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Chapter 10 - Des larmes et des chaînes

Le soleil matinal, bien que doux, semblait peser lourd sur

les Harper ce jour-là. Après un trajet tendu depuis la ville voisine où ils

avaient fait leurs courses, ils arrivèrent devant leur maison. Mais à leur

grande surprise, une silhouette familière les attendait devant la porte :

Karen, l'amie avocate de Mark Harper.

 

Karen, toujours élégante et sûre d'elle, leva la main pour

les saluer.

— Bonjour, Mark. Bonjour, Zeeya.

 

Zeeya répondit d'une voix presque imperceptible. Karen

s'approcha et la serra dans ses bras, un geste empreint de chaleur et de

soutien. Mais elle ne put s'empêcher de remarquer à quel point la jeune fille

semblait différente de celle qu'elle connaissait, autrefois si vive et joyeuse.

 

— Accroche-toi, ma belle, murmura Karen avant de la laisser

entrer dans la maison.

 

Mark, à son tour, salua Karen.

— Karen, merci d'être venue.

— Je t'en prie. Maintenant, raconte-moi tout.

 

Avant qu'ils ne puissent commencer à parler, leurs regards

furent attirés par les voisins et passants, dont les yeux curieux et

accusateurs fixaient la scène. Karen plissa les yeux, agacée.

— On rentre, déclara Mark, posant une main sur l'épaule de

Karen.

 

À l'intérieur

 

Une fois dans la maison, Mark monta les affaires de Karen à

l'étage tandis qu'elle rejoignit Zeeya, qui s'était réfugiée dans le salon.

— Ça va, ma belle ? demanda-t-elle en s'asseyant près

d'elle.

 

Zeeya hocha la tête, évitant de croiser son regard.

— Oui, ça va...

 

Karen posa doucement une main sur son bras.

— T'inquiète pas, je suis là, ok ? Je ne laisserai personne

te faire du mal.

 

Pour la première fois, un léger sourire apparut sur le

visage de Zeeya.

— Merci, Karen. Je suis contente que tu sois là.

 

Mark redescendit peu après et rejoignit Karen dans la

cuisine.

— Merci d'être venue, dit-il en commençant à ranger les courses.

 

Karen s'adossa au comptoir, croisant les bras.

— Bon, raconte-moi tout. Qu'est-ce qui se passe exactement ?

 

Mark soupira profondément et commença à expliquer les

événements récents : l'accident, les accusations implicites, les murmures de la

ville, et le comportement des Shepard. Il termina en parlant de leur détour

obligé jusqu'à la ville voisine pour faire des courses, car personne ne voulait

les servir localement.

 

Karen resta silencieuse pendant un instant, digérant les

informations.

— C'est un accident, Mark. S'ils n'ont aucune preuve

concrète, ils n'ont rien contre elle.

— C'est ce que je veux croire, Karen, mais les Shepard sont

influents ici. Tout le monde les craint, et je ne serais pas surpris qu'ils

tentent de monter un dossier de toutes pièces. Et les habitants... Ils nous

haïssent. Tu as vu leurs regards dehors.

 

Karen posa une main rassurante sur son épaule.

— Écoute-moi. Ils ne peuvent pas accuser Zeeya sans preuves.

Et je suis là pour m'assurer qu'ils ne le fassent pas. Je vais tout régler.

 

Elle se redressa et étira ses bras.

— Mais pour l'instant, j'ai besoin d'une douche et d'un bon

petit-déjeuner. Ensuite, j'irai au poste voir ce qu'ils ont réellement contre

Zeeya.

 

Elle se tourna vers la jeune fille dans le salon, retrouvant

son ton rassurant.

— Zeeya, prépare-moi ton meilleur petit-déjeuner, d'accord ?

Je veux voir si tu es toujours la reine des pancakes.

 

Zeeya hocha la tête, une étincelle de motivation dans les

yeux, et se leva pour se diriger vers la cuisine. Mark observa la scène,

silencieux mais reconnaissant pour le soutien de Karen.

