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Chapter 22 - Chapitre 22 : Retrouvailles sous tension

Le ronronnement du moteur remplissait le silence pesant dans la voiture tandis que nous roulions vers l'entrepôt en bord de mer. À chaque cahot sur la route, je serrai un peu plus mon fils contre moi. Sa petite tête reposait contre ma poitrine, sa respiration douce semblant apaiser l'angoisse qui m'étouffait.

Mila, assise à côté de moi, jetait de fréquents regards vers le bébé, son expression à la fois attendrie et protectrice. Elle s'était visiblement attachée à lui. À un moment, elle effleura doucement la couverture qui l'entourait, veillant à ce qu'il reste bien au chaud. Ce geste, à la fois simple et sincère, me toucha plus que je ne voulais l'admettre.

À l'avant, Luca conduisait en silence, ses mains crispées sur le volant. Isabella, assise à côté de lui, fixait un point invisible devant elle, le visage tendu. Je pouvais presque sentir la nervosité qui émanait de son frère. Même s'il tentait de garder son calme, ses traits trahissaient une peur bien réelle. Cette rencontre déciderait de son sort.

L'idée que tout cela puisse mal tourner m'emplissait de terreur. Alessandro n'était pas un homme qui pardonnait facilement. Il était impossible de deviner ce qui allait se passer une fois que nous serions face à lui. Je ne savais pas comment Alessandro réagirait en voyant Luca. 

Lorsque la voiture s'arrêta enfin devant l'entrepôt désaffecté, Luca descendit en premier, scannant les alentours avec prudence. Il ouvrit la portière d'Isabella, puis se tourna vers nous à l'arrière.

« C'est le moment, » murmura-t-il d'un ton à la fois résigné et nerveux.

Son regard croisa brièvement le mien, mais il l'évita rapidement.

Mila sortit à son tour et, avant que je ne descende, elle arrangea doucement la couverture autour du bébé, ses mains hésitant un instant comme si elle craignait de réveiller l'enfant. Elle me lança un regard timide, un sourire fugitif illuminant brièvement son visage. « Il a l'air si calme, » murmura-t-elle. Sa voix, bien que douce, semblait trahir un besoin de se rassurer elle-même. À côté d'elle, Isabella, plus effacée, gardait la tête basse. Ses mains, croisées devant elle, se tordaient nerveusement. Je surpris un regard rapide qu'elle m'adressa, comme si elle cherchait une validation ou un pardon tacite. Elle doit se sentir coupable, pensai-je en voyant la tension dans ses épaules. Je voulais lui parler, lui dire que je comprenais, mais les mots restèrent coincés dans ma gorge.

L'air froid et salé de la mer me frappa instantanément, et une tension presque palpable pesait sur mes épaules. Devant l'entrepôt, mon cœur accéléra lorsqu'en levant les yeux, je l'aperçus enfin..

Alessandro.

Il se tenait droit, imposant et immobile, entouré de ses hommes. Matteo se tenait à sa droite, une arme non loin de sa main, prêt à intervenir au moindre signe de danger.

Alessandro était une vision saisissante, même dans cette atmosphère glaciale. Malgré son air fatigué et les cernes qui marquaient son visage, il était toujours aussi beau. Sa stature imposante, sa mâchoire serrée et ses yeux d'un gris perçant suffisaient à capturer toute mon attention. Mais ce n'était pas seulement son apparence ; c'était cette aura qu'il dégageait, celle d'un homme prêt à tout pour protéger ce qui lui appartenait.

Son regard acéré scrutait la scène avec une intensité qui me coupa le souffle. Mais alors que ses yeux se posaient sur moi, je vis son expression changer imperceptiblement. Ses traits, tendus et froids, se radoucirent un instant, et une étincelle d'émotion passa dans son regard.

Je sentis mon cœur rater un battement. Malgré la distance entre nous, sa présence imposante me rassurait, mais une peur latente subsistait. Allait-il perdre son calme ? Le voir ici, vivant, prêt à tout pour nous, me faisait presque oublier les cicatrices invisibles laissées par ces jours de chaos. Mais son regard… ce regard lorsque nos yeux se croisaient, je sentais une chaleur familière, un mélange de sécurité et de désir, comme s'il pouvait tout réparer rien qu'en étant là. Pourtant, l'éclat froid dans ses prunelles lorsqu'il fixa Luca me rappela qu'Alessandro était aussi un homme de vengeance. Une partie de moi craignait qu'il ne voie en Luca un obstacle, un rappel constant de tout ce qu'il avait failli perdre. 

