La porte du hall était grande ouverte, baignant la pièce dans une lumière éclatante. Lorenzo se tenait là, installé nonchalamment dans un fauteuil, une jambe croisée sur l'autre, comme s'il était chez lui. Il tourna lentement la tête à notre arrivée, son regard vert émeraude s'arrêtant un peu trop longuement sur moi.
Je sentis Alessandro se raidir à mes côtés, ses doigts effleurant le bas de mon dos, un geste protecteur, presque possessif. Moi, je tenais toujours Leo dans mes bras, son poids minuscule et réconfortant contre ma poitrine. Je jetai un rapide coup d'œil vers mon fils, ses paupières closes, apaisées par un sommeil innocent qui contrastait avec l'atmosphère lourde de la pièce.
Lorenzo, vêtu d'un costume impeccable, nous offrit un sourire aussi chaleureux qu'hypocrite. Il se leva lentement, sa stature imposante trahissant une confiance irritante. Ses yeux glissèrent sur Leo, et une expression de fausse admiration illumina son visage.
« Alors, c'est le fameux héritier Valenti, » déclara-t-il d'une voix suave, son sourire s'élargissant légèrement. « Il est magnifique. Clairement, il tient de toi, Arianna. »
Je restai silencieuse, mais Alessandro, lui, serra les mâchoires si fort que je crus entendre ses dents grincer.
« Si tu es venu pour admirer ma femme ou mon fils, Lorenzo, tu peux partir immédiatement, » répliqua Alessandro d'un ton glacial, ses yeux lançant des éclairs.
Lorenzo, imperturbable, leva légèrement les mains, comme pour se défendre. « Du calme, Alessandro. Je suis simplement là pour m'assurer que tout va bien après… les récents événements. »
« Tu t'assures de quoi ? » répliqua Alessandro, avançant d'un pas. « Depuis quand est-ce ton rôle ? »
« Depuis que je m'inquiète, » répondit Lorenzo, une pointe de sarcasme dans la voix. « Après tout, ces derniers jours ont été particulièrement dangereux pour Arianna, n'est-ce pas ? »
Alessandro fit un pas de plus, sa posture devenant plus menaçante, mais je sentais qu'il faisait un effort surhumain pour se contenir. Lorenzo, quant à lui, restait parfaitement calme, son sourire légèrement moqueur trahissant un plaisir évident à provoquer.
Je serrai Leo un peu plus près contre ma poitrine, comme si mon instinct maternel cherchait à le protéger de la tension palpable entre les deux hommes.
« Je ne te permets pas de prononcer son nom, » lâcha Alessandro d'un ton bas, presque guttural.
Lorenzo leva un sourcil, feignant la surprise. « Allons, Alessandro. Ce n'est pas une attaque. Je fais simplement preuve de sollicitude. Après tout, si Arianna et Leo sont en sécurité, c'est tout ce qui compte, non ? »
Il tourna son regard vers moi, comme pour appuyer ses paroles, et je détestai la façon dont ses yeux semblaient chercher quelque chose, une faille ou une réponse.
« Arianna est ma femme. Mon fils est ma responsabilité, » déclara Alessandro, sa voix grondante résonnant dans le hall. « Tu n'as aucun rôle à jouer ici, Lorenzo. »
Lorenzo, imperturbable, haussa légèrement les épaules, comme si les paroles d'Alessandro glissaient sur lui. « Ce n'est pas la peine de le prendre comme ça, Alessandro. Tu sais très bien que si jamais Arianna avait besoin d'aide… ou de soutien, je serais toujours là. »
Le sous-entendu, bien que voilé, était clair, et je sentis Alessandro se tendre davantage.
« Tu dépasses les limites, Lorenzo, » dit-il, les mots sifflants comme une menace.
La tension monta d'un cran, et c'est à ce moment-là que Leo, jusque-là paisiblement endormi, se mit à pleurer doucement, perturbé par l'atmosphère pesante et les voix qui s'étaient légèrement élevées.
Je jetai un regard rapide à Alessandro, puis à Lorenzo, avant de murmurer doucement à mon fils : « Shh… tout va bien, mon ange. »
Mais les pleurs de Leo persistèrent. Voyant que je n'arrivais pas à le calmer, j'appelai Mila d'une voix douce. Quelques instants plus tard, elle apparut dans le hall, son visage rayonnant de douceur malgré l'atmosphère électrique.
« Mila, peux-tu t'occuper de Leo un moment ? » demandai-je doucement.
Elle hocha la tête et s'approcha. Je déposai mon fils dans ses bras, mon cœur se serrant légèrement en le lâchant, mais je savais qu'il serait en sécurité avec elle. Mila lança un regard rapide et inquiet vers Alessandro et Lorenzo avant de quitter discrètement la pièce avec Leo.
Une fois que Mila et Leo furent hors de vue, Alessandro se tourna à nouveau vers Lorenzo, mais cette fois, sa colère semblait contenue par un calme glacial.
« Maintenant que mon fils est hors de portée de tes jeux, dis ce que tu as à dire, et pars, » déclara Alessandro d'une voix tranchante.
Lorenzo éclata de rire, un rire léger et désinvolte, qui fit bouillir le sang d'Alessandro.
« Voyons, Alessandro, » répondit Lorenzo, son sourire toujours fixé sur ses lèvres. « Je ne suis pas venu jouer. Je suis venu vous prévenir. »
Je fronçai les sourcils, mes bras croisés. « Nous prévenir de quoi ? »
Lorenzo posa un regard appuyé sur moi, comme s'il pesait chaque mot. « De Moretti. Il ne va pas s'arrêter, vous le savez, n'est-ce pas ? »
Alessandro resta impassible, mais je sentis la tension dans sa posture. « Ce n'est pas une nouveauté. Moretti n'a jamais su quand arrêter. »
Lorenzo s'approcha légèrement, réduisant la distance entre eux, et son ton se fit plus sérieux. « Cette fois, il prépare quelque chose de bien plus important. Et crois-moi, Alessandro, il a des ressources que tu ne soupçonnes même pas. »
« Et pourquoi diable devrais-je te croire ? » lança Alessandro, son ton acéré comme une lame.
Lorenzo haussa un sourcil. « Parce que j'ai mes propres sources, bien sûr. Mais aussi parce que je n'ai rien à y gagner si vous tombez. »
Il tourna la tête vers moi, son regard s'adoucissant légèrement. « Et je n'aimerais pas voir Arianna et Leo pris dans ce chaos. »
Je sentis le regard brûlant d'Alessandro se poser sur Lorenzo, son poing se serrant à ses côtés. Il s'avança d'un pas, brisant l'espace qui les séparait, et je tendis instinctivement une main vers lui, comme pour l'empêcher de perdre son calme.
« Tu joues à un jeu dangereux, Lorenzo. Tu prétends être concerné, mais je sais que tu as toujours des arrières-pensées, » grogna Alessandro.
Lorenzo répondit avec un sourire désinvolte. « Alessandro, crois ce que tu veux. Mais sache que lorsque Moretti frappera, tu n'auras pas le luxe de te demander si je suis sincère ou non. »
Il se tourna à nouveau vers moi, ignorant volontairement Alessandro. « Arianna, si jamais vous avez besoin d'aide… Je serai là. »
C'était la phrase de trop. Alessandro avança encore d'un pas, sa main se levant légèrement, mais je posai fermement la mienne sur son torse, le forçant à s'arrêter.
« Alessandro, calme-toi, » murmurai-je, plantant mon regard dans le sien.
Il inspira profondément, son regard toujours rivé sur Lorenzo, mais je sentais qu'il faisait un effort surhumain pour se contenir.