Ravensbrück, 1944
Les jours passèrent lentement, nous travaillions sans arrêt. En partant vers la salle de bain, j'entendis des soldats me suivre, j'essayais de les ignorer, chaque pas me fit trembler progressivement, je n'arrivais plus à avaler ma salive, cette scène me fut très familière. Aussitôt que j'arrivais, ils se mettaient à me déshabiller comme des sauvages, l'un agrippa mes bras et l'autre ouvrit mes jambes, à tout acte de résistance je fus battue par l'un d'eux. Un soldat commença à déboucler sa ceinture puis je me mis à hurler de toute mes forces et soudain un homme de la SS était intervenue, il se mit à crier et ridiculiser les soldats, ses derniers partirent, et le colonel m'aida à me relever. Puis il me disait délicatement : « Madame, accompagnez moi vers mon bureau. »
En jetant un coup d'œil plus précis j'avais remarqué que ce fut la même personne qui était venue le moment où j'aurais dû être fusillé.
Je marchais juste derrière lui, il avait l'air de me protéger, mais je fus tout de même terrifiée. Une fois arrivés à son bureau, il recula la chaise afin que je m'assis et me disait : « Je vous en prie madame Schneider, asseyez-vous. » J'avais tellement peur que je m'avançais lentement, il remarqua ma frayeur puis répliqua : « N'ayez pas peur, je ne vous veux aucun mal. »
Il se mit derrière son bureau, et nous nous asseyions, puis il ajouta :
- Je suis le colonel Hans Weidmann, comme vous aviez remarqué je suis membre de la SS.
Son nom me fut bizarrement familier, je répondis d'une faible voix :
- Enchantée, colonel.
Il sourit un moment et continua par :
- Comme je l'ai bien lu, vous aviez commis un acte de communisme.
- Je vous jure colonel, je suis innocente !
- Et pourtant, c'est ce qui est écrit.
- Écrit ? Mais par qui ?
- Madame Schneider, racontez-moi le parcours de votre vie, j'en ai terriblement envie.
- Il n'y a pas grand-chose à savoir...
- Oh mais je pense qu'il y aura exactement ce que je voudrais.
Je me mis à raconter tous ce qui m'était arrivée, mon début au cinéma, ma carrière, mes amours, tout...
Il ouvrit grand les yeux et me répondait :
- Mon Dieu madame Schneider, si votre père aurait été encore en vie, il aurait complètement honte d'avoir une fille comme vous, sans vouloir vous offenser. Me répondait-il en ricanant.
- Mon père vous dites ? Vous l'avez connu ?
- Madame, votre père était l'un de mes plus fidèle ami, nous avons travaillé ensemble pour plusieurs années.
Soudainement tous c'étaient éclaircis dans ma tête.
- Vous croyez que ces accusations sont vraies ?
- Non madame, je ne pense pas que c'est vrai, c'est pour cela que je vous ai sauvé la vie, que vous soyez dans ce camp fut le mieux que je pouvais faire.
Mon souffle se coupa pour un instant, je ne savais que répondre, j'ouvris la bouche et un son fragile y sortit :
- Colonel, je...
- Vous remercie ? Je l'ai fait pour votre père, et d'après ce que vous m'avez raconté, je crois qu'une personne voulait se venger.
- Que voulez-vous dire ? Puis-je voir cette lettre ?
Il ouvrit le tiroir du bureau et en fit sortir un mot, il me le tendit, je pris cette feuille et la lu immédiatement. Toutes accusations furent écrites, je regardais plus bas vers la signature « Maximiliana Schmitz » et soudainement une foudre frappa mon âme, une explosion de haines sursautait de mon cœur, ma colère se déchainait, une rage habitait mon corps en grognant dans mes esprits.
- Mila... Disais-je avec le regard perdu.
- Vous dites ? demandait Hans
- Elle était ma meilleure amie, nous étions inséparables, comment aurait pu-t-elle faire une chose pareil ? Et j'éclatais en sanglot.
- Je vois que nous avions tout compris. Concluait Hans.