 

Le jour de l'enterrement de Tony était sombre et lourd. Le

ciel était couvert de nuages gris, comme si même la nature partageait la peine

de cette petite ville. À l'église, les bancs étaient remplis de visages tristes

et abattus. La famille Shepard, vêtue de noir, se tenait au premier rang. Mme

Shepard était inconsolable, son visage caché derrière un voile de dentelle

noire, tandis que M. Shepard gardait une façade stoïque, bien qu'on puisse voir

son poing trembler légèrement sous l'émotion.

 

Le révérend, un vieil homme aux cheveux blancs, se tenait

devant le cercueil en acajou verni, décoré de fleurs blanches et de photos de

Tony. Il commença par une prière, demandant aux personnes présentes de trouver

la paix dans leur douleur et de se souvenir de Tony comme de l'âme joyeuse

qu'il était.

 

Les Témoignages

 

Après la prière, M. Shepard prit la parole, se tenant près

du cercueil.

— Tony était notre fils unique, notre lumière dans

l'obscurité, commença-t-il, sa voix ferme malgré l'émotion. Il avait un sourire

qui pouvait illuminer n'importe quelle pièce et un cœur plus grand que ce

monde. Chaque parent espère voir son enfant grandir, accomplir des choses

extraordinaires, fonder une famille. Ce futur nous a été arraché, mais Tony

vivra toujours dans nos cœurs.

 

Sa voix se brisa légèrement, et il retourna s'asseoir à côté

de son épouse, qui sanglotait doucement.

 

Ensuite, Chad, le meilleur ami de Tony, monta sur l'estrade.

Il tenait une feuille dans ses mains, mais ne s'en servit pas.

— Tony était plus qu'un ami, il était un frère, dit-il, les

yeux humides. Il était celui qui vous faisait rire quand tout allait mal, celui

qui croyait en vous même quand vous n'y croyiez pas vous-même. J'ai encore du

mal à croire qu'il est parti. Mais je promets de faire tout mon possible pour

honorer sa mémoire.

 

Les mots de Chad furent suivis par ceux de Mme Shepard, qui

trouva la force de se lever pour parler. Sa voix tremblait, mais elle voulait

partager un souvenir heureux.

— Je me souviens de la première fois que Tony a essayé de

cuisiner. Il avait huit ans et voulait nous préparer un petit-déjeuner au lit.

Ce qu'il ne savait pas, c'est que brûler des œufs et du bacon pouvait remplir

toute la maison de fumée !

 

Un léger rire nerveux parcourut l'assemblée, mais il fut

rapidement remplacé par des sanglots.

 

La Procession

 

Après les discours, le cercueil fut transporté hors de

l'église. Un cortège suivit jusqu'au cimetière, où un grand arbre centenaire se

dressait à proximité de la tombe fraîchement creusée.

 

Les proches et amis de la famille se regroupèrent autour de

la tombe. Une brise froide balaya le cimetière tandis que le révérend récitait

des versets bibliques.

 

Le Dernier Adieu

 

Mme Shepard fut la première à s'approcher du cercueil, une

rose blanche à la main. Elle murmura quelque chose d'inaudible avant de poser

la fleur sur le bois verni. M. Shepard suivit, accompagné de Chad et d'Allison,

qui semblait mal à l'aise mais fit un effort pour montrer sa douleur.

 

Chad s'accroupit près du cercueil et chuchota :

— Je te retrouverai là-haut, frère.

 

Les autres invités suivirent, déposant des fleurs ou des

objets symboliques. Une de leurs tantes déposa une vieille médaille de la

famille, un cousin la guitare miniature que Tony adorait.

 

Un Silence Chargé

 

Alors que tout le monde s'éloignait lentement, les Shepard

restèrent près de la tombe, regardant le cercueil être descendu dans le sol. Le

bruit sourd de la terre recouvrant le bois résonna comme une note finale.

 

Le silence qui suivit était si profond qu'il en devenait

presque insupportable. Mais il était aussi empreint d'un respect et d'une

reconnaissance pour la vie de Tony, qui, bien que trop courte, avait touché

tant de gens.

 

L'enterrement se termina, laissant les Shepard seuls devant

la tombe de leur fils.

