Chereads / [WN] [FR Trad] Sengoku Komachi Kuroutan / Chapter 23 - Chapitre 23 : Début Décembre 1566, Partie 2

Chapter 23 - Chapitre 23 : Début Décembre 1566, Partie 2

Shizuko se tourna vers la voix et vit un garçon d'environ 10 ans.

Il était plutôt bien habillé, mais il semblait que quelqu'un l'avait fait pour lui.

"Hum ? J'ai quelque chose sur le visage ?"

Comme le garçon était à l'intérieur des murs du château, Shizuko pensait qu'il était le fils d'un guerrier.

Et comme il ne portait pas de sabre à sa taille, elle était certaine qu'il avait moins de 12 ans.

À l'époque d'Edo, le katana était considéré comme le symbole d'un samouraï, mais autrefois, il était la preuve que quelqu'un était un adulte.

Même les paysans portaient un wakizashi, changeaient leurs noms et leurs coiffures lorsqu'ils devenaient adultes.

Pour résumer, un garçon qui ne portait pas de lame signifiait qu'il n'avait pas encore eu sa cérémonie de passage à l'âge adulte.

Elle pouvait avoir lieu plus tôt selon les circonstances, mais la cérémonie de passage à l'âge adulte se déroulait généralement entre 12 et 16 ans, avec les cas les plus tardifs à 20 ans.

Par conséquent, Shizuko avait jugé que le garçon avait moins de 12 ans.

"Non, ce n'est rien."

"Je vois. Et sinon, qu'est-ce que tu écris ? Je n'ai jamais vu ces formes auparavant."

"Ah… c'est juste une formule de calcul. Euh… à la façon du Nanban."

"Intéressant ! Alors c'est comme ça que les gens du Nanban font des calculs. Hum… plus je regarde, plus ces formes sont étranges."

Surpris par la réponse de Shizuko, le garçon la poussa et s'accroupit devant la formule.

Bien qu'elle voulait critiquer le comportement du garçon, Shizuko avait une position hiérarchique plus faible, alors elle recula légèrement.

Pendant un moment, le garçon admira la formule écrite par terre et hocha la tête comme s'il était d'accord.

Il ne comprenait probablement rien, mais il devait être rempli de curiosité pour les choses exotiques.

Shizuko ne put s'empêcher de sourire face à cela.

"C'est donc comme ça que le Nanban fait des calculs. Hum… femme, est-ce que tu sais autre chose ?"

"Hein ? Euh… oui, je sais bien deux ou trois choses, mais… ?"

"N'importe quoi me convient. Et si c'est du côté de la guerre, ce sera encore mieux. Je pourrais m'en vanter auprès de mon père !"

Shizuko fut légèrement troublée par cette demande. N'étant pas spécialisée dans la guerre, il n'y avait rien qui lui venait à l'esprit.

Mais il y avait une chose qu'elle savait qui correspondait aux critères du garçon.

"… Ce n'est pas quelque chose du Nanban, mais plutôt de Chine… c'est un livre de guerre qui est transmis dans le Ming depuis les temps ancien."

"Un livre sur la guerre ?"

Shizuko hocha la tête et prononça le nom du livre. Ce livre sur l'art de la guerre contenait des stratégies universelles qui ont transcendé les âges et les cultures.

"Ce livre s'appelle [L'Art de la guerre de Sun Tzu)]."

***

L'Art de la guerre de Sun Tzu. Un livre sur la stratégie militaire qui aurait été réalisé par le philosophe Sun Wu.

Plusieurs millénaires s'étaient écoulés depuis sa création, mais il est toujours considéré comme le meilleur livre sur la stratégie.

Bien sûr, il y avait des livres similaires en Occident.

Parmi les exemples, on pouvait citer [De la guerre] de Carl von Clausewitz ou [Précis de l'art de la guerre] d'Antoine Henri de Jomini.

Durant les époques plus récentes, il y avait également eu [Strategy] de Sir Basil Henry Liddell Hart, un chef-d'œuvre de l'étude de la guerre et de la stratégie durant le 20ème siècle aux côtés de [De la guerre] de Clausewitz.

"Il y a sept grands livres sur l'art de la guerre au Ming, appelés collectivement les Sept traités de la guerre. Et ce livre suprême de l'art militaire en fait partie."

"Fascinant."

