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Chapter 7 - Les Ombres de la Vérité

Zeeya se débattait dans son sommeil, en proie à un

cauchemar. Dans son rêve, les cris résonnaient, le bruit du pont semblait

l'entourer, et elle voyait Tony tomber encore et encore. Elle se réveilla en

sursaut, en poussant un cri :

 

— Tony, non !

 

En sueurs, elle se redressa brusquement, les larmes coulant

déjà sur ses joues. La porte s'ouvrit rapidement, et son père entra dans la

chambre, le visage marqué par l'inquiétude.

 

— Zeeya, ma chérie, qu'est-ce qu'il y a ?

 

Elle leva des yeux rouges vers lui, avant de détourner le

regard. Tout lui revint à l'esprit. Ce n'était pas un rêve. C'était bien réel.

Tony était tombé, et il n'était toujours pas retrouvé.

 

Son père s'assit à côté d'elle sur le lit et la prit

doucement dans ses bras.

 

— Je suis là, ça va aller, murmura-t-il en la berçant

légèrement.

 

Zeeya se laissa aller contre lui, mais les larmes ne

s'arrêtaient pas.

 

 

 

Pendant ce temps, la ville tout entière semblait s'être

réveillée sous un nuage de tristesse. Les recherches continuaient, mais chaque

heure qui passait faisait grandir le désespoir. Au bord du pont, M. et Mme

Shepard observaient les plongeurs s'activer dans l'eau glacée.

 

— Shérif, vous ne l'avez toujours pas retrouvé ? demanda M.

Shepard d'un ton sec, la mâchoire crispée.

 

Le shérif, visiblement épuisé, secoua la tête.

 

— Non, monsieur. Il faut dire que notre effectif est limité,

et… avec les courants, son corps pourrait être emporté n'importe où.

 

Mme Shepard, les larmes aux yeux, explosa de colère.

 

— Comment osez-vous dire une chose pareille ? Mon fils est

vivant, vous entendez ? Vivant !

 

Le shérif se redressa, visiblement mal à l'aise.

 

— Mes excuses, madame. Nous faisons tout notre possible.

Nous allons le retrouver.

 

Un instant plus tard, des habitants commencèrent à affluer

sur les lieux. Beaucoup avaient appris la nouvelle et venaient se porter

volontaires pour aider dans les recherches.

 

— M. et Mme Shepard, nous sommes vraiment désolés pour ce

qui est arrivé. Tony est un garçon formidable. Nous ferons tout pour vous aider

à le retrouver, dit une femme parmi le groupe.

 

M. Shepard inclina légèrement la tête, ému malgré sa

douleur.

 

— Merci… Merci pour votre aide.

 

 

 

De son côté, Allison était enfermée dans sa chambre,

allongée sur son lit. Elle fixait la fenêtre d'un air absent, les rideaux

légèrement tirés pour empêcher la lumière d'entrer. Son père entra

soudainement, l'air préoccupé.

 

— Ma chérie, ça va ?

 

Aucune réponse ne vint. Allison ne bougea même pas.

 

— Moi et ta mère, on va aider pour les recherches. Et

présenter nos condoléances aux Shepard. Tu ne veux pas venir ?

 

Allison tourna à peine la tête, avant de murmurer d'une voix

lasse :

 

— Oh, papa, on sait tous pourquoi le maire y va. Ce n'est

pas pour aider. C'est pour les caméras, pour s'assurer que les Shepard le

soutiendront aux prochaines élections.

 

Son père fronça les sourcils, surpris par sa remarque.

 

— Je vais mettre ça sur le compte de ta tristesse… J'y vais,

conclut-il avant de sortir de la pièce.

 

Allison détourna les yeux, fixant à nouveau la fenêtre, seule

avec ses pensées.

 

Peu après, Chloe arriva chez les Harper. Elle frappa

doucement à la porte de Zeeya avant d'entrer.

 

— Hey… Je sais ce qui s'est passé. Comment tu vas ?

demanda-t-elle doucement en s'asseyant sur le bord du lit.

 

Zeeya détourna les yeux, murmurant :

 

— Je ne sais pas…

 

M. Harper apparut dans l'encadrement de la porte.

 

— Chloe, tu es là. Je dois aller régler quelque chose au

travail. Est-ce que tu peux rester avec elle jusqu'à mon retour ?

