Le trio d'amis poursuit leur entraînement, sous l'étroite observation de Kenshi. Rai s'exerce au maniement de son arme. Rajik, sous les indications qu'on lui a donné, notamment sur son dosage d'énergie, simule des coups au corps-à-corps. Après quelques respirations, il serre un poing, entamant une phase de concentration de quelques secondes.
« Poing Bestial ! »
Il décoche son poing dans l'air. Rien ne se passe.
« Pourquoi moi pas réussir ?! » crie-t-il.
Alerté par sa frustration, son mentor vient auprès de lui reproduit tout ce que son élève a réalisé avant de prononcer sa formule fétiche.
« Péopar Ki ! »
La force dégagée par son poing fend l'air, créant une onde qui s'éloigne. La végétation présente devant eux est soufflée sur une centaine de mètres. Rajik est subjugué parce qu'il vient de voir.
« Essaye de faire pareil.
- Avec mêmes mots ? Ça quoi être ? Péopo... Péopi... Moi pas avoir retenu !
- Il y a une différence fondamentale entre nous deux et les Shirenais classiques. Eux appellent l'élément en eux. Alors que les gens comme nous appellent à la fois le ki eux et à la fois celui près d'eux. Le seul point commun que nous partageons ce sont les mots. Ils proviennent d'une ancienne langue, bien avant l'avènement de Kigen. Essaye juste de reproduire ce que je viens de faire.
- Compris. »
Il recommence toute la procédure allant des respirations jusqu'à la concentration. Rien ne se produit pendant un petit instant. C'est alors que Rajik se répète en boucle les paroles de son mentor. Sa volonté de l'imiter agit. Le sol commence à s'assécher sous ses pieds. Soudain, une petite partie du dessin qui était présent sur Fraya se reproduit sur lui, au même endroit, étonnant Kenshi, qui semble bien le connaître, vu l'expression de son visage.
« Poing Bestial ! »
Il crée une petite onde de même nature grâce à son poing. Cependant, cette dernière n'affecte pas la végétation précédemment atteinte par son mentor de la même manière.
« Moi avoir réussi !
- Bravo ! Continue comme ça ! Il faut maintenant que tu atteignes la même puissance que je t'ai montrée.
- Vous croire moi pouvoir faire pareil ?
- Avec de la persévérance, oui. Plus tu utilises ton énergie, plus elle se développe. Pour ton information, sache que je n'étais pas à fond... » déclare-t-il avant de lui tourner le dos et s'en aller.
Une telle affirmation ne tombe pas dans l'oreille d'un sourd. S'il cache sa vraie force depuis tout ce temps, Rajik se sent encore plus motivé que jamais à le dépasser. Ainsi, il tente de reproduire avec plus de fracas ce qu'il vient d'apprendre. Kenshi rejoint Rai.
« Gibaraï ! »
L'apprenti Shirenai propulse une onde électrique grâce à un mouvement de lame. Elle passe à côté de sa cible : une colonne de glace créée par Yoru. Sa lame redevient normale.
« Encore raté ! Qu'est-ce qui ne va pas bon sang ?!
- Tu doses de mieux en mieux ton élément. Cependant, tu n'es pas en harmonie avec ta lame. Ton geste est trop brouillon. Laisse-moi te guider. Tout d'abord, réveille ton élément.
- Majar Raisail ! »
Sous son conseille, il électrifie sa lame. Kenshi vient derrière lui et joint ses mains à celles du manieur de foudre.
« Tout est dans le poignet. Tu n'es pas n'importe quel Shirenai. Tu dois représenter ton élément. Tes attaques doivent être nettes, précises et brèves. Les trois autres éléments peuvent se passer d'être aussi exigeant. Ce sont des attaques concentrées et vives, comme un éclair s'abattant sur sa cible.
- Puis-je avoir un exemple ? »
Il emprunte son sabre et exécute le mouvement tel qu'il doit être réalisé.
« Visualise ta cible mentalement. Et dès que tu te sens prêt, tu y vas mais, rappelle-toi, net et précis ! Plus tes mouvements le seront et plus tes attaques seront efficaces et puissantes. » lui conseille-t-il avant de lui rendre son bien.
L'apprenti Shirenai jette un regard bref sur la colonne de glace. Il prend son arme à deux mains et ouvre les yeux.
