Edgard recula d'un pas, son regard devenant fou et incertain. Sa voix trembla lorsqu'il lança :
— Qui êtes-vous ?!
Les gardes qui l'entouraient ôtèrent leurs casques, révélant tour à tour leurs visages. Le premier était Emmett, suivi de Stefan, puis enfin Bullet. Edgard blêmit.
Avant qu'il ne puisse parler, Ander s'avança avec un sourire énigmatique.
— Tu veux savoir comment nous avons fait ? C'est simple. La nuit où nous avons découvert tes intentions, nous avons élaboré un plan. Nous avons remplacé chacun de tes chevaliers par les nôtres.
Edgard ouvrit la bouche, mais Ander poursuivit sans lui laisser le temps de réagir :
— Bien sûr, ça n'a pas été facile. Il a fallu qu'Emmett, Stefan et Bullet s'infiltrent dans les cuisines pour droguer tes soldats. Une fois endormis, nous les avons évacués discrètement et avons pris leurs places.
Il conclut avec un sourire victorieux, mais Emmett, boudeur, ajouta :
— Ce que je n'ai pas aimé, c'est devoir me déguiser en femme pour passer inaperçu. Mais si ça peut me permettre de venger mon père, alors ça en valait la peine.
Edgard trembla, réalisant l'ampleur de sa défaite. Il hurla avec une fureur désespérée :
— Vous… Vous ne pouvez pas me faire ça ! Vous n'avez aucune idée de ce que je pourrais vous faire subir !
Une silhouette frêle mais imposante se leva lentement parmi les invités. Esme, calme et souveraine, s'avança, son regard glacial fixé sur Edgard.
— Tout ce temps, Edgard, tu as cru pouvoir manipuler tout le monde. Tu as utilisé la peur, trahi la loyauté, mais ton arrogance t'a finalement perdu.
— C'est un coup monté ! rugit Edgard en se débattant alors que deux gardes l'immobilisaient. Vous ne vous en sortirez pas vivants !
Esme ne fléchit pas. Elle s'approcha encore davantage, ses pas résonnant dans le silence oppressant de la salle.
— C'est terminé, Edgard. Tu ne nuiras plus jamais à personne.
Sous les regards médusés de l'assemblée, Edgard fut emmené hors de la salle, sa colère et ses hurlements s'éteignant peu à peu dans le couloir.
Adam, légèrement essoufflé par les événements, se tourna vers Esme et esquissa un sourire amusé.
— Je dois dire, Votre Altesse, que vous avez un talent certain pour transformer les banquets en scènes inoubliables.
Un mince sourire effleura les lèvres d'Esme avant qu'elle ne réponde d'un ton sec :
— Et nous n'avons pas encore fini.
Elle quitta la salle, suivie de ses alliés, laissant derrière elle une assemblée en état de choc et le chaos d'une soirée marquant la fin d'un tyran.
Le lendemain matin, dans le royaume de Kyanit, plusieurs rois et reines furent conviés pour assister à la condamnation du roi déchu. Sur une grande estrade érigée au cœur de la place publique, Edgard, ligoté, faisait face à une foule immense. Les regards empreints de haine et de mépris ne le quittaient pas.
Esme monta sur la scène, sa prestance imposante malgré sa jeunesse. Elle s'adressa à l'assemblée, sa voix claire résonnant dans l'air.
— Aujourd'hui est un jour mémorable. Nous faisons face à celui qui a semé la douleur et la destruction dans nos royaumes. Roi Edgard, tes crimes sont innombrables. Tu as assassiné des rois, des princes, et des princesses, plongeant des nations entières dans le chaos. Et aujourd'hui, tu vas répondre de tes actes.
Edgard, malgré son air défait, trouva la force de ricaner.
— Vous ne pouvez rien contre moi. Si je tombe, Kyanit tombera avec moi. Car seul un membre de ma lignée peut régner sur ce trône !
Un murmure parcourut la foule. Soudain, une jeune femme s'avança. Ses longs cheveux bruns flottèrent sous la brise, et son visage trahissait une colère contenue.
— Nous le savons, Edgard, dit-elle d'une voix ferme.
Edgard pâlit en la reconnaissant.
— Non… C'est impossible…
Esme, immobile, laissa planer un silence avant d'intervenir.
— Oui, Edgard. C'est Aria, ta fille, née de ton union avec la reine Tiana.
Le roi déchu recula, secoué par ces paroles.
— Tu mens !
Esme poursuivit, implacable :
— Mon père, le roi Edmund, a aidé la reine Tiana à fuir tes maltraitances. Mais elle a été tuée en chemin par tes chevaliers. Heureusement, sa fille, Aria, a été sauvée de justesse par la chevalière Doria. Elle a grandi sous une fausse identité, cachée dans le château, en tant que simple dame de chambre.
La foule écouta, stupéfaite par ces révélations. Pour la première fois, on pouvait lire une expression de tristesse et de regret dans les yeux d'Edgard. Il regarda Aria et murmura :
— Ma… fille…
Mais Aria lui lança un regard empreint de colère et de dégoût.
— Ne prononce plus jamais ce mot ! Tu n'es qu'un monstre. Tu m'as tout pris : ma mère, le roi Edmund qui m'a élevée, et même Demetri et Dominique…
Sa voix se brisa, des larmes roulant sur ses joues.
Esme posa une main réconfortante sur l'épaule d'Aria avant de déclarer :
— Edgard, pour tes crimes, tu seras enfermé dans les oubliettes jusqu'à ta mort. Par conséquent, Aria héritera du trône, en tant que reine légitime de Kyanit.
La foule éclata en acclamations, des cris de joie s'élevant pour saluer la fin du règne d'un tyran et l'avènement d'une nouvelle ère. Les rois et reines présents applaudissaient, ravis d'être enfin débarrassés d'un homme qui avait longtemps semé le chaos.
Kyanit était libre, et un avenir prometteur s'ouvrait devant le peuple.