Ander ouvrit lentement les yeux, ses paupières lourdes de sommeil. La lumière tamisée de la pièce illuminait les murs ornés de tapisseries somptueuses. Son esprit embrouillé mit un instant à reconnaître l'endroit : la chambre d'Esme. Il fronça les sourcils, se redressant légèrement sur le lit.
— Qu'est-ce que je fais ici ? murmura-t-il pour lui-même.
Avant qu'il ne puisse élaborer davantage, une voix douce mais ferme retentit derrière lui :
— Bien dormi, Ander ?
Il se retourna et vit Esme assise sur un fauteuil près de la fenêtre, un livre à la main. Elle le regardait avec un sourire tranquille, comme si sa présence ici était tout à fait naturelle.
— Oui… je suppose. Mais qu'est-ce que je fais dans ta chambre ? demanda-t-il en se frottant le front.
Esme referma son livre avec calme.
— J'ai demandé qu'on t'installe ici, en attendant que la chambre de Demetri soit prête, répondit-elle simplement.
Ander la fixa, interloqué.
— La chambre de Demetri ? Pourquoi j'y serais ?
— Parce que j'en ai décidé ainsi, répliqua Esme d'un ton qui n'appelait aucune contestation.
Ander passa une main dans ses cheveux, visiblement mal à l'aise.
— Ce n'est pas une bonne idée, Esme. Les gens pourraient se faire des idées, et… ça ne plaira pas à V'athē.
Esme haussa les épaules, indifférente.
— V'athē peut penser ce qu'elle veut. Cela m'est égal.
Ander ouvrit la bouche pour protester, mais fut interrompu par trois coups secs à la porte. Esme se leva pour ouvrir et révéla la mage Maya, une femme à l'allure élégante et mystérieuse, vêtue d'une longue robe noire brodée de symboles anciens.
— Maya ! dit Esme avec un sourire chaleureux. Merci d'être venue. Entre.
Maya hocha la tête et entra dans la pièce. Ander, qui n'avait pas encore quitté le lit, la regarda, visiblement surpris.
— Maya ? Qu'est-ce que tu fais ici ?
Esme referma la porte avant de répondre.
— Je l'ai appelée pour toi.
— Pour moi ? répéta Ander en se redressant davantage, la confusion marquée sur son visage.
Esme s'approcha et s'assit sur le bord du lit, son expression plus sérieuse.
— Lorsque tu étais inconscient, tu parlais parfois dans ton sommeil. Tu appelais à l'aide. Tu mentionnais ta mère… et ton père.
Les mots d'Esme frappèrent Ander comme une vague glacée. Sa bouche resta entrouverte, mais aucun son n'en sortit.
— C'est pour ça que j'ai fait appel à Maya, continua Esme. Elle pourrait peut-être t'aider à comprendre ce qui se passe.
Maya s'avança lentement, ses yeux perçants fixés sur Ander.
— Tes rêves… ou plutôt, ce que tu appelles des rêves, peuvent révéler des vérités enfouies, murmura-t-elle.