« Gibaraï ! »
Il réalise le mouvement montré. Une nouvelle onde est propulsée. Elle est plus fine et touche le haut de la colonne sans la briser pour autant.
« Je l'ai atteinte ! se réjouit-il.
- Bien ! Améliore ton mouvement pour viser en plein milieu maintenant et engage beaucoup plus d'énergie aussi. Quand tu auras brisé ta cible en plein centre, tu auras réussi ce que je cherche à te réapprendre.
- Compris ! » répond Rai, déterminé et motivé par les conseils que vient de lui prodiguer son mentor.
Son élève se tourne vers lui, baissant la tête en guise de reconnaissance.
« Merci maître Kenshi.
- Je suis là pour ça. »
Fier de lui-même, Rai se repositionne afin de répéter l'opération. Avec toutes les leçons que n'auraient pas pu lui transmettre Yoru, il se sent galvanisé, bien déterminé à progresser le plus vite possible. Pour lui, une seule certitude : il vaincra le Kirioku. Lui revient le devoir d'être digne de l'enseignement qu'on lui confère. Kenshi s'éloigne à nouveau pour rejoindre son dernier disciple. Ce dernier a le grimoire fermé en main, le regard fixé dessus. On dirait qu'il ne s'exerce pas, contrairement à ses compagnons de voyage. Pour s'en assurer, Le Shirenai manieur de ki essaye de déceler quelconque activité énergétique. En vain. En réalité, le Zigrik repense aux paroles de son rival remettant en cause la légitimité de posséder un tel objet entre ses mains. L'ouvrage gèle un peu sous la quatrième de couverture. Conscient de la différence de nature avec son troisième élève et qu'il ne lui sera d'aucune utilisé à cause de ça, Kenshi préfère le laisser dans son travail mental pour se concentrer sur ceux envers qui il pourra prodiguer d'autres conseils.
« Était-ce vraiment votre volonté ? Maître ? » interroge à voix basse Yoru en tournant la tête vers le ciel.
Quelques années auparavant, au bord d'une rivière, le futur propriétaire du grimoire jouait avec un peu d'eau en la faisant léviter et étirer plusieurs fois.
« Yoru ! » interpelle la voix rocailleuse d'un homme plus âgé.
L'eau en état d'apesanteur lui éclate. La personne qui vient de parler le rejoint. C'est un très vieil homme, à la barbe blanche, longue d'une soixantaine de centimètres. Il porte un habit de moine ocre, muni d'une capuche bordé d'une bande marron. Un pendentif muni d'une pierre jaune vient compléter sa tenue, avec le fameux grimoire sous le bras.
« Qu'ai-je dit ? Arrête de t'amuser avec l'eau !
- Je voulais savoir jusqu'où je pouvais aller, maître Kigzir. répond-il de manière innocente.
- Tu es très doué pour ton âge. Cependant, n'oublie pas une chose essentielle. Nous devons rester discrets. Jouer avec les éléments comme tu le fais ainsi nous attirera les ennuis.
- Pourquoi on a pas le droit ? »
A cette question, le maître préfère tourner les yeux.
« N'ayant jamais connu mes vrais géniteurs, il était comme un père pour moi. » narre le Yoru actuel.
Quelques jours plus tard, assis devant une table en pierre, sur laquelle trois coupelles, contenant de l'eau sous ses trois formes différents, le jeune Zigrik apprenait sa leçon du jour.
« Yoru, l'eau possède trois états. Liquide, solide et gazeux. Elle est essentielle à la vie. Tout affilié à cet élément peut tous les maîtriser. Mais un état prédominera sur les deux autres » explique le maître.
Un autre jour, en observant divers herbiers confectionnés par Kigzir, il apprenait des notions d'herboristerie. Encore un autre, devant des schémas d'animaux, l'étude de la faune locale ainsi qu'un peu de géologie. Parfois, entre deux cours, il lui arrivait de s'exercer à la méditation. Incapable de correctement la tenir pendant plus de cinq minutes, afin d'évacuer toute frustration, il revenait au bord de la rivière, persistant dans ses pratiques avec l'eau, sous l'œil très attentif de l'enseignant.
« Maître ? J'aimerais comprendre quelque chose. Pourquoi mon eau est parfois solide sans que je ne le veuille ? »
Il met une main sur son torse.