"Ils sont [L'Art de la guerre de Sun Tzu], le [Traité militaire de Wu Qi], [L'Art du Commandement du commandant], les [Six Arcanes stratégiques de Jiang Ziya], les [Trois Ordres stratégiques de Huang Shigong], [Le Code Militaire du grand Maréchal] et les [Questions de l'empereur Taizong au général Li Jing]. Chacun de ces livres—"

"Assez parlé de ça. Dépêche-toi de me parler de ce [Sun Tzu]."

"(Merde, j'ai pas réussi le distraire…) Bon, je vais te dire quelques citations célèbres de Sun Tzu."

Shizuko avait dit cela, mais en réalité, elle ne savait pas grand-chose.

Elle en avait lu une partie uniquement parce que sa sœur l'avait forcée à l'acheter pour elle. Elle avait toujours l'e-book dans son smartphone, mais elle ne l'avait jamais lu de son plein gré.

"(On ne sait jamais ce qui pourrait devenir utile dans la vie)… [Connais l'ennemi et connais-toi toi-même ; en cent batailles tu ne connaîtras jamais aucun danger], [Les logistiques décident de l'ordre ou du chaos dans une armée], [Ceux qui sont experts dans l'art de la guerre soumettent l'armée ennemie sans combat]."

"Hum, hmm… c'est plutôt compliqué, mais ce sont des mots brillants !"

Le garçon hocha la tête avec un sourire légèrement gêné sur son visage.

Il était évident qu'il n'avait pas compris le sens de ces mots, mais Shizuko elle-même ne le savait pas, alors elle voulait s'arrêter là.

Mais son vœu a vite été réduit en poussière.

"Et donc, qu'est-ce que cela veut dire ?"

"… [Connais l'ennemi et connais-toi toi-même ; en cent batailles tu ne connaîtras jamais aucun danger]. Si tu connais ta situation et celle de ton ennemi, même si vous vous battez 100 fois, tu ne seras jamais en danger."

Elle se creusa la tête et se remémora les commentaires sur les citations de [l'Art de la guerre de Sun Tzu].

Comme elle l'avait lu uniquement à cause de son influence sur d'autres grandes figures historiques, elle ne voulait pas que le garçon creuse trop profondément.

Par conséquent, avant que le garçon ne puisse y réfléchir et poser des questions, elle passa à l'explication suivante.

"[Ceux qui sont experts dans l'art de la guerre soumettent l'armée ennemie sans combat]. Gagner des centaines de batailles n'est pas la meilleure stratégie. Le mieux, c'est de détruire l'esprit combatif de l'ennemi sans l'affronter."

"Je ne comprends pas."

"Pour faire simple, c'est mieux de capturer le pays ennemi tout en ayant gardé tous tes soldats. Si tu as 40 000 hommes et que ton ennemi en a 30 000, plutôt que de les envoyer au combat, ce n'est pas mieux de capturer le pays ennemi avec tes 40 000 soldats toujours en vie ? Voilà ce que ça veut dire."

Après avoir dit cela, Shizuko écrivit des chiffres en kanji sur le sol.

"Si on suit cet exemple et que tu gagnes sans te battre, tu auras capturé l'armée ennemie et ton armée passera à 70 000 hommes. Si tu avais gagné en te battant et que les deux camps aient perdu la moitié de leurs troupes, tu n'aurais que 35 000 soldats. Il y a bien des choses à prendre en compte comme les exploits militaires, mais ce n'est pas mieux d'éviter les combats inutiles et d'augmenter le nombre de tes troupes ?"

"Urgh… o-oui, mais…"

"Évidemment, il y a des moments où tu ne peux que te battre. Donc, en attendant que ce moment arrive, tu dois conserver au mieux tes troupes et frapper avec toute ta force au moment venu afin de réduire tes pertes. Et c'est là que la dernière citation, [Les logistiques décident de l'ordre ou du chaos dans une armée] entre en jeu."

Shizuko dessina une carte approximative au sol et poursuivit son explication.

"Disons que ton pays a assez de rations pour 50 000 soldats et que l'ennemi en a assez pour 40 000. Si tu veux déplacer des rations de ton pays, ça te coûtera cher. Alors pourquoi ne pas plutôt prendre les rations locales ? Voilà pourquoi les généraux essayent de voler autant de nourriture que possible dans le territoire ennemi."

"… Hum, mmm… le Nanban et le Ming ont étudié la guerre à ce point-là…"

Ayant enfin compris, le garçon hocha la tête avec admiration.

Pour lui, c'était une façon de penser inhabituelle, mais comme il était encore un enfant, il n'avait pas entièrement rejeté cette mentalité.

