Chereads / [WN] [FR Trad] Sengoku Komachi Kuroutan / Chapter 17 - Chapitre 17 : Début Octobre 1566, Partie 1

Chapter 17 - Chapitre 17 : Début Octobre 1566, Partie 1

Après que Shizuko ait fini de calculer le nombre de ballots de riz à stocker dans chaque grenier, Nobunaga fut étrangement silencieux, comme si sa colère d'il y a quelques minutes ne s'était jamais produite.

Après qu'elle ait terminé son rapport, il la laissa partir sans lui confier de tâches irraisonnables.

Shizuko s'interrogea sur son changement soudain d'attitude, mais ne voulant pas troubler l'eau qui dort, elle quitta le château sans faire de commentaire.

Peu de temps après le départ de Shizuko, Nobunaga convoqua Mori Yoshinari et Takigawa Kazumasu.

"As-tu découvert quelque chose sur Shizuko ?"

"J'ai honte de l'avouer, mais je n'ai pas trouvé la moindre information sur elle."

Après avoir jeté un regard sur Kazumasu, qui avait incliné la tête avec une expression remplie de regret, il se tourna vers Yoshinari.

Comprenant ce que Nobunaga voulait de lui, Yoshinari baissa la tête et se mit à parler.

"Moi-même, j'ignorais qu'elle disposait d'un tel talent."

Shizuko, sous les yeux de Nobunaga, avait non seulement écrit en kanjis, en hiraganas et en katakanas, mais aussi effectué des calculs en utilisant les quatre opérations mathématiques de base.

Dans le monde moderne, cela était quelque chose qui s'apprenait à l'école primaire, mais à l'époque Sengoku, c'était complètement différent.

À cette époque, les mathématiques étaient quelque chose de complètement inconnu pour ceux qui n'étaient pas des marchands ou des seigneurs comme Nobunaga.

Cela donnait aux commandants militaires la capacité de compter le nombre de dizaines de milliers de soldats que possédait chaque camp et d'évaluer la différence de force, quoique très grossièrement.

Dans les deux cas, la capacité d'écrire des kanjis et d'effectuer des calculs complexes sans l'aide d'un boulier n'était pas quelque chose qu'un paysan pouvait acquérir.

"… Et qu'en est-il du clan Ayanokōji ?"

"Il n'y a aucun rapport sur une fille comme Shizuko-dono qui serait née chez eux."

"…"

Nobunaga ferma silencieusement les yeux après avoir entendu la réponse de Kazumasu.

"Lorsque nous nous étions rencontrés, je n'avais pas prononcé mon nom une seule fois."

Environ 5 minutes plus tard, Nobunaga s'était remis à parler.

"Et pourtant, elle avait dit mon nom."

"Comment…"

"Je n'y avais pas prêté attention à ce moment-là, mais quelques jours plus tard, j'étais devenu curieux et j'ai interrogé Shizuko à ce sujet. Comment pensez-vous qu'elle avait répondu ?"

Ni Yoshinari ni Kazumasu ne purent répondre.

Tous deux connaissaient très bien Nobunaga, mais Shizuko était une personne qui n'avait absolument aucun lien avec lui.

Être capable de deviner instantanément son identité devrait relever de l'impossible.

Ils avaient bien sûr pensé qu'elle était une espionne, mais ils ne pouvaient ressentir aucune malice ou hostilité de sa part.

"Mon emblème et le Yoshimoto Samonji."

Le duo eurent le souffle coupé face à cette réponse inattendue.

"Certes, j'avais porté un kataginu avec le symbole de la [Fleur de cognassier à cinq pétales] brodé dessus. Et je portais le Yoshimoto Samonji sur moi. Mais seulement cela et rien d'autre."

Nobunaga continua de parler en jouant avec l'éventail pliable dans sa main.

"Elle a des talents incommensurables capables de la rendre désirée par tous les pays, mais elle ne le montre pas comme si c'était naturel pour elle. Elle connaît également très bien l'étiquette, probablement en raison de son nom de famille noble. De plus, elle sait de nombreuses choses sur Takeda et moi."

