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Chapter 21 - Chapitre 21 : Entre la Promesse et le Pardon

Le bruit des vagues, rythmé et constant, berçait mes pensées lorsque je me réveillai. Mon corps, encore épuisé, était pris entre la douleur et un sentiment de soulagement fragile. Une chaleur douce reposait contre moi, et en baissant les yeux, je vis mon fils, paisiblement endormi, blotti contre ma poitrine. Sa respiration était calme, son visage encore rougeâtre, et ses minuscules doigts agrippaient instinctivement le bord de la couverture.

Je l'observai, émerveillée, mais une pensée poignante traversa mon esprit : je n'avais pas voulu le nommer. Pas encore. Pas sans qu'Alessandro soit là. C'était à lui que revenait ce choix, lui qui l'attendait avec tant d'impatience, lui qui parlait de cet enfant comme d'un trésor avant même qu'il ne soit né. Alessandro avait rêvé de ce moment, de voir son fils pour la première fois, et je savais combien il tenait à lui donner un nom qui aurait du sens pour notre famille. Je ne pouvais pas lui enlever ça, même dans son absence.

Je serrai doucement mon fils contre moi, une larme roulant sur ma joue. Chaque battement de son petit cœur semblait résonner en moi, me rappelant la promesse silencieuse que j'avais faite à Alessandro : nous tenir ensemble, peu importe les obstacles. Mais il n'était pas là. Et son absence pesait sur chaque fibre de mon être.

Je passai un doigt tremblant sur le front de mon fils, ses traits minuscules et délicats. « Ton père serait si fier de toi, » murmurai-je, ma voix brisée par l'émotion. « Mais il sera là bientôt, je te le promets. Et quand il te verra, il choisira ton nom. C'est à lui de le faire. »

Je laissai mes pensées dériver vers Alessandro, revoyant son visage, son sourire tendre lorsqu'il posait une main sur mon ventre, parlant à l'enfant qu'il ne connaissait pas encore, mais qu'il aimait déjà de tout son être. Il avait toujours dit qu'il choisirait un prénom fort, un prénom pour un leader. Et même si je savais qu'il tenait à ce rôle, son absence rendait tout ça d'autant plus cruel.

Isabella entra doucement dans la pièce, un bol d'eau tiède et des serviettes propres dans les mains. Elle s'arrêta en me voyant éveillée, un sourire timide illuminant son visage fatigué.

« Vous êtes réveillée, madame Valenti, » murmura-t-elle, posant les affaires sur une petite table de fortune. « Votre fils est magnifique. »

Je hochai la tête, caressant doucement la petite joue du bébé. « Merci, Isabella. » Mon regard se posa sur elle, et je vis une lueur d'humanité dans ses yeux. Malgré tout ce qu'elle avait traversé, tout ce qu'elle avait fait pour survivre, elle avait trouvé la force de m'aider dans ce moment crucial.

Mila apparut à son tour, tenant une tasse de thé fumante. Elle la tendit vers moi avec hésitation. « Ça vous fera du bien. Vous avez perdu beaucoup de force. »

Je pris la tasse, mes mains encore tremblantes, et lui murmurai un « merci » sincère. Mila et Isabella se mirent ensuite à vérifier l'état du bébé, prenant soin de ne pas trop me déranger. Je les observai, reconnaissante pour leur aide, mais une partie de moi restait méfiante. Luca n'était pas dans la pièce, et son absence me mettait sur les nerfs.

« Où est-il ? » demandai-je enfin, ma voix plus ferme que je ne l'avais prévu.

Mila échangea un regard rapide avec Isabella avant de répondre. « Luca est sorti chercher des provisions. Il reviendra bientôt. »

Je haussai un sourcil, mais avant que je ne puisse répondre, une contraction sourde dans mon ventre me rappela que je n'étais pas encore totalement remise de l'accouchement. Je choisis de ne pas insister, mais mon esprit ne pouvait s'empêcher de questionner les intentions de Luca.