Et comme il n'était pas un commandant militaire, il n'avait probablement pas compris l'intégralité des paroles de Shizuko.

"C'était une conversation assez intéressante. Mais je dois rentrer maintenant, alors je ne peux pas en demander plus."

"Je vois. Dans ce cas, garde tes questions pour une autre fois."

En vérité, elle priait pour qu'il n'y ait pas d'autre fois, mais elle ne pouvait pas dire cela à voix haute.

Après tout, même si elle ne connaissait pas l'identité du garçon, elle savait qu'il était le fils d'un guerrier, le mettre en colère était une mauvaise idée.

Il était plus facile cacher ses véritables pensées avec des mots inoffensifs.

"Excellent ! Quel est ton nom ?"

"… Shizuko. Euh, tu peux me donner le tien―"

"Shizuko, je vais garder ton nom en tête. J'espère que notre prochaine rencontre aura lieu bientôt. Sur ce, au revoir !"

Shizuko avait voulu connaître son nom, mais le garçon s'était enfui.

Il avait disparu aussi soudainement qu'il était apparu.

"… Rentrons."

Shizuko murmura en baissant sa main avec un sentiment de solitude.

Le garçon, en revanche, fredonnait joyeusement.

Alors qu'il était quasiment en train de sautiller, une certaine personne l'appela.

"Tu sembles t'être beaucoup amusé, Kimyōmaru."

***

À la mi-décembre, alors que le froid mordant commençait à s'abattre, un certain aménagement avait enfin achevé dans la maison de Shizuko.

"Tadaaa, c'est un irori."

"Vous avez l'air de beaucoup vous amuser, Shizuko-sama."

C'était un irori. Un type de foyer intérieur qui pouvait être utilisé en permanence et était principalement utilisé pour le chauffage et la cuisine.

Dans le passé, ils étaient appelés hitaki ou jikaro et étaient quelque chose que chaque maison japonaise traditionnelle possédait.

Les irori étaient utilisés pour diverses fonctions telles que le chauffage, la cuisine, l'éclairage, le séchage de vêtements et de bois, renforcer la solidité du bâtiment avec du goudron de bois et offrir un lieu où la famille pouvait se réunir et discuter.

C'était quelque chose d'extrêmement utile, mais Aya, incapable de tenir le rythme avec Shizuko, ne partageait pas son enthousiasme.

"Bouh, c'est quoi cette réaction ennuyeuse ? Enfin bref, avec ça, on va enfin pouvoir chasser le froid hivernal."

La maison avait été construite rapidement, mais l'irori avait pris plus de temps en raison d'un manque de matériaux.

Nobunaga avait réprimandé les personnes impliquées dans la construction à plusieurs reprises pour cela.

"Plus important, Shizuko-sama, qu'est-ce que c'est que ça ?"

Aya, qui était intéressée par quelque chose d'autre que l'irori, interrogea Shizuko en pointant l'objet en question.

C'était un objet oblong en bois qui ressemblait à une chaise tatami.

Il était assez long pour que Shizuko s'allonge dessus et occupe la moitié de la place, laissant la moitié pour Aya.

Mais Aya n'était pas familière avec les chaises tatami, ou plutôt, elle ne voyait pas en quoi elles étaient utiles.

"C'est un zaisu. Il a un dos, alors c'est très confortable."

"Un zaisu… ?"

"Ah… quelque chose de similaire à un shōgi ? Mais avec celui-là, on peut s'appuyer contre le dos, alors c'est un petit peu différent."

Les shōgi étaient des tabourets pliants utilisés dans les sanctuaires ou durant les mariages.

Ils étaient constitués de deux pieds croisés en forme de X avec un morceau de peau ou de tissu au sommet pour servir de siège et les pieds pouvaient être pliés ensemble pour le transport.

Les chaises ayant été popularisées au Japon après le début de l'ère Meiji, les shōgi avaient été couramment utilisés jusqu'aux temps modernes.

Même à l'époque moderne, ils étaient encore rarement utilisés.

Il était possible d'y attacher un dossier et un repose-pieds, mais en généralement, seul le repose-pieds était mis.

Car en cas d'attaque par derrière, le dossier obligerait à faire un mouvement supplémentaire.

Bien que cela n'était qu'un détail trivial, il était capable d'être le facteur décisif entre la vie et la mort, alors généralement, ils n'attachaient pas de dossier au shōgi.

