Ces derniers jours avaient été un supplice pour V'athē. L'ignorance d'Esme le rongeait, et la colère à peine voilée d'Ander ne faisait qu'ajouter à son trouble. Il ne comprenait pas. Pourquoi un tel revirement ? Pourquoi ce froid glacial alors qu'autrefois, ils l'avaient accueilli avec chaleur ?
Ne trouvant aucune explication, il décida de forcer les choses. Il trouverait des réponses, quitte à les arracher de force.
Et l'occasion se présenta. Lorsqu'il croisa Ander dans l'un des couloirs, il ne laissa pas passer sa chance.
— Ander.
Ander s'arrêta net, haussant un sourcil avant de soupirer.
— Je n'ai pas le temps pour ça, V'athē.
— Je suis le roi , répliqua froidement V'athē, s'avançant d'un pas. Tu n'as pas à décider de ce qui mérite ton temps ou non. Tu me dois le respect.
Ander le fixa, puis un sourire narquois étira ses lèvres.
— Le roi ? Il secoua la tête, amusé. Peut-être chez toi. Mais ici, V'athē, ton titre ne vaut rien. Et je ne t'ai jamais prêté allégeance.
La mâchoire du roi se contracta. Il serra les poings avant d'afficher un sourire moqueur.
— Vraiment ? Et pourtant, Esme... II marqua une pause, le regard brillant de provocation. Elle, elle m'appartient.
Ander afficha une mine amusée, comme si la situation montrait le contraire. II croisa les bras et répondit d'un ton dédaigneux:
— Ah, vraiment ? Tu sembles être dans l'illusion que c'est le cas. Mais visiblement, la situation semble plutôt montrer que c'est tout le contraire.
Cette réplique fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. V'athē s'irrita et, dans un élan de colère, donna un coup de poing à Ander.
Le choc de l'impact fit résonner un bruit sourd dans le couloir. Ander, surpris, n'eut cependant pas de temps à perdre. Il répliqua immédiatement en attrapant V'athē par le col, le projetant violemment contre le mur.
— T'as un sacré culot, V'athē, mais je vais t'apprendre à respecter les autres.
Les deux hommes commencèrent à échanger des coups avec une violence inouïe, chacun cherchant à dominer l'autre. Le bruit des poings qui s'entrechoquaient résonnait dans tout le corridor.
Mais avant qu'ils ne puissent aller plus loin, des mains puissantes les séparèrent.
— Ça suffit !
Adam et Bullet s'interposèrent, retenant Ander d'un côté et V'athē de l'autre.
— Qu'est-ce que vous faites, tous les deux ?! s'indigna Bullet en retenant un V'athē furieux.
— On devrait peut-être les laisser se battre jusqu'au sang, histoire qu'ils apprennent ? lança Adam d'un ton ironique enmaintenant Ander de force.
Rivia, qui les accompagnait, regardait la scène avec des yeux ronds.
— Va chercher Esme, vite, ordonna Bullet.
Rivia hocha la tête et disparut au pas de course.
Le silence retomba, lourd, tandis que les deux hommes se défiaient toujours du regard, haletants.
Quelques minutes plus tard, Esme arriva, suivie de Rivia. Son regard glacé balaya la scène, s'arrêtant tour à tour sur V'athē et Ander.
Qu'est-ce qui se passe ici ?
— demanda-t-elle, la voix tranchante.
Adam jeta un regard à ses compagnons avant de répondre :
— Ils se sont battus.
Un silence pesant s'installa.
Esme posa les yeux sur V'athē. Ce dernier, sentant l'opportunité de justifier ses actes, s'empressa de parler:
—C'est Ander qui a commencé.
Ander ouvrit la bouche pour répliquer, mais Esme leva la main, lui coupant immédiatement la parole.
— Ça suffit. Tu as mieux à faire que de perdre ton temps ici, Ander. Va-t'en.
Le ton était sans appel.
Ander tressaillit, et pendant un instant, son regard se voila d'une émotion difficile à lire. Puis, sans un mot, il pivota sur ses talons et s'éloigna.
Adam, Bullet, Rivia et même V'athē restèrent interdits.
Esme reprit:
— Quelqu'un d'autre était là ? Quelqu'un a vu cette scène ?
— Non, seulement nous, répondit Adam.
— Parfait. Elle croisa les bras. Gardez ça secret. Je ne veux pas de scandale.
Puis, sans accorder un regard de plus à V'athe, elle tourna les talons et s'éloigna.
V'athe, le souffle court, sentit une vague de frustration l'envahir. Il n'en pouvait plus.
Il la suivit.
Cette fois, elle allait l'écouter.