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Chapter 4 - Chapitre 4 : Une décision à prendre

Le silence pesant qu'Alessandro avait laissé derrière lui semblait s'être incrusté dans les murs de mon appartement. Il était parti peu après sa déclaration glaciale, me laissant seule face à une vérité que je n'étais pas prête à affronter.

Mariage.

Ce mot résonnait dans ma tête comme une sentence. Une solution définitive, imposée par un homme que je ne connaissais pas.

Et pourtant, je savais qu'il n'avait pas tort. Chaque fois que je pensais à cet enfant, à ma responsabilité envers lui, à ce que signifiait vraiment être parent, je me retrouvais face à un dilemme cruel.

Je passai le reste de la soirée à tourner en rond, incapable de me concentrer sur autre chose.

J'essayai de me plonger dans un livre, puis dans un film, mais aucune distraction ne parvenait à calmer mes pensées.

Quand je finis par me coucher, il était déjà tard, et mon esprit n'avait toujours pas trouvé de répit.

Le lendemain matin, je me réveillai avec un poids sur la poitrine, comme si la nuit avait transformé mes doutes en quelque chose de tangible.

Je regardai mon téléphone.

Un message de Nina.« Ça va mieux ? Si tu veux parler, je suis là. »Je ne répondis pas. Son insistance me mettait mal à l'aise depuis ma discussion avec Marco. Même si elle disait vouloir m'aider, je ne pouvais m'empêcher de penser à la facilité avec laquelle elle avait divulgué mon secret.

J'avais besoin de me changer les idées, de sortir de cet étau qui m'étranglait. Alors je décidai d'aller au travail.

La maison d'édition où je travaillais était petite mais chaleureuse, un lieu où j'avais trouvé une certaine stabilité au fil des années.

C'était là que je pouvais laisser mes problèmes personnels à la porte et me concentrer sur des tâches concrètes : trier des manuscrits, répondre aux appels d'auteurs nerveux, organiser les plannings.

Mais aujourd'hui, même cet endroit qui m'apaisait d'ordinaire ne parvint pas à me distraire.

Chaque fois que je m'asseyais devant mon bureau, le visage d'Alessandro s'imposait dans mes pensées.

« Arianna, ça va ? Tu as l'air... ailleurs », lança Emma, ma collègue et amie, en passant près de mon bureau avec une pile de dossiers.

« Oui, ça va », répondis-je rapidement, forçant un sourire.

Mais elle fronça les sourcils. « Tu es sûre ? Tu es pâle. Si tu as besoin de prendre ta journée, tu sais que je peux couvrir tes appels. »

« Non, vraiment. C'est gentil, mais ça va aller. »Emma hésita un instant avant de hausser les épaules.

« Comme tu veux. Mais si jamais... »

Je la remerciai d'un signe de tête, essayant de me concentrer à nouveau.

Mais à chaque instant, une seule question revenait me hanter : pouvais-je vraiment refuser l'offre d'Alessandro ?

L'heure du déjeuner arriva sans que je ne m'en rende compte.

Je décidai de sortir prendre l'air, espérant que la marche me ferait du bien.

Je longeais les rues animées du centre-ville, évitant les regards des passants, quand mon téléphone vibra dans ma poche.

Je m'arrêtai pour le regarder.

Un message.

De lui.

« Nous devons parler. Je passe te chercher ce soir à 19h. Prépare-toi. »

Un frisson me parcourut. Comment avait-il obtenu mon numéro ? Une partie de moi voulait l'ignorer, refuser cette rencontre qu'il imposait encore une fois. Mais je savais que ce n'était pas une option.

19h arriva bien trop vite.

J'avais passé l'après-midi à me préparer mentalement, mais rien ne semblait suffisant.

Quand la sonnerie retentit, mon cœur fit un bond dans ma poitrine.

Je me levai lentement et ouvris la porte.

Alessandro était là, encore une fois impeccable dans son costume sombre.

Mais cette fois, quelque chose dans son expression semblait plus grave.

« Prête ? » demanda-t-il simplement.

Je hochai la tête, incapable de formuler une réponse.

Il me guida jusqu'à une voiture stationnée devant l'immeuble. Une berline noire, élégante, avec un chauffeur qui nous attendait. Le luxe et le contraste avec ma vie modeste étaient écrasants.

« Où allons-nous ? » demandai-je finalement, brisant le silence.

« Dîner », répondit-il.

« Il est temps de parler sérieusement. Et je veux que vous compreniez ce que cela implique vraiment. »

Le restaurant où il m'emmena était tout droit sorti d'un magazine de luxe : nappes blanches immaculées, chandeliers en cristal, serveurs discrets.

Je me sentais complètement déplacée dans cet environnement.

« Je suppose que vous avez l'habitude de ce genre d'endroit », lançai-je avec une pointe d'ironie en m'asseyant en face de lui.

