Chereads / L’Emprise du Roi de la Mafia / Chapter 18 - Chapitre 18 : Entre les Ombres

Chapter 18 - Chapitre 18 : Entre les Ombres

Mon esprit était embrouillé lorsque je repris conscience. Tout d'abord, ce fut une odeur âcre, de poussière et d'humidité, qui m'assaillit. Puis la froideur du sol contre ma joue. Je clignai des yeux, mais il me fallut quelques secondes pour distinguer les contours flous de la pièce dans laquelle je me trouvais.

Des murs gris, nus, et une faible lumière provenant d'une ampoule vacillante au plafond. Mes poignets étaient attachés dans mon dos, et mes chevilles liées. Je tentai de bouger, mais une douleur aiguë au niveau de mes poignets m'arracha un gémissement.

« Enfin réveillée. »

Cette voix… Je la connaissais. Je me redressai tant bien que mal et vis Luca, assis sur une vieille chaise métallique près de la porte. Son visage, d'habitude chaleureux, était marqué par une expression d'une tristesse écrasante.

« Luca ? » Ma voix était rauque, comme si j'avais crié pendant des heures. « Pourquoi… pourquoi fais-tu ça ? »

Il évita mon regard, fixant un point invisible sur le mur opposé.

« Je suis désolé, madame Valenti. »

« Désolé ? » Je luttai pour garder mon calme, mais la peur dans ma voix était indéniable. « Tu m'as droguée. Tu m'as attachée. Et tu oses dire que tu es désolé ? »

Il serra les mâchoires, ses poings crispés sur ses genoux.

« Je n'avais pas le choix, » murmura-t-il, presque inaudible.

« Pas le choix ? » crachai-je, le ton de ma voix montant malgré moi. « Tu m'as arrachée de chez moi, de mon mari ! Qui sont ces gens ? Où suis-je ? »

Il secoua la tête, son regard fuyant le mien.

« Parle, Luca ! » lançai-je, le désespoir remplaçant la colère.

Ses yeux se levèrent enfin vers moi, brillants d'une lueur de regret profond. « Je ne peux pas… Ils m'ont piégé. Ils m'ont menacé… »

« Tu m'as livrée ? À qui ? Pourquoi ? »

Il détourna le regard une fois de plus, et le silence qu'il laissa en réponse me glaça. Je compris alors que, peu importe ses excuses, j'étais entre les mains de gens bien plus dangereux.

Avant que je ne puisse le questionner davantage, la porte s'ouvrit brusquement. Deux hommes entrèrent, leurs visages durs et leurs vêtements sombres contrastant avec l'apparence habituellement soignée des employés d'Alessandro.

« Elle est réveillée, » dit l'un d'eux en jetant un regard rapide dans ma direction.

« Parfait, » répondit l'autre en se tournant vers Luca. « Tu peux partir. T'as fait ta part. »

Luca hésita, puis se leva lentement. Il me lança un dernier regard, chargé de culpabilité.

« Je suis désolé, » murmura-t-il à nouveau avant de quitter la pièce.

Une fois la porte refermée derrière lui, je me retrouvai seule avec les deux hommes. Ils échangèrent quelques mots entre eux, puis l'un d'eux s'approcha de moi, un sourire cruel sur les lèvres.

« Alors, c'est toi, la fameuse madame Valenti. »

Je gardai le silence, refusant de leur donner la satisfaction de ma peur.

« T'as l'air plus fragile que ce que je pensais, » continua-t-il en se penchant légèrement vers moi. « Mais fragile ou pas, tu vaux une belle somme. »

Je fronçai les sourcils, mon cœur battant à tout rompre. « Qu'est-ce que vous voulez ? »

L'homme rit, un son froid et dénué d'humanité.

« Ce n'est pas moi qui décide, princesse. Moi, je fais juste en sorte que tu sois prête pour la vente. »

« La vente ? » répétai-je, incrédule.

Son sourire s'élargit. « Tu crois quoi ? Que ton précieux mari viendra te sauver ? Peut-être. Mais en attendant, il y a des gens très intéressés par… disons… les femmes comme toi. Et toi, t'as l'air de valoir une petite fortune. »

Je sentis la bile monter dans ma gorge. « Vous êtes malade. Alessandro vous trouvera. »

Il haussa les épaules, visiblement indifférent. « Peut-être. Mais d'ici là, tu seras déjà loin, madame Valenti. »

Il se redressa et fit signe à son complice. « Garde un œil sur elle. On bouge bientôt. »

Ils sortirent, me laissant seule dans cette pièce sombre et froide.

Je fermai les yeux un instant, essayant de rassembler mes pensées. Mon ventre bougea légèrement, et je posai une main tremblante dessus.

