La nuit semblait avaler la ville. Sous le voile d'un ciel sans étoile, les ruelles étroites bruissaient d'une vie incertaine. Ici, dans ce quartier où l'espoir semblait une chimère, un jeune homme avançait d'un pas hésitant, son ombre vacillant sous les lampadaires mourants. Mounir, vêtu d'un manteau usé et d'un pantalon trop large, serrait contre lui une vieille mallette vide. Chaque soir, il revenait de ses recherches infructueuses, traînant avec lui le poids de ses rêves brisés.
Il ne se souvenait plus de la dernière fois où il avait souri sincèrement. Le monde lui semblait une arène cruelle où seuls les plus chanceux, ou les plus audacieux, pouvaient survivre. Son diplôme d'ingénieur n'était qu'un bout de papier jauni par l'attente et l'échec.
Ce soir-là, pourtant, un changement imperceptible flottait dans l'air. Un vent chaud, inhabituel pour la saison, parcourait les rues désertes. Alors qu'il s'apprêtait à franchir le seuil de la maison familiale, une voix résonna derrière lui.
— Jeune homme... Attends un instant.
Mounir se retourna, surpris. Sous la lumière tremblotante d'un réverbère se tenait un homme impeccablement vêtu. Il avait un air calme, presque trop calme, et ses yeux brillaient d'une lueur énigmatique. Il tendit une main amicale vers Mounir.
— Ali, directeur d'une entreprise internationale. Tu sembles préoccupé.
Il y avait quelque chose d'irrésistible dans son regard, un mélange de puissance et de bienveillance trompeuse. Mounir, d'abord méfiant, sentit une étrange chaleur l'envahir. Une voix intérieure lui murmura que cet homme pourrait être la réponse à ses prières silencieuses.
— Je... Oui, c'est difficile, répondit Mounir d'une voix lasse.
Ali esquissa un sourire mystérieux.
— Et si je te disais que je peux t'aider ? Que je peux t'offrir ce que tu désires le plus au monde ?
Un frisson parcourut l'échine de Mounir. Sans le savoir, il venait de poser un pied sur le chemin de l'obscurité, là où la lumière ne reviendrait jamais.