Chapter 5 - 5

Aujourd'hui, c'est mon anniversaire. J'ai enfin dix-huit ans. Ce passage à l'âge adulte devrait être une grande étape, le début d'une nouvelle vie, mais une étrange appréhension me noue l'estomac. Les dix-huit ans, pour un loup-garou, marquent plus qu'une simple bougie de plus sur un gâteau. C'est l'âge où l'on peut rencontrer sa moitié, son âme sœur. Dans un monde aussi incertain, c'est une pensée réconfortante, bien que quelque chose en moi se refuse à y croire.

Je suis tirée de mes pensées lorsque mes parents entrent dans ma chambre, un énorme gâteau dans les mains, un sourire tendre illuminant leurs visages. Leur amour débordant est presque palpable dans chaque geste, et je me surprends à sourire malgré tout.

— « Bon anniversaire, ma chérie, » dit ma mère en me serrant contre elle, déposant un baiser léger sur mon front. « Regarde ce gâteau ! J'espère qu'il est à la hauteur de notre grande fille. »

Sa voix est douce, réconfortante, et je sens mon cœur se remplir d'un amour inconditionnel. La chaleur de ce moment me rappelle que peu importe ce qui se passe à l'extérieur, ici, je suis aimée et acceptée.

— « Tu exagères, maman, » je réponds en riant doucement, un éclat de bonheur illuminant mes yeux. « Il est parfait. Vous êtes les meilleurs. »

Mon père s'approche alors, un large sourire aux lèvres, ses yeux pétillants de fierté. Malgré les difficultés que nous avons traversées en tant que famille d'Omégas, il a toujours su me montrer à quel point il croyait en moi.

— « Tu es notre fierté, Ava. N'oublie jamais ça, » murmure-t-il en m'embrassant le front avec une tendresse infinie.

Je savoure ces instants, essayant de graver dans ma mémoire chaque détail, chaque sourire, chaque parole. C'est dans ces moments-là que je réalise combien mes parents comptent pour moi. Ils sont mon refuge, mon équilibre, et le lien qui nous unit me donne la force de continuer, jour après jour, malgré les épreuves.

Plus tard, en quittant la maison pour me rendre en cours, je ressens une certaine excitation mêlée d'une étrange nervosité. La journée est claire, mais un léger vent frais balaye mes cheveux, me procurant un sentiment de liberté. Alors que je marche, perdue dans mes pensées, une voix douce et familière surgit soudain dans mon esprit.

— « C'est moi, ta louve ! » dit-elle en riant doucement, sa voix emplie de chaleur.

Je me fige, sentant une vague de bonheur m'envahir. Ma louve. Elle est enfin là. Ce moment, je l'attendais depuis toujours, ce moment où une part de moi s'éveille, où mon âme se sent enfin complète.

— « Oh ! Je suis tellement heureuse de te rencontrer enfin ! Comment t'appelles-tu ? » demandai-je, un sourire d'excitation se dessinant sur mes lèvres.

— « Je m'appelle Sloan, » répond-elle avec douceur. Sa voix résonne en moi comme une mélodie rassurante, chaque mot m'apportant un sentiment de sécurité et de force. « Nous aurons tout le temps de discuter après les cours. Allons-y, Ava. »

Je sens la puissance de Sloan, sa détermination. Avec elle, j'ai l'impression que rien ne pourrait m'arrêter, que je pourrais affronter n'importe quel obstacle. Mon cœur est empli d'une joie nouvelle, comme si, enfin, une part de moi qui avait toujours manqué venait de se compléter.

Alors que j'approche de l'école, une odeur envoûtante capte soudainement mon attention. Un mélange subtil de pin et de vanille, un parfum si intense et enivrant que j'en perds le fil de mes pensées. C'est une senteur familière et mystérieuse à la fois, une essence qui semble parler à mon âme. Mon cœur s'emballe, et je m'arrête net, comme hypnotisée. Je n'ai jamais rien senti de tel.

Avant que je ne puisse comprendre ce qu'il se passe, une main puissante m'attrape brusquement par le bras et m'entraîne dans les toilettes. La surprise me coupe le souffle, et je me débats, tentant de me libérer. Puis je lève les yeux et croise le regard de Jace. Ses yeux brûlent de colère, et je comprends aussitôt qu'il sait, lui aussi.

— « Ça ne peut pas être toi ! » gronde-t-il, sa voix remplie de rage.

Le choc m'immobilise. Sa présence, son parfum, tout fait sens. Mais pourquoi semble-t-il aussi furieux ?

— « Lâche-moi ! Qu'est-ce qui te prend ?! » criai-je en tentant de me dégager de son emprise. Mon cœur bat à tout rompre, entre peur et confusion.

Il ne desserre pas son emprise et, au contraire, serre un peu plus fort, son visage s'approchant du mien. Une tension insupportable émane de lui, et une angoisse sourde se répand en moi. Ses mots éclatent soudainement, brutaux et tranchants.

— « Ne dis pas ça ! » Sa mâchoire se crispe, ses yeux sombres et emplis de colère. « Ne le dis à personne, sinon je te jure que tu le regretteras. »

Je reste figée, incapable de détourner les yeux de lui. Un silence pesant s'installe, et les mots me manquent. Pourquoi cette haine dans son regard ? Pourquoi ce mépris, cette rage contenue ?

— « Mais… » balbutiai-je, à la recherche de réponses.

Il secoue la tête, refusant d'entendre le moindre mot de plus.

— « Nous ne serons jamais compagnons, » reprend-il, sa voix brisée, comme s'il tentait de convaincre autant lui-même que moi. « Tu n'es rien pour moi. Et ce n'est pas parce que mon père veut t'élever que ça changera quoi que ce soit. Tu resteras toujours une oméga. »

Ses mots m'atteignent comme des coups de poignard, chaque syllabe me faisant vaciller un peu plus. C'est comme si un poids immense s'abattait sur mon cœur, rendant chaque souffle douloureux. J'avais espéré, peut-être naïvement, qu'il ressentirait la même attraction, la même connexion inexplicable qui nous unit. Mais son regard, chargé de mépris, détruit cet espoir fragile.

Je veux crier, lui dire que ce lien est réel, que je mérite bien plus que son rejet froid et sans cœur. Mais aucun son ne sort. Jace me fixe, son visage marqué par une dureté qui me fait frissonner, puis il relâche enfin mon bras, comme si le simple contact avec moi l'avait brûlé.

Je reste immobile, encore secouée, essayant de comprendre ce qui vient de se passer. Des larmes montent dans mes yeux, mais je les retiens, refusant de lui donner la satisfaction de me voir brisée. À cet instant, je réalise que, peu importe ce que je ressens, lui ne veut rien savoir. Pour Jace, je ne serai jamais qu'une oméga.