Et, après avoir marmonné dans sa barbe, il déclara en regardant Yoshinari et Kazumasu:

"Elle ne semble pas en être consciente… mais Shizuko est très douée pour utiliser les autres, elle est capable de décerner leur talent et leur assigner des tâches idéales. Ça doit être son talent le plus terrifiant. Quand j'ai compris cela, j'ai quasiment ressenti de la gratitude envers les dieux et les bouddhas pour ma rencontre avec elle."

"Mais mon seigneur. Faire confiance à une personne qui ne veut pas parler de ses origines pourrait poser problème…"

"Hum… il est vrai que nous ne pouvons pas lui accorder une trop grande confiance. Mais selon moi, elle est beaucoup trop honnête pour être une agent secrète."

Bien qu'il soit d'accord avec l'avertissement de Kazumasu, Yoshinari avait également pris la défense de Shizuko.

Parmi les trois personnes présentes, il était celui qui avait le plus de contacts avec Shizuko et était incapable de penser qu'elle puisse être une espionne.

Comme Yoshinari l'avait dit plus tôt, cela était dû à sa personnalité docile qui n'avait pas sa place dans cette période de conflits.

"C'est exactement comme l'a dit Yoshinari. Mais tu as un bon argument, Kazumasu. Nous n'avons pas besoin d'agir, mais nous devons installer une garantie."

Nobunaga tapa légèrement des mains et la porte coulissante de l'entrée s'ouvrit silencieusement.

La porte avait été ouverte par―

***

Au même moment, alors que Nobunaga, Mori et Takigawa discutaient du traitement de Shizuko.

Cette dernière était troublée par un certain quelque chose.

"Hum… vous avez beau me dire de prendre une décision…"

"Je suis désolé, chef. Je sais que c'est irraisonnable de vous demander ça aussi soudainement, mais c'est vraiment une urgence."

Daiichi, l'ancien chef du village, se tenait sur sa gauche et se grattait la tête.

Il n'était pas seul. Kinzō, Tagosaku, Saki, Osora… la majorité des villageois originaux s'étaient rassemblés.

Dirigés par Shizuko, ils s'étaient rassemblés dans une maison qui pouvait être qualifiée d'établissement public.

Shizuko, en tant que chef du village, était assise sur le siège d'honneur tandis que les villageois originaux étaient à sa gauche et à sa droite.

Devant eux se tenaient quatre hommes avec une allure complètement différente de la leur, ils ressemblaient davantage à des chasseurs vivants dans les montagnes.

Leurs tenues étaient variées mais tous étaient horriblement maigres, on pouvait voir au premier coup d'œil qu'ils étaient extrêmement mal nourris.

"Je suis bien conscient que ma demande est insolente. Mais à ce rythme, tout le village mourra de faim. Je vous en supplie."

Après avoir dit cela, le chef du quatuor s'inclina profondément devant Shizuko.

Baisser la tête devant quelqu'un qui faisait la moitié ou le tiers de son âge, et une femme en plus de cela, devait profondément blesser sa fierté. Mais ils n'avaient même pas le luxe de se soucier de leur apparence.

"(Qui aurait crû que ce village et celui dans les montagnes ne faisaient qu'un, à l'origine…) Relevez la tête, Nisaku-sama. Je n'ai aucune objection à apporter mon aide."

Mais, après avoir commencé par cette déclaration, Shizuko dit :

"Mais même en continuant d'apporter notre soutien, votre peuple devra probablement abandonner le village dans un avenir proche."

Nisaku savait déjà cela, alors il fronça les sourcils face aux mots de Shizuko.

Après tout, le village de Shizuko avait donné des légers soutiens au village de Nisaku depuis l'année dernière.

Malgré cela, la situation ne s'était pas du tout améliorée cette année, au contraire, elle s'était encore détériorée.

De ce fait, ils avaient décidé de demander personnellement de l'aide à Shizuko.

"… Alors qu'est-ce qu'on doit faire ? On a déjà tout essayé, mais rien ne change ! Qu'est-ce qu'on peut faire d'autre ?!"

