V'athē, furieux, se retourna brusquement et lança d'une voix tranchante :
— Ne me menace plus !
Son regard brûlait de colère, mais l'homme en face de lui ne recula pas. Au contraire, un sourire énigmatique étira ses lèvres.
— Si tu refuses de nous aider, tu sais parfaitement ce qui va arriver, V'athē.
Le concerné serra les poings. Un frisson de rage parcourut son échine, mais il s'efforça de garder son calme.
— Pour la dernière fois, je suis incapable de faire quoi que ce soit, rétorqua-t-il. Esme et moi ne sommes même pas en bons termes. Elle a clairement exprimé son désir de mettre fin à notre relation.
Un silence pesant s'installa. L'homme haussa légèrement les épaules, comme si cela lui était égal. Puis, d'un ton détaché, il répondit :
— Ce n'est pas mon problème. Nous avons fait notre part. Si cela ne fonctionne pas en ta faveur, tant pis pour toi.
V'athē esquissa un sourire colérique.
— Eh bien, si entre Esme et moi, ça ne fonctionne pas, je n'y peux rien.
Il fit volte-face, prêt à partir, mais l'homme l'agrippa fermement par le bras. Aussitôt, V'athē se dégagea d'un geste brusque, le repoussant violemment. Son interlocuteur trébucha et s'écroula au sol, mais il se redressa aussitôt, époussetant ses vêtements avec une lenteur menaçante.
— Fais attention, avertit-il d'une voix posée, presque amusée. Si tu ne coopères pas, je suis prêt à aller voir la reine pour lui parler de notre "entente".
V'athē se figea. Son sang se glaça instantanément.
L'homme arqua un sourire victorieux, savourant sa réaction.
— Oui, V'athē. Contrairement à toi, moi, je n'ai rien à perdre. Tandis que toi… tu as tout à perdre.
Il marqua une pause, laissant le poids de ses paroles s'enfoncer comme une lame dans l'ego du roi. Puis, d'un ton faussement serein, il ajouta :
— Imagine… Que fera Esme lorsqu'elle apprendra la vérité ? Lorsqu'elle découvrira que, contrairement à ce que le conseil lui a fait croire, elle n'était pas obligée d'épouser un prince pour hériter du trône ? Qu'elle aurait pu choisir qui elle voulait, qu'il n'y avait aucune urgence ?
Il laissa ses mots flotter un instant avant d'appuyer là où cela faisait mal :
— Nous savons tous les deux qu'elle aurait choisi entre Ander et Emmett. Pas toi. C'est bien pour cette raison que tu as soudoyé le conseil pour qu'ils te désignent comme prétendant idéal, et que tu as orchestré cette pression sur elle, profitant de l'absence d'Ander et d'Emmett.
Un grondement sourd monta dans la gorge de V'athē.
— Ça suffit !
D'un mouvement rapide, il attrapa l'homme par le col et le plaqua violemment contre le mur. Son regard était devenu glacial, impitoyable.
— Si tu oses seulement ouvrir la bouche, si tu t'approches d'Esme, tu le regretteras amèrement, susurra-t-il d'une voix tranchante comme une lame.
L'homme, pris de panique, tenta de reprendre son souffle lorsque V'athē le relâcha enfin. Il s'effondra au sol, suffoquant légèrement.
Sans un mot de plus, V'athē sortit une bourse bien remplie et la lui jeta aux pieds.
— Prends ça et disparais, cracha-t-il, le ton plus calme mais chargé de menace.
L'homme ne se fit pas prier. Il ramassa la bourse et s'éloigna précipitamment, jetant un dernier regard prudent avant de disparaître dans l'ombre.
V'athē, lui, reprit son chemin, tentant d'effacer de son esprit ce qu'il venait de se passer. Il adopta une expression neutre, feignant l'indifférence.
Mais ce qu'il ignorait, c'était qu'il n'avait pas été seul durant cette confrontation.
Derrière un parterre de fleurs, dissimulée dans l'ombre du jardin, une silhouette observa la scène jusqu'au bout.
Esme.
Et malheureusement pour V'athē, elle avait tout entendu.