Jared se prépara à l'impact en sautant de la passerelle. L'instant d'après, il s'écrasa sur une pile de caisses en bois, le choc lui remontant dans les jambes et le long de la colonne vertébrale. Il étouffa un grognement de douleur, luttant pour garder l'équilibre sur ces boîtes vacillantes. Les lumières vacillantes du Greyline Depot pulsaient au-dessus de lui, projetant des ombres disjointes qui rendaient chaque forme plus menaçante qu'elle ne l'était en réalité.
De sa position surélevée, il avait une vue directe sur l'estrade où étaient exposées les Shades of Authority. Un vent de panique semblait gagner la foule rassemblée sur le sol de l'entrepôt : les riches enchérisseurs se regroupaient par petits cercles, les gardes criaient des ordres dans leurs talkies-walkies, et au milieu de tout ça, Selina Vaughn, les yeux embrasés de fureur, tentait de garder le contrôle des opérations.
Le sabotage improvisé de Marcus portait ses fruits, semant la pagaille en mettant hors service la moitié des lampes du plafond. Mais Jared savait que cet avantage serait de courte durée. Les acolytes du Syndicat, férus de technologie, devaient déjà tenter de réinitialiser le tableau électrique ou de contourner l'appareil de Marcus. Il n'avait pas une seconde à perdre.
Toujours perché sur ses caisses, Jared balaya du regard la confusion à la recherche d'Ava. Il aperçut sa silhouette derrière une cloison à proximité de l'estrade, mais un garde armé d'un fusil progressait déjà dans sa direction. Ava s'enfonça davantage dans l'ombre, probablement pour éviter d'être vue, mais sa sortie était coupée. Le cœur de Jared s'emballa : elle était prise au piège.
Un grésillement statique résonna depuis l'interphone de l'entrepôt, attirant l'attention de tous :
« … fouillez les étages supérieurs… »
« … vérifiez la passerelle… »
« … intrus confirmés… »
Jared serra les dents : leur présence était découverte. Le sentiment d'être pourchassé s'abattit sur lui, comme un étau se resserrant autour de sa poitrine.
Un plan désespéré
Il sauta à bas de la pile de caisses, atterrissant derrière une rangée de sièges inoccupés. La plupart des acheteurs avaient quitté les allées centrales, murmurant leur inquiétude face à la coupure de courant et à la menace d'une brèche sécuritaire. Seuls quelques têtes brûlées restaient, confiants dans leur propre force de frappe. Profitant du tumulte, Jared se dissimula derrière un large pilier métallique.
Appuyé contre l'acier glacé, il jeta un coup d'œil prudent. Deux gardes contournaient l'estrade, scrutant chaque recoin. Sous le projecteur unique, la vitrine contenant les Shades of Authority demeurait au centre. Selina Vaughn faisait les cent pas, tatouage en spirale bien visible, aboyant des ordres à un homme portant un casque audio, qui s'éloigna à toute vitesse.
S'il parvenait à atteindre l'estrade—et donc les lunettes—il pourrait peut-être fuir par la passerelle ou une porte latérale. Un plan bancal, voire suicidaire, mais Jared n'en voyait pas d'autre. Une fois que le Syndicat comprendrait que Marcus était derrière ce sabotage, la sécurité deviendrait implacable et ce lieu se transformerait en souricière.
Il repéra une ouverture : un espace entre deux rangées de chaises empilées près du côté gauche de la scène. Dans la lumière intermittente, il ne voyait qu'un garde, et celui-ci surveillait plutôt la périphérie, pas l'estrade. Jared inspira profondément pour calmer son cœur affolé.
Maintenant ou jamais.
Convergence sur l'estrade
Rasant le sol, Jared quitta l'abri du pilier et zigzagua entre les sièges. Des acheteurs effrayés sursautèrent, certains le montrèrent du doigt, mais personne ne bougea pour l'arrêter—du moins pas encore. Il se faufila derrière un groupe de chaises renversées, à seulement quelques mètres de la scène.
