Esme hésita avant de confier, d'une voix basse et tremblante :
— Edgard n'a pas seulement tenté d'attenter à ta vie... il a aussi voulu me tuer.
Ander, abasourdi par cette révélation, fronça les sourcils et demanda d'une voix pressante :
— Qu'est-ce que tu veux dire ? Explique-moi tout.
Esme inspira profondément, rassemblant son courage, avant de tout lui raconter en détail. Elle parla de l'attaque, de la manière sournoise dont Edgard avait cherché à la piéger, et de l'effroi qu'elle avait ressenti en réalisant ses intentions. À la fin de son récit, ses yeux brillaient d'émotion contenue.
Ander, serrant les poings, déclara avec détermination:
— Alors, son but était de nous éliminer tous les deux pour affaiblir le royaume... Quelle crapule. Je te jure, Esme, que s'il revient, je ne l'épargnerai pas !
Esme acquiesça avec un regard dur.
— Moi encore moins, murmura-t-elle.
Ander soupira, sa colère laissant place à la prudence. Il posa une main sur l'épaule d'Esme et lui dit:
— On ne peut pas rester ici plus longtemps. C'est trop risqué. Les autres doivent être inquiets.
Esme hocha la tête, bien qu'un voile d'hésitation passa dans son regard.
— Mais... peux-tu vraiment marcher ? Ta blessure...
Ander, tentant de la rassurer, affirma avec un sourire forcé :
— Ne t'inquiète pas pour moi. Je dois sortir d'ici, coûte que coûte.
Esme parcourut les environs du regard, cherchant un moyen de l'aider. Après quelques instants, elle trouva un bâton solide qui ferait office de canne. Elle le ramassa et le tendit à Ander, l'aidant à se redresser.
— Tiens, appuie-toi là-dessus, dit-elle doucement.
Ander accepta le bâton avec gratitude, mais il s'appuya également sur Esme pour avancer. Ensemble, ils progressaient lentement, le silence entrecoupé seulement par le bruit de leurs pas et le souffle lourd d'Ander.
Soudain, une voix forte retentit au loin: — Votre Altesse! Où êtes-vous ?!
Reconnaissant la voix d'Adam, Ander se tourna vers Esme, les sourcils levés en une expression suspicieuse.
— Tu aurais peut-être dû les prévenir que tu étais partie, remarqua-t-il avec une pointe d'agacement.
Esme haussa les épaules avec un sourire contrit.
— Peut-être... répondit-elle en détournant le regard.
Ander leva les yeux au ciel, exaspéré, mais ne dit rien de plus.
Quand Esme et Ander émergèrent enfin de leur cachette, le groupe les accueillit avec soulagement. Adam fut le premier à courir vers eux.
— Ander! s'exclama-t-il en prenant le bras de son ami pour le passer autour de ses épaules. Laissez-moi vous aider.
Esme se recula pour laisser Adam le soutenir, mais Bullet arriva également, prenant la place d'Esme pour épauler Ander.
— Comment te sens-tu, mon ami ? demanda Bullet d'un ton préoccupé.
Ander répondit avec un sourire fatigué
— Je suis vivant, et c'est déjà pas mal.
La réponse arracha un rire nerveux au groupe, allégeant légèrement l'atmosphère.
Sina, pragmatique, intervint alors avec autorité :
— Chevaliers, préparez une civière. Attachez-la à quatre chevaux. Nous devons le ramener au château en toute sécurité.
Mais Ander protesta aussitôt, secouant la tête.
— Ce n'est pas nécessaire. Je peux monter à cheval.
Esme le fusilla du regard.
— Absolument pas ! Tu n'es pas en état.
Face à l'inflexibilité d'Esme, Ander dut capituler. Il attendit patiemment que la civière soit prête, puis s'allongea dessus. Une fois installé, ils entreprirent le voyage de retour au château.
En arrivant, ils furent accueillis par Emmett et Nya, qui les attendaient avec des visages empreints d'inquiétude. Dès qu'elle vit Esme, Emmett accourut vers elle et la serra dans ses bras.
— Esme ! J'ai eu tellement peur pour toi. Si quelque chose t'était arrivé... je n'ose même pas imaginer...
Esme se figea légèrement face à cette démonstration d'affection, mais elle tapota maladroitement son dos en signe de réconfort.
Non loin de là, Nya observait la scène, ses poings serrés. Un mélange de jalousie et de frustration l'envahissait, bien qu'elle tenta de ne rien montrer. Elle fut tirée de ses pensées lorsque Esme se tourna vers elle.
—Nya, ça va ? demanda Esme avec sincérité.
Nya esquissa un sourire forcé.
—Ce n'est pas ma vie qui était en danger, répondit-elle doucement. Et toi ? Est-ce que tu vas bien ?
—Oui, ça va, mais ce n'est pas le cas d'Ander, répondit Esme, détournant rapidement le sujet.
Emmett, entendant cela, s'approcha de la civière et observa Ander, grièvement blessé et inconscient. Alarmé, il se tourna vers Esme.
— On doit appeler un médecin immédiatement !
— Oui, mais aussi le mage du royaume, ajouta Esme.
Emmett la regarda, surpris.
— Pourquoi un mage? Tu penses que ses blessures sont d'origine magique ?
Esme secoua la tête.
— Non, mais Ander n'est pas bien mentalement. Il a besoin d'un soin en profondeur, au-delà du physique.
groupe transporta Ander dans la chambre d'Esme, sur ses ordres. Lorsqu'on lui demanda pourquoi il ne retournait pas dans sa propre chambre, Esme expliqua:
— La sienne est trop loin. Et à partir de maintenant, il occupera la chambre de Demetri, qui est plus proche de la mienne.
La déclaration suscita des regards surpris, mais personne n'osa protester, à l'exception de V'athē. Debout dans un coin, il marmonnait pour lui-même, la jalousie brûlant dans ses yeux.
— D'abord, je dois supporter Emmett, ensuite Stefan, et maintenant Ander...! murmura-t-il en serrant les poings.
Il serra les dents, se promettant :
— Je ne me laisserai pas remplacer si facilement...