Livia sentit son cœur s'accélérer. Ce bruit sourd résonnait encore dans l'obscurité, comme une menace à peine voilée. Le silence qui suivit fut oppressant, chaque membre du groupe figé dans l'attente d'un autre son, un indice sur ce qui pouvait se cacher au fond de la forteresse. Les murs de pierre semblaient plus imposants que jamais, comme si eux-mêmes retenaient leur souffle.
« Vous avez entendu ça ? » murmura Max, la voix à peine plus forte qu'un souffle, tandis qu'il scrutait l'obscurité devant eux.
« Oui… et je doute que ce soit le vent », répondit Anaïs, les yeux plissés, son regard fixé vers l'entrée d'un couloir qui s'enfonçait plus profondément dans la forteresse.
Tom s'avança d'un pas, serrant la vieille lampe de poche qu'il avait trouvée dans son sac. « On ne peut pas rester plantés là. Si on ne bouge pas, on va se retrouver piégés dans cette obscurité totale. » Ses mots, bien que rationnels, trahissaient une inquiétude grandissante.
Livia acquiesça, essayant de calmer les battements frénétiques de son cœur. Ils étaient dans un endroit qu'ils ne comprenaient pas, entourés par des forces qu'ils n'avaient jamais rencontrées. L'instinct de survie lui hurlait de partir, de fuir cet endroit, mais elle savait qu'ils n'avaient pas d'autre option. Dehors, la nuit tombait rapidement, et l'ombre de la forêt semblait encore plus menaçante que les murs de pierre.
« On doit explorer cette forteresse. Peut-être qu'il y a une autre sortie, ou même quelqu'un qui peut nous aider. Mais on doit rester ensemble. » Son ton ne laissait pas place à la discussion. Elle n'était pas sûre de la marche à suivre, mais elle savait qu'ils ne pouvaient pas rester immobiles.
Le groupe se mit en mouvement, plus lentement cette fois, leurs pas résonnant faiblement dans le vaste hall. La lampe de Tom projetait des faisceaux tremblants sur les pierres anciennes, révélant des gravures étranges et des détails qu'ils n'avaient pas remarqués en entrant. Livia n'avait jamais vu un tel endroit auparavant. Il semblait à la fois majestueux et sinistre, comme un monument bâti par une civilisation oubliée depuis longtemps.
Ils s'avancèrent prudemment vers l'origine du bruit. À chaque pas, les ombres semblaient se tordre autour d'eux, comme si elles prenaient vie dans l'obscurité. Anaïs resta silencieuse, ses yeux sombres scrutant chaque recoin, tandis que Max tentait de cacher sa nervosité avec des blagues maladroites.
« Vous savez, ça me rappelle un jeu vidéo d'horreur où— »
« Max, tais-toi », coupa Jules d'une voix tendue. Il n'était pas d'humeur à plaisanter.
Après quelques minutes de marche dans le dédale de couloirs, ils arrivèrent à une grande salle voûtée. Le plafond était si haut qu'il disparaissait presque dans l'obscurité. Des colonnes massives soutenaient la structure, et au centre de la pièce, il y avait une immense dalle de pierre, entourée de gravures anciennes et de symboles que personne ne pouvait déchiffrer.
« Qu'est-ce que c'est que cet endroit ? » murmura Anaïs, fascinée malgré elle. Elle s'approcha des gravures, traçant doucement du doigt les symboles gravés dans la pierre. « Ça ressemble à un lieu rituel… mais pour quoi ? »
« Je n'aime pas ça », déclara Tom. « On dirait qu'il se passe des choses ici depuis des siècles, et je doute que ce soit des fêtes de village. »
Soudain, un nouveau bruit se fit entendre. Cette fois, c'était plus proche, un grincement métallique, comme une porte qu'on ouvrait lentement. Ils se figèrent de nouveau, les muscles tendus, prêts à réagir au moindre mouvement.
Livia fit un signe à ses amis, leur indiquant de reculer lentement. Ils ne savaient pas ce qui les attendait, mais il était clair que rester dans cette salle exposée était une mauvaise idée. Alors qu'ils se dirigeaient vers une petite alcôve sur le côté, un autre son s'éleva : des pas, lents et réguliers, résonnant dans les couloirs, se rapprochant progressivement.
« Quelqu'un est là », murmura Tom, resserrant sa prise sur la lampe.
Le groupe se regroupa, leurs dos contre le mur froid de l'alcôve. Livia essaya de maîtriser sa respiration, sentant la peur monter en elle. Elle regarda autour d'elle, cherchant une échappatoire, mais il n'y avait qu'une seule issue : l'endroit d'où venaient les bruits.
Les pas s'arrêtèrent brusquement, juste à l'entrée de la salle. Pendant une seconde qui parut interminable, il y eut un silence total. Puis une silhouette apparut dans l'ombre.
C'était une forme humaine, grande et enveloppée dans un manteau de tissu sombre, presque indistinguible dans l'obscurité. Livia sentit son cœur s'arrêter. La silhouette restait là, immobile, comme si elle les observait, bien qu'ils soient cachés dans l'alcôve.
« C'est quoi ce truc ? » murmura Max, sa voix à peine audible.
La silhouette fit un pas en avant, lentement, comme si elle savait exactement où ils étaient. Livia sentit une vague de panique l'envahir. Elle attrapa Tom par le bras, ses yeux agrandis de terreur. « On doit partir… maintenant. »
Sans attendre de réponse, elle fit demi-tour et entraîna le groupe dans un autre couloir. Les pas derrière eux résonnèrent de plus belle, la silhouette les suivant dans les ténèbres. Livia courait aussi vite qu'elle le pouvait, essayant de garder une certaine orientation dans ce labyrinthe de pierres. Derrière elle, ses amis suivaient de près, haletants, jetant des regards affolés derrière eux.
Après plusieurs minutes de course effrénée, ils atteignirent un escalier en colimaçon qui semblait s'enfoncer encore plus profondément dans les entrailles de la forteresse.
« On descend ou on fait demi-tour ? » cria Anaïs, la voix chargée de peur.
Livia hésita. Descendre pouvait les emmener encore plus loin dans l'inconnu, mais retourner sur leurs pas les conduirait droit dans les bras de cette créature. Le choix était évident.
« On descend. Allez ! »
Ils s'engouffrèrent dans l'escalier, la silhouette derrière eux toujours plus proche. L'obscurité semblait se refermer sur eux, et chaque pas résonnait comme une promesse de danger imminent. Mais pour Livia, il n'y avait pas de retour possible. Ils devaient découvrir ce qui se cachait dans cette forteresse avant que cette chose ne les rattrape.