Le cœur de Quatro battait à tout rompre alors qu'il avançait d'un pas lent, serrant fermement la hallebarde dans ses mains. L'odeur écœurante, les chants funèbres, les gémissements incessants des femmes… Tout s'effaça dans son esprit. Il n'y avait plus que le monstre sur le trône.
Sans hésiter, il lança la hallebarde de toutes ses forces. La lame trancha l'air dans un sifflement avant de se planter avec un bruit sourd dans la poitrine d'Axiome. Le choc projeta le corps rachitique du seigneur en arrière, et un silence stupéfait s'installa.
Quatro, le souffle court, recula d'un pas. Une vague de nausée le submergea. L'odeur pestilentielle semblait s'intensifier, et, incapable de se retenir, il se pencha en avant, enleva son masque et vomit, son estomac se vidant sur le sol souillé.
Mais alors qu'il reprenait son souffle, un bruit étrange retentit. Un rire. Un rire guttural, gras, résonnant dans la salle.
Quatro releva lentement la tête et vit l'impensable.
Axiome bougeait.
Le monstre se redressa, ses mains tordues agrippant la hallebarde plantée dans son torse. Ses doigts grêles tirèrent lentement sur l'arme, mais sa chair pourrie et enflée s'accrochait à la lame, rendant l'extraction difficile. Avec un grognement, il tira une dernière fois, arrachant enfin l'arme de son corps. Une odeur encore plus insoutenable jaillit avec le sang noirâtre qui coulait de la plaie béante.
Axiome, un sourire grotesque déformant son visage ridé, éclata de rire.
« Immortel !» déclara-t-il, sa voix rauque et moqueuse. « Tu pensais vraiment qu'une simple hallebarde pourrait me tuer ? Tu n'es pas le premier, à vouloir m'assassiner. Ils essaient toujours… Et toujours, ils échouent. »
Son rire retentit à nouveau, sinistre et fou, résonnant contre les murs de la salle.
Quatro, le souffle toujours haché, recula de quelques pas. « Où est ma sœur ? » hurla-t-il, sa voix brisée par la colère et le désespoir.
Axiome inclina la tête, l'air amusé, comme un fou délirant.
« Ta sœur ? » dit-il en plissant ses yeux enfoncés et grisâtres. « Ah… Attends… » Il se leva lentement, chaque mouvement accentuant la laideur de son corps déformé. Il examina Quatro avec un intérêt nouveau.
« Tu es un prince, n'est-ce pas ? Un prince des Premiers Hommes… » murmura-t-il, un éclat de reconnaissance dans ses yeux.
Quatro resta silencieux, le regard noir.
Axiome éclata à nouveau de rire, ses épaules décharnées secouées par l'hilarité.
« C'est ironique, tu sais, » dit-il enfin, ses mots traînant comme du venin. « J'avais envoyé un émissaire pour acheter un prince des Premiers Hommes. Je voulais un guerrier, une arme vivante pour protéger ma cité et ses secrets. »
Il marqua une pause, un sourire cruel étirant ses lèvres craquelées.
« Mais ce maudit imbécile est revenu avec une fille ! Une gamine ! Moi qui voulais un guerrier, j'ai eu une putain. »
Axiome se tourna lentement vers le côté du trône et tendit un doigt décharné.
Quatro suivit son geste et sentit son cœur se briser.
Allongée sur un coussin sale, nue et immobile, se trouvait une femme à la peau noire. Son corps était frêle, ses côtes saillantes sous sa peau tendue. Ses yeux, voilés d'un regard vide, ne semblaient pas comprendre ce qui se passait autour d'elle. Elle respirait à peine, son visage marqué par la souffrance et la confusion.
C'était elle.
La sœur de Quatro.
Il en était certain.
Un mélange de rage et de désespoir envahit le prince. Il fit un pas vers elle, mais Axiome se redressa, son rire éclatant de nouveau.
« Regarde-la ! » s'écria le monstre. « Ton précieux sang des Premiers Hommes, réduit à ça. Une pute brisée. Une bête malade qui ne comprend même pas que tu es là. »
Quatro serra les poings, ses yeux brûlant de larmes qu'il refusait de laisser couler.
Axiome, amusé, leva sa coupe et but une longue gorgée de vin. Puis, d'un geste paresseux, il s'assit à nouveau sur son trône, comme s'il attendait de voir jusqu'où le prince serait prêt à aller pour récupérer sa sœur.