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Chapter 44 - Un instant de répit

Esme était toujours nichée contre Ander, son corps secoué de sanglots incontrôlables. Il ne disait rien, se contentant de la tenir contre lui, d'une étreinte ferme et rassurante. Il la laissa pleurer tout son soûl, attendant patiemment qu'elle retrouve son souffle.

— Je… Je suis désolée, finit-elle par murmurer d'une voix brisée.

Ander fronça légèrement les sourcils en l'entendant.

— Désolée de quoi ?

Esme se redressa légèrement, croisant son regard, les yeux rougis par les larmes.

— Je… Je regrette de ne pas t'avoir écouté. Toi et Emmett… Vous aviez raison au sujet de V'athē.

Elle essuya ses joues d'un geste tremblant, mais Ander lui attrapa doucement la main et prit le relais, effleurant sa peau avec une douceur qui contrastait avec son tempérament habituel.

— Ce n'est rien, souffla-t-il, apaisant.

Mais Esme secoua la tête.

— Non… ça aurait pu être évité. J'ai été aveuglée. Je pensais que… que tout finirait bien, que je pourrais gérer la situation. Mais je me suis trompée.

Ander l'observa en silence, attendant qu'elle continue. Elle prit une profonde inspiration, cherchant à calmer les tremblements de sa voix, puis raconta tout. Le poids du contrat, la désillusion, la façon dont V'athē avait cru qu'elle lui appartenait simplement parce que l'accord était scellé.

Lorsqu'elle termina, un silence pesant s'installa. Puis, soudain, Ander se leva brusquement, une colère contenue illuminant ses traits.

— Ce misérable… cracha-t-il, les poings serrés. Il n'est qu'un sale manipulateur. Comment a-t-il osé ?

Esme baissa les yeux.

— Il voulait juste… gagner mon amour, murmura-t-elle.

Ander se tourna vers elle, furieux.

— Et c'est une excuse, ça ?! On ne force pas l'amour, Esme ! On le mérite, on l'entretient ! Lui, au lieu de faire des efforts, au lieu d'essayer d'arranger les choses, il a cru que parce que le contrat était signé, tout était acquis. Il n'a rien fait ! Rien ! La seule chose qu'il sait faire, c'est festoyer, même quand on est en pleine guerre !

À ces mots, Esme eut un flash. Une scène lui revint en mémoire : Adam et Sina, se battant pour défendre le royaume, et pendant ce temps, V'athē… en train de présider une fête comme si de rien n'était.

Un rire nerveux lui échappa.

Ander s'arrêta net, surpris.

— Qu'est-ce qui te fait rire ?

Esme mit une main devant sa bouche, secouant la tête, mais elle ne pouvait pas s'empêcher de rire.

— Je viens de me souvenir de la période où Adam et Sina risquaient leur vie, et lui… il passait son temps à organiser des fêtes comme si le monde n'était pas en train de s'effondrer.

Ander roula des yeux, un rictus amusé lui échappant malgré lui.

— Tu vois ? Ce type n'a jamais été sérieux.

Il croisa les bras avant d'ajouter d'un ton froid :

— Si jamais je le croise à moins d'un mètre de moi, je te jure que je le fais disparaître.

Esme haussa un sourcil, amusée.

— Tiens donc ? Pourtant, tu trouvais avant que c'était une mauvaise idée. Tu étais presque… indulgent envers lui. Qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ?

Ander haussa les épaules avec une nonchalance feinte.

— Avant, je ne savais pas qu'il le méritait autant.

Esme éclata de rire. Cette fois, c'était un rire sincère, libérateur.

Ander, satisfait de la voir enfin plus détendue, lui tendit la main avec un sourire en coin.

— Viens. On sort en ville. On va se changer les idées.

Esme l'observa une seconde, puis, dans un soupir résigné, attrapa sa main.

— D'accord. Mais on se déguise, hein ?

— Évidemment ! Je tiens à ma tranquillité.

Et c'est ainsi, après avoir soigneusement caché leur identité sous des capes et des capuches, qu'Esme et Ander quittèrent le château pour se mêler à la foule animée de la ville, en quête d'un instant d'insouciance.