Chereads / Le Roi de Silvercoast / Chapter 31 - Des braises dans les rues

Chapter 31 - Des braises dans les rues

Une semaine s'était écoulée depuis l'audience du Conseil municipal où Jared, Ava et Marcus avaient présenté leur témoignage, divulgué leurs preuves et permis la chute de Selina Vaughn. En si peu de temps, Silvercoast ressemblait à une ruche secouée : les couloirs du pouvoir bourdonnaient de nouvelles enquêtes, et la moitié du milieu criminel se trouvait en plein désarroi. Tandis que certains citoyens pensaient voir se lever une aube nouvelle, d'autres redoutaient que le vide laissé par l'arrestation de Vaughn n'attise un regain de violence.

Une ville en transition

En fin d'après-midi, la lumière dorée soulignait la silhouette élancée des immeubles, tandis que Jared gara une berline empruntée le long d'un trottoir. Des rangées de devantures à demi réparées et de vitrines à nouveau clouées témoignaient que tout le monde n'était pas ressorti indemne du règne du Syndicat. Les passants pressaient le pas, évitant soigneusement quelques policiers postés aux carrefours. On racontait depuis le matin qu'une échauffourée de gangs était sur le point d'éclater.

Jared sortit du véhicule, grimaçant lorsque sa cuisse encore en cours de guérison le relança. Il portait un jean simple et une chemise à col, plus proche d'un citoyen ordinaire que du discret infiltré qu'il avait dû être, mais ses habitudes demeuraient : il balaya les environs d'un regard prudent. En face, deux hommes encapuchonnés traînaient, le suivant des yeux avant de détourner le regard. Son estomac se noua, incertain : de simples jeunes errants, ou des membres des Razor Claws ?

Après avoir verrouillé la voiture, il franchit les marches menant à un petit "Bureau de Liaison Citoyenne" nouvellement mis en place—une initiative municipale pour restaurer la confiance dans les quartiers jadis terrorisés par Vaughn. Une pancarte abîmée affichait : Échange Communautaire : Reconstruire la confiance. À l'intérieur, une demi-douzaine de chaises pliantes entouraient un cercle de bureaux, les murs couverts d'affiches prônant la coopération et l'appel à témoignages. L'air exhalait l'odeur de café instantané.

L'inspecteur Gallagher, concentré sur des dossiers, se tenait près d'une table. Vêtu d'un pantalon simple et d'une chemise unie, il évoquait moins le détective intrépide ayant investi Whitefall Tower que l'administrateur fatigué, relégué au relationnel. Pourtant, quand Jared approcha, il lut dans les traits de Gallagher l'inquiétude d'un homme loin d'être rassuré.

« King, » lança Gallagher, la voix basse, « content que tu sois venu. Je voulais qu'on discute… de la situation qui se profile dans les rues. » Il désigna deux chaises, attendant que Jared s'installe.

Une fois assis, Jared soulagea sa jambe endolorie.

« Quel est le tableau ? »

Gallagher balaya la pièce du regard, comme pour éviter les oreilles indiscrètes.

« Vaughn est en prison, mais son procès prend du temps. Certains vestiges du Syndicat sont encore actifs, cherchant à se réorganiser. Quant aux Razor Claws, ils étendent leur territoire sur les zones que Vaughn contrôlait. La mairie craint une guerre de gangs. »

Jared soupira, se rappelant l'alliance précaire conclue avec les Claws.

« Ils s'attendent à recevoir une "part" pour avoir aidé à la chute de Vaughn. Ils t'ont contacté ? »

Gallagher eut un sourire amer.

« Oui. Ils proposent de "collaborer" si on ferme les yeux sur leurs délits mineurs. Le conseil municipal ne peut pas approuver la violence d'un gang—Holmes est intraitable. Mais les Claws ont des infos sur des cellules du Syndicat encore en cavale. Tout ceci est… compliqué. »

Jared hocha la tête, effleurant du doigt la pochette renfermant les Shades of Authority.

