Les jours suivants furent un étrange mélange d'habitude et de nouveauté pour Zeeya. Chaque matin, elle traversait les couloirs bondés du lycée, espérant passer inaperçue. Mais, inévitablement, elle croisait le regard de Tony. Chaque fois, il lui lançait un sourire ou un signe de tête, comme s'il cherchait à la rassurer.
Un après-midi, en cours d'histoire, le professeur annonça un projet en binôme.
— Très bien, classe. Je vais attribuer vos partenaires. Pas de changement possible, alors pas de discussions, dit-il fermement.
Zeeya soupira discrètement. Avec sa chance, elle finirait avec quelqu'un de totalement antipathique.
— Tony et… Zeeya, annonça le professeur.
Elle releva la tête, croisant le regard amusé de Tony, déjà tourné vers elle.
— Eh bien, partenaire, dit-il en s'approchant de sa table une fois le cours terminé. Prête à conquérir la Révolution américaine ?
Zeeya haussa les épaules, un sourire timide aux lèvres.
— Si ça implique beaucoup de recherches, pas vraiment.
Tony rit légèrement, posant son sac sur sa table.
— Ne t'inquiète pas, je suis un pro pour faire semblant de travailler. Avec un peu de chance, on aura une bonne note juste en impressionnant le prof.
Elle ne put s'empêcher de rire à son tour.
— Tu sais, ce n'est pas exactement rassurant…
— Détends-toi. On fera ce qu'il faut, promit-il. Disons qu'on commence demain après les cours ?
Elle acquiesça, un peu surprise par sa désinvolture, mais surtout par sa facilité à la mettre à l'aise.
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Le lendemain, Zeeya attendait devant la bibliothèque quand Tony arriva, un grand gobelet de café à la main.
— J'ai pris ça pour toi, dit-il en lui tendant le gobelet. Latte vanille. J'ai deviné que t'étais une fille à latte vanille.
— Tu devines souvent ? répondit-elle en prenant le café, un sourire en coin.
— Tout le temps. Je suis rarement à côté de la plaque, ajouta-t-il avec un clin d'œil.
Ils s'installèrent à une table dans un coin tranquille de la bibliothèque, les livres d'histoire étalés entre eux.
— Alors, tu viens d'où, Zeeya ? demanda Tony en tournant distraitement les pages.
— De San Francisco, répondit-elle en jouant avec le couvercle de son café.
— Ah, la ville des collines. Et t'aimes notre humble petit trou perdu ?
Elle réfléchit un instant avant de répondre.
— Disons que c'est… calme. Différent.
— Ouais, ça, c'est sûr. Ici, le plus grand événement, c'est le festival annuel des citrouilles. Pas exactement palpitant.
Ils éclatèrent de rire, attirant un regard sévère de la bibliothécaire. Zeeya se sentit rougir, mais Tony continua de rire doucement, imperturbable.
— Bon, revenons au projet avant qu'on se fasse virer, dit-elle en feuilletant un livre.
— Si tu insistes, répondit-il en souriant.
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Les heures passèrent rapidement, et Zeeya fut surprise de voir à quel point travailler avec Tony était facile. Il avait une manière naturelle de la faire se sentir à l'aise, même lorsqu'il plaisantait plus qu'il ne travaillait.
En sortant de la bibliothèque, le soleil déclinait, teintant le ciel d'orange et de rose.
— Merci pour aujourd'hui, dit Zeeya en ajustant la lanière de son sac.
— Merci à toi. C'était… sympa, répondit Tony. Et pas seulement parce qu'on a avancé sur le projet.
Zeeya le regarda, un peu surprise par son ton plus sérieux.
— Je suis content que t'aies déménagé ici, ajouta-t-il.
Elle sentit ses joues chauffer, mais avant qu'elle ne puisse répondre, Tony leva la main en signe d'au revoir et s'éloigna.
En le regardant partir, Zeeya sentit un mélange étrange d'excitation et d'appréhension. Peut-être que ce lycée n'était pas seulement supportable. Peut-être qu'il pouvait même devenir spécial