Dans le grand hall du palais, Esme arpentait nerveusement la pièce.
Chaque minute passée sans nouvelles du champ de bataille était une torture silencieuse. Elle serrait un parchemin entre ses doigts, mais ses pensées dérivaient ailleurs.
Ander, toujours pragmatique, s'approcha avec son calme habituel.
— Votre Altesse, vous devriez vous ménager. Vous avez encore des responsabilités ici.
Esme se tourna vers lui, une lueur d'agacement dans le regard.
— Mes soldats risquent leur vie sur le front, Ander. Comment puis-je me concentrer sur des papiers insignifiants ?
Ander soupira, croisant les bras.
— Justement, en tant que souveraine, votre devoir est de maintenir l'ordre ici. Rien de tel qu'un peu de travail pour apaiser l'esprit.
Esme marqua une pause, son regard dérivant vers la pile de documents sur son bureau. Avec un sourire ironique, elle répondit :
— Qui a dit que ce n'était pas un champ de bataille ?
Après des heures passées à traiter des rapports et des requêtes, Esme retrouva ses conseillers dans la salle de réunion.
Malgré tous ses efforts, l'inquiétude refit surface. Assise en silence, elle écoutait distraitement les discussions animées d'Ander, Bullet, Aria, Rivia et Stefan.
— Votre Altesse, je vous en prie, tout ira bien, tenta de la rassurer Stefan en posant une main sur son épaule.
Rivia, quant à elle, lui frottait doucement le dos.
— Essayez de respirer profondément, cela vous aidera.
Aria, armée d'un plateau, servait du thé en espérant détendre l'atmosphère.
C'est alors que V'athē fit une entrée spectaculaire, son enthousiasme éclatant dans la pièce.
— Votre Altesse ! J'ai une idée parfaite pour remonter le moral de tout le monde !
Esme haussa un sourcil, visiblement peu intéressée, mais répondit avec une politesse forcée :
— Très bien, V'athē. Parlons-en.
— Un banquet ! annonça-t-il avec un large sourire. Un grand festin pour distraire tout le monde !
La réaction fut immédiate et chaotique.
Ander, surpris, manqua de s'étouffer avec son thé, tandis qu'Aria trébucha, envoyant son plateau et les tasses s'écraser au sol. Bullet ouvrit grand la bouche, visiblement sous le choc, et Rivia accourut pour aider Aria à ramasser les débris.
Esme se leva brusquement, le visage dur.
— Un banquet ? En plein milieu d'une guerre ? Des hommes meurent chaque jour pour défendre ce royaume, et vous osez parler de festin ?
Le ton glacial de la souveraine coupa court à toute réponse. Elle quitta la salle d'un pas déterminé, laissant ses conseillers échanger des regards embarrassés.
V'athē, déconcerté, se tourna vers Ander, qui se levait également.
— Qu'ai-je fait de mal ?
Ander, visiblement exaspéré, répondit avec un soupir lourd :
— V'athē… êtes-vous vraiment si aveugle ? Nous sommes en guerre. Un banquet n'a rien de stratégique ni de respectueux. Il existe d'autres moyens de remonter le moral. Réfléchissez-y.
Sur ces mots, Ander quitta la salle, laissant V'athē seul avec ses pensées.
Plus tard, dans les jardins du palais, V'athē errait, cherchant un moyen de se racheter.
Il fut interrompu par un homme encapuchonné qui surgit de l'ombre. En découvrant son visage, V'athē recula, alarmé.
— Que faites-vous ici ? C'est dangereux, murmura-t-il en jetant des regards autour de lui.
L'homme répondit calmement :
— J'ai besoin de votre aide.
— Désolé, je ne peux rien faire pour vous, répliqua V'athē avec une froideur inhabituelle. Si quelqu'un vous voit ici, cela pourrait nous mettre tous en danger.
L'homme hocha la tête sans insister et disparut aussi rapidement qu'il était apparu.
Un mois passa.
Grâce aux efforts d'Esme et de ses généraux, la guerre toucha à sa fin. Esme était dans son bureau lorsqu'Ander entra, un sourire rare sur son visage.
— Votre Altesse, j'ai une bonne nouvelle.
Esme releva la tête, l'espoir brillant dans ses yeux.
— Parlez.
— Nos troupes ont gagné la guerre !
Elle se leva d'un bond, radieuse.
— Fantastique ! Quel soulagement ! Mon général a été à la hauteur.
Mais le visage d'Ander s'assombrit légèrement.
— Votre Altesse… il y a autre chose. Vous devez maintenant prendre une décision.