Dans une pièce faiblement éclairée, au cœur du chaos de Chang'an, Zhang Xiao Jing faisait face à Tong Er, une courtisane connue pour ses liens discrets avec les puissants. Malgré ses réticences, Zhang savait qu'il devait arracher la vérité à cette femme, peu importe le coût.
"Ton amant, Tong Er. Je sais que tu le protèges," lança-t-il, sa voix grave résonnant dans la pièce. "Mais si tu ne me dis pas ce que tu sais, cette ville pourrait brûler entièrement avant l'aube."
Tong Er, vêtue d'une robe de soie délavée, détourna les yeux. Elle serra les pans de sa tenue, son corps tendu par l'anxiété.
"Et si je parle, qu'est-ce que ça changera ? On finira tous par mourir de toute façon."
Zhang s'approcha lentement, son regard implacable.
"Si tu ne parles pas, tu mourras avec la certitude que tu aurais pu empêcher ça."
Le silence s'étira, puis Tong Er céda enfin. Elle murmura le nom de son amant, un homme influent lié indirectement à l'Escouade du Loup. Ce fut une révélation que Zhang préférait éviter, mais il savait qu'il devait l'exploiter pour avancer.
En échange de cette trahison, Tong Er révéla un détail crucial : elle avait été emmenée dans une résidence discrète, autrefois utilisée par Long Bo comme cachette temporaire. L'adresse était vague, mais suffisante pour donner à Zhang une nouvelle piste.
"C'est tout ce que je sais," déclara-t-elle avec une lassitude palpable. "Si tu vas là-bas, sois prudent. Ces gens ne laissent jamais de témoins."
Zhang hocha la tête, une lueur d'espoir dans les yeux. "Tu viens peut-être de sauver cette ville, Tong Er. Mais ne t'attends pas à de la reconnaissance."
Alors qu'il se dirigeait vers la résidence mentionnée par Tong Er, Zhang remarqua une atmosphère de plus en plus tendue dans les rues de Chang'an. Les mercenaires qui autrefois travaillaient avec le Corps des Gardiens de la Paix semblaient désormais agir pour leur propre compte. L'argent et la peur avaient remplacé la loyauté.
Arrivant à proximité de la cachette, Zhang fut encerclé par un groupe d'hommes armés. Leur chef, un vétéran à la voix rauque, s'avança.
"Tu es seul, Zhang Xiao Jing. Personne ne viendra t'aider. Les ordres, on ne les prend plus de toi."
Zhang, le souffle court, comprit qu'il ne pouvait pas compter sur leur soutien. La fracture dans leurs rangs avait laissé ses ennemis libres d'agir. Mais Zhang, fidèle à lui-même, ne montra aucune peur.
"Alors, tuez-moi si vous l'osez," lança-t-il, dégainant sa dague. "Mais sachez que les flammes qui dévorent cette ville finiront par vous atteindre aussi."
Un silence lourd suivit, mais les mercenaires, bien que menaçants, ne passèrent pas à l'action. Zhang en profita pour s'éclipser, poursuivant sa mission seul.
En revenant au quartier général pour coordonner ses prochains mouvements, Zhang chercha Yao Ru Neng, un officier sur qui il comptait pour mobiliser les troupes restantes. Cependant, à sa grande surprise, Yao refusa de le suivre.
"Je ne peux pas t'aider, Zhang," déclara-t-il, évitant de croiser son regard. "Il y a des ordres plus urgents à suivre."
Zhang sentit une vague de colère monter en lui. "Des ordres ? Qui sont plus importants que sauver cette ville ?"
Yao détourna les yeux, murmurant une excuse vague avant de partir. Zhang, frustré et seul, comprit qu'il ne pouvait compter sur personne d'autre que lui-même pour traquer Long Bo.
Au même moment, dans la résidence de Lin Jiu Lang, Li Bi faisait face à l'une des confrontations les plus délicates de sa carrière. Lin Jiu Lang, conseillé par des rivaux politiques du Prince Héritier, était prêt à rejeter toute responsabilité de la crise sur Li Bi et à lui retirer son droit d'enquête.
"Vous avez échoué, Li Bi," déclara Lin Jiu Lang d'un ton froid. "La ville brûle, et vous n'avez pas su protéger ce que vous avez juré de défendre."
Li Bi, malgré la pression, resta imperturbable. "Si je porte la responsabilité, alors laissez-moi une dernière journée pour corriger mes erreurs. Une journée, et si je ne réussis pas, je quitterai mon poste."
Lin Jiu Lang le considéra un instant, puis acquiesça. "Vous avez une journée, Li Bi. Mais souvenez-vous, une fois cette affaire terminée, vous ne serez plus jamais en position de gouverner."
Li Bi accepta l'accord, bien conscient du prix qu'il payait pour obtenir ce sursis. En sortant de la résidence, il murmura pour lui-même : "Une journée suffira."
Dans les ruelles sombres de Chang'an, Zhang continuait à avancer, ses pas lourds mais déterminés. Il savait que le temps était contre lui. Avec peu de ressources et aucun soutien, il devait encore traquer Long Bo avant que l'Escouade du Loup ne frappe à nouveau.
Alors qu'il approchait de la résidence mentionnée par Tong Er, il remarqua une activité inhabituelle. Des silhouettes se déplaçaient furtivement à l'intérieur, transportant des caisses et des rouleaux. C'était sa chance.
Mais au moment où Zhang se préparait à entrer, une voix familière l'interpella dans l'obscurité. Wen Ran, une alliée de son passé, se tenait là, l'expression grave.
"Zhang," dit-elle doucement, "tout ce que j'ai fait jusqu'à maintenant, c'était pour te sortir de prison. Tu devrais abandonner cette enquête avant qu'elle ne te détruise."
Les mots de Wen Ran laissèrent Zhang perplexe. Devait-il continuer à poursuivre une mission qui semblait condamner tout ce qu'il touchait, ou écouter cette voix du passé qui lui proposait une issue qu'il n'avait jamais envisagée ?