Un cri retentit derrière lui. Un garde l'avait repéré. Jared serra la mâchoire et s'élança, gravissant à toute vitesse les petites marches de l'estrade. Il manqua percuter un assistant de la vente, qui hurla de surprise et recula en trébuchant, libérant un passage direct vers la vitrine au centre de la scène.
Au même moment, Selina Vaughn se retourna, sa robe argentée scintillant dans la lumière défaillante. La surprise se peignit sur son visage, vite remplacée par une froide détermination. Elle se dirigea vers une table latérale—probablement l'endroit où le Syndicat cachait une arme. Jared jura entre ses dents : il n'avait pas le temps de s'en occuper s'il voulait récupérer d'abord les lunettes.
Il fonça jusqu'à la vitrine, le cœur battant à tout rompre tandis qu'il agrippait le loquet. Verrouillé. Évidemment. Une bouffée de colère le saisit—il n'avait rien pour briser ce fichu verre, hormis ses poings. Déterminé, il abattit son coude contre la paroi renforcée, ignorant la décharge électrique de douleur qui traversa son bras. Le panneau ne fit que se fissurer légèrement.
— « Arrêtez-le ! » hurla Selina, sa voix résonnant dans le micro grésillant. Des gardes convergeaient déjà, leurs bottes martelant l'estrade.
Jared frappa de toutes ses forces. La vitrine vola en éclats, un entrelacs de fissures transperçant le verre, avant qu'il ne cède. Au troisième coup, il pulvérisa la surface, et des morceaux de verre s'éparpillèrent sur le velours noir. Sans se soucier des éclats qui lui lacéraient les mains, Jared plongea à l'intérieur et referma ses doigts sur les montures métalliques.
Shades of Authority.
Une vague de soulagement furieux l'envahit, mêlée à l'adrénaline. Il arracha l'artefact du socle. Derrière lui, il entendait déjà le pas précipité des gardes.
Collision et révélations
En un éclair, Jared se retourna et posa les lunettes sur son visage. Le monde se teinta d'ombre, tout en vibrant de halos colorés—des auras, de l'énergie. Il vit les gardes se précipiter, leurs silhouettes irradier de reflets rouge et noir, signes de leur agressivité. Comme lors de son premier combat, son corps perçut un déclic d'anticipation.
Il se jeta au bas de la scène, atterrissant lourdement. Des balles sifflèrent au-dessus de lui, perforant le mur du fond et soulevant des cris paniqués dans l'assemblée. Les spectateurs, pris de panique, fuyaient en tous sens, refusant de se retrouver au milieu d'une fusillade.
Grâce à l'artefact, Jared sentit la violente hostilité de chaque garde comme une impulsion lui indiquant quand esquiver. Il se plaqua contre un pupitre tandis qu'une nouvelle rafale striait l'air. Derrière la scène, la voix tonitruante de Selina Vaughn résonna :
— « Ne le tuez pas—visez pour le neutraliser ! Nous avons besoin de ces lunettes intactes ! »
Jared grimaça : ils le voulaient vivant pour récupérer l'artefact. Il n'était pas sûr que ce soit vraiment mieux que de le tuer sur place.
Soudain, il aperçut un mouvement, dans un halo de couleur rosée—Ava, surgissant derrière un haut casier, en train de prendre des photos avec un stylo-caméra avant de le ranger prestement. Son regard croisa celui de Jared, un éclair de soulagement traversa ses traits. Elle lui indiqua une porte de sortie derrière la scène. Un garde qui surveillait d'ordinaire cette issue avait été distrait, laissant le passage momentanément libre.
On a une porte de sortie, comprit Jared.
Mais pour l'atteindre, quatre gardes se tenaient en demi-cercle près du bord de la scène, fusils braqués. Leurs auras, rendues visibles par les lunettes, crépitaient d'intentions meurtrières. Jared déglutit, évaluant leurs positions. L'artefact lui permettait de lire à l'avance le moindre geste, mais il restait en sous-nombre, et sa blessure à la jambe le lançait.
