Fraya, toujours frustrée de sa dernière confrontation verbale avec le porteur du bracelet d'Orzlon, est un peu à l'écart du reste de la bande d'Alnor. Pour elle, hors de question qu'il s'empare de Kigen. Il ne sait pas la valeur de ce qu'il porte. Sa Majesté serait tout aussi en colère qu'elle s'il apprenait son existence. Soudain, une vibration parvient jusqu'à elle. Son intensité dénote une énergie bien développée, très alléchante. Sauf qu'avec l'autre allumé, elle ne pourrait pas s'en nourrir à sa guise. Elle se lève pour partir rejoindre le reste du groupe. Pendant ce temps, Alnor est en train de dormir. Arito est en pleine expérience, son Obujepawa posé sur un sceau tracé au sol. Endalia semble s'ennuyer à mourir. Après quelques secondes, Fraya les rejoint. Remarquant le sommeil de leur maître, elle active son aura. Alnor se réveille instantanément. L'invocatrice et le tireur de cartes se retournent vers elle.
« Arrête ça tout de suite ! lui ordonne le Zigrik au bracelet.
- Nous allons avoir de la visite. répond Fraya.
- Comment ça ? Je ne sens [...] »
Une autre vibration arrive aux pieds d'Endalia, interrompant sa phrase immédiatement.
« Que dois-je faire ? s'adresse Fraya à son maître..
- Laisse-les venir. »
En effet, une patrouille menée par Shipé vient devant eux.
« Oh mais quelle belle surprise ! s'émerveille le voyageur dimensionnel.
- Sur ordre du Conseil, recrue Alnor, le Kirioku doit revenir à Safaiatera immédiatement ! Unique avertissement ! exige le mercenaire affilié à l'élément de l'eau.
- Énergie Noire. Tue-les. » ordonne Alnor.
L'entité du Kirioku, outre le fait qu'il l'ait encore nommée ainsi, avant de passer à l'action, observe avec attention le mercenaire. Elle perçoit un halo bleu qui l'entoure et s'avance vers la patrouille, légèrement souriante. Shipé et ses patrouilleurs dégainent leurs armes. Fraya fixe ses adversaires pendant un moment. Arito et Endalia sont sous tension. La patrouille, hors Shipé, lance l'assaut, éléments actifs sur le tranchant de leurs armes. Leur cible ne bouge absolument pas. Alors que leurs lames allaient la toucher, elle ouvre la bouche. Leurs éléments se font aspirer rapidement. Elle projette un souffle de feu noir qui les fait reculer. Les membres de la patrouille, mercenaire compris, sont surpris du phénomène qui vient de se produire. Fraya esquisse un sourire de façon narquoise. Cette provocation physique les pousse à activer leurs auras et attaquer une nouvelle fois. Le Kirioku active la sienne, s'en servant pour repousser ses assaillants. Deux d'entre eux enflamment leurs lames tandis que le troisième fait graviter des pierres autour de sa lame. Ils envoient des ondées d'énergie et des pierres. Chaque coup la force à reculer avant d'encaisser deux vagues de feu qui se dispersent à son contact. Énormément de poussière est soulevée, la cachant totalement. Endalia et Arito , inquiets à son sujet dégainent leurs Obujepawas respectifs.
« Pour qui elle se prenait celle-là ? C'est ça la puissance du terrifiant Kirioku ? C'est ridicule ! » s'émerveille Shipé.
Il se tourne vers Alnor et ses asservis.
« Je vais enfin m'occuper de toi ! Le Conseil va être ravi ! » ajoute-t-il.
Cette menace n'ébranle en rien le porteur du bracelet d'Orzlon.
« Depuis le temps que je [...] »
Le gradé Shirenai n'a pas le temps de terminer sa phrase que tout le monde entend un rire grave, surprenant Les Zigriks et la patrouille. Tous se tournent vers là où il provient. La poussière est soudainement dispersée, révélant Fraya, aura active et totalement indemne. Les accompagnateurs du gradé, ne pouvant que constater l'échec de leur assaut, sont terrifiés.
« Vous avez vraiment cru que ces pichenettes auraient pu m'atteindre ?! C'est ça l'élite du monde actuel ? C'est misérable ! Je vais vous montrer ce qu'est la véritable puissance ! » déclare-t-elle avec fracas avant que deux flammes noires surgissent de ses mains.
Les collègues de Shipé, pris de terreur, tentent de s'enfuir.