Puis, lentement, ses yeux dérivèrent vers mes bras. Il remarqua le bébé, à peine visible sous la couverture. Je vis son souffle se suspendre, et l'émotion brute qui traversa son visage me serra la gorge.

Son regard fixé sur notre enfant me donna l'impression que le temps s'était arrêté. Une émotion indescriptible, un mélange de choc, d'émerveillement et d'incrédulité traversa son visage. Alessandro Valenti, cet homme toujours si maître de lui-même, semblait soudain vulnérable, pris au dépourvu par cette réalité qu'il découvrait pour la première fois.

Je retins un sanglot. Je savais combien il avait attendu ce moment, combien il avait rêvé de rencontrer cet enfant.

Luca, toujours debout près de moi, prit une profonde inspiration et tenta de parler : « Monsieur Valenti… »

Alessandro détourna enfin son regard de moi pour le fixer, ses traits retrouvant leur froideur. « Tu oses parler ? »

« Je n'ai jamais voulu que les choses se passent ainsi, » dit-il d'une voix tremblante. « Mais je n'avais pas le choix. J'ai fait ce que j'ai fait pour sauver ma sœur. Et aujourd'hui… je vous rends madame Valenti et votre fils. »

Alessandro plissa légèrement les yeux, comme s'il pesait chaque mot prononcé par Luca. Mais à l'entente du mot "fils", une lueur différente brilla dans ses prunelles. Un mélange de fierté et de soulagement, bien que la colère ne soit pas totalement absente.

« Un fils, » murmura-t-il presque pour lui-même, sa voix basse.

 *

Ses pas résonnèrent dans l'entrepôt alors qu'il avançait lentement vers nous. Il s'arrêta à quelques mètres de moi, ses yeux toujours fixés sur le bébé.

« Un fils, » répéta-t-il, cette fois un peu plus fort. Sa voix, bien que contrôlée, trahissait une émotion qu'il avait du mal à contenir.

Je voulais courir vers lui, lui mettre notre enfant dans les bras et sentir sa chaleur réconfortante, mais je savais qu'il y avait une tempête à traverser avant cela. Luca, conscient de la tension électrique dans l'air, posa une main hésitante sur mon bras, comme s'il voulait m'empêcher de bouger.

Ce geste fut une erreur.

Alessandro s'arrêta net, son regard se glaçant en une fraction de seconde.

« Lâche-la. » Sa voix, bien que basse, était chargée d'une menace si froide qu'elle fit frissonner l'air.

« Arianna, viens ici, » ordonna Alessandro, son ton laissant peu de place à la discussion.

« Lâche-la, j'ai dis» gronda Alessandro, chaque syllabe glaciale.

Luca retira sa main immédiatement. « Monsieur Valenti, je veux juste expliquer— »

« Expliquer ? » Alessandro haussa un sourcil, sa voix devenant encore plus glaciale. 

« Tu veux expliquer pourquoi tu as trahi ma confiance ? Pourquoi tu as choisi de kidnapper ma femme plutôt que de venir me voir pour trouver une solution ? »

Je sentis la tension monter encore d'un cran. Si je n'intervenais pas, cela risquait de dégénérer rapidement. Je fis un pas en avant, mon fils toujours blotti contre moi.

« Alessandro, » dis-je doucement, mais avec fermeté. Son regard se posa sur moi, et je vis une fraction de la colère disparaître. Son regard s'adoucissant légèrement, mais la tension restait palpable. « Luca a été forcé, » continuai-je. « Ils avaient sa sœur. Il n'a jamais voulu faire ça. Et… il nous a sauvés, moi et le bébé. »

« Nous sauver ? » Alessandro ricana sombrement, mais cette fois, son regard se posa sur notre fils. Je vis l'hésitation dans ses yeux, un conflit intérieur qu'il tentait de cacher.

« C'est vrai, Alessandro. Sans lui, nous ne serions pas ici. Il mérite que tu écoutes au moins son histoire. » Ma voix tremblait légèrement, mais je refusais de reculer.

Alessandro serra la mâchoire, ses yeux fixant Luca avec une intensité qui aurait pu le brûler vif.

Il inspira profondément, mais avant qu'il ne puisse répondre, des bruits de moteurs retentirent au loin, perçant le silence oppressant de l'entrepôt. Matteo, toujours aux aguets, se tendit immédiatement, son arme déjà en main.

« Boss, on a de la compagnie, » annonça-t-il avec calme, mais son ton était lourd de gravité.