Il s'élança de sa cachette, le cœur au bord des lèvres. Le premier garde redressa son arme, mais Jared pivota une fraction de seconde avant le tir, un geste guidé par la variation de l'aura. La balle ricocha sur un rail métallique. Jared lui fonça dessus, l'épaule en avant, l'envoyant valser en arrière dans un râle surpris.
Un second garde arriva, tentant de lui asséner un coup de crosse. Par le prisme de l'artefact, Jared perçut l'attaque dans un tourbillon rouge, esquiva in extremis, agrippa le canon de l'arme et l'arracha des mains de son adversaire, avant de lui enfoncer un genou dans l'estomac. Il s'écroula à son tour, son fusil heurtant le sol dans un fracas métallique.
Il en restait deux, déterminés, leurs auras pleines d'intentions létales. Jared recula, un éclair de prudence dans le regard. Il ignorait où se trouvait Ava à présent—peut-être avait-elle déjà filé dans les coulisses.
L'un des gardes tira en biais, et une balle cingla la cuisse de Jared, le brûlant comme un fer rouge. Il faillit s'écrouler, un feu ardent lui traversant le membre. Une autre détonation éclata, pulvérisant un morceau de l'escalier de la scène. Des volutes de fumée et de poussière emplirent l'air, l'odeur de poudre irritant la gorge de Jared.
Malgré la douleur, il s'efforça d'avancer. L'artefact lui indiquait à peine comment esquiver l'ultime assaut du second garde. Jared se baissa, effectua un croc-en-jambe et lui envoya un coup de coude au menton. Le garde s'effondra, son arme roulant plus loin.
Mais déjà, le premier, qu'il avait écarté d'un coup d'épaule, se relevait. Jared, la jambe en feu, avait du mal à tenir debout. Sa chance allait tourner.
L'aide inespérée
Soudain, un petit boîtier métallique se mit à rouler sur le sol—un bidule bricolé par Marcus. Il lâcha un cri strident, aigu comme un larsen exacerbé, forçant les gardes à plaquer les mains sur leurs oreilles. Jared profita de l'instant pour se précipiter vers la porte de derrière. Il aperçut Marcus, à demi dissimulé derrière une table renversée, brancher une poignée de fils sur une batterie portable.
— « Fonce ! » hurla Marcus, sa voix à peine audible dans la stridence infernale.
Malgré la douleur, Jared boitilla vers la sortie. Ava surgit alors de l'ombre, l'air crispé d'inquiétude. Elle le soutint en passant un bras sous le sien.
— « Tu peux courir ? » demanda-t-elle d'une voix hâchée.
— « Pas vraiment, » concéda-t-il en retenant un grognement. « Mais je tiendrai. »
Ils forcèrent la porte et débouchèrent dans un couloir exigu, encombré de boîtes. Derrière eux, le dispositif de Marcus s'arrêta subitement, et les cris reprirent de plus belle. Les gardes, sans doute plus nombreux, allaient rappliquer dans la seconde.
Ava guida Jared le long de ce corridor, l'aidant à soutenir son poids.
— « Il nous faut une sortie—assez loin pour qu'ils ne nous retrouvent pas. »
Au bout du couloir, une porte coupe-feu à la poignée rouillée se dressait, baignée par des lampes vacillantes. Ava l'ouvrit, et un quai de chargement apparut, plongé sous des spots extérieurs intermittents. L'air frais de la nuit leur frappa le visage, chargé du relent nauséeux des eaux polluées de la baie. La pluie avait cessé, mais de larges flaques luisaient encore.
Ils descendirent la rampe, Jared s'appuyant lourdement sur Ava. Au loin, on distinguait la grille délimitant le périmètre du Greyline Depot, et derrière, une rue secondaire. S'ils parvenaient à franchir ce grillage, peut-être pourraient-ils disparaître dans le labyrinthe de ruelles de la ville.
Un rugissement de colère résonna à l'intérieur, renvoyé en écho par les couloirs. La porte s'ouvrit à la volée sur deux gardes, armes levées. Des flashs de feu jaillirent dans la pénombre. Les balles ricochèrent contre la rampe métallique, arrachant un cri à Ava et Jared, qui se jetèrent derrière un tas de palettes pourries.