Il haussa légèrement un sourcil. « C'est un cadre approprié pour une conversation importante. Rien de plus. »

Je soupirai, sachant que je ne gagnerais pas sur ce terrain.

Quand le serveur vint prendre nos commandes, Alessandro le remercia avec une politesse glaciale, avant de reporter toute son attention sur moi.

« Alors, Arianna », dit-il, son ton plus sérieux que jamais. « Avez-vous réfléchi à ce que je vous ai dit ? »

Je soutins son regard, bien que cela me coûte. Alessandro Valenti avait une manière de vous fixer, comme s'il était capable de lire à travers vous. Cela me mettait mal à l'aise, mais je ne voulais pas lui donner l'avantage de le montrer.

« J'y ai réfléchi », dis-je finalement, en croisant mes mains sur la table pour éviter qu'il ne voie qu'elles tremblaient. « Mais je ne suis pas sûre que mes réflexions changent quoi que ce soit. Vous êtes tellement sûr de vous, tellement... convaincu que votre solution est la seule possible. Comment suis-je censée vous répondre si je n'ai pas le droit de dire non ? »

Il ne détourna pas les yeux, mais son visage resta impassible.« Vous avez toujours le droit de dire non », répondit-il calmement. « Mais ce que vous appelez une solution alternative n'est pas viable. Vous et moi le savons. »

Je soupirai, exaspérée.

« Et pourquoi pas ? Pourquoi une garde alternée serait-elle si catastrophique ? »

Son expression changea légèrement. Juste assez pour que je perçoive une lueur d'irritation dans ses yeux.

« Ce n'est pas une question de vous ou de moi », dit-il d'un ton plus bas, plus grave. « Cet enfant portera mon nom. Cela signifie qu'il sera surveillé. Une vie instable ? Ce serait une invitation au chaos. »

Je baissai les yeux sur la table, puis murmurai finalement :« Si je dis oui… ce sera pour l'enfant. Pas pour vous. Pas pour ce mariage. »

Alessandro hocha lentement la tête. « C'est tout ce que je demande. »

Je déglutis.

« Mais ce mariage, ce sera une façade. Rien de plus. »

Il posa son regard intense sur moi. « Vous serez ma femme, Arianna. Appelez-le comme vous voulez, mais ça signifie quelque chose. »

Les mots semblèrent flotter entre nous, lourds de sens.

« Vous acceptez ? » demanda-t-il, sa voix plus douce que je ne l'aurais imaginé.

Je hochai la tête, incapable de parler.

Alessandro s'adossa légèrement à sa chaise, comme s'il venait de poser la dernière pièce d'un puzzle. Mais il n'y avait aucune arrogance dans son expression. Juste cette même détermination froide qui le caractérisait.

« Bien, » dit-il enfin. « Vous ne le regretterez pas. »

Je ne répondis pas. Tout en moi criait que j'allais regretter chaque seconde de cette décision. Mais je n'avais pas le choix.

Le reste du dîner passa dans un silence tendu. Alessandro mangeait avec la même élégance calculée, tandis que je jouais nerveusement avec ma fourchette. Je n'avais pas faim. Comment aurais-je pu, alors que je venais de sceller mon avenir avec un homme que je ne connaissais pas vraiment ?

Quand nous quittâmes le restaurant, il insista pour me raccompagner chez moi.

« Je peux rentrer seule, » protestai-je faiblement.

« Je ne vous laisse pas rentrer seule, » répondit-il simplement, coupant court à la discussion.

Nous montâmes dans la berline noire, et le trajet jusqu'à mon immeuble se fit dans un silence tout aussi pesant que celui du dîner.

Quand la voiture s'arrêta devant mon immeuble, je posai la main sur la poignée, prête à descendre. Mais avant que je ne puisse bouger, Alessandro parla.

« Vous avez fait le bon choix, Arianna. »

Je tournai légèrement la tête vers lui, mon regard plein de doutes et de frustration. « J'espère que vous avez raison. »

Il inclina légèrement la tête, mais ne répondit rien.

Je sortis de la voiture, et la porte se referma doucement derrière moi. Alors que je montais les marches jusqu'à mon appartement, une étrange sensation m'envahit. Ce n'était pas exactement de la peur, ni même de la colère. C'était quelque chose de plus insidieux. Un mélange de résignation et d'incertitude.

Dans mon lit cette nuit-là, je ne trouvai pas le sommeil. Je regardais le plafond, repassant chaque mot de notre conversation, chaque détail du visage d'Alessandro.

Avais-je fait le bon choix ? Je pensai à mes parents. À leur absence. Au vide qu'ils avaient laissé derrière eux. Puis je pensai à cet enfant, cet être minuscule qui n'était encore qu'une idée mais qui comptait déjà plus que tout. Oui, j'avais fait ce qu'il fallait. Mais cela ne voulait pas dire que j'étais prête à affronter ce qui m'attendait.