 

— Bien sûr, monsieur Harper.

 

Il hocha la tête, un regard inquiet vers sa fille, avant de

partir. Chloe s'approcha un peu plus.

 

— Zeeya, je suis là pour toi. Tu veux bien me dire ce qui

s'est passé ?

 

Zeeya resta silencieuse un moment, avant de se redresser

légèrement, ses épaules tremblantes.

 

— C'était un piège… murmura-t-elle.

 

— Un piège ? Qu'est-ce que tu veux dire ?

 

Zeeya inspira profondément avant de tout raconter. La soirée

avec Tony. L'intervention d'Allison. Le pont. Les cris. La chute. Les larmes

roulaient sur ses joues à mesure qu'elle parlait, et sa voix se brisait. Quand

elle termina, elle éclata en sanglots incontrôlables.

 

Chloe la prit immédiatement dans ses bras, essayant de la

calmer.

 

— C'est pas ta faute, Zeeya… C'est pas ta faute…

 

Mais rien ne semblait apaiser la douleur de son amie.

 

Alors que les recherches battaient leur plein, un homme en

sueur arriva en courant vers le groupe rassemblé près du pont. Il s'agissait

d'un des volontaires, visiblement essoufflé, mais son expression montrait qu'il

avait quelque chose d'important à dire.

 

— Monsieur le shérif ! cria-t-il.

 

Le shérif se tourna vers lui, accompagné de M. et Mme

Shepard, qui semblaient suspendus à ses lèvres.

 

— Qu'est-ce qu'il y a ? demanda le shérif.

 

— J'ai trouvé quelque chose… dans le ravin, là-bas, fit-il

en pointant une direction en contrebas. Mais c'est difficile d'y accéder seul.

J'aurai besoin d'aide pour descendre.

 

Mme Shepard, le visage blême, agrippa immédiatement le bras

de son mari.

 

— Richard… Tu crois que… ?

 

Les mots semblaient se coincer dans sa gorge. Elle était à

la fois emplie d'espoir et terrifiée par ce qu'ils pourraient découvrir.

 

— On y va tout de suite, dit M. Shepard d'une voix grave.

 

Le shérif hocha la tête et fit signe à quelques hommes de le

suivre.

 

— Rassemblez les cordes et le matériel d'escalade. On

descend vérifier.

 

Mme Shepard, incapable de rester immobile, se précipita vers

le ravin, mais M. Shepard la retint doucement.

 

— Katherine, attends ici. C'est plus sûr.

 

— Non ! Je veux savoir ! Je dois savoir ! protesta-t-elle,

les larmes coulant de ses yeux rougis.

 

— Katherine… fit-il doucement, en posant ses mains sur ses

épaules. Fais-moi confiance, je vais voir.

 

Le shérif et quelques volontaires s'approchaient déjà du

bord, prêts à descendre. Les Shepard restèrent à quelques mètres, figés dans

l'attente, les mains tremblantes.

 

Mme Shepard se mit à murmurer une prière, son visage tourné

vers le sol, tandis que M. Shepard fixait le ravin avec une intensité presque

douloureuse. L'air semblait lourd, chaque seconde s'étirant comme une éternité.

 

Chloé était assise dans le salon, son téléphone en main,

rafraîchissant frénétiquement les actualités locales. Son visage était crispé,

mélange d'espoir et d'appréhension. Soudain, une notification apparut en haut

de l'écran. Elle cliqua dessus immédiatement.

 

Une présentatrice au visage grave parlait d'un ton solennel

:

 

— Nous venons de recevoir une mise à jour sur les recherches

en cours concernant Tony Shepard. Une équipe de volontaires aurait retrouvé

quelque chose dans un ravin, mais pour l'instant, nous n'avons aucune

confirmation sur ce que c'est.

 

Chloé releva les yeux, le souffle coupé. Elle se précipita

vers la chambre de Zeeya.

 

— Zeeya ! appela-t-elle en entrant.

 

Zeeya, allongée sur son lit, tourna lentement la tête vers

son amie, le regard vide et fatigué.

 

— Qu'est-ce qu'il y a ? murmura-t-elle.

 

— Ils ont trouvé quelque chose, dit Chloé, encore

essoufflée. Dans un ravin… mais ils ne savent pas encore ce que c'est.