L'esprit de Jared se concentra, les lunettes lui indiquant les halos noir-rouge de leurs poursuivants. Ses jambes lui faisaient un mal de chien, mais il tenait bon. Les gardes allaient bientôt contourner les palettes et avoir le champ libre pour tirer. Soudain, un grésillement retentit dans la radio de l'un d'eux. Il porta la main à son oreillette, écoutant des ordres stridents—peut-être la voix de Selina exigeant qu'on récupère absolument l'artefact. L'espace d'un instant, il se déconcentra.
Jared ne laissa pas passer sa chance. Agrippant Ava, il se remit en mouvement.
Ils quittèrent leur abri, pataugeant dans les flaques en direction de la grille. Derrière, une autre salve de tirs fendit l'air. Une balle frôla l'épaule d'Ava, faisant exploser un morceau de poteau rouillé. Elle étouffa un cri, se baissant. Le cœur de Jared s'emballa : ils étaient trop visibles ici.
À l'approche du portail, celui-ci se mit à vibrer férocement. Marcus était là, essoufflé, un bandana sur le front, retenant le portail entrebâillé.
— « Vite ! » beugla-t-il.
Jared, quasiment appuyé de tout son poids sur Ava, traversa l'ouverture. Marcus referma la grille, dont le loquet cassé ne retiendrait pas longtemps d'éventuels poursuivants. Ils s'élancèrent alors dans une ruelle sombre où la lumière blafarde des réverbères n'apportait qu'un maigre réconfort. Seuls leurs souffles haletants rompaient le silence.
La révélation amère
À bout de forces, ils s'arrêtèrent contre un mur tagué, hors de vue immédiate du Greyline Depot. Jared serrait contre lui les Shades of Authority, la joie de les avoir récupérées tempérée par la douleur lancinante dans sa cuisse et la certitude que le Syndicat ne laisserait pas cet affront impuni.
Ava jeta un coup d'œil derrière le coin du mur. Le quai de chargement semblait à nouveau calme—pour le moment. Au loin, des sirènes déchiraient l'air, sans qu'on sache si elles se dirigeaient vers eux.
Marcus, assis au sol, tenait ses côtes, visiblement contusionnées.
— « C'était de la folie. Mais on a récupéré l'artefact, » souffla-t-il, entre incrédulité et soulagement. « Ça va, Jared ? »
Jared ôta les lunettes, plissant les yeux sous l'éclat cru d'un lampadaire.
— « Je survivrai. C'est juste un léger impact, pas une balle logée. » Il inspira difficilement, l'adrénaline retombant pour laisser place à l'épuisement.
Ava secoua la tête.
— « On peut pas rester là. Ils vont nous chercher partout. Si on part tout de suite, on a une chance de se volatiliser avant qu'ils se réorganisent. » Elle frissonna, le regard fixé sur les lunettes dans les mains de Jared. « Tu les as… Tu as réussi. »
Il hocha la tête, sa poitrine se soulevant d'une étrange fierté mêlée d'angoisse.
— « Oui. Mais on a seulement empêché leur vente ce soir. Le Syndicat n'a pas dit son dernier mot. Ni Selina Vaughn. »
Marcus esquissa un rire nerveux.
— « Et nous voilà en tête de liste de leurs ennemis. »
Un silence pesant s'installa, seulement troublé par les cris lointains des mouettes près du port. Plus loin, les lumières vacillantes du Greyline Depot se distinguaient encore, et des silhouettes s'affairaient près des portes, preuve que les recherches se poursuivaient. Pour l'heure, ils semblaient avoir la chance de passer inaperçus.
Ava expira longuement, portant une main à son front.
— « J'ai filmé pas mal de choses avec ma caméra cachée : noms, visages, détails d'enchères. C'est énorme, Jared. On pourrait dévoiler toute la corruption de Silvercoast. Mais la question, c'est comment l'exploiter sans se faire tuer ? »
Elle avait raison : ces preuves pouvaient jeter une lumière crue sur la mafia locale, pouvant même relier ces faits à la machination ayant conduit à l'expulsion de Jared. Mais publier ces infos trop tôt risquait de déchaîner la fureur du Syndicat et de leurs complices haut placés.