« On ne peut pas laisser un gang remplacer le Syndicat, mais si on les ignore, ils pourraient se lancer dans une prise de pouvoir brutale. Il faudra de la diplomatie. »

Gallagher examina une pile de rapports.

« Exact. C'est pour ça que je voulais te voir. Tu as un certain lien avec eux—ils te font un peu plus confiance qu'ils ne me font confiance à moi. Peut-être pourras-tu négocier quelque chose qui évitera un bain de sang. »

Une négociation délicate

Jared, peu à l'aise avec l'idée de jouer l'intermédiaire entre la ville et un gang instable, comprit toutefois que le conseil municipal, après l'affaire de Whitefall Tower, avait unofficiallement placé en lui et ses amis une sorte de mandat pour pacifier le terrain. Ils étaient, en un sens, devenus les visages d'une nouvelle ère—malgré eux.

Il quitta le Bureau de Liaison, promettant à Gallagher de tenter une approche. Dehors, le soleil déclinait, enveloppant les rues d'un voile ambré. L'atmosphère renvoyait un pressentiment : la nuit prochaine apporterait-elle d'autres heurts ?

Son téléphone vibra : un texto d'Ava. « Marcus et moi sommes au salon. On a trouvé de nouveaux indices dans les fichiers de Vaughn sur les labos restants. Rejoins-nous. » Jared répondit qu'il arrivait. Puis il se remit au volant, naviguant dans un trafic plus dense qu'à l'époque où le Syndicat dominait—comme si chacun cherchait à fuir les fantômes de la ville.

Retour au salon de coiffure

Une pluie fine commençait lorsqu'il se gara dans l'allée derrière le vieux salon. Ce lieu conservait encore les stigmates de leur vie clandestine : fenêtres rafistolées, serrures bricolées. Malgré leur semi-légitimité récente, ils continuaient à l'utiliser comme repaire. C'était devenu leur refuge par défaut.

Il poussa la porte, retrouvant la lueur vacillante de la lampe suspendue, jetant son halo sur les fauteuils dépareillés et les bureaux de fortune. Ava leva les yeux de son ordinateur, un soulagement discret sur son visage à la vue de Jared. Marcus était penché sur l'écran, parcourant frénétiquement des lignes de code.

« Salut, » fit Ava, indiquant un dossier à moitié ouvert. « On épluche les derniers dumps du serveur de Vaughn. Il y est question de "Chemical Labs #4 et #5". D'après le contexte, ça pourrait être des sites secrets où le Syndicat fabriquait des drogues ou menait des expériences mineures liées à l'occulte. »

Marcus acquiesça, remontant ses lunettes.

« Les policiers connaissent déjà les labos #1, #2 et #3—découverts il y a quelques semaines. Mais ces deux derniers n'apparaissent pas dans les registres habituels. Ils sont peut-être plus petits, certes, mais toujours dangereux si on y fabrique encore du matériel louche. »

Jared fronça les sourcils.

« Faudrait donner l'info à Gallagher. Il enverra une équipe. » Puis, repensant à la requête du détective : « Ou alors, vu que les Claws ont peut-être des infos, on pourrait coordonner avec eux pour les démanteler vite. »

Ava serra les lèvres.

« Les Claws exigeront quelque chose—un territoire, des passes-droits, au moins une tolérance officielle. C'est une pente glissante. »

Marcus tapota la table du bout des doigts, contrarié.

« Personne ne veut que des criminels s'auto-gèrent. Le conseil hurlerait si on négociait officiellement avec eux. Mais ignorer les Claws, c'est risquer qu'ils passent en force. »

Jared soupira, sentant la pression revenir.

« On a promis de leur parler. Peut-être qu'on peut trouver un terrain d'entente : qu'ils aident à éliminer ces labos sans chercher à les reprendre pour leur compte. Une sorte de transition… »

Ava esquissa un sourire mi-résigné, mi-amusé.

« Après Vaughn, nous voilà à nouveau courtiers de paix, on dirait. »

Marcus eut un ricanement.