Le ton de Nisaku devint plus dur, probablement frustré par son impuissance.

Mais il reprit rapidement son calme, secoua légèrement la tête, et s'inclina devant Shizuko.

"Mes excuses, j'ai perdu le contrôle."

"Ça va, ça ne me dérange pas. On devrait plutôt discuter d'un moyen de résoudre les problèmes de votre village. Mais avant ça…"

Shizuko tapa légèrement des mains vers la porte.

Puis la porte s'ouvrit et plusieurs femmes entrèrent avec des plateaux dans leurs mains.

Elles posèrent un plateau devant tout le monde, y compris le groupe de Nisaku, s'inclinèrent et partirent.

"Vous devez être épuisés par le long voyage. Mangez d'abord un morceau. Nous pourrons discuter après."

De la nourriture avait été posée devant eux.

Il y avait de la bouillie de riz, des umeboshi4 et des tranches de légumes marinés.

Au départ, le groupe de Nisaku avait hésité face à cette cuisine inconnue, mais ils décidèrent d'y goûter lorsque Shizuko leur avait dit « Ne vous gênez pas, régalez-vous ».

Ils goûtèrent timidement car c'était la première fois qu'ils voyaient de la bouillie de riz, mais ils furent surpris par le goût et se laissèrent dominer par leur appétit.

"Je n'ai pas les mots pour vous remercier de votre générosité."

"Non, non, ce n'est rien."

Nisaku était très courtois, Shizuko ignorait si cela était dû à sa personnalité ou s'il était originaire d'une famille de samouraïs.

À ses yeux, elle avait simplement servi de la bouillie de riz facile à digérer pour réchauffer le groupe de Nisaku qui grelottait à cause de leur extrême malnutrition.

"Maintenant, concernant les problèmes de votre village, laissez-moi d'abord vous faire mes conjectures. Corrigez-moi si je me trompe."

"Allez-y."

Shizuko appelait cela des conjectures, mais elle pensait que tout ce qu'elle allait dire était plus ou moins correct.

En réalité, elle avait remarqué ces problèmes dès le printemps, mais elle s'était abstenue d'intervenir car c'était le problème d'un autre village.

"Il y a trop de boue dans la rivière de votre village pour que vous puissiez utiliser son eau, n'est-ce pas ?"

Les visages du groupe de Nisaku se raidirent immédiatement.

Et ils n'étaient pas les seuls. Daiichi, Tagosaku, Kinzō et les autres furent tout aussi surpris.

Shizuko fut convaincue, en voyant leurs expressions, qu'elle n'était pas loin de la vérité.

"Et parce que les montagnes sont sombres et humides même pendant la journée, les animaux n'entrent plus dans vos terrains de chasse. Par conséquent, vous n'avez plus de viande et de fourrure et vous devez chercher de la nourriture tous les jours. Ce sont ces deux problèmes, n'est-ce pas ?"

"… Est-ce que vous avez des pouvoirs surnaturels ? Comment avez-vous compris les raisons de nos problèmes ?"

"Ce n'est pas si compliqué. Les habitants des montagnes fournissent du bois de chauffage, du charbon de bois, du bois de construction, du minerai, de la viande et du cuir. Je me suis juste basé sur ça."

Les minerais étaient utilisés pour fabriquer de la monnaie, des couverts, des outils agricoles et des outils quotidiens, alors ils n'étaient pas très affectés par la sombreur des montagnes.

En conclusion, les gens qui étaient affectés par la sombreur des montagnes et l'absence d'animaux étaient les chasseurs, les charbonniers et les bûcherons.

"La forêt est trop dense, alors les arbres poussent mal et le sol n'est presque jamais éclairé par le soleil, pas vrai ? Du coup, la capacité d'absorption du dioxyde de carbone est réduite, le sous-bois disparaît et le sol devient trop pauvre pour permettre aux arbres de s'enraciner correctement. En conséquence, les branches inférieures se fanent et les arbres deviennent trop minces pour pouvoir être vendus comme bois de chauffage. C'est ce que je pense de la situation."