« Battez-vous ! Bande de lâches ! » hurle Shipé envers eux.
Elle balance plusieurs tirs de projectiles noirs sur les fuyards. Aucun moyen pour eux de les éviter. La salve terminée, elle vient auprès de l'un d'entre eux.
« Vous avez perdu en puissance ou êtes devenus pourris ? » lance-t-elle.
Le mercenaire prend une posture, concentrant son énergie. Elle tire un autre projectile noir bien placé pour le déstabiliser, cassant sa concentration. C'est alors qu'elle vise le patrouilleur qu'elle avait intercepté.
« Ton énergie est tellement faible qu'elle mérite même pas que je la dévore. »
Elle le tue grâce à un flux continu de flammes noires qui le consume intégralement. Il ne reste qu'une traînée de cendres au sol.
« Et voilà ! Ce fut sa première victime ! Prémices d'une longue liste ! » s'égosille Alnor, en totale jouissance.
Il se met à rire à pleine poitrine. Arito et Endalia ont les yeux rivés sur les cendres. Fraya se dirige vers le second fuyard. Shipé amplifie son aura grandement.
« Je ne te laisserai pas en tuer d'autres ! » menace-t-il.
L'eau présente dans l'air et la terre vient se condenser autour de sa lame, en grande quantité. Ainsi, l'environnement autour de lui, sur un diamètre de dix mètres est complètement sec.
« Olowar ! » invoque-t-il.
Une vague de deux mètres de haut est créée et lancée vers l'entité du Kirioku. Elle la bloque d'une main. Puis, grâce à une éjection d'aura, l'anéantit. Shipé est sidéré. Elle disparaît pour revenir à vingt centimètres de son visage. Elle lui assène un violent direct qui le promène sur plusieurs mètres. Remarquant que le second fuyard est encore présent, elle revient vers lui grâce à une puissante éjection d'énergie noire. Il est aussitôt tué, de la même manière que son camarade. La rapidité des meurtres choque le tireur de cartes.
« Ma patrouille... Elle a annihilé ma patrouille ! » déplore Shipé, la voix tremblante.
Fraya se tourne vers le dernier membre encore en vie. Poussé par le devoir et le respect du Code des Shirenais, il continue malgré tout à brandir son épée, essayant tant bien que mal à garder une aura active.
« Pars. » lui ordonne-t-elle.
Sa déclaration surprend tout le monde.
« Pars avant que je ne change d'avis ! » répète-t-elle.
Les valeurs de son peuple sont balayés par son instinct de survie. Obéissant à ce dernier, il s'enfuit.
« Pourquoi tu le laisses s'en aller ? demande Arito.
- Je voulais récupérer son corps ! se plaint Endalia.
- Quoique de plus efficace que de répandre la peur dans le cœur de l'ennemi ? Ce type va rapporter sa cuisante défaite auprès de sa hiérarchie et de ses homologues. Ils seront moins amenés à venir nous attaquer de front. Vous vouliez être tranquille en attendant votre livraison, n'est-ce pas ? » s'adresse Fraya à Alnor.
Devant cette démonstration, personne n'ose relever quoique ce soit, même Alnor.
« Croyez moi. Ils ne nous ont pas attaqués avec une horde conséquente. Tant pis pour eux. Ils nous font gagner du temps. Alors, gagnons-en encore plus. » poursuit-elle.
Le tireur de cartes acquiesce la logique proposée. Le voyageur dimensionnel retourne s'allonger pour patienter. Soudain, l'entité du Kirioku est pris de vertiges. Ses deux collègues s'en aperçoivent. Comprenant ce qu'il se passe, ils courent illico auprès d'elle. La bague commence à émettre des étincelles.
« Nourrissez-la ! leur ordonne leur patron.
- Inutile... Ce n'est pas assez fort... Je vais lâcher prise. affirme Fraya.
- Il n'y a rien qu'on puisse faire ? » répond Arito.
Ses vertiges sont de plus en plus forts.
« Vite... gémit-elle.
- Bon ça va ! J'ai compris ! » s'énerve le créateur de failles.
Ce dernier vient auprès d'elle, prend sa main et la pose sur son front. Aussitôt, le Kirioku ne s'emballe plus. Quelques secondes plus tard, il se retire, un peu étourdi. De ce fait, Alnor se met en retrait, ne pouvant entendre la conversation suivante entre les trois autres.
« Vous allez mieux ? questionne Arito.
