Le silence régnait, étouffant, oppressant. Livia ouvrit doucement les yeux, s'attendant à revoir la lumière douce filtrée par les arbres de la montagne. Mais rien de tout cela ne se présentait devant elle. Au lieu de cela, elle se retrouvait allongée sur un sol dur et froid, la roche sous ses mains n'ayant rien à voir avec le terrain verdoyant qu'ils avaient quitté avant d'entrer dans l'eau. Autour d'elle, ses amis étaient éparpillés, immobiles. Une angoisse monta en elle. Et si… ?
— "Livia, tu vas bien ?" murmura une voix faible derrière elle.
Elle se retourna rapidement pour voir Tom en train de se redresser, massant son crâne comme s'il essayait de chasser une douleur sourde. Son visage habituellement serein était marqué par la confusion.
— "Je crois que oui…" répondit-elle en tentant de comprendre ce qu'il venait de se passer. "Mais… où sommes-nous ?"
Elle regarda autour d'elle, son cœur battant la chamade. Ils n'étaient plus au même endroit. Le ciel qu'ils pouvaient entrevoir était d'un bleu étrange, presque irréel, et les rochers qui les entouraient semblaient… différents. C'était comme si la nature elle-même avait été transformée. Les arbres étaient plus grands, leurs feuilles d'un vert émeraude scintillant, et des fleurs, qu'elle n'avait jamais vues auparavant, parsemaient le sol avec des couleurs éclatantes. Une rivière cristalline coulait à proximité, produisant un léger bruit apaisant, mais tout ici semblait démesuré, étranger.
— "Les gars, réveillez-vous !" s'écria Livia, sa voix trahissant un peu plus son anxiété.
Max fut le premier à répondre, grognant en s'étirant.
— "Qu'est-ce qu'il s'est passé ? On a été avalés par un monstre aquatique ou quoi ?" plaisanta-t-il, avant de réaliser que quelque chose clochait vraiment.
Hugo, quant à lui, se frottait les yeux en silence, visiblement déconcerté par le paysage qui l'entourait. Anaïs et Jules étaient plus calmes, mais ils restaient figés, essayant de digérer ce que leurs yeux voyaient. L'atmosphère était lourde, comme si chacun attendait une explication qui ne venait pas.
— "C'est pas possible, on n'est plus dans la montagne," dit enfin Anaïs, brisant le silence.
Jules acquiesça.
— "C'est clair que non," répondit-il doucement. "Ce lieu… on ne le connaît pas. C'est… comme dans un rêve, mais je sens que c'est réel."
Un frisson parcourut la colonne vertébrale de Livia. Elle ne comprenait toujours pas ce qu'il venait de se produire. Tout semblait si vrai et si irréel à la fois. La cascade, l'eau, puis cette lumière… et maintenant, cet endroit.
— "Il faut qu'on explore," déclara-t-elle en reprenant son rôle de leader. "Il faut comprendre ce qui nous arrive."
Les autres acquiescèrent, sans vraiment savoir par où commencer. Tom s'approcha d'elle, silencieux mais protecteur, alors qu'ils se dirigeaient tous ensemble vers la rivière. Le bruit de l'eau était apaisant, comme une mélodie en fond, mais ne parvenait pas à dissiper l'angoisse qui montait en eux.
— "Vous pensez qu'on a été téléportés ?" demanda Hugo, toujours sceptique. "Ça ressemble à un film de science-fiction tout ça."
— "Peut-être," répondit Anaïs en observant les alentours. "Mais quelque chose me dit que c'est bien plus que ça."
Ils continuèrent d'avancer, suivant le cours de la rivière. Le paysage qui se dessinait devant eux était à la fois magnifique et déstabilisant. Des montagnes étranges aux sommets recouverts de neige s'étendaient à l'horizon, alors que des créatures semblant sortir tout droit d'un conte de fées volaient dans le ciel. Des oiseaux aux plumes scintillantes, presque magiques, passaient au-dessus de leurs têtes.
— "C'est… c'est dingue," murmura Max, son regard rivé vers le ciel. "On est dans un autre monde ou quoi ?"