« On y est habitués, hein ? »

Un visiteur imprévu

En pleine discussion, un léger coup se fit entendre à la porte barricadée du salon. Les trois se figèrent. Les surprises étaient rarement bonnes. Jared fit signe à Ava de rester et s'approcha prudemment, l'artefact toujours prêt en cas de besoin.

Par une fente, il distingua un homme frêle, capuche sur la tête, l'air nerveux. Razor Claws ? Un survivant du Syndicat ? Un informateur ? Jared entrouvrit.

« Oui ? »

L'inconnu retira la capuche, révélant Clyde, le messager que les Claws avaient déjà envoyé. Il avait l'air plus épuisé encore, le visage couvert de sueur anxieuse.

« Je peux entrer ? » demanda-t-il, la voix basse, un regard fuyant vers la rue. « J'ai des infos qui pourraient vous intéresser. »

Après un bref échange de regards, Jared le laissa passer, refermant la porte. Ava et Marcus restèrent sur leurs gardes, sans hostilité immédiate, mais alertes. Clyde déglutit, conscient de la tension.

« Les Claws bouillonnent, » débita Clyde. « Ils estiment que la ville leur est redevable d'avoir abattu Vaughn—et si personne ne paie, ils prendront leur dû par la force. Fox est particulièrement remonté. »

Marcus roula des yeux.

« Donc, tu nous annonces un ultimatum ? »

Clyde leva les mains, défensif.

« Je ne fais que prévenir. Ils veulent récupérer les labos. Ils ont entendu dire que vous aviez repéré les #4 et #5. Les Claws pensent en prendre le contrôle avant la police. Au passage, ils offrent de vous donner des infos sur ce qu'il reste du Syndicat, en échange. »

Un frisson parcourut Jared.

« Et si on refuse ? »

Clyde baissa les yeux.

« Je l'ignore. Fox pourrait se montrer agressif. Il dit que la ville n'a pas à tout s'approprier. Si ces labos recèlent du matos, ils veulent la mainmise. »

Ava fronça les sourcils.

« Le conseil municipal n'acceptera jamais qu'un gang exploite ou revende du matériel illégal. »

Clyde acquiesça, la voix tremblante.

« Je sais. Mais ils ne sont pas connus pour leur sens du compromis. Je suis venu parce que j'ai pensé que vous préféreriez parler plutôt que vous battre. Si vous voulez les rencontrer, on peut organiser ça. »

En équilibre sur un fil

Le silence se fit, aussi lourd que l'électricité avant un orage. Jared percevait clairement le risque : le gang demeurait criminel. Leur accorder l'usage des labos était impensable, mais les ignorer signifierait attiser une nouvelle guerre. Il tambourina des doigts sur la table :

« D'accord, Clyde. On va les rencontrer. Mais aucune promesse. On souhaite éviter un bain de sang, pas encourager de nouvelles dérives. »

Clyde poussa un soupir de soulagement.

« Je leur dirai. Ils choisiront un terrain neutre. Faites gaffe, Fox n'hésitera pas à siffler la fin de la récré s'il croit à une trahison. »

Quand Clyde repartit, Marcus toisa Jared d'un regard inquiet.

« On se jette encore dans la gueule du loup. Super. Sans même parler à Gallagher de cette alliance bancale. »

Jared, la jambe lancinante, fit quelques pas.

« On lui en touchera un mot, mais discrètement. Pas de raid massif, sinon tout explosera. On peut espérer un compromis, détourner leur envie de violence vers le démantèlement des labos. »

Ava eut un petit sourire ironique.

« Ou alors, ça tourne mal et on se fait flinguer. Sans oublier la presse qui pourrait nous transformer en boucs émissaires si ça foire. »

Le trio ressentait le poids de l'instant : ni officiers, ni criminels, ils endossaient un rôle de médiation forcée. Si ce dialogue permettait d'éviter la guerre, alors ça valait le coup d'essayer.

