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Chapter 20 - La guerre est ma langue

Les portes de la salle du trône tremblèrent soudainement sous l'assaut des gardes, puis tremblèrent une deuxième, avant de voler en éclats au bout de la troisième fois. Le fracas résonna dans toute la pièce, dispersant un nuage de poussière et révélant les silhouettes armées qui envahirent la salle.

Axiome, toujours assis sur son émeraude, ne bougea pas. Le sourire aux lèvres. Il portait sa coupe de vin, savourant la tension de l'instant.

« Enfin ! » lança-t-il avec une délectation sadique. « Que le spectacle commence. »

Quatro, toujours figé devant le corps frêle et immobile de sa sœur, sentit son cœur se durcir de haine et de rage. Les gardes, armés de glaives et de lances, se déployèrent rapidement, formant un cercle autour de lui.

Un garde attaqua, mais Quatro, alimenté par une force surnaturelle, esquiva le coup avec une agilité inattendue. Il attrapa le bras du soldat; en un mouvement, il le fit basculer; avant de lui briser la nuque d'un seul coup.

Les autres gardes hésitèrent un instant, surpris par la brutalité de l'assaut. Mais Axiome, amusé, claqua des doigts, ce qui les poussa à attaquer en masse.

Quatro n'avait aucune arme, mais il n'en avait pas besoin. Ses poings, ses pieds, et sa rage suffisaient. Il se jeta dans la mêlée avec une violence animale, désarmant un garde pour s'emparer de son glaive. Les mouvements qui suivirent furent une danse macabre; le prince des Premiers Hommes, couvert de sueur et de sang, abattait ses adversaires avec une précision impitoyable.

« La guerre est ma langue, mon souffle, ma vie ! » rugit-il sous son masque, d'une voix éraillée qui portait dans toute la salle.

Axiome, toujours spectateur, éclata de rire. « Oui ! Oui ! Montre-moi ce que le sang des Premiers Hommes peut accomplir ! »

Mais alors que Quatro enfonçait sa lame dans le torse du dernier garde, le sol trembla légèrement. Les portes latérales s'ouvrirent brusquement, révélant une nouvelle vague de soldats. Mais ces hommes n'étaient pas de simples gardes. Ils portaient des armures d'un noir mat, gravées de symboles sinistres, et leurs armes, courtes mais épaisses, semblaient faites pour briser des os plutôt que les trancher. Leur entrée imposa un silence lourd.

Axiome applaudit lentement, le sourire mauvais étirant ses lèvres.

« Voici mes guerriers, Quatro. Nous allons voir combien de temps tu peux tenir face à eux. »

Quatro, le glaive couvert de sang tremblant dans sa main, recula d'un pas. Il savait qu'il était à bout de forces. Son souffle était court, son corps meurtri par les coups déjà reçus, et il suffoquait sous son masque dans cette salle puante. Pourtant, il raffermit sa prise sur son arme et se mit en garde.

Le premier champion attaqua, une hache massive s'abattant sur lui avec une vitesse folle. Quatro esquiva de justesse, mais un second guerrier en profita pour lui asséner un coup de bouclier au torse. Le prince tituba, son dos heurtant une colonne de pierre.

Ils ne lui laissèrent aucun répit. Les champions s'élançaient tour à tour, frappant avec une précision méthodique, d'un mouvement coordonné comme une machine de guerre bien huilée. Quatro, malgré toute sa détermination, ne pouvait égaler leur attaque combinée. Chaque coup qu'il bloquait semblait en appeler un autre, plus rapide, plus violent.

Une lame atteignit soudain sa cuisse, le forçant à s'agenouiller. Le glaive qu'il tenait échappa de sa main tremblante et tomba au sol dans une cacophonie métallique.

« C'est tout ? » moqua Axiome, se levant de son trône. « Est-ce là, la grandeur des Premiers Hommes ? Une légende qu'on écrase aussi facilement ? »

Quatro tenta de se relever, mais un coup brutal dans le dos le cloua au sol. Les champions cessèrent leurs attaques, formant un cercle autour de lui, prêts à lui porter le coup de grâce.

Axiome leva une main pour les arrêter.

« Non. »

Son ton, calme et autoritaire, glaça l'air. Il s'avança lentement, ses pas résonnant dans la salle du trône. Son odeur traînait avec lui; une puanteur qui vous donne envie de fuir, l'odeur de la mort. Le gressiment morbide des mouches collé à son postérieur, le suivait comme une torture auditive. Son corps complètement difforme grincait à chaque mouvement. On sentait que marcher lui demandait une difficulté titanesque. La plaie béante qu'il avait au torse semblait déjà guéri ; à la place ce tenait une cicatrice qui suintait un liquide jaune qui s'échappait de son être à chacun de ses pas.

« Ce prince m'a diverti. Le tuer ici serait... Trop simple. Trop banal. »

Il se pencha légèrement vers Quatro, qui levait un regard brûlant de haine malgré sa faiblesse.

L'haleine d'Axiome donnait l'impression que l'intérieur de son corps était pourri jusqu'à la moelle. Les champions pourtant habitués à côtoyer le seigneur, s'écartèrent quand le monstre s'approcha.

« Tu veux vivre, n'est-ce pas, petit prince ? » murmura Axiome.

Quatro, haletant sous son masque, serra les dents mais ne répondit pas.

« Je vais faire de toi ma chose, ma légende vivante...» poursuivit Axiome. « Une chance de prouver, que tu es réellement celui que tu dis être...

Reviens me voir quand cette cité aura fait de toi un héros.

Ne t'en fais pas j'ai tout mon temps !

Emmenez-le. »

Un claquement de doigts suffit. Les champions saisirent Quatro par les bras, le traînant comme un misérable. Axiome se tourna vers une porte dérobée située au fond de la salle.

« Envoyez-le dans les égouts. Et voyons combien de temps il tiendra dans cet enfer. »

Un rire sinistre accompagna ses paroles alors que Quatro, épuisé et humilié, était emporté hors de la salle du trône.