- Oui, sur ce coup-là, j'ai cru perdre la possession pour de bon. Forcé à revenir dans cette bague de malheur. Cette femme possède, pour je ne sais quelle raison, une grande quantité d'énergie en elle. Je suis en réalité capable de deux choses. Dévorer et convertir. Tout dépend de ce que je consomme ou non. Ce qu'il vient de se passer, c'est que je me suis trop donné. poursuit-elle.
- Vous êtes donc contraint à un équilibre permanent. en déduit Arito.
- Pour le moment. Le sceau, qui a servi à me confiner dedans il y a longtemps, a durement atteint ma régénération. Pour que je retrouve cette capacité à produire de l'énergie noire de manière autonome, je dois atteindre un certain seuil. Ainsi, l'énergie initialement présente dans ce corps sera en minorité. Car, il m'est également nécessaire de garder une quantité infime de celle-ci. Après tout, ce n'est pas mon corps d'origine.
- Tu nous as menti sur ton nom. Ce n'est que maintenant que tu nous dévoiles tout ça. Écoute, si tu nous dis d'où tu viens et qui tu es exactement, je te jure que je ne lui dirai rien. propose l'invocatrice à voix basse.
- Pourquoi tu tiens vraiment à le savoir ? questionne le Kirioku.
- On ne m'a jamais raconté des énergies venant de nulle part avec de tels pouvoirs. Là d'où je viens, dès qu'on s'écartait des usages de ces chiens de Shirenais, on était direct traité comme de la merde, voir pire. avoue Endalia, triste.
- Vous provenez d'une ancienne époque. Aucun doute possible. Vous ne viendriez pas d'un endroit encore inexploré dans le monde de Faironne ? Un lieu où d'autres personnes maîtrisent des énergies totalement différentes des nôtres ? questionne le tireur de cartes.
- Non. » répond-elle fermement.
Ses deux acolytes ne comprennent plus rien.
« Ne vous faîtes pas. Je ferai un meilleur chef que cet usurpateur dimensionnel. Lorsque Kigen tombera, vous trouverez réponses à vos questions. Je vous le promets. affirme-t-elle pour les rassurer.
- Bon, en espérant pouvoir vous faire confiance. Si je récupère ce foutu grimoire, je vous serais peut-être utile. ajoute Arito.
- Allons le rejoindre avant qu'il se pose des questions. Je vous fais la promesse de vous libérer un jour de cette ordure. »
Quelques instants plus tard, ils rejoignent Alnor.
« Il en met du temps votre Shirenai de service. fait remarquer Fraya.
- Vous pouvez vérifier sa position ? demande Arito.
- Arrêtez de vous exciter pour rien. »
Il sort le parchemin qu'il a utilisé envers Tetsuo. Le sceau dessiné dessus se met à briller.
« Il est encore en vie. »
Après avoir affirmé ceci, il le range immédiatement, ce qui étonne fortement les trois asservis.
« C'est tout ? s'insurge Endalia.
- Ce n'est pas une preuve suffisante ? Je vous rappelle que j'ai vécu dans Kigen. On m'a forcé à ingurgiter ce Code ridicule. Et, à l'intérieur, il était notifié que toute trahison, même faible, équivalait à la mort. Or, vous avez vu, le sceau est encore actif. Donc il est encore en vie. Il va venir. démontre Alnor.
- Je vous trouve trop décontracté. remarque le Kirioku.
- Toi, encore une seule remarque, et je te renferme directement dans ton bijou pourri ! Suis-je assez clair ? Je suis le chef ! Votre chef ! Vous me devez obéissance ! C'est dans vos contrats ! Vous êtes mes acquisitions ! scande-t-il avant de déclencher une nouvelle entrave chez sa victime.
- Arrêtez de lui faire ça ! crie Endalia, ne supportant plus voir une telle douleur.
- Ça vaut également pour toi ! »
Il active aussi celui présent en Endalia. Cependant, contrairement à Fraya, au lieu d'être prise d'une paralysie instantanée, des vertiges viennent la perturber.
« Mais vous êtes cruel ! Nous vous servons, ça ne vous suffit pas ?! » s'insurge Arito.
De même avec Arito. En ce qui le concerne, il est pris d'hallucinations.
« Qu'est-ce qui m'arrive ?
- Vous voyez. Je suis capable de perturber vos liens avec vos énergies. Je vous libérerai le moment venu. Vous serez bien heureux lorsque je vous aurai débarrassé des Shirenais. »
Il désactive les sceaux. Les phénomènes qu'ils subissaient cessent instantanément. S'en suit un moment de silence.
