Kael se tenait au-dessus du garou assommé, le souffle court. Les chaînes argentées qui dansaient autour de ses mains se dissipèrent lentement, ne laissant derrière elles qu'un éclat spectral dans l'air. Les spectateurs de l'arène étaient figés, incapables de comprendre ce qu'ils venaient de voir.
Lloris se leva brusquement, son visage déformé par la rage.
« Attrapez-le ! Qu'il soit brisé devant tous ! » hurla-t-il.
Les soldats autour de l'arène s'élancèrent vers Kael, leurs armes scintillant sous la lumière des torches. Kael sentait la panique monter, mais un autre souvenir d'Adrian le traversa :
Un jeune Adrian, menotté, regardait par une petite fenêtre de sa cellule. Il voyait des soldats s'entraîner, rêvant de liberté. Il avait murmuré : « Ils ont la force, mais moi, j'ai la connaissance. »
Kael serra les poings. Ce n'était pas le moment de céder à la peur. Il plongea dans ses instincts et utilisa son agilité pour esquiver les coups portés par les gardes. Sa mémoire éveillée lui soufflait des stratégies. Avec un bond calculé, il s'empara de la lance d'un soldat déséquilibré, utilisant l'arme pour repousser ses assaillants.
Un grondement retentit depuis les gradins. Le garou, réveillé de son inconscience, bondit hors de l'arène dans un élan de rage. Les spectateurs fuyaient dans le chaos, offrant à Kael une distraction précieuse. Il s'élança vers l'ouverture que le garou avait laissée derrière lui, courant à travers les couloirs sombres du domaine.
Au détour d'un corridor, une silhouette émergea de l'ombre. Une femme aux longs cheveux noirs striés de mèches argentées se tenait là, drapée dans un manteau usé. Ses yeux verts perçants scrutèrent Kael avec intensité.
« Toi, suis-moi. Tu ne survivras pas seul. »
Kael hésita, méfiant. Cette femme lui était totalement inconnue, et son ton autoritaire ne laissait aucune place à la discussion. Mais les bruits de pas derrière lui se rapprochaient. Il n'avait pas le luxe de refuser.
« Qui êtes-vous ? » demanda-t-il en courant à sa suite.
« Une alliée. Rien de plus pour l'instant, » répondit-elle sans se retourner.
Ils traversèrent une série de couloirs étroits et montèrent un escalier en colimaçon. À chaque tournant, la femme semblait connaître exactement le chemin à emprunter. Enfin, ils débouchèrent sur une porte en bois lourd. Elle murmura une incantation, et la porte s'ouvrit dans un craquement sinistre, révélant une nuit glaciale et un vaste paysage boisé.
« Pars maintenant, » dit-elle, se retournant vers Kael. « Trouve la force de te battre, de vivre. Nous nous reverrons. »
Avant qu'il ne puisse répondre, elle disparut dans les ombres, le laissant seul face à une liberté nouvelle et terrifiante. Derrière lui, les hurlements de colère de Lloris s'élevaient dans la nuit.