Lena et moi mangions notre pain, nous parlions et rigolions ensembles, puis je lui demandais :
- Si tu pouvais quitter cet endroit, où partirais-tu ?
- Si j'avais la chance, je retournerai en Pologne, mais vu qu'on est en pleine guerre, cela serais impossible. Sinon j'aimerai partir aux États-Unis. Ma tante vie là-bas avec son mari.
- Ah oui ? Je suis déjà partie aux États-Unis, c'est merveilleusement beau ! Un jour nous serons là-bas !
- Ce serait géniale, mais je doute bien qu'on sortira un jour d'ici.
- Lena, je te promets, nous sortirons.
- Ne fais pas de telles promesses Adelheid. C'est impossible.
- Laissons les jours passer, et nous verront ce que le futur nous gardera.
- Tu me donnes beaucoup d'espoir, mais espérer, c'est dangereux.
Je m'approchais d'elle et la prit dans mes bras, et lui chuchota :
- Tout ira bien, tu verras.
Un mois s'enfuyait dans le passé, Hans ne devait plus beaucoup tarder. Irma se mit à nous donner l'ordre de se mettre en ligne, chacune à côté de l'autre. L'angoisse nous vint, Lena se mit à trembler, ses mains se seraient contre elles-même, je pris sa main en essayant de l'apaiser. Irma marchait tout au long de la chaine puis se mit à choisir des déportées en leur disant de mettre un pas en avant. Elle se rapprocha de nous et regarda Lena droit dans les yeux en faisant un sourire maléfique et lui disait de mettre un pas en avant. Mon cœur se trancha, et des sueurs froides dégoulinaient de mon front, tandis que Lena se mit en avant en délaçant ma main, nos larmes furent incontrôlables. Irma se mit à tirer sur chaque femme, elle se rapprochait de plus en plus de Lena, cette dernière fut ses prières en sa langue maternelle et regarda le ciel pour la dernière fois, elle savait qu'elle rencontrera ses parents bientôt...
Le son du revolver se rapprochait, et enfin, Irma pointa son arme sur le front de Lena, elle avait une passion ardente, son regard fut aussi noir que les ténèbres, au point de tirer la balle, Hans vint et s'écria :
- Irma ! Ma chérie ! Je t'ai cherché partout !
- Hans, ce n'est pas le bon moment !
- Mais si ma chérie, que tu es ravissante aujourd'hui ! Je viens de retourner de mon voyage. Tu m'as énormément manqué ! Viens que nous discutons et laissons ses femmes reprendre leur travail. Elles nous seront encore efficaces.
Irma regarda Lena encore une fois avec une colère tranchante, et alla rejoindre Hans. Lena s'évanouissait mais je la retenais immédiatement et la ramenais dans la chambre.