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Chapter 19 - Chapitre 19 : Le Piège Flottant

Je repris conscience au bruit sourd des vagues. Le tangage me fit comprendre que j'étais sur un bateau. Mon corps était lourd, ma tête me lançait, et mes poignets me faisaient mal à force d'avoir été attachés trop longtemps. Mes yeux papillonnèrent, tentant de s'adapter à l'obscurité de la cabine exiguë dans laquelle on m'avait enfermée.

La porte s'ouvrit brusquement, et une jeune femme entra, un sac à la main. Elle était frêle, probablement dans la vingtaine, et évitait soigneusement de croiser mon regard. Ses cheveux noirs étaient tirés en une tresse, et ses mains tremblaient légèrement alors qu'elle sortait des vêtements du sac.

« Tu dois te préparer, » dit-elle d'une voix basse, presque chuchotée. Elle parlait un français hésitant avec un accent prononcé, ce qui me permit de comprendre qu'elle n'était pas italienne.

« Qui es-tu ? » demandai-je doucement, essayant de capter son regard.

Elle ne répondit pas immédiatement, continuant à sortir une robe moulante noire, des chaussures à talons et une trousse de maquillage.

« S'il te plaît, dis-moi qui tu es, » insistai-je.

Elle releva brièvement les yeux avant de retourner à sa tâche. « Mon nom est Mila. Je… Je travaille ici. »

« Travailler ? » répétai-je, incrédule. « Tu veux dire que tu les aides à vendre des femmes ? »

Mila tressaillit, et son regard se durcit légèrement. « Je n'ai pas le choix. Comme toi. »

Un silence tendu s'installa alors qu'elle s'approchait de moi avec la robe. Ses mains tremblaient toujours, et je sentais sa peur, palpable.

« Mila, s'il te plaît, aide-moi. Il faut que tu m'aides à sortir d'ici. Mon mari va venir. Je sais qu'il me retrouvera, mais je dois gagner du temps. »

Elle secoua la tête rapidement, presque paniquée. « Non, non… Je ne peux pas. S'ils découvrent que je t'ai aidée, ils me tueront. »

Je sentis une boule de frustration et de désespoir monter en moi, mais je tentai de garder mon calme.

« Qu'est-ce qu'ils comptent faire de moi ? » demandai-je, ma voix tremblante malgré moi.

Mila baissa les yeux. « Ils te vendront. Comme les autres. Il y a d'autres femmes, mais toi… toi, tu es spéciale. Ils disent que tu es... la femme d'un homme puissant. »

« Et ensuite ? »

Mila hésita, ses doigts s'arrêtant un instant sur les lacets de la robe. « Ensuite, tout dépend de l'acheteur. Parfois, ils ne reviennent jamais. Parfois, ils finissent... » Elle se tut, incapable de terminer sa phrase.

Je déglutis difficilement, le désespoir menaçant de m'engloutir. Mais avant que je ne puisse répondre, la porte s'ouvrit brusquement, claquant contre le mur. Un homme massif entra, son visage dur et menaçant.

« Mila ! Qu'est-ce que tu fais ? Dépêche-toi ! La vente a déjà commencé. »

Mila sursauta, son visage pâlissant. Elle s'empressa de terminer, tirant sur la robe pour la lisser et ajuster les plis. Ses doigts agiles appliquèrent rapidement une touche de rouge à lèvres sur mes lèvres, puis elle se recula, son regard rempli de pitié.

« Bonne chance, » murmura-t-elle presque inaudiblement avant de s'éclipser en baissant les yeux, me laissant seule avec l'homme.

Il referma la porte derrière elle, un sourire malsain étirant ses lèvres alors qu'il s'approchait.

« Eh bien, regarde ça. Une vraie œuvre d'art, » dit-il en me détaillant de haut en bas. « Je comprends pourquoi Alessandro Valenti t'a mise sous clé. Mais tu sais quoi ? Je serais bien tenté de te goûter avant que quelqu'un d'autre ne te mette la main dessus. »

Mon cœur se mit à battre à tout rompre. Je reculai d'un pas, mais l'espace exigu de la cabine me laissa peu de place pour fuir.

« Restez loin de moi, » dis-je d'une voix tremblante, mes poings se serrant malgré moi.

Il rit doucement, avançant de quelques pas. Mais avant qu'il ne puisse me toucher, un autre homme entra précipitamment, l'air irrité.

« Qu'est-ce que tu fais encore ici ? » grogna-t-il. « La femme de Valenti est la prochaine. Amène-la sur scène, tout de suite ! »

L'homme se redressa, visiblement contrarié d'avoir été interrompu. Il marmonna quelque chose d'inaudible avant de m'attraper brutalement par le bras.

« Allez, princesse, c'est l'heure du spectacle, » dit-il en me tirant vers la porte avec une force qui me fit grimacer.

Nous marchâmes rapidement à travers un couloir faiblement éclairé, les murs métalliques résonnant à chacun de nos pas. Mon esprit bouillonnait de terreur et d'incertitude.

En haut d'un escalier, une lumière vive m'aveugla alors que nous pénétrions dans une grande salle. Je clignai des yeux, tentant de m'adapter à l'éclat des projecteurs braqués sur un podium au centre.

L'homme me poussa sans ménagement, et je trébuchai légèrement en montant les marches qui menaient à la scène.

Les murmures dans la salle cessèrent lorsque j'apparus sous les projecteurs.

Une femme élégante, vêtue d'une robe rouge étincelante, m'attendait avec un micro à la main. Son sourire était glacial, professionnel, sans aucune trace de compassion.

Elle tapota légèrement le micro, attirant l'attention de l'audience.

« Mesdames et messieurs, nous avons ce soir une pièce exceptionnelle. Une femme unique en son genre. »

Elle fit un geste vers moi, comme si elle présentait un trophée.

« Voici la femme d'Alessandro Valenti. Une opportunité unique de posséder quelque chose qu'aucun autre homme n'aura jamais. »

Un frisson glacé parcourut mon échine.

« Commençons les enchères à un million d'euros. Qui dit mieux ? »

Les offres commencèrent presque immédiatement, montant à une vitesse vertigineuse.

« Deux millions. »

« Trois millions. »

La pression dans mon ventre augmenta soudainement. Une douleur sourde m'envahit, et je posai instinctivement une main sur mon abdomen.

Puis je sentis un liquide chaud couler le long de mes jambes.

Le monde sembla ralentir.

Avant que je ne puisse réagir, des coups de feu retentirent, résonnant à travers toute la pièce.

Le chaos éclata. Les hommes se levèrent précipitamment, certains criant, d'autres sortant des armes.

Ma vision devint floue, et mes jambes cédèrent sous moi.

Je tombai à genoux sur le podium, entourée par le bruit assourdissant des tirs et des cris, avant que tout ne devienne noir.