Kael émergea des bois, ses pas lourds et incertains sur le sol gelé. La morsure du froid s'infiltrait à travers ses vêtements déchirés, mais son esprit restait brûlant de colère et de confusion. Il s'arrêta un instant pour reprendre son souffle, ses pensées tourbillonnant entre la mystérieuse femme qui l'avait sauvé et le chaos qu'il avait laissé derrière lui.
Dans une clairière faiblement éclairée par la lune, Kael s'effondra sur ses genoux. La fatigue l'envahit, et il sombra rapidement dans un sommeil agité, où des souvenirs enfouis se mêlèrent à ses rêves.
Les cris déchirants de sa mère, Maria, résonnaient dans ses oreilles. Dans un coin sombre, caché dans une armoire en bois fendu, Kael, alors âgé de quatre ans, observait la scène avec des yeux écarquillés. Deux soldats humains empoignaient sa mère, son visage ensanglanté mais fier. L'un des soldats s'approcha de Kael et, avec un sourire cruel, ouvrit brusquement la porte de l'armoire.
« Sors de là, petite bête », ordonna-t-il.
Kael fut tiré hors de sa cachette, tremblant de peur. Maria, toujours maintenue par l'autre soldat, tenta de crier, mais sa voix fut étouffée par un coup brutal. Le soldat tendit alors une dague au garçon.
« Si tu veux vive, fais-le. Prouve que tu n'es pas qu'une bête inutile. »
Kael, incapable de comprendre ce qu'il se passait, sentit la dague être forcée dans sa main. Il pleurait, secouant la tête, mais la main rugueuse du soldat guida son bras. Maria, malgré ses blessures, força un sourire à travers ses larmes.
« Mon fils… Tu dois vivre… Peu importe ce qu'ils te font faire… »
Dans un mouvement désespéré, le soldat utilisa la main tremblante de Kael pour plonger la lame dans le cœur de sa mère. Maria s'effondra avec un dernier regard aimant pour son fils. Kael, figé, lâcha l'arme, son esprit brisé par l'horreur de l'acte qu'il venait d'accomplir.
Le bruit métallique du sang frappant le sol s'imprima à jamais dans son esprit.
Kael se réveilla en sursaut, le souffle court, tremblant de froid et d'émotion. Les larmes coulaient silencieusement sur son visage. Ce souvenir, qu'il avait enfoui profondément, remontait enfin à la surface.
Une petite voix brisa le silence de la clairière :
« Tu es… tu es celui de l'arène, n'est-ce pas ? »
Kael tourna la tête et vit un garçon homme-loup, maigre et vêtu de haillons, qui le regardait avec hésitation.