Jared serra les Shades of Authority, observant les volutes en spirale gravées dans la monture.
— « Je dois d'abord comprendre qui m'a piégé, pourquoi ils ne voulaient pas que j'aie ces lunettes, et quelles sont vraiment les ambitions du Syndicat. Cet objet… » Il désigna l'artefact, « … pourrait m'aider. Mais je n'y arriverai pas seul. »
Marcus se releva avec difficulté, grimaçant sous la douleur.
— « On trouvera un moyen. Mais commençons par te soigner. » Il balaya la ruelle du regard. « Ma voiture est garée à quelques rues d'ici. Si on y arrive, on peut retourner chez moi—ou ailleurs, si on craint qu'ils nous retrouvent. »
Ava, le regard aux aguets, proposa à voix basse :
— « Je connais un endroit plus sûr vers le centre-ville. Une collègue m'a laissé son appart' pendant son absence. On peut s'y réfugier un temps. »
Jared acquiesça, la douleur dans sa cuisse pulsant à intervalles réguliers. C'était un risque d'impliquer quelqu'un d'autre, mais ils n'avaient pas le choix.
— « Allons-y. »
La tempête à venir
Ils s'engagèrent dans les rues sombres, l'esprit de Jared en proie à un tourbillon de questions. Pourquoi le Syndicat avait-il monté une vente si ostentatoire, alors que l'artefact semblait si dangereux ? Pourquoi l'avaient-ils pris pour cible, lui, au point de le faire accuser de triche et de le harceler sans relâche ? Et surtout, qui, parmi les puissants de la ville, couvrait les agissements de Selina Vaughn ?
Serrant les lunettes contre lui, Jared refusa de les perdre à nouveau. Malgré la peur qui lui nouait le ventre, une flamme étrange brûlait en lui—un mélange de volonté de vengeance et d'acharnement. Le Syndicat lui avait volé son avenir à Bernington, failli le tuer à plusieurs reprises, et menaçait ses proches. Maintenant qu'il avait repris l'artefact, il ne comptait pas les laisser disparaître dans l'ombre sans livrer bataille.
Les sirènes, au loin, se faisaient plus fortes, se répercutant dans le labyrinthe des immeubles et des friches industrielles de Silvercoast. Des enseignes au néon et des panneaux publicitaires illuminaient la ville, monstre aux milles dents, abritant toutes sortes de malversations. Un terrain idéal pour le Syndicat de la Spirale, qui s'épanouissait dans les recoins les plus sombres.
Ava les mena jusqu'à un petit parking discret, où l'ancienne berline de Marcus les attendait. Ils montèrent à bord, tous les nerfs en alerte, mais une étincelle d'espoir brillant au fond des yeux. Le moteur toussota avant de rugir, tandis que l'adrénaline retombait doucement.
Par la vitre, Jared observa la silhouette imposante du Greyline Depot rétrécir dans le rétroviseur. Ils avaient échappé à la gueule du lion pour ce soir, mais le Syndicat se relèverait, assoiffé de revanche.
Dans l'habitacle exigu, la tension était palpable, mais une complicité mutuelle les unissait plus que jamais. Ils venaient d'accomplir l'impossible : soustraire les Shades of Authority des griffes d'un réseau criminel puissant. Le plus dur restait pourtant à faire : percer le voile de mystères encore plus épais, révéler la corruption qui gangrenait la ville et confronter ceux qui avaient détruit la vie de Jared.
Ce dernier serra l'artefact, caressant du pouce les motifs gravés. Les lampadaires défilaient sur son visage, révélant ses blessures et son épuisement. Il ferma les yeux, écoutant le ronronnement des pneus sur l'asphalte mouillé.
Ce n'était pas fini. Pas de loin.
Ils avaient trop avancé pour abandonner, et le prochain affrontement se profilait déjà à l'horizon—un orage de vérités et de trahisons, dans lequel Jared King trouverait peut-être, pour la première fois, l'espoir concret de sa propre rédemption.