La villa semblait plongée dans une tension presque palpable. Les murs, autrefois protecteurs, paraissaient désormais résonner d'une menace invisible. Alessandro, debout près de la fenêtre du salon, gardait un silence inquiétant. Son dos était tourné vers moi, et la lumière pâle du jour déclinant dessinait les contours tendus de sa silhouette. Malgré son bras en écharpe, son aura d'autorité restait intacte, mais je savais qu'au-delà de cette façade se cachait une tempête.
Je berçais doucement Leo, blotti contre ma poitrine, sa chaleur minuscule ancrant mon esprit dans une réalité bien plus simple que celle qui nous entourait. Le silence d'Alessandro me pesait, tout comme le poids croissant de cette menace qui semblait grandir chaque jour.
Je pris une profonde inspiration, ma voix tremblant légèrement, mais je refusai de rester passive. « Alessandro, nous devons parler. »
Il tourna la tête, juste assez pour que je puisse voir son profil marqué par une froide détermination. « Il n'y a rien à discuter, Arianna, » répondit-il, sa voix tranchante. « Je vais mettre un terme à tout ça. Une bonne fois pour toutes. »
Je me levai, serrant Leo un peu plus fort comme si son poids minuscule pouvait me donner le courage de continuer. « Et tu crois que je vais rester ici, les bras croisés, à attendre que ça se termine ? Tu crois que je vais te laisser affronter Nina et Moretti seul ? »
Alessandro se retourna complètement cette fois-ci, ses yeux gris plongeant dans les miens avec une intensité dévastatrice. « Ce n'est pas une question d'être seul, Arianna. C'est une question de te protéger, toi et Leo. Vous êtes tout ce qui compte. »
Je sentis ma gorge se serrer, mais je refusai de reculer. « Je suis impliquée autant que toi, Alessandro. Elle s'en prend à nous. À notre famille. Nous devons affronter ça ensemble. »
Il s'avança lentement, et sa main trouva ma joue. Son toucher était à la fois réconfortant et résolu, une contradiction si typique d'Alessandro. « Je comprends ce que tu ressens, » murmura-t-il. « Mais je ne peux pas risquer de te perdre. Ni toi, ni notre fils. Tu ne sais pas de quoi Nina est capable. »
Leo remua légèrement dans mes bras, son petit poing s'agrippant à ma robe, un geste innocent qui tira un sourire fugace de mes lèvres. Ce simple mouvement, cette confiance aveugle qu'il avait en nous, me rappela pourquoi je devais rester forte.
C'est à cet instant que Matteo entra dans le salon, son visage grave, ses gestes précipités trahissant l'urgence de la situation. « Boss, elle a appelé. Encore. »
Alessandro se redressa, abandonnant immédiatement son élan de tendresse. Il devenait une force implacable, chaque fibre de son être se concentrant sur l'information. « Qu'est-ce qu'elle a dit ? »
Matteo hésita, son regard glissant brièvement vers moi, comme s'il redoutait ma réaction. « Elle veut te rencontrer. Demain soir. L'ancien entrepôt du port. Elle a dit que si tu n'y vas pas, elle… » Il sembla chercher les mots, puis poursuivit : « Elle mettra fin à tout ce qu'elle considère comme une injustice. »
Une vague de frisson parcourut mon corps. Alessandro, lui, resta immobile, son visage impénétrable. Mais je pouvais sentir l'explosion latente dans son regard.
Il parla d'une voix basse, presque un murmure : « Prépare l'équipe. Nous irons. »
Le lendemain arriva bien trop vite. La villa était en effervescence ; des hommes armés se déplaçaient méthodiquement, vérifiant leur équipement et peaufinant les plans. Mais malgré toute cette activité frénétique, je ressentais une solitude oppressante.
Alessandro, habituellement si présent, semblait s'éloigner de moi. Il était absorbé par les préparatifs, et chaque regard qu'il m'adressait semblait lourd d'un adieu silencieux.
En fin d'après-midi, il entra dans notre chambre où je me trouvais avec Leo. Je veillais sur mon fils endormi dans son berceau, son visage paisible contrastant violemment avec le chaos qui nous entourait. Alessandro s'approcha et posa ses mains sur mes épaules.
« Je vais régler ça, Arianna, » dit-il doucement. « Mais tu dois rester ici. Avec Leo. »
Je me retournai pour lui faire face, cherchant ses yeux. « Et si elle a prévu quelque chose d'encore plus dangereux ? Et si… tu ne revenais pas ? Alessandro, je ne peux pas te perdre. »
Il passa un bras autour de ma taille, m'attirant contre lui. « Je reviendrai, » murmura-t-il, sa voix grave mais emplie d'émotion. « Je te le promets. »
Lorsque la nuit tomba, Alessandro partit pour le port avec ses hommes. La maison me sembla soudain immensément vide. Leo était avec Mila, dans sa chambre, mais même sa présence ne suffisait pas à apaiser mes nerfs. Je marchais en cercle dans le salon, incapable de rester immobile, mon esprit envahi par des scénarios de plus en plus sombres.
Et puis, une heure plus tard, Teresa entra précipitamment, son visage marqué par une inquiétude profonde.
« Madame Valenti, vous devriez venir. Il y a… quelqu'un à la porte. »
Je fronçai les sourcils. « Qui ? »
Elle hésita. « C'est Nina. Elle est ici. »
Mon cœur s'emballa alors que je me dirigeais vers l'entrée. Mon corps tout entier était tendu, comme un arc prêt à se rompre.
Et là, face à moi, se tenait Nina. Vêtue d'un tailleur sombre, son sourire triomphant ne faisait qu'accentuer la lueur malveillante dans ses yeux. Elle semblait étrangement à l'aise, comme si elle contrôlait la situation.
« Arianna, ma chère, » dit-elle d'une voix mielleuse, presque théâtrale. « Cela fait trop longtemps. »
Je me plantai devant elle, mon regard plongé dans le sien. « Que fais-tu ici, Nina ? » demandai-je, ma voix plus ferme que je ne l'aurais cru.
Elle fit un pas en avant, ignorant délibérément les gardes qui surveillaient chacun de ses mouvements. « Je voulais te voir. Juste toi. Alessandro est probablement au port maintenant, n'est-ce pas ? Il est si prévisible. »
Son commentaire glaça mon sang. « Tu savais qu'il allait venir… »
Elle rit doucement, un rire qui résonna dans le silence pesant de la villa. « Évidemment. Tout cela faisait partie du plan. Pendant qu'il s'occupe de mon petit piège, je suis ici pour m'occuper de ce qui compte vraiment. »
Elle s'arrêta, ses yeux se fixant sur moi avec une intensité presque déstabilisante. « Toi. Et ton fils. »
Avant que je ne puisse réagir, des coups de feu retentirent à l'extérieur de la villa. Mon cœur manqua un battement. Nina, elle, souriait encore plus largement.
« Le jeu commence, Arianna. Es-tu prête à tout perdre ? »