Zeeya observait les bâtiments défiler à travers la fenêtre de la voiture. Chaque maison, chaque arbre qui bordait les rues lui semblait étranger. Rien ici ne ressemblait à la ville animée qu'elle avait laissée derrière elle. Elle poussa un soupir discret, essayant de ne pas montrer son agacement à son père, qui conduisait silencieusement.
— Je sais que ce n'est pas ce que tu voulais, Zeeya, mais ça sera bien, tu verras, dit-il d'un ton qui se voulait rassurant.
— Bien sûr, papa. Parce que vivre dans une ville où je ne connais personne, c'est exactement ce dont je rêvais, répondit-elle, son ton empreint d'ironie.
Il lui lança un regard en coin, mais ne répondit rien. Zeeya se cala un peu plus contre la portière, croisant les bras. C'était inutile de discuter. Le travail de son père avait toujours eu le dernier mot.
---
Le lendemain matin, Zeeya se tenait devant l'entrée de son nouveau lycée. Les bâtiments en briques rouges et le grand terrain de sport semblaient tirés d'un film américain. Elle tira nerveusement sur les manches de son pull.
— Bon… courage, murmura-t-elle pour elle-même avant de pousser la porte.
Les couloirs grouillaient de monde. Des élèves riaient, parlaient, et se bousculaient sans même la remarquer. Elle marchait tête baissée, évitant les regards, jusqu'à ce qu'elle atteigne son casier. Une fille blonde à l'allure confiante s'arrêta près d'elle.
— Nouvelle ? demanda-t-elle, un sourire amusé aux lèvres.
Zeeya releva timidement la tête.
— Oui, je suis arrivée hier, répondit-elle.
— Bienvenue à l'ennui-ville, dit la fille en levant les yeux au ciel. Je suis Chloe. Et toi ?
— Zeeya.
Chloe fit un signe de tête approbateur, comme si elle évaluait rapidement sa nouvelle camarade.
— Eh bien, Zeeya, si tu cherches des ennuis, évite Allison. Elle adore terroriser les nouvelles, ajouta-t-elle en riant. Mais si tu veux survivre, colle-toi à moi.
Zeeya esquissa un sourire hésitant.
---
En cours d'histoire, Zeeya s'installa au fond de la salle, espérant se faire discrète. Le professeur commença rapidement son cours sur la Révolution américaine, mais elle n'écoutait qu'à moitié. Elle remarqua un garçon assis deux rangs devant elle, qui tournait la tête vers elle de temps en temps.
Lorsqu'il croisa son regard, il lui adressa un sourire amusé. Sur le coup, Zeeya détourna les yeux, gênée.
Après le cours, alors qu'elle rangeait ses affaires, le garçon s'approcha d'elle.
— Toi, t'es nouvelle, non ? lança-t-il en se penchant légèrement sur sa table.
— Euh… oui, répondit-elle en relevant timidement les yeux vers lui.
— Cool. Moi, c'est Tony. Bienvenue dans la ville la plus soporifique de la planète.
Zeeya haussa un sourcil, surprise par son ton léger.
— Merci… je crois ?
— Pas de souci. Si t'as besoin d'un guide touristique, je suis ton homme, ajouta-t-il en lui lançant un clin d'œil avant de partir.
Elle le regarda s'éloigner, un mélange de perplexité et d'amusement sur le visage. Peut-être que ce lycée ne serait pas si mal après tout