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Chapter 18 - Le Trône Pestilentiel

L'air derrière la porte était encore plus oppressant que celui de la cour. Quatro fit un pas en avant, son masque inutile tant l'odeur qui l'assaillit était insupportable. Ses genoux fléchirent sous l'effet de cette puanteur inimaginable, un mélange de chair en décomposition, d'excréments et d'humidité rance.

Au centre de la salle trônait Axiome.

Ce qui s'offrait aux yeux de Quatro était une vision cauchemardesque. L'être sur le trône n'avait plus rien d'humain. Un vieillard dégingandé, rachitique, dont le torse gonflé de manière grotesque semblait prêt à éclater. Sa peau grise et parcheminée était tendue sur des os saillants, tandis que des veines noirâtres parcouraient son corps comme des rivières d'infection.

Mais ce n'était pas sa silhouette qui était la plus insoutenable. Autour de son postérieur déformé, des mouches tournaient frénétiquement, s'agglutinant sur la merde séchée qui y était collée. Le bruit incessant de leur bourdonnement résonnait dans la pièce, accompagnant les gémissements des femmes nues qui l'entouraient.

Ces femmes, une vingtaine, se roulaient aux pieds du trône d'émeraude, leurs corps nus frissonnant dans une étrange extase. Elles gémissaient, riaient parfois, sans aucun sens ni contrôle, comme si elles étaient sous l'emprise d'une drogue.

Axiome, le visage dénué d'émotion, sirotait paresseusement du vin dans une coupe d'argent terni. Ses lèvres fines et craquelées tremblaient légèrement à chaque gorgée. Autour de lui, des parfumeurs vêtus de robes noires tournaient en silence, portant de longs encensoirs qui diffusaient des volutes d'un parfum entêtant.

Ils murmuraient des chants dans une langue ancienne, gutturale, presque primitive. Leurs voix graves résonnaient comme une prière blasphématoire, emplissant l'air de mystère et de malaise.

Quatro, figé par cette scène d'horreur, comprit soudain. Toute la puanteur qui imprégnait Etamenki venait de cet être abominable. C'était lui, Axiome, source de cette déchéance absolue. Sa simple présence empoisonnait l'air, rendant les masques inutiles et les corps vulnérables à cette atmosphère délétère.

Malgré le bruit des chants, des mouches, et des gémissements, Axiome ne sembla pas remarquer Quatro.

Le prince, malgré son courage, vacilla légèrement. Il inspira profondément pour se ressaisir, mais regretta aussitôt ce geste. La puanteur fit remonter une nausée brutale.

Il serra les poings. Son regard se fixa sur l'être difforme. Ce monstre devait connaître la vérité. Quatro n'avait plus de doute : c'était ici, au cœur de ce chaos pestilentiel, qu'il trouverait enfin des réponses sur sa sœur.

Il fit un pas en avant.

Le chant des parfumeurs sembla faiblir un instant, comme si la présence du prince troublait ce rituel immuable.

Quatro serra la hallebarde qu'il avait volée, prêt à confronter cette incarnation de la corruption.