 

Zeeya se redressa brusquement, son cœur battant à tout

rompre.

 

— Où ça ? demanda-t-elle, ses yeux soudain emplis d'une

énergie nouvelle.

 

— Je ne sais pas exactement, mais c'est près du pont. Zeeya,

tu veux vraiment y aller ?

 

Zeeya se leva et attrapa une veste, ses mains tremblantes.

 

— Oui. Je dois savoir.

 

Chloé hésita un instant, cherchant les bons mots.

 

— Zeeya… tu es sûre ? Ça pourrait être…

 

Zeeya la coupa, la voix tremblante mais résolue :

 

— Peu importe ce que c'est. Je dois y aller.

 

Chloé hocha la tête, comprenant qu'il n'y avait pas moyen de

la dissuader.

 

— Très bien. Je viens avec toi, alors.

 

Les deux filles sortirent de la maison, se dirigeant à

grands pas vers l'endroit où tout le monde semblait se réunir. Le ciel gris et

menaçant reflétait parfaitement le poids qui pesait sur leurs épaules.

 

 

Alors que les recherches se poursuivaient autour du pont, la

voiture des parents d'Allison arriva sur les lieux. M. et Mme Hannigan,les

parent de Allisson descendirent et se dirigèrent vers les Shepard.

 

— Mr Shepard, Mme Shepard… nous sommes venus vous présenter

nos condoléances et vous apporter notre soutien, dit Mme Harper avec une voix

empreinte de compassion.

 

— Merci, répondit Mr Shepard d'un ton sec, le regard fixé

sur le ravin.

 

— Y a-t-il du nouveau ? demanda M. Harper en regardant

autour de lui.

 

Mme Shepard, les larmes aux yeux, se tourna vers eux.

 

— Ils ont trouvé quelque chose dans le ravin. Les secours

sont descendus, mais nous n'avons pas encore de confirmation…

 

À cet instant, Zeeya et Chloé arrivèrent sur la scène,

essoufflées mais déterminées. Elles se frayèrent un chemin dans la foule, leur

présence attirant quelques regards curieux. Non loin de là, Chad, le meilleur

ami de Tony, s'approcha également, les mains tremblantes.

 

L'atmosphère était lourde, presque suffocante. Tous les

regards étaient rivés sur le bord du ravin. Les minutes s'étiraient, chaque

seconde amplifiant l'angoisse collective.

 

Puis, enfin, un homme en uniforme de secours remonta, le

visage marqué par la gravité de ce qu'il venait de voir. Il s'approcha

lentement des Shepard, retirant son casque.

 

— Mr et Mme Shepard… je suis désolé, mais… le petit n'a pas

survécu.

 

Un silence assourdissant s'abattit sur la scène. Mme Shepard

s'effondra, poussant un cri de douleur déchirant.

 

— Non… pas mon fils… pas mon Tony ! hurla-t-elle en larmes.

 

Zeeya, paralysée par la nouvelle, sentit ses jambes céder

sous elle. Elle tomba à genoux, les larmes coulant abondamment sur son visage.

Chloé tenta de la soutenir, mais elle était elle-même submergée par l'émotion.

 

Les secours remontèrent ensuite le corps de Tony, enveloppé

dans une couverture. Mme Shepard se précipita vers lui, s'agenouillant

au-dessus du corps sans vie de son fils.

 

— Mon bébé… pourquoi ? Pourquoi toi ? sanglotait-elle en le

serrant dans ses bras.

 

Puis, ses yeux rougis par les larmes se posèrent sur Zeeya,

qui restait à genoux à quelques mètres.

 

— C'est de ta faute… tout est de ta faute ! hurla-t-elle

avec une rage dévastatrice.

 

Les murmures dans la foule s'intensifièrent. Tous les

regards se tournèrent vers Zeeya, qui sentit son souffle devenir court. Les

mots de Mme Shepard résonnaient dans sa tête comme des coups de tonnerre.

 

— Non… ce n'est pas… je… tenta-t-elle de répondre, mais sa

voix était étranglée.

 

Elle sentit son cœur battre à tout rompre, son champ de

vision se rétrécir. La panique l'envahit, et avant que quiconque ne puisse

réagir, Zeeya s'effondra, perdant connaissance.