Le matin pointait à l'horizon lorsque Esme regagna sa chambre. Ses pas étaient un peu hésitants, comme si le poids de ses pensées l'alourdissait. Une fois à l'intérieur, elle referma la porte derrière elle et s'approcha lentement de son lit avant de s'y asseoir au bord. Elle laissa échapper un soupir et porta une main à son front, repensant à la nuit dernière. Mais elle secoua la tête, chassant ces souvenirs de son esprit.
Un détail lui revint alors en mémoire. Elle se retourna brusquement vers sa table de chevet, ouvrit l'un des tiroirs et en sortit une lettre soigneusement pliée. Elle l'observa un instant, comme pour s'assurer qu'elle prenait la bonne décision, puis elle se laissa tomber en arrière sur son lit, les yeux fixés sur le plafond.
Après quelques instants d'hésitation, elle prit une profonde inspiration et appela l'un des gardes.
Un chevalier entra sans tarder et s'inclina respectueusement.
— Me voici, Majesté. À votre service.
Esme se redressa lentement, posant son regard déterminé sur le chevalier.
— Je veux que tu remettes cette lettre au père du roi V'athē, au royaume de Kupfer.
Le chevalier prit la lettre avec précaution et s'inclina à nouveau.
— Considérez cela comme déjà fait, Majesté.
Alors qu'il allait tourner les talons, Esme l'interpella d'une voix plus ferme :
— Attends.
Le garde s'immobilisa et lui fit de nouveau face.
— Veille à lui remettre cette lettre en main propre. Et surtout, sois discret. V'athē ne doit rien savoir de cet envoi.
Le chevalier hocha la tête d'un air grave.
— J'exécuterai vos ordres, Majesté.
Puis, sans un mot de plus, il quitta la pièce.
Esme resta seule dans un silence pesant. Elle ferma brièvement les yeux avant de murmurer, plus pour elle-même que pour quiconque d'autre :
— V'athē… toi et moi, c'est fini. J'ai assez souffert. Je ne veux plus de cette douleur. Désormais, je veux vivre ma vie. Servir mon royaume ne signifie pas que je doive m'interdire d'être heureuse.
Un léger sourire résolu, apparut sur ses lèvres. Sans plus tarder, elle se leva et se dirigea vers la salle d'eau, prête à commencer sa journée.
Dans les couloirs du palais, Esme marchait aux côtés de Rivia et Bullet, discutant de l'organisation d'un prochain conseil. V'athē apparut au détour d'un couloir et s'avança vers elle avec un sourire charmeur.
— Esme, tu es resplendissante ce matin. Comme toujours.
Sans même lui accorder un regard, elle poursuivit son chemin comme si elle ne l'avait pas entendu. Rivia et Bullet échangèrent un regard surpris, mais aucun des deux ne fit de commentaire.
V'athē, perplexe, resta sur place, suivant du regard la silhouette de la jeune femme qui s'éloignait sans la moindre réaction.
Un jour, alors qu'Esme et Nya prenaient le thé dans les jardins, un serviteur apporta une boîte finement décorée et la déposa devant la jeune reine.
— Un présent de la part du roi V'athē, Majesté.
Esme haussa un sourcil et ouvrit lentement la boîte, révélant un bijou somptueux incrusté de pierres précieuses. Nya observa la scène en silence, curieuse de la réaction de son amie.
Mais au lieu de l'admirer, Esme pinça les lèvres.
— Ces pierres sont trop voyantes… et ce métal trop clinquant. Ce n'est pas mon style.
Elle referma la boîte et la tendit à un serviteur.
— Retourne-lui ce cadeau.
Nya cligna des yeux, surprise par cette réaction. Mais, comme les autres, elle ne fit aucun commentaire.
Lors d'une réception au palais, V'athē avait fait installer une immense tapisserie brodée représentant un paysage étoilé, un symbole cher à Esme. Il s'approcha d'elle, attendant sa réaction.
Esme jeta un bref regard à l'œuvre avant de se tourner vers Sina et Adam pour reprendre sa discussion comme si de rien n'était.
V'athē serra les poings. Pourquoi ce changement soudain ?