 

La Réception Après l'Enterrement

 

La maison des Shepard débordait d'invités venus offrir leur

soutien après l'enterrement. Des conversations feutrées se mêlaient aux sons

des couverts et des verres qui tintaient légèrement. La famille Shepard avait

aménagé leur grand salon en un espace chaleureux, bien que l'atmosphère soit

alourdie par la tristesse.

 

Chad discutait à voix basse avec un cousin éloigné de Tony,

partageant des souvenirs de leur ami commun. Plus loin, Mme Hannigan parlait

avec Mme Shepard, lui assurant qu'elle resterait à leurs côtés dans cette

épreuve.

 

Allison, assise dans un coin de la pièce, ne parlait presque

à personne. Elle serrait un verre entre ses mains tremblantes, fixant un point

invisible dans la pièce. Son visage était crispé, et ses yeux semblaient sur le

point de déborder de larmes qu'elle refusait de laisser couler.

 

Le shérif, invité par courtoisie mais aussi par stratégie,

se tenait près de M. Shepard. Les deux hommes échangeaient des regards

entendus, observant les interactions autour d'eux.

 

L'Explosion d'Allison

 

Après une heure passée dans cet environnement étouffant,

Allison se leva brusquement. Sa chaise racla le sol, attirant l'attention de

plusieurs invités. Elle marchait nerveusement dans la pièce, comme si elle

essayait de contenir quelque chose. Puis, soudain, elle éclata.

 

— "C'est sa faute !" hurla-t-elle, brisant le

calme de la réception.

 

Les conversations s'arrêtèrent net. Tous les regards se

tournèrent vers elle.

 

— "C'est ZEEYA qui l'a poussé ! Je l'ai vue ! Elle l'a

tué, Tony serait encore là si elle n'était pas venue dans nos vies !"

 

Mme Hannigan se leva précipitamment pour essayer de la

calmer.

 

— "Allison, chérie, assieds-toi, tu es

bouleversée."

 

Mais Allison repoussa sa mère d'un geste brusque.

 

— "Non ! Vous ne comprenez pas ! Je l'ai vue, là, sur

le pont, elle était avec lui et… et…"

 

Elle éclata en sanglots, incapable de finir sa phrase.

 

L'Intervention de M. Hannigan

 

M. Hannigan, le maire, s'avança vers sa fille, inquiet mais

aussi conscient de l'impact de ses paroles.

 

— "Allison, écoute-moi. Ce que tu dis est très grave.

Tu dois réfléchir avant de parler. Es-tu sûre de ce que tu affirmes ?"

 

Allison, les yeux remplis de larmes et de colère, hocha la

tête frénétiquement.

 

— "Oui, papa ! Je suis sûre ! Je l'ai vue, je te dis

!"

 

M. Shepard échangea un regard avec le shérif, un sourire

discret apparaissant sur ses lèvres. Il avait maintenant ce qu'il voulait : une

"preuve" sur laquelle s'appuyer.

 

— "Vous avez entendu ça ?" dit-il, se tournant

vers le shérif. "Elle l'a vue. Ça suffit, il est temps d'agir."

 

La Décision du Shérif

 

Le shérif, qui jusque-là était resté en retrait, s'avança

lentement.

 

— "Allison, es-tu prête à répéter cela officiellement ?

À faire une déposition ?"

 

Allison hocha la tête, les épaules tremblantes.

 

— "Oui."

 

Le shérif soupira et se tourna vers M. Shepard.

 

— "Très bien, je vais procéder."

 

Un murmure parcourut l'assemblée. Plusieurs invités

échangeaient des regards incrédules, mais personne n'osait intervenir.

 

Un Après-Midi Chez les Harper

 

Le soleil dardait à travers les fenêtres de la maison des

Harper, projetant une lumière douce et calme sur le salon. Karen était revenue

du poste de police un peu plus tôt, et l'atmosphère était plus détendue que ces

derniers jours. Zeeya était assise sur le canapé, les jambes repliées sous

elle, feuilletant distraitement un livre, tandis que M. Harper faisait du café

dans la cuisine.

 

Karen s'installa dans un fauteuil face à Zeeya, un sourire

rassurant sur le visage.