« Tout vient de là. explique Kigzir.
- Je... Je ne comprends pas.
- Les émotions, Yoru, les émotions.
- Expliquez-moi en quoi ressentir quelque chose peut influencer sur la maîtrise de l'eau. Car j'avoue je ne suis absolument pas.
- Lorsque nous nous maîtrisons, l'état liquide est majoritaire. En colère ou agacé, l'état gazeux se manifeste mais, pour qu'il s'exprime pleinement, de la chaleur extérieure est nécessaire. Par contre, lorsque nous nourrissons un sentiment d'injustice ou de vengeance, tel le cœur qui durcit, l'eau devient glace. Et plus tu nourriras cet état, plus il deviendra dominant. L'eau est le seul des quatre éléments à subir autant de modifications, externes et/ou internes. C'est pour ça que ceux qui y sont affiliés ont beaucoup plus d'exigences à tenir pour le maîtriser pleinement. »
L'élève est un peu circonspect par les explications données.
« Et les Shirenais d'eau le peuvent aussi ? demande-t-il.
- A ma connaissance non, j'ignore s'ils ont la même affinité avec l'eau que nous.
- C'est étrange ça.
- Nous sommes les êtres les plus rationnels qui existent actuellement. Nous voulons tout explorer, tout expliquer. Cependant, parfois, nous devons accepter que certaines choses doivent rester intactes, inexpliquées. Le monde est un tout, un équilibre entre le concret et l'abstrait.
- L'être le plus sage que j'ai connu... D'une intelligence sans égale. Les années passaient tel le cours imperturbable d'une rivière. Les meilleures années de ma vie. Ma maîtrise élémentaire devenait plus fluide, plus contrôlée. Et tout ça, c'était avant qu'il n'arrive. » commente le Yoru actuel.
Soudain, un homme âgé, d'apparence modeste, accompagné d'un garçon, vêtu comme un petit paysan, dans la même année que l'apprenti, vient à leur rencontre.
« Oh ! Enfin je vous trouve vénérable Kigzir.
- C'est bien moi. Que puis-je faire pour vous ? lui répond-il.
- J'aimerai que vous preniez en charge mon fils pour l'aider à améliorer ses performances élémentaires. Votre renommée parmi les nôtres m'a poussé à le faire, vous comprenez.
- C'est toujours un plaisir que de servir les miens. Qu'il vienne donc. Son nom ?
- Il s'appelle Arito.
- Enchanté.
- Est-ce vous le grand Kigzir ? demande le nouvel élève.
- Absolument.
- Quel honneur de vous rencontrer ! » s'émerveille-t-il avant de lui faire une révérence en signe de son respect le plus fidèle.
Le maître et l'homme parlent alors entre eux. Les deux futurs adversaires à Safaiatera se scrutent du regard.
« J'étais alors loin d'imaginer ce qu'il allait se produire. » continue de commenter le futur spécialiste de la glace.
Quelques jours après son arrivée, Kigzir continua de prodiguer ses cours normalement. Chacun des deux élèves, à travers les exercices conférés, essayait d'impressionner l'autre, comme pour lui prouver qu'il est le meilleur.
« Il était très doué. Il progressait plus vite que moi. Il était curieux, très curieux. Sans cesse, il posait des questions à mon maître. Son pouvoir était bien plus grand que le mien. C'est lui qui aurait dû logiquement hérité de la relique du grand Kigzir. Mais... Sa curiosité lui a joué un sale tour. Et les choses ont mal tourné. »
Deux cycles lunaires plus tard, alors que le jeune Yoru, toujours aussi acharné, recommençait la même manœuvre au bord de la rivière, toujours sous l'œil avisé et discret du vieil homme, le second élève courut vers eux.
« Maître Kigzir ! Maître Kigzir ! crie Arito.
- Qu'y a-t-il ?
- J'ai quelque chose à vous montrer. »
L'élève trace un dessin circulaire muni de symboles au sol, sous les yeux des deux autres Zigriks.
« Un sceau ? s'étonne le jeune Yoru.
- Une création plutôt. Mais attendez, ce n'est qu'un avant-goût. »
Puis, il creuse un trou à côté et y dépose de l'eau. Il pose un caillou sur un autre côté. Il allume un feu sur l'un des côtés restants. Cette disposition alerte le maître.