Les vents du changement

La nuit tomba rapidement alors qu'ils préparaient la rencontre secrète. Ava alerta Gallagher, à demi-mots : ils négocieraient avec « certains groupes » pour calmer le secteur. Le détective, déjà submergé par la paperasse et les manigances d'avocats de Vaughn, consentit sans enthousiasme :

« Je ne peux pas légitimer une entente avec un gang, » prévint-il. « Mais si ça empêche une flambée de violence, je n'interviendrai pas. Tenez-moi au courant. »

Quand le soleil s'éteignit, ils quittèrent le salon dans un autre véhicule, emprunté grâce aux contacts du Bureau de Liaison. La ville exprimait toutes ses contradictions : certains quartiers se redressaient, des habitants déterminés à reprendre leurs rues ; d'autres, encore marqués du logo du Syndicat, portaient la peur en filigrane. Chaque carrefour racontait un chapitre différent de la reconstruction amorcée après la chute d'un empire.

L'ultime lueur d'espoir

Ils se garèrent près d'un chantier abandonné dans le sud-ouest, réputé « neutre » pour l'instant. De puissants projecteurs découpaient de longues ombres sur des piliers de béton inachevés et des tiges d'acier entassées. L'air sentait la poussière et la terre humide.

En sortant, ils se préparaient à toute éventualité. Ils avaient affronté l'arsenal lethal de Vaughn ; un conflit de gang pouvait paraître moindre, mais pas moins meurtrier. Sous une arche en ruine, Clyde les attendait, se tordant les mains :

« Fox est dedans. Il a dit de venir seuls. »

Un regard déterminé s'échangea. Ils pénétrèrent dans la structure en chantier, où les projecteurs découpaient la poussière en faisceaux. Les Razor Claws attendaient en demi-cercle. Au milieu, Fox, bras croisés, la cicatrice sur la joue prenant un reflet métallique sous la lumière. Six autres membres fixaient les arrivants, la défiance dans chaque œil.

« Alors, » lança Fox, la voix résonnant dans l'espace, « vous avez trouvé ces labos. On les veut. Ou du moins, le droit d'y mettre la main en premier. Voilà le prix pour nous être alignés contre Vaughn. »

Ava s'avança, désactivant son stylo-caméra pour éviter l'escalade.

« On ne vous laissera pas monter un nouveau trafic. La ville ne tolérera pas d'autres usines à drogue ou d'expériences occultes. S'il s'agit de les démanteler, d'accord. Mais vous ne les exploiterez pas. »

Un grondement parcourut les acolytes de Fox, certains effleurant le manche d'une arme. L'atmosphère pesait. Jared sentit l'angoisse le gagner.

Marcus prit un ton diplomate :

« Vous haïssez le Syndicat, nous aussi. Si on détruit ensemble ces labos, personne n'en profite. Vous gagnerez peut-être la reconnaissance du quartier, voire des autorités, au lieu de vous embourber dans la clandestinité. »

Fox cracha de côté.

« La reconnaissance n'est pas un territoire. On a risqué nos gars pour abattre Vaughn, on veut du concret. »

L'équilibre fragile

Un silence s'installa, seulement troublé par le bourdonnement lointain de la circulation. Les murs inachevés, dressés comme des monuments funèbres, semblaient refléter leur compromis bancal. Ava sentit son cœur battre à tout rompre, cherchant le regard de Jared. Celui-ci serra la mâchoire et s'avança d'un pas.

« Avoir un territoire, c'est vous comporter comme Vaughn—un nouveau tyran. Alors on vous combattra aussi. Mais si vous acceptez une transition, aidez à éliminer ces installations, à préserver la paix… la ville pourrait vous considérer comme autre chose que des criminels. »

Une lueur de défi persistait dans le regard de Fox.

« Et qu'est-ce qu'on gagne si on lâche tout pouvoir ? »

« Une place dans l'ordre en train de naître. Du respect, pas de la terreur. Peut-être des discussions avec la mairie sur des programmes d'insertion ou de protection pour votre base—quelque chose qui aide vraiment vos gars. Croyez-le ou non, certains élus se disent prêts à réformer si ça apporte la stabilité. »

Un instant de flottement. Les hommes de Fox échangèrent des coups d'œil incertains. L'espoir d'un accord flotta. Puis Fox, la mine renfrognée, laissa échapper un rictus.