 

— "Bon, j'ai des nouvelles."

 

Zeeya leva les yeux, un peu inquiète, mais Karen se pencha

en avant pour poser une main apaisante sur la sienne.

 

— "Rien de grave, ma belle. Je suis allée au poste

comme prévu, et devine quoi ? Ils n'ont absolument rien de concret contre

toi."

 

M. Harper, revenant avec trois tasses de café, s'arrêta net.

 

— "C'est vrai ?" demanda-t-il, à moitié surpris, à

moitié soulagé.

 

Karen hocha la tête avec assurance.

 

— "Oui. Tout ce qu'ils ont, ce sont des rumeurs et des

spéculations. Même l'accusation d'Allison, aussi émotive et théâtrale

soit-elle, ne suffit pas pour monter un dossier solide. Ils savent que ce

serait risqué de s'appuyer là-dessus sans preuves tangibles."

 

Zeeya, qui n'avait pas dit un mot jusque-là, laissa échapper

un petit soupir.

 

— "Mais… tout le monde me regarde comme si j'étais

coupable," murmura-t-elle.

 

Karen la regarda avec tendresse et se redressa dans son

fauteuil.

 

— "Écoute-moi, Zeeya. Les gens parlent toujours,

surtout quand ils ont besoin d'un bouc émissaire. Mais la vérité finit toujours

par éclater. Et tant que je serai là, je ne laisserai personne te faire du

tort. C'est compris ?"

 

Zeeya hocha la tête timidement, un léger sourire commençant

à se dessiner sur ses lèvres.

 

Un Instant de Répit

 

M. Harper posa les tasses sur la table basse et s'assit à

côté de sa fille.

 

— "Karen a raison. On va s'en sortir. Ensemble."

 

Karen, voyant l'occasion de détendre encore un peu

l'atmosphère, se leva d'un bond.

 

— "Et pour célébrer cette victoire — petite mais

importante — je propose de cuisiner quelque chose. Zeeya, tu es partante pour

m'aider ?"

 

Zeeya haussa un sourcil, légèrement amusée.

 

— "Tu es sûre de vouloir de l'aide ? Je ne suis pas la

meilleure en cuisine."

 

Karen fit mine de réfléchir, puis sourit malicieusement.

 

— "Eh bien, considère ça comme un défi. On va voir si

tu peux faire la meilleure salade de fruits de tout Brookhaven."

 

Zeeya roula des yeux, mais cette fois, son sourire était

sincère.

 

— "D'accord, je vais essayer."

 

Une Éclaircie

 

Alors que Karen et Zeeya s'activaient dans la cuisine, riant

parfois des maladresses de l'une ou des blagues de l'autre, M. Harper les

observait depuis la table du salon. Pour la première fois depuis ce qui

semblait être une éternité, il sentit une lueur d'espoir illuminer leur foyer.

 

C'était un petit moment de répit, une parenthèse dans leur

tourment, mais il comptait bien s'y accrocher autant qu'il le pouvait.

 

Une Fin Brutale

 

La lumière douce de l'après-midi glissait sur la maison des

Harper quand des coups fermes et insistants à la porte brisèrent la quiétude

nouvellement retrouvée. Mark Harper échangea un regard inquiet avec Karen, dont

le visage s'assombrit instantanément.

 

— "Restez ici," dit Mark d'une voix tendue avant

de se diriger vers la porte.

 

Karen se leva précipitamment, jetant un œil à Zeeya qui

semblait figée, sa tasse de thé tremblant légèrement entre ses doigts.

 

Mark ouvrit la porte pour se retrouver face au shérif,

accompagné de deux officiers. L'un d'eux tenait un mandat, et leur présence

imposante laissait présager le pire.

 

— "Mark Harper ?" demanda le shérif avec un ton

professionnel mais chargé.

 

— "Oui. Qu'est-ce que vous voulez ?!" répondit-il,

son ton oscillant entre colère et panique.

 

Le shérif inspira profondément.

 

— "Nous avons un mandat d'arrêt contre votre fille,

Zeeya Harper, pour suspicion d'homicide volontaire."