Lorsque le bruit de la porte s'ouvrant annonça son retour, je redressai légèrement ma tête. Luca entra, portant un sac rempli de ce qui semblait être des vivres, mais son visage trahissait une fatigue nerveuse.

« Vous êtes réveillée, madame Valenti, » dit-il d'un ton prudent.

Je serrai mon fils un peu plus fort contre moi, le regardant droit dans les yeux. « Qu'est-ce qui se passe, Luca ? Pourquoi sommes-nous encore ici ? »

Il posa le sac sur une table, évitant mon regard. « Nous devons nous préparer pour la prochaine étape. Alessandro a peut-être lancé un assaut sur le bateau principal, mais Moretti n'était pas là. Certains de ses hommes ont été capturés, mais d'autres sont toujours en fuite. La situation reste dangereuse. »

« Et pourquoi ne pas simplement me ramener à Alessandro maintenant ? » demandai-je, ma voix chargée de suspicion.

Il hésita, puis prit une profonde inspiration. « Parce que je dois négocier ma sécurité et celle d'Isabella avant. Monsieur Valenti… » Il baissa les yeux. « Il ne pardonne pas facilement. Et je sais ce que cela signifie pour moi. »

Je le fixai, ma colère s'intensifiant. « Alors c'est ça ? Tu veux te servir de moi comme monnaie d'échange pour sauver ta peau ? »

« Je veux vous protéger, » répliqua-t-il rapidement. « Vous et votre fils. Mais je dois aussi penser à ma sœur. »

Je déglutis, mon regard passant de lui à Isabella, qui restait silencieuse mais dont les traits étaient tendus par l'angoisse.

« Et que veux-tu que je fasse, Luca ? Que je plaide en ta faveur ? Que je demande à Alessandro d'ignorer ce que tu as fait ? »

Luca ne répondit pas immédiatement, mais son silence était éloquent.

Je soupirai, baissant les yeux vers mon fils. Alessandro n'aurait jamais voulu que je sois mêlée à ce genre de négociations, mais les circonstances étaient ce qu'elles étaient.

« Je te promets de faire tout ce que je peux pour qu'Alessandro t'écoute, » dis-je enfin. « Mais à une condition : tu me ramènes à lui. Maintenant. »

Il hocha la tête, visiblement soulagé. « C'est tout ce que je demande. Je vais organiser le rendez-vous. »

Alors qu'il sortait son téléphone, Mila s'approcha de moi, un léger sourire sur le visage. « Vous êtes incroyablement forte, madame Valenti. Votre fils a de la chance de vous avoir. »

Je ne répondis pas. Mes pensées étaient déjà ailleurs, tournées vers Alessandro. Je le revoyais, promettant de me protéger, promettant d'être là pour la naissance. Il ne savait pas encore qu'il était père. Une vague d'émotion me submergea : de l'espoir, mais aussi de la peur. Comment réagirait-il en voyant Luca ? En apprenant tout ce que j'avais traversé ?

Luca, debout près de la fenêtre, observait l'extérieur avec nervosité. Sa main glissa machinalement sur la crosse de son arme. Je sentis son regard furtif se poser sur mon fils, puis sur moi.

« On doit partir dans une heure, » annonça-t-il finalement, brisant le silence oppressant.

Je fixai mon fils, sa petite main serrée autour de mon doigt. Un étrange calme m'envahit. Une heure. Dans une heure, je retrouverais Alessandro. Mais que se passerait-il alors ? Allait-il tenir sa promesse ? Ou laisserait-il sa rage l'emporter, détruisant tout sur son passage ?

Mila posa doucement une main sur mon épaule, interrompant le flot de mes pensées. « Ça va aller, madame Valenti, » murmura-t-elle, bien que sa voix tremblait légèrement.

Je relevai les yeux vers elle, cherchant à y trouver une assurance que je ne ressentais pas.

Je serrai mon fils un peu plus fort contre moi, fermant les yeux une seconde.