« Vous me fatiguez. déclare-t-il avant de s'isoler.
- Maudite signature. murmure l'invocatrice une fois assurée qu'il soit assez éloigné.
- Il a intérêt à tenir sa parole... poursuit Arito.
- Tenez bon. » leur adresse Fraya.
Pendant ce temps, du côté de Rai et ses amis, Kenshi continue de superviser leur entraînement. Le Shirenai de foudre et le Zigrik de glace sont debout, les yeux fermés, concentrés.
« Pourquoi moi pas pouvoir faire comme eux ?
- Tu parles de l'aura ?
- Oui.
- Le ki n'est pas une énergie habituée à se manifester sous cette forme, à ma connaissance en tout cas. Son utilisateur doit trouver d'autres stratagèmes capables de compenser ce manque. Je suis convaincu que tu y arriveras.
- Moi parfois envier eux. »
En guise de compassion, Kenshi met sa main gauche sur son épaule droite.
« Activation ! » crie-t-il envers les deux apprentis manieurs d'éléments.
Yoru arrive à la matérialiser après quelques secondes contrairement à Rai. Le spécialiste de la glace dégage une aura légèrement bleue.
« Tu peux mieux faire Yoru ! Tu dois impérativement t'habituer à ce nouveau niveau de libération. » lui conseille Kenshi. »
Son grimoire commence à briller. Cependant, après un instant assez tranquille, celui-ci s'emballe. Les oreilles du manieur de foudre sont assaillies par un fort bruit de cascade. Afin de palier à ça, le Zigrik, fort des leçons prodigués par Kenshi ou par son défunt maître, parvient à tout calmer. La fracassante chute d'eau devient une paisible rivière.
« Bien ! Continue comme ça ! Maintenant, je veux que ton aura soit plus bleue, plus que le ciel et les mers réunis ! »
Son aura prend progressivement une nouvelle teinte, devenant un peu plus foncée.
« J'ai... L'impression que je vais imploser... affirme Yoru.
- Garde ton calme. Tu es sur la bonne voie. Je suis sûr que tu peux y arriver. Bon, à ton tour, Rai. »
L'air devient électrique autour de lui. Un très léger halo jaune émane de lui, sans pour autant prendre plus d'ampleur.
« Je n'y... Je n'y arrive pas ! avoue-t-il, en souffrance.
- Tu peux le faire ! encourage son mentor.
- Maître Kenshi, moi avouer un truc. Parfois, lui nous dire lui entendre voix. Moi avoir eu peur. »
Le détail qu'on vient de lui parvenir l'intrigue. L'électricité présente dans l'air se dirige vers son géniteur.
« Allez ! Encore un effort ! » continue à encourager Kenshi.
Le souvenir de la possession de l'énergie noire sur Fraya revient dans la mémoire du porteur de l'Hoshaku.
« Je la... Sauverai. murmure-t-il.
- Fargresaz » répète à nouveau la fameuse voix que seul lui peut entendre.
Son collier émet une onde en lui. Instantanément, l'aura commence à se matérialiser. Ce phénomène accapare toute l'attention de l'enseignant. Rai essaye tant bien que mal de garder le contrôle sur son énergie. Son halo est enfin là. L'air est très électrique autour de lui, avec une intensité si forte que Yoru désactive la sienne sans le vouloir. Leur mentor reste très perplexe concernant le cas du Shirenai amnésique.
« Toi avoir réussi Rai ! se réjouit Rajik.
- Tu vas bien ? lui demande son ami.
- Oui... Oui... »
Se rendant compte de son succès, il ne peut se contenir de sourire.
« Vous en dîtes quoi maître Kenshi ? lui demande son disciple de foudre.
- Rai être doué ! Vous être d'accord ?
- Tu peux la désactiver maintenant. » lui indique son mentor.
Ce qu'il fait sur le champ grâce à de multiples respirations.
« C'est très bien. Vous pouvez arrêter pour aujourd'hui. Activer son aura demande beaucoup d'efforts pour ceux qui n'y sont pas habitués. La maintenir encore plus. Vos énergies se développent. Ça exige un temps d'adaptation. Vous vous y ferez. Une fois cette étape franchie, vous pourrez penser à les développer encore plus. Vous êtes sur la bonne voie. Yoru, tu peux enlever le camouflage. »
Le Zigrik met fin au sceau qui a servi à masquer leurs signatures énergétiques. Cette désactivation stimule de nouveau les sens liés à leurs éléments. Yoru perçoit des flux. Rai décèle des sons plus ou moins aigus.
