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Chapter 39 - L'Abri sous la Tempête

La pluie menaçait depuis un moment déjà, et lorsque le tonnerre gronda au loin, Ander et Esme comprirent qu'ils devaient rapidement trouver un abri. Les nuages s'épaississaient, et l'air devenait lourd d'humidité.

— On ne va jamais atteindre Ambar à temps, grogna Ander en accélérant le pas. Il faut qu'on trouve un endroit où s'abriter, cette pluie va être un déluge.

À peine eut-il fini sa phrase que des gouttes froides commencèrent à tomber, rapidement suivies d'une averse battante. Sans attendre, ils se mirent à courir, leurs vêtements s'imbibant d'eau à chaque pas.

Après quelques minutes à chercher à travers la végétation dense, ils aperçurent enfin une maison abandonnée. La bâtisse était en mauvais état, mais suffisante pour leur offrir un répit. Sans hésiter, ils s'y précipitèrent et refermèrent la porte derrière eux.

Ander observa l'intérieur sombre et humide avant de lever les mains. Une douce lueur verte brilla entre ses doigts, et instantanément, des plantes grimpantes poussèrent sur le toit, bouchant les trous d'où s'infiltrait l'eau. Il referma ensuite les fenêtres en consolidant les ouvertures avec des branches épaisses, puis se dirigea vers la cheminée.

— Je vais allumer un feu, ça nous réchauffera, annonça-t-il.

De son côté, Esme fouilla la maison à la recherche de quoi se sécher. Malheureusement, elle ne trouva qu'une seule couverture poussiéreuse. Elle retourna vers Ander, qui venait d'allumer un feu crépitant, et lui fit part de sa découverte.

— Il n'y a qu'une couverture, dit-elle, un brin ennuyée.

— Prends-la, répondit Ander sans se retourner. Moi, je trouverai un autre moyen.

Il était en train de vérifier l'état du bois lorsqu'il se redressa et se retourna… pour découvrir Esme en sous-vêtements.

Il écarquilla les yeux, son visage s'empourprant instantanément.

— Qu'est-ce que… ?! balbutia-t-il.

Esme, bien que légèrement rougissante, garda son sérieux.

— Nos vêtements sont trempés, expliqua-t-elle calmement. Si on garde des habits mouillés, on risque l'hypothermie. La meilleure solution, c'est de partager notre chaleur corporelle.

Ander resta figé, luttant intérieurement contre l'embarras et… une autre émotion qu'il préféra ignorer. Il ne pouvait pas nier qu'il grelottait déjà à cause du froid. Après un soupir résigné, il passa une main dans ses cheveux trempés.

— Très bien, lâcha-t-il. Vu qu'on n'a pas le choix…

Esme esquissa un léger sourire.

— Et puis, ajouta-t-elle malicieusement, on n'aura qu'à ne rien dire de tout ça. Nos amis pourraient avoir des idées… déplacées.

Ander arqua un sourcil.

— Tu m'étonnes, ironisa-t-il.

Il détourna rapidement le regard lorsque Esme enleva le reste de ses vêtements. Pourtant, il ne put s'empêcher de la regarder à la dérobée. Sa peau, illuminée par la lueur du feu, avait une teinte dorée sous les flammes vacillantes. Il n'arrivait pas à détourner les yeux, troublé par la vision devant lui.

Esme, quant à elle, sentait très bien son regard sur elle… et à sa grande surprise, cela ne la dérangeait pas. En fait, elle préférait mille fois que ce soit Ander plutôt que quelqu'un d'autre.

Une fois enveloppée dans la couverture, elle se retourna vers lui.

— C'est ton tour, déclara-t-elle.

Ander, qui avait oublié pendant une seconde où il était, revint brutalement à la réalité. Il soupira avant de commencer à se déshabiller.

Cette fois, ce fut au tour d'Esme d'être captivée. Ses yeux parcoururent son corps athlétique, et elle ne put s'empêcher de penser qu'il avait l'apparence d'un dieu de la guerre. Mais ce qui attira particulièrement son attention, ce fut une marque étrange sur son dos… une silhouette qui ressemblait à un dragon.

Elle ouvrit la bouche pour lui demander ce que c'était, mais avant qu'elle ne puisse parler, Ander la rejoignit sous la couverture.

— Satisfaite ? lança-t-il en arquant un sourcil.

Esme cligna des yeux.

— De quoi ?

Un sourire en coin apparut sur le visage d'Ander.

— Tu ne t'es pas privée de me détailler sous toutes les coutures, remarqua-t-il.

Esme rougit immédiatement et répliqua, faussement indignée :

— Toi aussi, tu m'as regardée !

— C'était ton idée, rétorqua-t-il, amusé. Et puis… je suis un homme. Tu ne sais pas la violence dont j'use pour ne pas…

Il s'interrompit volontairement et laissa planer un silence suggestif. Esme écarquilla les yeux.

— Pour ne pas quoi ?! s'exclama-t-elle.

Un sourire espiègle passa sur les lèvres d'Ander alors qu'il lui tapotait doucement le menton pour refermer sa bouche entrouverte.

— C'était une blague… enfin, presque, murmura-t-il avec un clin d'œil avant de s'allonger.

Esme, encore sous le choc, détourna rapidement le visage, mais un petit sourire taquin finit par étirer ses lèvres. Elle s'installa à ses côtés et remonta bien la couverture sur eux. Après quelques instants d'hésitation, elle posa doucement sa tête contre la poitrine d'Ander, écoutant les battements réguliers de son cœur.

Le froid et la fatigue eurent rapidement raison d'eux. Bercée par la chaleur du feu et celle du corps d'Ander, Esme ferma les yeux et s'endormit, le sourire aux lèvres.

Ander, de son côté, laissa échapper un soupir en sentant son souffle chaud contre sa peau.

— Quelle nuit… murmura-t-il avant de sombrer à son tour dans le sommeil.