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Chapter 47 - Les révélations

Esme entra dans son bureau sans un regard pour V'athē, qui la suivit de près, visiblement furieux. Elle s'installa calmement à son bureau, ouvrant un dossier comme si de rien n'était, ignorant sa présence. V'athē, incapable de contenir sa colère, brisa le silence.

— Qu'est-ce que c'était que ça ?

Esme leva les yeux vers lui avec lassitude.

— De quoi parles-tu ?

— De la façon dont tu m'as traité ! s'emporta-t-il. Je suis ton époux, Esme, le roi de ce royaume. Par conséquent, j'ai droit au même respect que toi ! Pourtant, lorsque Ander m'a manqué de respect, tu n'as rien fait. Rien ! Comme si c'était normal !

Esme referma lentement son dossier et posa sa plume avec un calme glaçant.

— Si tu as fini, tu peux prendre la porte, déclara-t-elle d'un ton tranchant. J'ai des affaires bien plus importantes à régler que tes crises hystériques.

V'athē resta figé, sous le choc.

— … Mes crises hystériques ?... Mes crises hystériques, vraiment ?!

Son regard brûlait d'une frustration accumulée depuis trop longtemps.

— Esme, j'ai tout fait pour obtenir ton amour, mais non ! Je n'ai eu droit qu'aux miettes, alors que ce qui me revenait de droit était offert à d'autres. Si ce n'est pas Ander, c'est Emmett, et maintenant Stefan ! Regarde comment tu m'as humilié !

Esme l'observa sans expression.

— Humilié ?

— Exactement ! rugit V'athē. Humilié en me faisant rivaliser avec eux ! Avec Ander, avec Emmett... eux encore, ça passe, mais Stefan ? Un simple chevalier ? Je me bats contre un chevalier pour avoir ton amour, Esme !

Un silence pesant s'installa. Puis Esme prit la parole, sa voix douce, mais implacable.

— Donc, selon toi, parce que Stefan est un chevalier, il est indigne de mon amour ?

V'athē ouvrit la bouche pour répondre, mais elle ne lui en laissa pas l'occasion.

— Eh bien, tu te trompes. Lui mériterait mille fois mon amour plus que toi. Et sache une bonne fois pour toutes, V'athē... Je ne t'ai jamais aimé. Et je ne t'aimerai jamais.

Sa voix, glaciale, fit frissonner V'athē. Il recula d'un pas, frappé de plein fouet par ses mots.

— Ce… Ce n'est pas vrai… balbutia-t-il. J'ai contribué à ce royaume, Esme !

Un rire sarcastique s'échappa de ses lèvres.

— Toi ? Contribuer à ce royaume ? V'athē, sois sérieux. Tu crois vraiment que tu y as apporté quoi que ce soit ?

— J'ai—

— Qu'as-tu fait, exactement ? l'interrompit-elle, implacable. As-tu déjà pris le temps de descendre en ville, de t'informer sur les besoins de ton peuple ? As-tu levé le moindre doigt lorsque des guerres ont éclaté ? As-tu seulement donné ton avis ?

V'athē voulut parler, mais elle le coupa aussitôt.

— Non.

Elle se leva lentement, s'appuyant sur son bureau.

— Quand le peuple avait faim et que les nobles augmentaient les impôts pour s'enrichir, qu'as-tu fait ? Rien. Quand il a fallu négocier des alliances pour éviter des conflits, où étais-tu ? À organiser des banquets. Même en temps de guerre, tu étais occupé à flatter ton propre ego plutôt qu'à agir en roi !

Son ton s'était fait plus dur, plus tranchant. V'athē, honteux, baissa les yeux.

— Tu as raison… admit-il à contrecœur. Mais quoi que tu en dises, ce n'est pas grâce à ces gens que tu es montée sur le trône. C'est parce que tes conseillers m'ont sollicité pour un accord en ta faveur.

Esme haussa un sourcil, un sourire amusé flottant sur ses lèvres.

— Oh ? Vraiment ? Mes conseillers sont venus te solliciter ? Ou bien devrais-je plutôt dire… que tu les as soudoyés pour qu'ils te choisissent ?

V'athē écarquilla les yeux, décomposé.

Esme s'adossa à son bureau, croisant les bras, un regard perçant posé sur lui.

— Tu veux qu'on parle de qui a manipulé qui, V'athē ?

Un silence tomba dans la pièce. Mais cette fois, il n'avait plus rien à dire.