Quatro dormait profondément. Quand il ouvrit les yeux, il se retrouva dans sa cage, comme à chaque réveil. Cette prison de métal rouillé, étroite et oppressante, était son quotidien. Il ne savait plus depuis combien de temps il y était enfermé; des jours, des mois, peut-être des années. L'absence totale de lumière brouillait sa perception du temps, et l'obscurité crasseuse de cet endroit semblait se refermer sur lui à chaque instant.
Il était obsédé par son masque. Parfois, lorsque le geôlier passait nonchalamment devant sa cage, il hurlait, suppliait, ou même tentait de négocier pour obtenir une recharge de parfum. Cette odeur réconfortante, l'empêchait de sombrer dans la folie.
Par moments, il essayait de se redresser, mais sa cage était bien trop petite pour cela. Et même si elle avait été plus grande, son corps épuisé et meurtri refusait d'obéir. Sa cuisse blessée, devenue une plaie sourde et constante, l'empêchait de bouger. Alors, il restait étendu là, immobile dans les ténèbres, prisonnier de son propre désespoir. Son esprit, autrefois vif, était désormais embrouillé par la douleur et la défaite.
Quatro dormait presque en permanence. C'était la seule échappatoire à cette réalité insoutenable. Lorsqu'il se réveillait, sa première réaction était de porter la main à sa blessure. Il la touchait du bout des doigts, grimaçant sous la douleur lancinante.
" J'ai tout laissé pour ça ? ". Sa voix était rauque à peine audible. « Je me suis peut-être trompé… J'ai abandonné mon trône pour une sœur qui était déjà perdue… Elle n'était plus là. Son corps était là, oui, mais son esprit… Lui avait été dévoré par Axiome... »
Ces pensées tournaient en boucle dans sa tête, s'insinuant comme un poison. Mourir aurait été préférable. Être encore en vie dans cet endroit immonde n'était pas une bénédiction, mais une sentence. Les égouts d'Etamenki étaient un lieu de damnation, une tombe humide pour les oubliés, les rebelles, et les rêveurs.
Quatro se recroquevilla sur lui-même, ses épaules secouées de sanglots silencieux. Les souvenirs de sa sœur revenaient sans cesse le hanter. Mais même ici, dans cet enfer, il s'accrochait à une seule idée; la sauver. Peu importe les sacrifices, peu importe le prix à payer, il s'était juré de lui rendre la vie qu'on lui avait volée.
Il releva la tête vers l'obscurité insondable au-dessus de lui. Au loin, des bruits résonnaient; des grognements de rats, le clapotis de l'eau souillée, et d'autres sons indistincts, plus inquiétants encore. Cet endroit semblait murmurer sa condamnation, mais Quatro n'était pas prêt à abandonner.
"Je sortirai d'ici… " souffla-t-il, sa voix rauque résonnant faiblement dans les tunnels. "Je reviendrai. Et Axiome regrettera de ne pas m'avoir achevé. "
Ses mots se perdirent, étouffés par les murs humides qui l'entouraient. Mais dans son regard voilé par les larmes brillait encore une étincelle, ténue mais indestructible.
Quatro était brisé, mais pas vaincu.