 

Mark sentit son souffle se couper.

 

— "Vous plaisantez ? Vous n'avez rien contre elle

!"

 

Karen, qui venait d'arriver à ses côtés, intervint

rapidement :

 

— "Shérif, je suis son avocate. Vous savez pertinemment

que vous n'avez aucune preuve tangible pour justifier une arrestation."

 

Le shérif évita son regard.

 

— "Nous avons maintenant un témoin qui affirme avoir vu

ce qui s'est passé. Je suis désolé, mais je dois faire mon travail."

 

— "Un témoin ? Quel témoin ?" demanda Mark, la

voix tremblante de rage.

 

Le shérif ne répondit pas, préférant se tourner vers ses

officiers.

 

— "Procédez."

 

Les deux agents entrèrent dans la maison, se dirigeant vers

Zeeya. Karen essaya de garder son calme, mais son poing se serrait derrière son

dos.

 

Zeeya recula instinctivement en voyant les menottes.

 

— "Non ! Papa ! Karen ! Ne les laissez pas m'emmener,

je vous en supplie !" cria-t-elle, ses larmes débordant.

 

Mark s'interposa, une main tendue pour arrêter les

officiers.

 

— "Vous ne toucherez pas à ma fille sans explications

claires. Qui est ce soi-disant témoin ?!"

 

Karen posa une main ferme sur le bras de Mark.

 

— "Mark, ne complique pas les choses. On va se battre

légalement. Ne leur donne pas une excuse pour te mettre à terre aussi."

 

Mark, le visage déformé par la douleur et l'impuissance,

recula à contrecœur.

 

Zeeya, en pleurs, lança un dernier regard désespéré à son

père et Karen alors que les officiers lui passaient les menottes.

 

— "Papa, Karen… s'il vous plaît, ne les laissez pas

m'emmener."

 

— "On est là, ma chérie," murmura Mark, la gorge

serrée. "Je te le promets."

 

Une Réalisation Déchirante

 

Alors qu'ils la faisaient sortir de la maison, la petite

foule de voisins s'était déjà rassemblée. Au milieu de ce rassemblement, les

Shepard étaient là, les visages graves, mais leurs yeux trahissaient une

satisfaction à peine voilée.

 

Zeeya, secouée par des sanglots, balaya la foule du regard.

C'est alors qu'elle aperçut Allison, debout aux côtés de son frère Chad.

 

— "Allison !" cria-t-elle, sa voix chargée de

désespoir. "Tu as tout vu ! Tu sais que je n'ai rien fait ! Dis-leur la

vérité ! Dis-leur ce qui s'est passé !"

 

Allison détourna les yeux, mais pas avant que Zeeya ne

croise son regard. C'était un regard froid, calculateur… et triomphant.

 

Zeeya sentit son estomac se nouer, et une horreur glacée

s'empara d'elle.

 

— "C'est toi," murmura-t-elle. "C'est toi qui

les as appelés…"

 

Allison esquissa un sourire imperceptible, un sourire qui

narguait Zeeya depuis l'autre côté de la foule.

 

Mark, resté sur le perron, serra les poings si fort que ses

jointures blanchirent.

 

— "Karen, elle ment. Cette gamine est en train de

détruire ma fille pour apaiser sa culpabilité ou je ne sais quoi."

 

Karen, les yeux fixés sur Allison, hocha lentement la tête.

 

— "Je le sais, Mark. Mais ça ne change rien pour

l'instant. Laisse-moi m'en occuper."

 

Alors que la voiture de police démarrait, emportant Zeeya,

Karen murmura à Mark :

 

— "Ils ont une fausse victoire. Ce n'est pas

fini."

 

Mais pour Mark, les pleurs étouffés de sa fille résonnaient

comme une condamnation.

 

Allison, de son côté, se contenta de tourner les talons, ses

parents la félicitant discrètement pour son courage supposé. Ce sourire mesquin

qu'elle portait resta gravé dans l'esprit de Zeeya tandis que la voiture

s'éloignait, comme un poison s'infiltrant dans ses pensées.

 

La bataille venait de commencer.

 

Fin de l'acte 2