« Qu'est-ce que tu comptes faire ? lui demande son camarade.
- Admire ! »
Il sort le paquet de cartes qu'il avait dès son arrivée et le pose sur le sceau.
« Arito, qu'est-ce que je t'ai dit à propos de [...]
- Attendez ! Vous allez être épaté ! »
Il joint les mains et se concentre sur sa création.
« Vumelyon ! »
Une vive lumière verte émane de l'installation. Le feu s'excite. L'eau remue et le caillou tremble de plus en plus. Le ciel au-dessus d'eux s'assombrit, comme si un orage allait s'abattre d'un instant ou l'autre.
« Vous allez assister à la naissance d'un Obujepawa d'un genre nouveau ! Un artefact concentrant les quatre éléments en même temps !
- Impossible ! » s'étonne Yoru.
Kigzir cache sa colère. Une énergie se concentre dans sa main. Aucun élève ne s'en aperçoit.
« Et ce sera le mien ! Passons maintenant à la dernière étape !
- Moker ! » invoque Kigzir.
Tout à coup, un vent violent étouffe d'un seul coup le feu et éparpille l'eau. La lumière disparaît aussitôt. Le ciel retrouve son aspect normal.
« Ma création ! s'écrie Arito.
- Les éléments ne sont pas des jouets ! As-tu oublié mon enseignement ? Nous ne pouvons plus nous permettre de créer impunément ! Surtout de nos jours !
- Qu'est-ce que vous voulez dire ?! Vous voulez continuer à subir la pression constante des Shirenais indéfiniment ?! Vous même nous l'avez dit ! Le savoir et l'expérimentation sont les maîtres mots de notre peuple ! Cette situation ne peut plus durer ! »
Yoru ne sait pas comment réagir à la tension présente entre l'autre élève et son mentor. Il faut admettre que cette situation favorise plus un camp que l'autre. C'est intolérable. Mais, d'un autre côté, si le grand Kigzir interdit certaines choses d'être pratiquées, c'est qu'il y a certainement une raison imperceptible pour des jeunots comme eux. Pris entre deux feux, il reste paralysé.
« Arito... Tu n'es plus digne de me suivre. Pars d'ici, maintenant. » annonce d'un ton calme mais ferme son mentor.
Cette réponse choque les deux apprentis.
« Et lui alors ? Plusieurs fois il a expérimenté avec l'eau ! Et il reste ? C'est injuste et injustifié ! se plaint l'expulsé en pointant son camarade avec l'index droit.
- Ton comportement est inadmissible. Contrairement à toi, Yoru a retenu la leçon. Par conséquence, lui seul héritera de mon grimoire. Retire-toi et ne reviens jamais. »
Cette annonce impressionne l'aquamancien et frustre énormément le futur tireur de cartes.
« Lui ?! Ce... Ce... Ce bon à rien ?! Vous le gardez ?! Tout ça parce qu'il vous lèche les bottes ?! Bande de fragiles ! »
Le maître, irrité par l'attitude puérile de celui qui se prétend être meilleur que tout le monde, se lève pour lui arriver nez à nez.
« Que ça te plaise ou non. Maintenant tu sais ce qu'il te reste à faire.
- Vous venez de commettre l'erreur de votre vie... »
Ses cartes se mettent à léviter, ce qui étonne Yoru.
« Ne joue pas sur ce terrain-là. » avertit le vieil homme.
Un sceau apparaît discrètement sur celles-ci.
« Izinaraél ! »
Après être devenues aussi tranchantes qu'une lame de rasoir, elles foncent sur Yoru. Le vieux Zigrik se téléporte entre elles et leur cible, les prenant alors à sa place. Sous la douleur, il lâche son précieux ouvrage.
« Maître ! »
Sous le choc, de la glace derrière l'aquamancien, sans qu'il ne s'en rende compte. Grâce à un mouvement de main, Arito ordonne à ses cartes chéries de se retirer et reforme son paquet.
« Deux Obujepawa pour le prix d'un. »
Il se penche pour saisir le grimoire.
« Moker ! »
D'un mouvement de bras, Kigzir propulse le livre vers Yoru, après avoir remarqué la glace présente.
« Prends-le ! » lui ordonne-t-il.
