là. Et cela me brisait autant que la douleur physique.

« Je ne peux pas… je ne peux pas sans lui, » sanglotai-je, les mains tremblantes.

Mila attrapa doucement ma main, ses yeux brillants d'une étrange détermination. « Vous pouvez. Parce qu'il vous aime, et parce qu'il reviendra. Mais maintenant, c'est à vous de vous battre. »

Je pris une profonde inspiration, m'accrochant à ses mots comme à une bouée de sauvetage. Puis je poussai, rassemblant tout le courage qui me restait.

Les minutes qui suivirent furent un tourbillon de douleur, de cris, et d'encouragements murmurés. Mila me guidait du mieux qu'elle pouvait, tandis qu'Isabella restait près de moi, tenant ma main avec une force surprenante pour une si frêle silhouette.

Puis, soudain, tout s'arrêta. Un cri perça l'air, clair et puissant, me coupant le souffle.

« C'est un garçon, » murmura Mila, les yeux remplis de larmes alors qu'elle me tendait un petit corps chaud enveloppé dans une couverture.

Mes mains tremblantes se refermèrent sur lui, et tout le reste sembla s'effacer. Ses petits poings se serraient et se desserraient, son visage plissé était la chose la plus belle que j'aie jamais vue.

« Tu es là, » murmurais-je, des larmes coulant librement sur mes joues. « Mon bébé, tu es là. »

Je posai un baiser sur son front, son odeur douce et pure emplissant mes sens. Mon cœur, brisé par l'absence d'Alessandro, se gonflait malgré tout d'un amour indescriptible.

Je regardai mon fils avec tendresse et murmurai doucement : «Mon chéri, c'est ton papa qui a gagné le pari. Il t'attendait avec tant d'impatience et sache qu'il t'aime énormément, même s'il n'est pas avec nous en ce moment. Je te promets de te protéger, tout comme ton père le fait en ce moment même pour nous.»

Mila, assise à côté de moi, sourit faiblement. « Vous avez été incroyablement forte, madame Valenti. »

Je tournai la tête vers elle, incapable de parler, mais lui adressant un regard empli de gratitude.

La porte s'ouvrit doucement, et Luca entra, son arme toujours en main. Il s'arrêta net en voyant le bébé dans mes bras. Une lueur d'émerveillement traversa son regard, mêlée à une profonde culpabilité.

Il se racla la gorge, baissant les yeux. « Nous n'avons pas beaucoup de temps. »

Mais pour l'instant, ce moment m'appartenait. À moi et à mon fils. Je fermai les yeux, posant mon front contre le sien.

« Tu es parfait comme ton pére » murmurai-je.