Quatro ouvrit les yeux, mais l'obscurité autour de lui était totale, impénétrable. Il lui fallut quelques secondes pour comprendre qu'il n'était pas aveugle, que ce noir complet n'était pas une illusion. L'air était lourd, saturé de puanteur. Une odeur de décomposition, de viande pourrie, de vomissures et d'urine imprégnait chaque respiration. Il toussa, pris d'un haut-le-cœur, mais aucun son ne lui répondit. L'endroit semblait absorber toute tentative de vie, tout écho.
Sous lui, le sol était froid, humide, collant. Lorsqu'il passa une main tremblante sur la surface, elle glissa sur une boue épaisse mêlée de débris indéfinissables. Un frisson le traversa, non à cause du froid, mais du dégoût viscéral qui montait en lui.
Un bruit lointain, un clapotis irrégulier, attira son attention. Il réalisa qu'un ruisseau s'écoulait non loin de sa cage, un filet visqueux et puant qui charriait des déchets. Il n'avait pas besoin de voir pour comprendre ce qu'il contenait. L'odeur suffocante suffisait.
Il essaya de bouger, mais la cage était trop petite. Chaque mouvement l'écrasait contre les barreaux glacés, rouillés. Ses doigts s'y accrochèrent un instant, avant de retomber, inertes. Il n'y avait rien à faire. Rien à espérer.
Des bruits de gouttes d'eau ponctuaient le silence, des sons réguliers et implacables, comme un compte à rebours menant à une fin inévitable. Parfois, un grattement résonnait, rapide, nerveux. Les rats. Ils étaient là, quelque part, tapis dans les coins, observant, attendant.
Lui aussi, il attendait, mais il ne savait pas quoi. Tout espoir semblait s'être éteint, dissous dans cette obscurité suffocante. Même son propre souffle semblait inutile, un effort gaspillé dans cet enfer. Il tenta de parler, d'articuler un mot, mais aucun son ne franchit ses lèvres sèches.
Au loin, un bruit sourd résonna, comme une porte massive qui se refermait. Puis plus rien. L'immobilité revint, oppressante, éternelle. Il n'y avait pas de sortie. Pas de lumière. Juste cette obscurité compacte, cette puanteur, et le ruisseau de déchets qui continuait de couler, indifférent.
Il n'y avait plus de valeur, plus de sens. Les égouts d'Etamenki n'étaient pas un lieu, mais une condamnation, un oubli éternel. Quatro ferma les yeux, mais cela ne changeait rien. Les ténèbres étaient là, en lui, autour de lui. Un murmure faible s'échappa enfin de ses lèvres.
"C'est ici que tout finit."
Et dans cette pensée, il comprit que même la fin lui était refusée.