"Si tu t'allonges comme ça, c'est comme un lit ! Aaah… qu'est-ce que c'est confortable !"

Utilisant le zaisu comme lieu de couchage, Shizuko posa sa tête sur un coussin, ou plutôt, un oreiller en tissu précieux.

Il était rempli de plumes de poulet, faisant qu'il n'était pas aussi confortable qu'un oreiller en coton, mais à l'époque Sengoku, cela était déjà un article de luxe.

"Vraiment… ah, ne dormez pas dans un endroit pareil. Faites-le dans votre… AH ! Vous bavez !"

Sous la chaleur de l'irori et le confort du zaisu et de l'oreiller, Shizuko s'endormit facilement.

Elle fut au pays des songes jusqu'à ce qu'Aya commette l'ultime geste brusque : la faire tomber de son lit avec un coup de pied.

***

Maintenant que l'irori était construit, Shizuko travailla principalement dans cette pièce.

Ainsi, s'il n'y avait rien de spécial à faire, elle passerait ses journées à se prélasser dans la chaleur du foyer.

Inévitablement, Aya travailla elle aussi plus souvent dans cette pièce, faisant qu'elles qu'elles s'y enfermaient souvent.

Mais elles n'étaient pas les seules à agir ainsi, c'était pareil pour tout le monde.

D'habitude, les villageois étaient actifs du lever au coucher du soleil, mais en hiver, ils se réveillaient une heure avant midi et se couchaient une heure avant le coucher du soleil.

Les femmes étaient légèrement plus actives car elles s'occupaient des tâches ménagères, mais elles se servaient de l'eau des sources chaudes pour faire la lessive et cuisinaient des soupes simples qui réchauffaient facilement le corps.

De même, les hommes évitaient autant que possible tout contact avec l'eau froide et prenaient un bain chaud après le travail à la ferme pour réchauffer leurs corps.

Les villageois avaient pris leurs propres mesures contre le froid, mais Shizuko se demanda s'il était possible de faire plus.

Lorsque le corps humain est placé dans un environnement froid, il essaye d'empêcher la baisse de sa température avec des réactions thermorégulatrices telles que la constriction des vaisseaux sanguins et les frissonnements.

Mais parallèlement à cela, les mouvements musculaires devenaient plus lents, rendant le travail manuel plus difficile ; combiné au stress causé par le froid, cela provoquait une fatigue physique et mentale.

Voulant réduire cela autant que possible, Shizuko proposa les [étirements après le bain] et les [rajio taisō]

S'étirer après un long bain étirait les muscles, adoucissait le corps et provoquait un effet relaxant via le système nerveux parasympathique.

Et le maintien de la flexibilité du corps permettait d'éviter les mouvements raides et saccadés et empêchait les douleurs au bas du dos et la sensation de froid causée par une mauvaise circulation du sang.

Les rajio taisō se faisaient le matin et amélioraient la circulation du sang dans le cerveau et activaient les nerfs, accélérant le réveil.

Ils consistaient à faire 13 mouvements différents en seulement 3 minutes et 10 secondes, stimulant plus de 400 muscles différents.

Ils étaient une combinaison d'exercices d'aérobic, d'entraînement des muscles, d'étirements et d'exercices d'équilibre, faisant que les muscles et les articulations étaient bougés efficacement.

Les rajio taisō avaient tout pris en compte : leur pratique aidait à développer les « muscles squelettiques » qui jouaient un rôle important dans la génération de chaleur corporelle et le maintien de la posture, améliorait la circulation sanguine et augmentait le taux de métabolisme.

Elle avait essayé de répandre ces deux choses aux villageois, mais comme d'habitude, ils ont d'abord été sceptiques.

Cependant, après les avoir pratiquées pendant 1-2 semaines, les effets avaient graduellement commencé à se manifester et les villageois qui ne les avaient pas fait s'y mirent immédiatement. À présent, tous les villageois pratiquaient les rajio taisō le matin au réveil et faisaient des étirements après le bain le soir.

"… Et hop. Hum, je me plie plutôt bien. C'est agréable d'être réchauffé petit à petit."

"Je peux me plier mieux que toi. Je dors bien la nuit grâce à ça."

"Hé, est-ce que quelqu'un peut me tapoter le dos ?"

Le village de Shizuko, où des voix joyeuses se faisaient entendre partout, était enveloppé d'une sérénité inimaginable durant l'époque Sengoku.

Tous les villageois pensaient, non, ils priaient.

Ils priaient pour que ce temps dure éternellement.