Après le jugement, une grande fête fut organisée en l'honneur de la libération du royaume et de la paix retrouvée, maintenant qu'Edgard n'était plus une menace. Les rues étaient illuminées, les rires et les chants résonnaient dans tout le royaume, et l'espoir se lisait sur chaque visage.
Alors que les réjouissances battaient leur plein, Esme quitta discrètement la salle du banquet et se retrouva seule à l'extérieur, sous un ciel parsemé d'étoiles scintillantes. Perdue dans ses pensées, elle repensa à tout ce qu'elle avait traversé : la mort de son père, les sacrifices de ses proches, et les batailles menées pour arriver jusqu'ici. Les yeux levés vers les étoiles, elle murmura avec émotion :
— Papa, Demetri, Dominique, papa Felix... C'est fini.
Une larme solitaire roula sur sa joue, mais un sourire doux illumina son visage. C'était une larme de soulagement, d'apaisement.
— Vous pouvez reposer en paix maintenant, ajouta-t-elle dans un souffle.
Elle ne réalisa pas qu'Emmett l'avait rejointe. Il s'arrêta à quelques pas d'elle, levant lui aussi les yeux vers le ciel. Avec un sourire empreint de mélancolie, il dit :
— Eh bien, tout le monde là-haut, on a réussi. Comme promis.
Esme tourna la tête vers lui, touchée par la sincérité de ses mots. Emmett lui adressa un sourire avant de la prendre doucement dans ses bras. Ce geste fraternel, empli de réconfort, ne passa pas inaperçu.
De l'autre côté de la cour, Nya, qui cherchait Emmett, s'arrêta net en voyant la scène. Ses poings se serrèrent instinctivement, et ses lèvres tremblèrent sous l'effet d'une jalousie qu'elle s'efforçait de contenir. Des larmes menaçaient de couler, mais elle les ravala rapidement en entendant la voix d'Ander derrière elle :
— Nya, tout va bien ?
Surprise, elle se retourna rapidement et força un sourire.
— Oui, oui, tout va bien, répondit-elle avec un ton faussement léger.
Ander observa son expression avec une perspicacité bienveillante.
— Une promenade te ferait du bien, proposa-t-il.
Après une hésitation, elle acquiesça et le suivit.
Ils marchèrent un moment en silence, seuls les bruits lointains des festivités troublant la quiétude de leur promenade. Finalement, Ander brisa le silence :
— Tu sais, tu n'as pas à te méprendre sur ce que tu as vu. Entre Emmett et Esme, il n'y a rien de plus qu'une profonde amitié. Ils se considèrent comme frère et sœur.
Nya ne répondit pas immédiatement, mais ses épaules se détendirent légèrement. Ander continua, d'un ton plus doux :
— L'amour de sa vie, c'est toi, Nya.
Ces mots résonnèrent en elle, dissipant une partie de ses doutes, même si une pointe de jalousie persistait encore.
Les festivités terminées, chacun retourna à ses occupations. Le royaume de Kyanit fut placé sous la surveillance de Greg, devenu régent, car il était désormais intégré au royaume d'Ambar.
Aria, ne souhaitant pas porter la couronne de Kyanit, avait insisté pour que les deux royaumes fusionnent. Esme, d'abord réticente, avait fini par céder devant l'insistance de son amie. Désormais, elle n'était plus seulement la reine d'Ambar, mais aussi celle de Kyanit. Aria, quant à elle, était devenue ministre du royaume et avait pris en charge les affaires d'Ambar, tandis que Greg et des nobles loyaux s'occupaient de Kyanit.
Tout semblait enfin se stabiliser, mais une menace inconnue planait encore dans l'ombre.
Quelques jours plus tard, Emmett arriva à Ambar dans un élégant carrosse. Tandis qu'il descendait, il croisa Bullet, qui l'accueillit chaleureusement.
— Bienvenue, Emmett ! déclara Bullet avec enthousiasme.
Emmett, souriant, répondit jovialement :
— Merci, l'ami. Esme est-elle ici ?
Bullet hocha la tête.
— Oui, mais elle est occupée. Tu aurais dû voir V'athē. Il vient tout juste de partir pour un banquet qui durera deux jours.
Emmett haussa un sourcil amusé.
— Un banquet qui dure deux jours ? Ça, c'est du festin !
Ils échangèrent quelques plaisanteries avant que Bullet n'indique où trouver Esme. Emmett le remercia et se dirigea vers ses appartements.
Arrivé devant la porte, il frappa doucement. La voix d'Esme l'autorisa à entrer. Il entra avec un sourire éclatant et déclara :
— Arrête tout ce que tu fais ! Je suis venu te chercher pour une fête.
Esme leva les yeux de ses papiers, l'air indifférent.
— Impossible. J'ai trop de travail, répondit-elle sèchement.
— Allons, protesta Emmett. Si tu t'absentes une journée, le royaume ne s'effondrera pas.
Esme croisa les bras.
— Si tu as besoin de compagnie, demande à V'athē. Il serait ravi de t'accompagner.
Un sourire malicieux apparut sur le visage d'Emmett.
— Peut-être. Mais ce n'est pas la même chose. de plus tu ne veux pas aller au banquet parce que tu détestes aller avec V'athē.
Elle haussa un sourcil, intriguée.
— Si tu le sais, pourquoi insistes-tu ?
Il s'approcha légèrement, son regard pétillant de défi.
— Parce qu'il n'est pas là.
Esme resta un instant sans voix face à sa réplique espiègle, avant de détourner les yeux avec un sourire amusé et exaspéré.