Le pont était devenu silencieux. Les cris de Zeeya
résonnaient encore dans l'air glacé alors que le corps de Tony avait disparu
sous les eaux sombres. Allison, pétrifiée, fixait la scène, incapable de
bouger. Zeeya, elle, s'accroupit au bord du pont, tremblante, les larmes
brouillant sa vision.
– Tony ! Réponds-moi, je t'en supplie ! hurla-t-elle.
Ses mains cherchaient frénétiquement son téléphone. Elle
tremblait tellement qu'elle manqua de le faire tomber à plusieurs reprises
avant de composer le numéro des urgences.
– Urgences, que se passe-t-il ? répondit une voix au bout du
fil.
– Mon... Mon copain ! Il est tombé dans la rivière depuis le
pont ! Il faut de l'aide, vite ! balbutia Zeeya, entre deux sanglots.
Allison, reprenant enfin ses esprits, fit un pas en arrière.
Elle ne voulait pas être là quand les secours arriveraient. Elle savait qu'elle
avait été vue, et la culpabilité commençait à la ronger.
Les secours arrivèrent rapidement, accompagnés de la police.
Les plongeurs fouillaient la rivière, mais à chaque minute qui passait,
l'espoir semblait s'amenuiser. Zeeya, assise sur le sol, les bras autour de ses
genoux, fixait l'eau d'un regard vide.
Un officier s'approcha d'elle.
– Mademoiselle, pouvez-vous nous expliquer ce qui s'est
passé ? demanda-t-il d'une voix calme.
– On... On était au pont. Il plaisantait, et... il a glissé,
répondit-elle, la voix brisée.
– Était-il seul avec vous ? poursuivit l'officier.
– Je... Oui
Quelques heures plus tard, un plongeur sortit de l'eau. Il
secoua tristement la tête en direction de ses collègues.
– Pas encore de corps, dit-il à mi-voix.
Zeeya, malgré la fatigue, se redressa d'un bond.
– Non, continuez à chercher ! Il est peut-être vivant !
s'écria-t-elle.
Un autre plongeur posa une main sur son épaule, essayant de
la calmer.
– Nous faisons tout ce que nous pouvons, mademoiselle, mais
avec le courant de la rivière...
Elle secoua la tête, refusant d'écouter.
C'est à ce moment-là que Mark, son père, arriva en trombe
sur les lieux. Son visage était marqué par l'inquiétude et la panique.
– Zeeya ! Mon Dieu, tu vas bien ? s'écria-t-il en se
précipitant vers elle.
Elle se jeta dans ses bras, éclatant en sanglots.
– Papa, c'est de ma faute... C'est de ma faute,
répétait-elle en boucle.
Mark la serra contre lui, caressant ses cheveux pour la
calmer.
– Ce n'est pas ta faute. C'était un accident, dit-il
doucement.
Allison poussa la porte de sa maison, ses mains tremblantes.
Ses parents, assis au salon, tournèrent leur regard inquiet vers elle.
— Allison, ma chérie, ça va ? lui demanda sa mère en se levant.
Son père, qui lisait le journal, fronça les sourcils.
— Pourquoi tu pleures ?
Elle s'effondra sur le canapé, incapable de retenir ses
sanglots.
— Tony... il... il est tombé du pont...
— Quoi ?! s'écria sa mère, paniquée.
— Mais comment ? demanda son père, alarmé.
Allison secoua la tête.
— Je ne sais pas... C'était un accident... Il... il était
juste là, et puis il est tombé...
Sa mère s'agenouilla devant elle, les larmes aux yeux,
tandis que son père attrapait son téléphone pour appeler quelqu'un.
— Oh, mon Dieu, c'est horrible… pauvre garçon…
Le pont était désormais éclairé par les gyrophares des
voitures de police et des ambulances. Zeeya était toujours là, assise au sol,
en état de choc. Les larmes coulaient silencieusement sur son visage, et elle
fixait le vide, incapable de prononcer un mot.
Soudain, une voiture noire arriva en trombe. Un couple en
descendit précipitamment.
— Tony ! Où est mon fils ?! cria une femme, visiblement
dévastée.
C'était les parents de Tony. Le père, le visage grave,
tenait sa femme par les épaules, essayant de la soutenir alors qu'elle éclatait
en sanglots.
— Madame, monsieur, calmez-vous, intervint un policier. Nous
faisons tout ce que nous pouvons pour le retrouver.
— Comment voulez-vous que je me calme ? hurla la mère de
Tony. C'est mon fils qui est là-dessous ! Faites quelque chose !
Le père de Tony, malgré ses efforts pour garder son calme,
serra les dents et détourna le regard, ses yeux brillants de larmes.
M. Shepard observa les environs, cherchant désespérément des
réponses. Son regard tomba sur Zeeya.
— Vous ! dit-il en avançant vers elle d'un pas déterminé.
Le shérif se plaça rapidement entre eux.
— Monsieur Shepard, je vous demanderais de rester calme.
— Écoutez, elle a déjà tout dit à la police. Laissez-la
reprendre son souffle, intervint le shérif.
Mais M. Shepard perdit patience et fit un pas menaçant vers
Zeeya.
— Vous savez qui je suis ? Votre fille a intérêt à me dire
ce qui s'est passé…
M. Harper, le père de Zeeya, arriva à son tour en courant,
s'interposant instinctivement entre sa fille et M. Shepard.
— Sinon quoi ? lança-t-il, les yeux plissés, défiant
l'homme.
Zeeya, toujours en pleurs, leva enfin la tête et, d'une voix
brisée, supplia :
— Arrêtez, s'il vous plaît... Arrêtez...
Le shérif leva les mains pour calmer tout le monde.
— Écoutez, chacun ici est bouleversé. Nous devons rester
calmes.
M. Harper posa une main ferme sur l'épaule de sa fille.
— Shérif, j'aimerais emmener ma fille à la maison.
Le shérif hésita un instant avant d'acquiescer.
— D'accord. Si nous avons besoin de plus d'informations,
nous passerons.
M. Shepard éclata alors, offusqué :
— Quoi ? Vous la laissez partir ?
— Monsieur, calmez-vous, s'il vous plaît, répéta le shérif,
le ton plus ferme.
— Ne me dites pas de me calmer ! rugit M. Shepard.
Pendant ce temps, la mère de Tony, à genoux sur le pont,
pleurait et murmurait des prières pour que son fils soit retrouvé sain et sauf.
M. Harper, ignorant les protestations de M. Shepard, aida
Zeeya à se relever et l'emmena doucement vers leur voiture.