"… Je n'ai pas compris la moitié de ce que vous avez dit, mais c'est exactement ça. Il n'y a plus d'arbre qui peut être utilisé comme bois de chauffage, et comme il n'y a plus de nourriture, les animaux ne viennent pas et nous ne pouvons plus vendre leur viande."

"C'est bien ce que je pensais. Dans ce cas, la solution est de construire un [puits] et de pratiquer une [éclaircie]. Il nous faudra également un équipement pour filtrer l'eau de la rivière."

Shizuko avait facilement fourni une solution au problème qui tourmentait les villageois depuis plus de dix ans.

Elle l'avait dit avec une telle aisance que Nisaku, au départ, ne comprenait rien.

"Kinzō-san. Vous avez tous les outils pour le [puits] que je vous avais demandé de faire auparavant ?"

"Hein ? Euh, oui. J'ai déjà tout préparé juste au cas où, cheffe."

"Bien. Tagosaku-san, allez chercher du charbon de bois, des grandes herbes et des cailloux. Daiichi-san, apportez-moi un grand seau et un tissu assez large pour l'envelopper."

"C-Compris !"

"Entendu."

Shizuko pensait avoir couvert tout le nécessaire, mais lorsqu'elle regarda le groupe de Nisaku, elle se souvint de quelque chose d'important.

"Saki-san, Osora-san. Préparez un paquet de nourriture à emporter. J'ai besoin que les gens de leur village travaillent aussi, et ils ne pourront pas le faire s'ils sont affamés."

"Entendu."

Osora répondit énergiquement aux paroles de Shizuko et sortit en courant.

Je vous ai même pas dit ce qu'il fallait prendre, pensa Shizuko, mais elle ne fit rien, pensant qu'il était inutile d'entrer dans les détails.

"Euh, que… qu'est-ce que vous faites ?"

N'ayant pas réussi à suivre le déroulement des événements, Nisaku interrogea Shizuko avec un air surpris.

"On va aller dans votre village et régler vos problèmes."

Shizuko répondit vivement comme pour dissiper les inquiétudes de Nisaku.

***

Un koku (environ 2 heures) plus tard, Shizuko et les autres se mirent en route pour le village de Nisaku avec les objets qu'ils avaient préparés.

Comme il fallait gravir une montagne, Saki et Osora furent laissées au village et la nourriture fut portée par les hommes.

Shizuko avait passé près de deux ans à chasser du cerf et récolter des choses dans la montagne, alors elle marchait aussi facilement que si elle se promenait dans son jardin.

Cela ne fut pas le cas pour Kinzō et Tagosaku qui n'avaient pas escaladé la montagne depuis longtemps, ils furent complètement épuisés à mi-chemin.

En raison de cela, ils arrivèrent au village de Nisaku dans l'après-midi, soit légèrement en retard.

"Je, je n'en plus… je meurs…"

"Cheffe… d'où est-ce que vous tirez cette énergie… ? Urg."

Kinzō et Tagosaku s'effondrèrent dès leur arrivée au village.

Ils respirèrent à pleins poumons et vidèrent leurs gourdes d'eau en bambou.

"Je grimpe souvent les montagnes à la recherche d'herbes médicinales et de cerfs. Peut-être que ça m'a rendue plus solide ?"

Contrairement au duo, Shizuko n'était pas essoufflée du tout.

Elle transpirait légèrement, mais elle était loin d'être épuisée comme l'étaient Kinzō et Tagosaku.

"On se mettra au travail une fois que j'aurais fini les discussions. Reprenez votre souffle d'ici-là."

Sur ces mots, Shizuko se sépara du duo épuisé et de Daiichi, qui se forçait à rester debout, et entra dans le village de Nisaku.

Le groupe de Nisaku était en tête de file, suivi par Shizuko, Wittmann, Kaiser et König.

"Ah, chef, vous revoilÀÀÀÀÀÀÀÀÀ !!"

Les villageois ne purent s'empêcher de crier en voyant les trois loups qui suivaient le groupe.