— "C'est exactement ça," répondit Anaïs, sa voix étonnamment calme. "On n'est plus chez nous. Ce n'est pas une simple forêt… c'est un autre monde."
Cette déclaration laissa tout le groupe sans voix. Ils s'arrêtèrent tous au bord de la rivière, réalisant enfin l'étendue de ce qui leur arrivait. Ce n'était plus une randonnée normale qui les attendait, ni même une simple aventure en forêt. Ils étaient quelque part, ailleurs, loin de tout ce qu'ils connaissaient.
— "D'accord," intervint Tom en prenant une grande inspiration. "Si on est vraiment dans un autre monde, il va falloir qu'on s'adapte vite. On ne sait pas ce qui nous attend ici."
Jules hocha la tête, regardant autour de lui avec méfiance.
— "Et si c'est un autre monde, ça veut dire que les règles ne sont peut-être pas les mêmes qu'à la maison. Il va falloir être sur nos gardes."
Livia, malgré la panique intérieure qu'elle essayait de contenir, sentit une étincelle d'excitation en elle. Depuis toujours, elle avait rêvé d'aventure, de découvrir des lieux inconnus, mais jamais elle n'avait imaginé que cela pourrait réellement arriver. Et maintenant qu'ils étaient là, elle se sentait à la fois terrifiée et impatiente de découvrir ce que cet endroit leur réservait.
— "Bon, on a besoin d'un plan," dit-elle d'un ton décidé. "On ne peut pas juste errer sans but. Il faut trouver des repères, peut-être rencontrer des habitants… s'il y en a."
— "Des habitants ?" Max éclata de rire, même s'il semblait nerveux. "Et quoi encore, des elfes et des fées ?"
— "Je ne plaisante pas, Max," rétorqua Livia, agacée. "Si ce monde existe, il y a forcément d'autres êtres ici. Et ils en savent sûrement plus que nous sur cet endroit."
Anaïs acquiesça, son visage concentré. Elle se retourna et observa une colline non loin, qui semblait surplomber la vallée.
— "Si on grimpe là-haut, on pourrait avoir une meilleure vue. Peut-être repérer un village, ou au moins un abri."
— "Bonne idée," ajouta Tom. "Il vaut mieux se diriger quelque part que rester ici à attendre."
Le groupe se mit alors en route, suivant Anaïs vers la colline. Chaque pas semblait les rapprocher un peu plus de l'inconnu. La tension était palpable, mais une étrange forme d'excitation commençait aussi à naître parmi eux. Après tout, c'était une aventure que personne n'aurait pu prévoir, une opportunité de découvrir quelque chose d'unique.
Alors qu'ils atteignaient le sommet de la colline, une vue imprenable se dévoila devant eux. À perte de vue, le paysage s'étendait, grandiose et mystérieux. Des forêts aux couleurs chatoyantes, des lacs étincelants, des montagnes aux formes étranges… et au loin, à l'horizon, une silhouette. Une sorte de ville, ou peut-être un village.
Livia sentit son cœur s'emballer.
— "Regardez ! Là-bas," dit-elle en pointant du doigt. "Il y a quelque chose. Des bâtiments, ou au moins des structures. On doit aller voir."
— "C'est loin," remarqua Jules. "Mais c'est notre seule piste pour l'instant."
Sans attendre une seconde de plus, ils décidèrent de se mettre en marche. Le soleil commençait déjà à décliner, et ils savaient qu'ils devaient atteindre cet endroit avant la nuit. Peu importe ce qu'ils allaient y trouver, c'était la seule option qui s'offrait à eux pour comprendre ce qui leur arrivait.
Mais tandis qu'ils descendaient la colline, un cri perça soudain l'air, glacé et lointain, venant des profondeurs de la forêt. Un cri inhumain, effrayant, qui fit frissonner chacun d'entre eux.
Ils échangèrent des regards inquiets. L'inconnu les appelait, mais il semblait aussi regorger de dangers qu'ils n'avaient même pas encore imaginés.