« Tiens bon, mon bébé» murmurai-je. « Je ne laisserai rien t'arriver. »

Je ne savais pas comment, mais je devais trouver un moyen de sortir d'ici. Pour moi. Pour mon enfant.

Les heures passèrent, ou du moins, c'est ce qu'il me semblait. Le temps semblait suspendu dans cet endroit lugubre. Chaque son, chaque pas derrière la porte me faisait sursauter. Mon esprit bouillonnait, cherchant un plan, une issue, mais mes mains liées et l'état avancé de ma grossesse limitaient mes options.

Je refusais de me laisser abattre. Alessandro allait venir. Il devait venir. Mais pour combien de temps encore serais-je livrée à ces hommes ?

La porte s'ouvrit à nouveau, mais cette fois, ce n'étaient pas les deux hommes de tout à l'heure. Un autre entra, vêtu d'un costume noir impeccable, contrastant avec l'état misérable de la pièce. Son allure était sophistiquée, mais il dégageait une aura de danger brut. Ses cheveux gominés en arrière et son sourire froid étaient d'une arrogance insupportable.

Il s'arrêta juste devant moi, me toisant de haut. « Enfin, nous nous rencontrons. Je m'appelle Giovanni Moretti. Et toi, ma chère, tu es la clé d'un jeu qui va bientôt s'achever. »

Je ne répondis pas, serrant les lèvres. Mon silence sembla l'amuser.

« Pas de mots pour moi ? Pourtant, je m'attendais à ce que la femme d'Alessandro Valenti soit plus… disons… courageuse. »

Je serrai les poings, mais son nom m'avait trahie. Mon corps entier s'était tendu à l'entente de celui d'Alessandro, et il le remarqua.

« Ah… Alors, il est bien vrai que tu es attachée à ton cher mari, » continua-t-il, avançant d'un pas. « Un homme fascinant, je dois dire. Dommage qu'il ait autant d'ennemis. Mais toi, » il s'accroupit à ma hauteur, me scrutant comme un prédateur, « toi, tu es son point faible. »

Je déglutis difficilement, mon cœur battant à tout rompre.

« Vous ne savez pas de quoi vous parlez, » crachai-je, ma voix plus forte que je ne le pensais.

Il éclata d'un rire sonore, sincèrement amusé. « Oh, je sais exactement de quoi je parle. Alessandro Valenti est un homme puissant, certes, mais même les rois saignent. Et toi, ma chère… toi, tu es le poignard parfait. »

« Si vous pensez qu'il vous laissera faire, vous êtes plus idiot que je ne le pensais, » répondis-je, me redressant autant que possible malgré mes liens.

Son sourire se figea légèrement, mais il se reprit rapidement. « Ah, l'arrogance. J'aime ça. Mais vois-tu, chère madame, tout le monde a un prix. Et bientôt, tu seras dans les mains de quelqu'un qui saura exactement quoi faire de toi. »

Mon sang se glaça. « Qu'est-ce que vous voulez dire ? » demandai-je, même si une part de moi connaissait déjà la réponse.

Il se redressa et fit lentement les cent pas devant moi. « Alessandro paiera une somme astronomique pour te récupérer, c'est sûr. Mais si, par malheur, il tarde… Eh bien, il y a d'autres acheteurs. Des enchères privées, très exclusives. Une femme comme toi, si précieuse… » Son regard glissa sur mon ventre. « Et portant l'enfant de Valenti ? Une véritable fortune. »

Mon estomac se noua. Je me sentis nauséeuse, non seulement à cause de la grossesse, mais aussi à cause de ses paroles. Je serrai les dents, refoulant la peur qui menaçait de m'envahir.

« Vous ne m'avez pas encore vendue, » murmurai-je, le défi dans ma voix. « Et croyez-moi, vous regretterez de ne pas m'avoir tuée sur-le-champ. Parce qu'Alessandro viendra, et il vous détruira. »

Son sourire disparut cette fois, et son regard se durcit.

« Nous verrons, » dit-il simplement avant de se diriger vers la porte.

Alors qu'il sortait, il se tourna légèrement vers moi. « Prépare-toi. Le transport arrive bientôt. Et crois-moi, il serait dommage que cette jolie petite famille soit séparée à jamais. »

La porte claqua, me laissant seule, tremblante de rage et de peur. Mais malgré tout, je refusais de perdre espoir. Alessandro viendrait. Je devais tenir bon. Pour lui. Pour nous.

Je posai une main sur mon ventre, fermant les yeux. « Je te promets, mon bébé. Rien ne nous séparera. Rien. »