« On n'est pas des bienfaiteurs. Cette ville nous a craché dessus. On a pris ce qu'on voulait. Maintenant, on va prendre plus. »

Le cœur de Jared se serra. Il s'apprêtait à répliquer quand Clyde, contre toute attente, intervint d'une voix tremblante :

« On a vu ce que Vaughn a fait, et comment elle a fini. On s'est alliés à eux pour pas retomber sous une tyrannie. Peut-être qu'on devrait essayer l'entente. »

Un nouveau silence. Fox poussa un soupir rageur, son agressivité paraissant vaciller face à la réalité du monde post-Vaughn. Son regard se vrilla dans celui de Jared.

« Très bien. Parlons. Mais si votre conseil nous arnaque, on s'approprie ces labos, et peut-être qu'on cassera un ou deux quartiers pour l'exemple. »

Une vague de soulagement, aussi fragile qu'un verre en équilibre, déferla chez Jared, Ava et Marcus. Ce n'était pas un accord parfait, mais au moins ce n'était pas la guerre immédiate. Juste un arrangement conditionnel. Suffisant pour qu'ils puissent aviser, trouver un moyen d'orienter l'énergie des Claws vers le démantèlement plutôt que l'exploitation.

Au bord de la nuit, promesse d'aube

Sous la structure inachevée, la tension retomba un brin avant qu'ils ne se séparent. Jared, Ava et Marcus rejoignirent leur voiture, le cœur encore secoué par ce face-à-face. Fox et ses hommes disparurent dans l'obscurité, l'esprit occupé par ce pacte précaire.

Une fois dans l'habitacle, Ava lâcha un grand soupir :

« On a frôlé la fusillade. »

Marcus inséra la clé, la main légèrement tremblante.

« Oui. On avance sur un fil… Gallagher va adorer. »

Jared, douloureusement conscient de sa jambe, posa la main sur sa cuisse. Malgré tout, il ressentait un mince espoir. Ils avaient vaincu Vaughn et, désormais, tentaient de tisser un compromis évitant la guerre.

« Au moins, on a proposé une voie. On fera le point avec Gallagher et on essaiera de canaliser ça. »

Ava sourit faiblement.

« De toute façon, qui aurait cru qu'on deviendrait intermédiaires entre la mairie et un gang ? »

Ils roulèrent vers la nuit urbaine, les phares découpant des rues à moitié désertes. Malgré l'angoisse, Jared laissait poindre un soupçon d'optimisme. Ils avaient déjoué l'emprise colossale de Vaughn, bousculé un destin que beaucoup jugeaient figé, et s'efforçaient désormais de guérir la ville. Oui, les menaces persistaient : cellules résiduelles du Syndicat, possibles guerres de gangs, et la tentation d'exploiter la technologie occulte. Mais face à chaque danger, s'ouvraient aussi des alliances inattendues, une volonté de repartir de l'avant, sans reproduire les fautes d'hier.

Au loin, la skyline de Silvercoast scintillait comme une promesse. Les ombres tapissaient encore les ruelles, mais dans le ciel, la lune brillait, claire et sereine, comme pour dire qu'au-delà de la nuit se dessinait un avenir. La ville, autrefois ployée sous la coupe du Syndicat, redressait la tête, portée par la vaillance de ceux qui avaient refusé de céder au mal.

L'esprit fatigué, Jared observa le défilement des façades depuis le siège passager. Le salon de coiffure les attendait, et au-delà, les prochains défis d'une quête sans fin pour la paix. Pourtant, à cet instant, alors qu'ils rentraient, il goûta une petite fierté : non seulement ils avaient fait tomber Vaughn, mais ils s'attaquaient maintenant à recoller les morceaux d'une cité brisée. Malgré tous les périls, il s'accrochait à l'idée qu'ils pouvaient faire de Silvercoast un lieu de renouveau, où l'aube, enfin, n'appartiendrait plus aux ténèbres.