Arito tire la carte vers son ancien camarade. Cependant, le vieil homme s'interpose une nouvelle fois et l'attrape entre deux doigts. Yoru saisit l'ouvrage sans réfléchir.
« Dis ' Ikolamar Ilwaï ' ! Mets-y toute ton énergie et enfuis-toi ! Vite ! »
Comprenant ce qu'il exige de lui et conscient de ses capacités, il ne passe pas à l'action, trop horrifié d'abandonner son père spirituel.
« N'aie pas peur ! Tu en es capable !
- Camarade, sois raisonnable et laisse-le moi. Ce vieux crouton refuse de nous laisser explorer le monde et ses possibilités ! Il est biaisé et dépassé !
- Je refuse de vous laisser !
- C'est un ordre !
- Ikazoyon ! » invoque Arito.
La carte explose, blessant gravement Kigzir à la main. Il se tord de douleur. Les larmes aux bords des yeux, le pauvre Yoru n'arrive pas à supporter le sinistre spectacle qui se joue devant lui. Comment pourrait-il être capable d'utiliser son précieux Obujepawa ? Il ne lui appartient pas !
« Voilà ce qui arrive quand on ne veut pas bouleverser le cours des choses. Yoru, pour la dernière fois, si tu ne vas être mêlé dans tout ça, donne-le-moi. Sois raisonnable. Je suis plus doué que toi. Admets-le.
- Yoru, ne t'en fais pour moi... Dis la formule et va-t-en ! »
Devant ces mots, ses larmes gèlent d'un seul coup.
« Je vous croyais plus fort que ça. Décidément, le temps fait des ravages, n'est-ce pas, maître Kigzir ? »
Il ouvre pour la toute première fois son tout nouvel Obujepawa. Son aura surgit dans la seconde qui suit.
« Tu veux t'en prendre à moi ? Je n'ai peut-être pas les quatre éléments en ma possession maintenant mais je peux toujours me battre ! » déclare Arito en piochant quatre cartes d'un coup.
Une aura verte émane de lui. Soudain, la pierre constituant le pendentif de Kigzir brille d'un jaune intense. Une grosse quantité d'électricité est focalisée dans ses mains. Pour la première fois également, les sens conférés par son affiliation s'éveillent chez l'aquamancien. Il perçoit alors un flux très dense se constituer dans le corps de son mentor.
« Vas-t'en ! Fais honneur à nos semblables !
- Ce sera à moi de le faire ça ! Votre cher élève n'est qu'un incapable !
- Firaïzer Uzinel ! » invoque-t-il sous la souffrance.
Tout à coup, Arito est atteint de plein fouet par un éclair teinté de gris et de jaune. Il semble n'avoir rien subit en terme de dégâts.
« C'est tout ce que vous avez ?! Kigzir ? Le plus grand d'entre nous ? Laissez-moi rire ! C'était censé me faire quoi cette pichenette ?! »
Il prépare quelques cartes.
« Izinaraél ! »
Il les tire vers le vieil homme à bout de forces. Cependant, au lieu de foncer à vive allure, ces dernières s'évanouissent en plein air, à mi-parcours entre lui et sa cible.
« Quoi ? Qu'avez-vous fait ? »
Kigzir tombe, mort, emportant son secret dans sa tombe. Arito retourne ses cartes et découvrent avec stupeur qu'elles sont vierges. Malgré le trou béant désormais présent dans son âme avec cette terrible perte, afin de respecter sa dernière volonté, Yoru pose une main au sol.
« Ikolamar Ilwaï ! » invoque-t-il la rage au ventre.
Un pilier de glace apparaît brusquement sous lui, courbée en arrière, l'envoyant alors loin des lieux et laissant Arito seul avec le cadavre du plus respecté des Zigriks. Le tireur de cartes, désormais inapte au combat, se jure de le retrouver et de récupérer ce qui lui revient de droit. Le souvenir prend fin. Yoru regarde son grimoire, se promettant d'arrêter ce meurtrier, au cas où le Kirioku l'aurait libéré. Le sol gèle sous ses pieds. Kenshi, Rai et Rajik ressentent un brusque changement chez lui. Cela donne encore plus de motivation au bagarreur de la bande à progresser. Le manieur de foudre attend un petit instant avant de reprendre son entraînement de plus belle.