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Chapter 31 - Un piège

Le silence était presque assourdissant dans les appartements spacieux qu'Edgard avait offerts à Esme. Les rideaux de velours pourpre tamisaient la lumière, créant une atmosphère lourde, chargée de tension. Esme, debout près de la grande table de bois massif, fixait la porte d'entrée, attendant le retour de Stefan. Autour d'elle, Ander, Emmett, Sina, Adam et Bullet étaient rassemblés, chacun portant une expression mêlée d'inquiétude et de détermination.

La porte s'ouvrit brusquement, et Stefan entra, l'air grave. Ses bottes étaient couvertes de poussière, comme s'il avait couru tout le long du chemin.

— Stefan, qu'as-tu découvert ? demanda Esme d'une voix calme mais ferme.

Il s'inclina légèrement avant de répondre :

— Votre Altesse… J'ai vu des assassins. Ils se rassemblent discrètement dans les couloirs adjacents.

Un sourire ironique se dessina sur les lèvres d'Adam.

— Des assassins ? railla-t-il. Chaque personne dans ce château est un assassin, Stefan. Ce n'est pas exactement une révélation.

Stefan lança un regard noir à Adam mais continua, imperturbable :

— Ils se préparent à frapper, Votre Altesse. Edgard rassemble ses forces. Je les ai entendus parler… Ils veulent vous piéger.

Esme croisa les bras, ses yeux brillant d'un mélange de colère et de réflexion.

— Et as-tu appris quelque chose concernant leurs plans ?

Stefan hocha la tête avant de dévoiler tout ce qu'il avait entendu. Chaque mot semblait alourdir l'atmosphère de la pièce.

— Quel bâtard ! s'indigna Bullet en frappant du poing sur la table.

Ander, les bras croisés, ajouta d'un ton glacial :

— Il n'a pas changé du tout. Il ferait n'importe quoi pour obtenir ce qu'il veut…

Stefan s'avança d'un pas vers Esme.

— Nous ne pouvons pas rester ici plus longtemps, Votre Altesse. C'est trop dangereux. Nous devons partir avant qu'il ne soit trop tard.

Mais Esme, redressant la tête avec une détermination inébranlable, répondit :

— Non ! Je resterai.

Un silence pesant s'abattit sur la pièce. Tous la fixaient avec incrédulité. Sina, qui n'avait jusqu'à présent rien dit, prit enfin la parole :

— Votre Altesse, c'est bien trop dangereux…

Adam renchérit :

— Votre Altesse, ne prenez pas de décision hâtive ou vous risquez de la regretter plus tard !

Esme se tourna vers lui, son regard pénétrant.

— Je ne prends PAS de décision hâtive, Adam. Je sais que c'est risqué de rester ici, mais cela nous donne l'opportunité d'en finir avec Edgard.

Ses paroles résonnèrent dans la pièce. Aucun d'eux n'osa répondre, comprenant que sa décision était prise. Elle poursuivit, sa voix résonnant avec force :

— Maintenant que nous savons ce que prépare Edgard, nous avons un avantage considérable sur lui. C'est enfin notre chance de le vaincre. Maintenant ou jamais !

Ander, bien que visiblement réticent, finit par murmurer :

— Si vous souhaitez vraiment rester… alors j'ai peut-être une idée.

Le lendemain, le château était en effervescence. Edgard avait organisé un grand banquet, et les couloirs étaient décorés de draperies et de chandeliers scintillants. Les invités affluaient, déposant leurs armes comme on le leur avait demandé, conformément aux règles strictes imposées pour cette célébration.

Edgard, vêtu de ses habits royaux, leva son verre et s'adressa à l'assemblée avec un sourire énigmatique :

— Je propose un toast à Son Altesse Esme ! J'espère sincèrement que notre amitié durera toute la vie.

Esme, assise à la place d'honneur, répondit calmement :

— Moi de même, Edgard.

La fête battait son plein, mais une tension invisible flottait dans l'air.

Edgard s'approcha alors d'Esme et, avec un sourire appuyé, déclara :

— Votre Altesse, j'ai prévu un petit divertissement en votre honneur. Un spectacle unique que vous ne serez pas prête d'oublier.

Esme fronça les sourcils mais acquiesça d'un signe de tête, feignant la curiosité. Le spectacle débuta. Des acrobates et des danseurs entrèrent en scène, captivant les invités. Mais soudain, un des artistes dégaina une lame cachée, se précipitant droit sur Esme.

Adam, ayant anticipé le piège, bondit de sa chaise et repoussa l'assaillant avant qu'il

ne puisse atteindre Esme. Le choc fit voler la lame dans les airs, et elle retomba avec un bruit sourd au centre de la pièce.

— Traître ! hurla Sina, se levant d'un bond. Vous osez tenter d'assassiner Sa Majesté sous prétexte d'un spectacle ?

Edgard, feignant l'indignation, se leva à son tour.

— Je ne comprends pas ce que vous insinuez, Sina. Ce n'est qu'un malheureux malentendu. GARDES ! Arrêtez-les immédiatement !

Mais à sa grande surprise, les gardes restèrent immobiles. Le silence s'épaissit alors qu'Edgard, décontenancé, répétait son ordre.

— Qu'attendez-vous ? Arrêtez-les !

Lentement, les gardes se mirent en mouvement… mais à la place d'attaquer Esme et ses alliés, ils encerclèrent Edgard. Son visage pâlit, et la colère laissa place à la panique.

— Que faites-vous ? C'est un ordre !

L'un des gardes s'avança.

— Nous servons le vrai souverain, Edgard. Pas un usurpateur.