« Quelqu'un vient par ici. » leur signale Yoru.
C'est alors que, tout à coup, Kenshi perçoit quelque chose. De ce fait, il court se planquer. Ceci étonne les trois disciples.
« Maître ? interpelle Rajik.
- Ne dîtes pas que je suis là ! leur ordonne-t-il.
- Pourquoi ? demande Rai.
- Par pitié, faîtes ce que je viens de vous dire. »
Cette étrange requête appuie davantage les soupçons et curiosités que génère l'aquamancien sur lui.
« D'accord maître Kenshi. Moi couvrir vous. » approuve Rajik.
Quelques secondes plus tard, ils aperçoivent Shipé.
« Être mercenaire que nous avoir rencontré ! alerte l'apprenti manieur de ki.
- Ah oui ? Rai, cache ton visage ! »
Il fait en sorte de masquer la moitié de sa tête. Yoru couvre soigneusement son grimoire. Le gradé arrive à la hauteur du trio. La peur qui a pris possession de lui, suite à son face-à- face avec le Kirioku, l'empêche de reconnaître Rajik.
« Bonjour monsieur, vous semblez être égaré. Pouvons-nous vous aider ? s'avance le Zigrik.
- Je me suis perdu... Je dois alerter le Conseil au plus vite... Quelqu'un peut me renseigner ?
- Attendez... De mémoire...
- Par là ! indique Rajik.
- Ah oui... Vous avez raison ! Merci jeune homme ! Vous avez la gratitude d'un mercenaire !
- Excusez ma maladresse. Qu'est-ce qui vous a mis dans cet état-là ? questionne Rai.
- Ma patrouille a été décimée par une... Abomination. »
Son témoignage, aussi succinct soit-il, attrape instantanément l'intérêt du trio.
« Un conseil. Cassez-vous d'ici. Au plus vite. »
Il part en courant, laissant les trois amis perplexes. Rai retire sa capuche.
« Une abomination ? Capable de défaire une patrouille comprenant un mercenaire ? C'est forcément son œuvre... Elle commence à faire ses premières victimes... » annonce avec une certaine inquiétude Yoru.
Le porteur de l'Hoshaku, énervé par ce constat, active son aura avec une plus forte intensité qu'à l'entraînement.
« Si seulement je savais où elle se trouve ! Je pourrais l'empêcher de […] »
Le retour de Kenshi met fin prématurément à sa phrase.
« Calme-toi. » lui conseille-t-il.
Aussitôt, elle s'évapore aussi vite qu'elle est apparue.
« Pouvez-vous nous dire pourquoi vous vous êtes caché ? questionne Yoru.
- Je le connais bien.
- Ah oui ? Quel lien entretenez-vous avec lui ?
- Conflictuel.
- De plus en plus intéressant dis donc ! J'en veux plus !
- Pouvons-nous en parler, disons, dans un lieu plus... Convivial ? lui propose-t-il.
- Nous aller manger ?
- Tout à fait Rajik. » lui confirme son mentor.
Le disciple manieur de ki arbore un grand sourire. Rai et lui partent en premier.
« Je suis convaincu que vous cachez quelque chose. lance Yoru à Kenshi.
- Arrête de te prendre la tête pour rien ! Un jour, ça te jouera un sale tour.
- Ce petit jeu, comme vous le suggérez, vous jouera un sale tour aussi. Vous serez obligé de tout nous dire, d'une façon ou d'une autre. Je ne manquerai pas de l'apprendre. Pour le moment, je suis clément avec vous car nous trouvons notre compte avec vous. Mais, dès que je sentirai que vous manigancez quoique ce soit, nous partirons. » lui affirme-t-il d'un calpe olympien avant de rejoindre ses amis.
En les observant un instant à s'éloigner ainsi, Kenshi réfléchit à ce que son élève vient de lui énoncer. Inexplicablement, il sent des larmes monter. Loin de désirer délivrer ce genre de failles, il essuie vite le peu de liquide lacrymal déjà émergé aux bords de ses yeux et repart vite rejoindre ses précieux élèves, avant que d'autres soupçons ne viennent allonger la liste déjà assez étoffée dans la tête de Yoru. Dans notre vie, on préférerait que certaines choses restent cachées. Même si ça implique une douleur indescriptible.